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Emissaires guinéens en France : Dadis tend les deux joues

Publié le vendredi 18 septembre 2009 à 04h04min

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Avant d’atteindre la France, c’était déjà mal parti, depuis Conakry, pour la délégation guinéenne qui devait transmettre aux autorités de l’Hexagone les bonnes intentions du chef de la junte, Moussa Dadis Camara, depuis l’annonce qu’il a faite de déposer son dossier de candidature à la présidentielle du 31 janvier 2010. Il s’en est, en effet, fallu de peu que les membres de la mission n’obtiennent pas de visas, ces nécessaires sésames pour ouvrir les frontières de la Gaule.

A ce propos d’ailleurs, notre confrère Jeune Afrique, dans la rubrique Confidentiel de son dernier numéro, en avait fait une tartine en ces termes : « … les autorités françaises ne semblaient guère disposées à la recevoir (Ndlr : la délégation guinéenne). Un incident a d’ailleurs eu lieu à l’ambassade de France à Conakry, lorsque l’ambassadeur a fait savoir qu’il n’était pas autorisé à délivrer des visas aux membres de la délégation. Ce qu’il n’a fini par faire qu’après trois jours de tergiversations. A défaut de responsables français, la délégation rencontrera des représentants de la communauté guinéenne, ainsi qu’Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ».

Ce fut la première gifle. La seconde a été encore plus retentissante avec l’accueil à Paris qui n’a été guère meilleur. Certes, ils ont été reçus par des conseillers de Sarkozy, par le chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, et par le secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet, malheureusement, la phrase que les émissaires ne voulaient pas du tout entendre a été lâchée : Dadis Camara doit tenir l’engagement qu’il avait pris de ne pas être candidat.

Un grand affront donc pour les envoyés spéciaux du célèbre natif de la Guinée forestière que cette autre gifle. L’on pouvait bien imaginer l’objectif de ce voyage : expliquer à la France les circonstances qui ont poussé l’irascible capitaine à vouloir faire acte de candidature. Bien noble ambition ! Mais, avaient-ils besoin d’organiser pareil voyage sachant qu’ils n’étaient pas particulièrement les bienvenus à Paris ?

Point n’était besoin d’avoir une boule de cristal pour prédire l’issue de la rencontre. Dès le départ, les officiels français n’avaient en tout cas pas fait mystère de leur position. D’ailleurs, la première douche froide reçue à l’ambassade de France, qui n’a pas fait dans les fioritures diplomatiques pour les accueillir, était déjà d’une grande éloquence. Pourquoi se sont-ils, malgré tout, obstinés à partir à Paname si ce n’est pour courir à leur propre humiliation ?

Le mal est fait, peut-on conclure. Fort heureusement, il y a un grand lot de consolation pour Dadis. Ne s’agit-il pas là d’une simple position de principe de la douce France, cette maîtresse à l’humeur versatile qui sait si bien s’accommoder du fait accompli ? Quand on écoute en effet les autorités de ce pays, une nette impression de déjà entendu se dégage.

Plusieurs fois, la France s’est opposée avec une véhémence hors norme aux projets de putschistes de légitimer leur pouvoir ou à ceux de chefs d’Etat bien installés et qui veulent tordre le coup à leur Constitution pour se représenter. Mais avec une volte-face qui défie les lois de la pesanteur, on a vu plus tard ces mêmes autorités du même pays baisser pudiquement le visage lorsque l’on abordait la question, avant de tourner définitivement casaque.

Le cas de la Centrafrique avec Bozizé, de Madagascar avec Rajoelina ou de la Mauritanie avec le général Abdel Aziz, pour ne pas citer le cas récent de Tandja, en sont des illustrations patentes. La neutralité de ce pays vient d’être remise en cause avec la récente présidentielle du Gabon qui a vu la victoire de qui on sait. Pendant que Sarkozy jurait, la main sur le cœur, qu’il ne soutenait aucun candidat, ses amis et conseillers, comme Me Robert Bourgi et Claude Guéant, se succédaient au portillon d’Ali, le fils d’Omar Bongo Ondimba.

C’est cela aussi la culture politique ambiante chez ceux qui ont pris la relève du général De Gaulle, qui avait justement fait remarquer que son pays n’a pas d’ami mais plutôt des intérêts. Alors, quand il s’agit d’intérêt, entre le oui et le non, il ne doit y avoir qu’un pas. Depuis lors, cette manière de voir a fait des émules. Oui, Dadis est en voie de se parjurer. Néanmoins, comme bien d’autres avant lui, il finira par bénéficier de la bienveillance des autorités françaises.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 22 septembre 2009 à 21:37, par Idrissou Honoré En réponse à : Emissaires guinéens en France : Dadis tend les deux joues

    Je n’ai de leçons à donner à qui que ce soit, mais je suis obligé de parler. Je ne sais pas pourquoi DADIS envoie une délégation pour aller chercher l’onction à Paris. Il fallait envoyer vos délégués à Pékin et à Tripoli.
    La France avec tous les pasys cités par le journaliste nous a démontré qu’elle est versatile et qu’elle n’a pas une ligne directrice dans les affaires de l’Afrique.
    Peut on comparer DADIS à MAMADOU TENDJAN, qui a juré qu’il n’allait pas tordre le coup de la constitution et qui en définitive a fait pire puisqu’il instaure la dictature. Il suffit que des soldats prennent le pouvoir entre les mains de ce <Monsieur pour que l’U.A. ET toute la communauté internationale s’élève pour crier.
    Messieurs, dites moi DADIS a fait le coup d’Etat contre qui ? Le pouvoir était dans la rue et si DADIS n’avait pas agi ainsi, le trafiquants de drogue de tous les acabits allaient continuer d’utiliser la Guinée comme un passage pour aller inonder l’Europe et autres. DADIS a eu le courage de s’attaquer aux narcotrafiquants à ses risques et périls. Je sais que ce n’ezt pas une raison pour revenir sur ce qu’il avait dit mais je trouve que DADIS a bel et bien le droit d’être candidat et les autres hommes politiques au lieu de vouloir l’en empêcher regrouper vous et choisissez un candidat unique et battez le aux urnes.
    Je ne suis pas guinéen, mais je crois que les gens ne connaissent pas les Guinéens. Des gens qui ont accepté sous Sékou Touré de souffrir dans la dignité, n’ont rien à perdre aujourd’hui en faisant fie des remontrances de la communauté internationale et surtout de la France.
    Commencez par vous occuper de TANDJA qui a dépassé le rubicon au vu et au su de tous. L’affaire de TANJAN EST PLUS GRAVE QUE LA CANDIDATURE DE DADIS.
    Guinéens mes frères, si c’est DADIS que vous voulez comme candidat n’hésitez pas s’il peut aider votre pays à lutter contre les difficultés qui vous attendent.
    Dernièrement nous apprenons qu’un parti politique qui s"appelle RDR déclare vouloir présenter la candidature de DADIS, il n’y a pas de problème nous avons vu des civils proposés la candidature de militaire à des présidentielles.
    Par contre si c’est DADIS qui veut s’imposer par la force, je ne suis pas d’accord.

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