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MADAGASCAR : TGV passe en force

Publié le jeudi 17 septembre 2009 à 03h32min

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Andry Rajoélina

La sortie de crise à Madagascar n’est pas pour demain, vu les intrigues, les combines et les multiples rebondissements auxquels on assiste. La faute à tous les protagonistes : aux principaux leaders politiques, notamment aux trois anciens présidents que sont Marc Ravalomanana, Albert Zafy et Didier Ratsiraka qui ont décidé de se constituer en syndicat pour s’ériger en barrière infranchissable face à Rajoelina. Mais surtout à Andry Rajoelina qui, en dépit des accords de Maputo qui prévoyaient une concertation entre toutes les parties impliquées dans la crise, a décidé de former unilatéralement un nouveau gouvernement. Un passage en force que le trio des anciens chefs d’Etat rejette avec vigueur.

La crise politique malgache est ainsi faite de multiples rebondissements constitués de propositions, de contre-propositions, d’engagements non tenus, d’accords non respectés, d’humiliations et de violences qui font parfois, hélas, des victimes innocentes. Dans ce jeu du chat et de la souris à travers lequel semblent se complaire les différents protagonistes, peut-on espérer voir, dans un futur proche, le bout du tunnel sur la Grande Ile ? Quels sont les non-dits, les ambitions inavouées et les desseins cachés des uns et des autres qui prennent en otage tout un pays et compromettent ainsi l’avenir de plusieurs millions de Malgaches ?

Dans le contexte malgache, on ne sait plus à quel saint se vouer ; on ne sait plus qui est dans le vrai et qui est dans le faux. Ce qui est sûr, c’est que les acteurs de la scène politique passent leur temps à nouer des alliances, parfois contre - nature ou circonstancielles, et à se donner des coups en dessous de la ceinture. Ce n’est donc pas surprenant que la longue liste des médiateurs et des négociateurs perdent leur latin et ne parviennent pas à concilier les différentes parties.

Dans ces circonstances, le coup de force tenté par Rojoélina est-il la formule appropriée pour sortir de l’impasse politique ? En agissant de la sorte, l’actuel homme fort de Tana bénéficie, sans aucun doute, de soutiens qualifiés d’occultes par certains, mais connus de tous. Que ce soit dans la crise actuelle ou celles passées sur la Grande Ile, l’armée malgache a toujours joué un rôle prépondérant. C’est fort de ces soutiens que TGV ne se gêne pas pour fouler aux pieds et faire voler en éclats les accords de Maputo. Pour ses adversaires, les prémices d’une guerre civile sont en train d’être réunies. La preuve, le week-end dernier, la capitale Tana renouait avec les violences urbaines. Partisans et adversaires de Rajoélina se sont affrontés, faisant des morts et des blessés. La composition unilatérale du gouvernement par Rajoélina a été qualifiée de geste d’humiliation inacceptable par les anciens présidents qui ont appelé TGV à se ressaisir au plus vite afin d’éviter que les populations ne souffrent davantage des conséquences de cette fuite en avant.

Un haut gradé de l’armée malgache, Premier ministre sous Didier Ratsiraka, a même invité les militaires à rester neutres et à ne pas se mêler de la politique. La preuve est ainsi faite que les forces de l’ordre ont un parti pris dans l’imbroglio politique sur la Grande Ile, quoique disant le contraire. Les militaires disent en effet être impartiaux. Pour ce faire, ils avaient rejeté la proposition qui leur avait été faite d’occuper les trois postes les plus importants de la transition. Ceux-ci avaient décliné l’offre qui leur semblait être un cadeau empoisonné, venant surtout des trois anciens présidents. Ce refus était motivé par le fait, disaient-ils, que l’armée ne fait pas de la politique, ce dont on peut douter fortement. Il est admis et reconnu par tous sur l’Ile que toute la force dont se vante Andry Rajoélina ne vient nullement des populations, mais plutôt des forces de défense et de sécurité sans l’aide de qui il n’aurait peut-être pas pu accéder au pouvoir. C’est dire donc que la ’’Grande Muette’’, habituée à intervenir dans les affaires politiques malgaches, a une carte à jouer, plutôt deux, dans la perspective de sortie de crise : une bonne et une mauvaise cartes.

La bonne carte consiste, pour l’armée malgache, à observer effectivement une stricte neutralité et à être républicaine. En ne prenant pas partie pour l’une ou l’autre faction, elle peut aider à décrisper la situation. Hélas, pour l’heure, ce ne semble pas être le cas à l’audition de messages comme ’’il faut sauver la nation’’ et d’autres qui soutiennent que ’’Rajoélina est l’otage de l’armée et qu’il est obligé de faire ce qu’elle lui dicte’’. Sur la Grande Ile donc, les militaires semblent prendre plaisir à tirer la mauvaise carte et à jouer la mauvaise partie. Ce faisant, ils tirent sur un bout de la corde, l’autre extrémité étant maintenue fermement par les adversaires d’Andry Rajoélina. Quand on sait que les anciens présidents ont aussi des alliés parmi les généraux, les colonels et même les simples bidasses, il faut craindre des lendemains difficiles à Madagascar. A moins que les diplomates ne s’avouent pas vaincus et que la communauté internationale se décide enfin à mettre un terme aux tergiversations des hommes politiques malgaches. Mais comment ?

"Le Pays"

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