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Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

Publié le jeudi 17 septembre 2009 à 03h34min

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Chaque fois qu’il y a un débat sur le développement du pays, sur des problèmes du continent, on entend peu la voix de nos élites. Où sont-ils donc passés, ces intellectuels africains ? Pourquoi l’intellectuel africain, surtout burkinabè, est-il devenu « l’homme invisible » ?

Levons d’emblée l’équivoque ! S’il est un mot dont on use abusivement, c’est bien celui-là. Qui peut déchiffrer son nom sur un papier administratif se proclame intellectuel, confondant un lettré et un intellectuel. Ici, nous entendons par intellectuel un travailleur de l’esprit, qui ne s’enferme pas dans les privilèges de son statut, qui met sa notoriété ou son talent (« on doit rendre compte de son talent », disait Diderot) au service des valeurs que sont la justice, la liberté, l’égalité, etc.

Comme disait Albert Camus, l’intellectuel ne peut être du côté du pouvoir, des détenteurs de la force, mais il est toujours du côté des faibles, de ceux que le pouvoir peut brimer. Par exemple, dans l’affaire Dreyfus, il y a eut deux camps de lettrés, mais ce sont ceux qui s’opposèrent à l’antisémitisme tels Zola, Mirabeau, Anatole France qui furent appelés les intellectuels ; ceux qui hurlèrent avec les loups de l’injustice et de la haine raciste étaient juste des réacs antisémites.

Quoique avec le temps, la posture de l’intellectuel ait évolué, ce titre reste une appellation contrôlée, qui n’est pas synonyme de diplômés. Sartre disait avec humour que les intellectuels sont des gens « qui, ayant acquis quelque notoriété par des travaux qui relèvent de l’intelligence, abusent de cette notoriété pour sortir de leur domaine et se mêler de ce qui ne les regarde pas », tout en omettant de dire, comme Montesquieu, que « tout ce qui est humain ne lui est étranger ».

L’intellectuel est donc ce lettré qui défend des causes nobles. Emile Zola dans l’affaire Dreyfus, Voltaire avec le procès Calas, André Gide dénonçant les méfaits de la colonisation au Congo, Sartre contre la torture en Algérie, Wole Soyinka dénonçant la dictature de Sani Abacha et Norbert Zongo trempant sa plume dans l’affaire David Ouédraogo. Il s’engage à travers ses œuvres ou à travers d’autres canaux, comme l’article de presse, la pétition ou le témoignage dans des procès pour faire entendre la voix de la raison et de la justice.

De nos jours, au Faso, les « éminences grises » sont aphones. Même cette année, où le pays a connu beaucoup de remous : les émeutes de la vie chère, la fermeture de l’université, les conflits meurtriers entre agriculteurs et éleveurs, les expropriations des paysans par les agro-buisenessmen, l’immixtion de la monarchie dans la politique, l’accaparement des biens publics, les réformes sans lendemain et les privatisations des domaines de souveraineté comme l’éducation, la santé et l’eau ou l’électricité, que les sorciers de la Banque Mondiale nous refourguent, et la liste n’est pas exhaustive.

On objectera en disant que le silence radio au sein de nos éminences grises n’est pas si total, que de temps à autre on attend le grésillement d’une ou de deux éminentes voix sollicitées par la presse livrer leur vision de la situation nationale ou internationale. Mais il faut savoir que même une montre arrêtée donne deux fois l’heure avec exactitude dans la journée ; cela n’en fait pas une montre qui marche !
Pourquoi cette atonie des intellectuels ?

Au Burkina Faso, la société, de manière générale, ne reconnaît pas la légitimité de l’intellectuel à « se mêler de ce qui ne le regarde pas ». Il n’y a pas un champ constitué qui légitime le pouvoir symbolique de l’intellectuel. Dans ce pays de savane, la grande partie de la société reconnaît le pouvoir du prince de sang, celui du prince par la fortune ou par la force de la kalachnikov, mais l’acceptation du prince de l’esprit reste à advenir. Seule une poignée de lettrés lui concède une légitimité.

Au niveau des tenants du pouvoir politique en Afrique, l’intellectuel dont la voix est discordante dans le concert d’unanimisme est perçu comme un opposant. Et traité comme tel, c’est-à-dire ostracisé. D’où le recours à des succédanés tels les « intellectuels » du sérail pour neutraliser le discours déplaisant de l’intellectuel affranchi, à qui on ne déroule pas le tapis rouge. Les intellectuels critiques, même si cette épithète semble tautologique, ne bénéficient d’aucune tribune officielle.

On ne leur tend ni micro de radio, ni caméra de télé, ni colonne de presse écrite. On a tendance à les exiler dans une bulle de silence. Si les pages des journaux de la place s’ouvrent plus promptement à l’avis d’un Mahama Savadogo qu’à celui de Mahamadi Savadogo, ce n’est pas à cause de la brièveté du prénom du premier, mais parce que l’avis de l’honorable député de la majorité est plus prévisible que celui de l’éminent professeur.

En Afrique, on préfère les « intellectuels déférents » ou « acquis », c’est-à-dire accommodants avec les pouvoirs politiques en place. Ce type d’intellectuel jargonnant dans un relativisme lénifiant avec force arguments spécieux dans le but de faire admettre à l’opinion les positions du pouvoir, on les a vus défendant urbi et orbi l’entrée des pays du continent dans le PAS et, récemment, l’introduction du coton transgénique dans nos pays ainsi que la signature d’accords avec l’Occident qui sont de véritables suicides économiques.

A ces « intellectuels acquis » la promotion fulgurante, les nominations à des postes « juteux », l’entrée dans les « think tank » du pouvoir. Beaucoup deviennent des ventriloques qui habillent de respectabilité les dérives des princes et atteignent rapidement le degré zéro de l’éthique. Même si Karl Marx et Gramsci pensaient qu’il peut exister des intellectuels organiques, c’est-à-dire militants dans les partis politique et qui gardent leur liberté critique même quand leur parti accède au pouvoir, on se rend compte que c’est une posture intenable, car il est impossible de rester agneau tout en frayant avec les loups ! Un « intellectuel organique » finit toujours par devenir un intellectuel vaincu !
Et pourtant, ils existent !

Expulsée de la place publique, la voix de l’intellectuel critique peut sembler à première vue aphone. Parlant à partir de la périphérie, elle est inaudible au plus grand nombre. Pourtant, une oreille attentive l’entend bruire, car elle se déploie dans d’autres espaces, non contrôlés : sur les campus, dans les mouvements citoyens, et surtout dans la rue. Il existe un carré d’irréductibles, qui poursuivent la tradition de l’intellectuel engagé dans les combats de son temps et de sa société. Même au Burkina, il en existe, et nous pouvons citer les plus connus.

Si l’intellectuel universaliste comme Sartre semble rare en ce siècle, il en existe cependant au Burkina Faso. Ainsi de Laurent Bado, dont l’entrée en politique a quelque peu écorné l’image publique, non que ses idées aient perdu de leur pertinence, mais que des estocades ad hominem aient entamé le crédit de l’homme dans l’opinion, qui reste toutefois un ouvrier de la pensée qui réagit sur la plupart des problèmes du pays et du monde et demeure une force de proposition grâce à sa théorie du « national tercérisme ».

De l’Université il nous vient des intellectuels que Michel Foucault appelait des « intellectuels spécifiques », c’est-à-dire qui interviennent dans des domaines dans lesquels leur voix fait autorité parce qu’ils ont des compétences avérées sur ces questions : les Professeurs Augustin Loada, Luc Ibriga en tant que constitutionnalistes, et Fernand Sanou comme spécialiste des systèmes éducatifs.

D’ailleurs, un nouveau genre d’intellectuels apparaît, qui milite dans les mouvements associatifs pour faire avancer les choses : les professeurs Mahamadi Savadogo avec le collectif des intellectuels et à travers les mouvements des droits humains, Albert Ouédraogo dans la défense des victimes de la guerre civile ivoirienne, Pierre Nacoulma dans le mouvement altermondialiste, etc. Il y a des juges, des médecins et de nombreux autres hommes qui s’engagent pour une société plus juste. Et il faut aussi signaler que la presse écrite, malgré la forte suspicion de subordination aux forces de l’argent et du pouvoir, dont l’opinion l’accable, exerce une attitude critique, et il y a beaucoup de plumes engagées dans les journaux.

Quant à la télévision, malgré l’existence d’ émissions où on réunit des panels d’universitaires et de journalistes, sa nature en fait un outil peu adapté au débat intellectuel. La réflexion a besoin de temps pour mûrir et d’une durée pour se déployer, tandis que la télé veut offrir des idées « fast food » en trois secondes et des phrases bien senties au téléspectateur. Et l’intervention intempestive de l’animateur et le montage, comme l’a dit Pierre Bourdieu, sont une véritable censure qui tronque le débat.

Pour conclure, on peut donc affirmer que l’intellectuel n’est pas mort en Afrique, mais, évoluant dans un espace communautaire qui lui dénie le droit d’intervenir dans le débat public, il lui faut s’affirmer en montrant qu’il est une force de proposition et non seulement de contestation et en créant ses propres canaux de diffusion : les nouvelles technologies de la communication sont une piste à explorer.

Et dans l’environnement de précarité où évolue l’ouvrier de la pensée, il lui faut trouver les ressources morales pour ne pas céder à la tentation du gain facile et ne pas se vendre aux maîtres de la Cité et devenir un griot moderne. L’intellectuel africain a le devoir d’aider à la gésine d’un monde plus juste, car, comme le disait si justement Bertolt Brecht dans Sainte Jeanne des Abattoirs : « Vos bons sentiments, que signifient-ils Si rien ne paraît au dehors ? Et votre savoir, qu’en est-il S’il reste sans conséquence ? Souciez-vous, en quittant ce monde, Non d’avoir été bon, cela ne suffit pas, Mais de quitter un monde bon ».

Barry Alceny

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 17 septembre 2009 à 12:33, par Général En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

    Merci BARRY Alceny. Tu es bon ! Je me rappelle ton écrit sur Mugabe. Bravo en core une fois

    • Le 17 septembre 2009 à 23:20, par Paris Rawa En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

      L’histoire a récente a précipité l’Afrique dans une forme d’autisme dont elle sort difficilement, de sorte qu’elle n’entend plus sa propre pensée : ni celle qui lui vient de sa tradition ancestrale, ni celle qu’elle produit de sa rencontre non-consentie avec la culture occidentale. Constatez que ce n’est pas par la quête des meilleures idées que le politiques orientent la marche de l’Afrique. Chaque pays du continent marche au mieux sur les idées (= intérêts) du parti au pouvoir ou sur le bon-vouloir de l’homme-fort, et au pire sans idées du tout quand ceux-ci n’en ont pas. Même la loi qui est censée s’imposer à tous n’arrive pas à les obliger, ne parlons pas des idées de penseurs libres qui ne font pas leurs affaires.

      Voilà pourquoi, me semble-t-il, l’intellectuel au Burkina et en Afrique ressemble à une âme égarée : il doit prêcher comme dans un désert. Mais son devoir est de continuer à produire et à chérir la pensée juste qui a la faveur de l’esprit et de l’Histoire, parce que cette pensée juste avance et s’impose avec le temps, au rythme de la transformation positive des mentalités à laquelle elle participe.

      • Le 20 septembre 2009 à 10:28 En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

        Paris-Rawa, tu as parfaitement résumé les réponses idoines qui devaient être apportées à l’interrogation légitime de l’auteur de l’article. Je complète vos excellentes idées en précisant que le silence de certains intellectuels s’explique également par les attaques personnelles et de bas étage proférées par certains internautes lorsqu’un article est publié sur le net. Ce qui ne fait certainement pas avancer le débat sur le développement. En résumé, pour ne reprendre que l’expression moulte fois prononcée par nos anciens, "...les peuples n’ont que les dirigeants qu’ils méritent...". Par conséquent, ce n’est que par une constante communion fraternelle et une tolérance mutuelle que nous pourrons fixer les bases d’un véritable développement. Lamizana disait que les burkinabé ont plus mal à leur coeur ou tête qu’à leur pauvreté... Paris-Rawa, j’aimerai bien écrire un article conjoint avec vous sur le changement des mentalités au Burkina que nous pouvons intituler : "Contribution des changements de mentalité au développement du Burkina Faso". Merci de prendre attache avec M. VOCOUMA pour nos échanges sur ce sujet.

        • Le 6 octobre 2009 à 03:49 En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

          Mr. Vocouma, lorsque vous allez ecrire cet article conjoint, ne manquez pas de rechercher les causes qui font que les Burkinabe, generalement les premiers de leurs classes dans les universites europeennes deviennent si moins cher lorqu’ ils rentrent au pays. Ils sont pres a se monnayer icic et maintenant et de facon vulgaire. En un mot comme en mille, ils sont prets a monnayer leur diplome contre la soupe. Elicitez la question de savoir pourquoi ces intellectuels qui sont quand meme les derniers a mourir de faim si de faim on devait mourir, sont les premiers a plier l’ echine devant des gouvernants qui n’ ont aucun projet de societe viable sur le terrain(je ne parle pas du journal parler qu’ ils ont et qu’ ils appelent programme de parti). Apres tout, qui n’ecrirait pas un programme "coherent" apres avoir prostitue les intellectuels qui refusent de regarder dans la glace ? Cette glace, c’est l’ introspection, la reflection sur soi. Faites aussi une operationnalisation du terme developpement. Developpement de qui, de quoi ? Pourqouoi et a quelle fin ? Des intellectuels ? Des villes ? De la capitale ? A qui profite ce developpment ? Qui sont les laisses- pour compte de ce development ? Enfin, developpement devrait- il rimer avec consensualisme ? Devrions- nous tous aimer le beinga dans la meme case pour qu’ il y ait famille ? Faudrait- il ecraser les pensees qui refusent a se fondre dans la meute affamee qui ne chante que "les hauts faits de guerre" des seigneurs du jour, lesquels hauts faits de guerre se resument en expropriations multiples de ce meme peuple ? Que signifierait alors la dialectique Hegelienne pour les idealistes et le materialisme dialectique pour ceux qui pensent que des forces historiques nous conditionnent nous tous ? Salif Diallo, dans sa these, a soutenu l’ idee selon laquelle, le probleme, c’est l’ etat. Il devrait peut- etre dire que le probleme c’est l’ intellectuel affame dans l’ etat quand la tete decide de tout abdiquer pour la queue. On ne doit pas allumer la lampe pour la mettre sous le boisseau. Mais quand les intellectuels authentiques veulent jouer le seul vrai role auquel ils ont ete prepares et non au griotisme qu’ ils ont appris par instinct de survie materielle, on crie a l’ entrave au developpement. Vivement que ce mot developpement soit defini de facon mesurable afin qu’ on se comprenne. Sinon, le developpment ne peut pas signifier la meme chose pour un intellectuel opportuniste et un intellectuel qui exerce sa fonction. Si vous trouvez que je peux etre d’ une quelconque utilite, j’ aimerais me joindre a vous pour une production multivariee de cette oeuvre de grande envergure.

          Amicalement,

          LOP

  • Le 17 septembre 2009 à 13:51 En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

    Mot d’humeur, d’interêt, de respect et de dignité pour ( sans grandiloquence aucune mais avec sérieux :) mes semblables !
    ( par avance, je m’excuse de la longueur du texte )

    Ayant des amis Burkinabè, m’intéressant aux problèmes de "développement", à votre pays en particulier, et, m’informant sur votre site quasi quotidiennement de son actualité, je vous félicite pour cet article, qui, malgré, ou sans doute à cause des difficultés aigües du moment ( cf. récentes inondations comme un révélateur, s’il en était encore besoin, de la précarité des conditions de vie et de la souffrance de l’immense majorité de la population ) me semble pointer LE problème de fond, à savoir, celui d’une alternative politique salutaire, de transformations socio-économiques profondes procédant de l’engagement de la pensée fertile des élites intellectuelles, dont la visibilité et l’efficacité dans le débat public font pourtant cruellement défaut.
    Votre libre parole, non seulement me réjouit, mais rejoint aussi nombre de nos préoccupations ici en France, pays démocratique, où nos élites intellectuelles ( pour des motifs similaires aux vôtres, ainsi que , à la différence du Faso, et entre autres raisons, celle d’un confort déjà et facilement acquis ) ne sont pour autant et pour l’essentiel ni plus "libres", ni plus lisibles, ni plus visibles, ni plus engagées que chez vous, probablement gangrénées par les formes sournoises ( et d’autant plus néfastes et perverses car moins aisément identifiables ) de globalisation de la pensée au service d’un système libéral et capitaliste, se nourrissant de leur impuissance, voire de leur complicité.

    Voilà pourquoi : et ce sursaut d’indignation légitime et le contexte politico-culturo-socio-économique qui vous est propre laissent à espérer que le "réveil" indispensable et urgent de vos élites sera, non seulement salutaire pour l’engagement de votre pays dans une nouvelle voie d’émancipation plus juste et plus équitable, mais également utile au reste du monde, y compris celui dit des "pays développés", embourbés dans les contradictions d’un système encore relativement confortable et respectable en terme de démocratie ( bien que l’outil de la démocratie, certes ô combien précieuse, soit pris en otage par un système le vidant peu à peu de son sens et de son utilité ) mais qui désespère de plus en plus d’individus de la société civile, engagés ou non dans la vie associative...!

    Car, paradoxalement et du fait des progrès de l’éducation, des sensibilités humanistes : il y en a , et pas seulement dans le cercle fermé des élites intellectuelles.
    Or, ce système, identifié comme libéral, capitaliste et impérialiste et assujetissant, pervertissant les hommes en s’appuyant sur le pouvoir des élites et le confort ( de plus en plus relatif ) de la majorité des citoyens de pays dits "développés", fait preuve d’une extraordinaire capacité à s’adapter pour se perpétuer, tout en générant de nouvelles contradictions...
    Admis, hélas, comme "modèle" par la plupart des pays dits "sous-développés", ce système donc sera d’autant plus rapidement et efficacement mis en échec qu’il sera CONJOINTEMENT contesté de l’"intérieur" ( du "moteur" des pays développés mais, pour l’instant, d’autant plus impuissants qu’ils y sont inféodés ) et de l’"extérieur" ( de cette partie du monde qui représente l’écrasante majorité de la population mondiale, plus ou moins consciente de ce qu’elle est volontairement maintenue dans la pauvreté voire la misère ).

    Il y va , non seulement d’un problème éthique de justice et de dignité, mais aussi de notre survie à tous dans un monde où, depuis trop longtemps, les inégalités de toutes sortes sont à la fois la règle, la logique et la source de mal-être différents mais toujours renouvelés, ainsi que de conflits d’interêts dont les conséquences se font toujours plus meurtrières bienque parfois peu spectaculaires ( malnutrition généralisée et entretenue, pandémies combattues dans les seuls pays solvables et rentables, etc...la liste serait trop longue !).

    Ceci devient, ceci est insupportable, et, intellectuel ou pas, en tant que citoyens du monde, nous concerne tous, et, au-delà de la prise de conscience doit nous amener à agir.
    Pour conclure, nous avons donc, pour cette nécessaire lisibilité du monde et prise de conscience des enjeux, plus que jamais un besoin URGENT d’explications, d’analyses libres, libérées des carcans idéologiques, des tabous socio-culturels et des interêts étroits ( personnels, particuliers, régionaux, nationaux ), aux fins de mieux vivre ensemble dans un "altermonde" dont les diverses parties sont concrêtement et incontestablement de plus en plus rapprochées et dépendantes.
    On peut légitimement espérer, avec l’aide de ces élites, ici et ailleurs, faire de cette interdépendance : une chance pour une civilisation plus "civilisée", bref : plus humaniste !

    Permettez-moi de revendiquer et exercer le droit à l’utopie, au sens propre comme au sens figuré.

    Fraternellement vôtre...

  • Le 17 septembre 2009 à 14:04 En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

    Fla tchè, je suis loin d’être une intello, mais je voudrais tout simplement dire :" Qu’est ce que tu écris bien !!!"

    C’est vrai, je me ballade souvent sur les forums de certains pays voisins dont "abidjan.net ; Seneweb ; rewmi ; malikounda ;

    Je félicite les journalistes burkinabés, il y a une grande différence entre vous et les nombreux journaleux d’ailleurs.

    Ceci dit, je ne dis pas qu’il n’y a pas de journaleux chez nous, mais enfin, je voulais juste donner mon point de vue.

    Salut, baye.

  • Le 17 septembre 2009 à 14:39, par Nôogo En réponse à : Coup de gueule !

    Put*** ! Peux-tu nous dispenser de cette franchouillardise ringarde. C’est tout ce qu’on vous apprend à l’UO. On est au Burkina, bon sang ! La réponse à ta question est simple : ils ont tellement passé le temps à bosser les auteurs français des siècles oubliés que la réalité burkinabè leur est devenue étrangère.

    • Le 28 septembre 2009 à 12:43, par INTELLECTUELLEMENT BAFOUE En réponse à : Coup de gueule !

      Et toi tu as bossé qui ? Personne vu le niveau. Tu cherches à manger comme les gens de ton rang. Tout ce qui est intellect te dépasse.Dans tous les cas tu ne peux pas comprendre.

  • Le 17 septembre 2009 à 16:40, par sidbèè (En Quête de Vérité) En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

    D’entrée de jeu, je voudrais dire : NOUS SOMMES LA !!
    Mais hélas, sur quel parcours de combattant ; sur quel parcours de brimades !! sur quel parcours de persecution, d’echec !
    A ce point, pour ma part, il nous faut refaire l’intellectuel. Refaire le debat ! Refaire d’autres approches. 40 ans ou plus d’independances nationales suffisent pour tirer lecon et se réorienter. N’en rajoutons plus avec cette généalogie d’intellectuels. L’Afrique est FATIGUEE.
    L’auteur cite les noms d’intellectuels en Occident qui ont vécu à la hauteur de leur pretention. N’oublions pas que ces derniers font partie d’un grand heritage constitué depuis les 9eme et 10eme siecles après JC.
    Quoi qu’il en soit, je propose deux axes pour l’emergence de l’Afrique : la passion pour la pensée scientifique et la passion pour le developpement moral de l’individu. Toutes les autres solutions ici prônées ont échoué et continueront d’échouer avec fracas. Tant que l’OPINION continuera à établir ce qu’on appelle en psychanalyse une DISSOCATION entre les competences morales et les compétences techniques, l’Afrique ne connaîtra jamais de progrès à moins d’être rattrapé un jour par une mondialisation avec disparition de frontières entre Nations.
    Un voyage de 1000km commence par un premier pas.Dès ici, j’invite nos intellectuels à RESPECTER LE CODE DE LA ROUTE. J’invite nos Intellectuels à RESPECTER LE DROIT A LA VIE DES AUTRES USAGERS de la route.
    A quoi ça sert un intellectuel qui se pretend comme tel mais qui viole ’day in day out’ le RESPECT DE L’INTERGRITE PHYSIQUE D’AUTRUI sur la route ? AUCUNE courteoisie de sa part lui qui se croit ’sophisticated’.
    Il ya tant à dire !! Pour me resumer, ameliorer l’INDIVIDU et vous aurez la chance d’ameliorer toute la SOCIETE. Notre HYPOCRISIE, c’est de vouloir batir un ENSEMBLE DE QUALITE au moyen de PIETRES ELEMENTS.

  • Le 17 septembre 2009 à 16:55, par tak Ti Ma Min Tak En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

    Bel article que ce que tu nous propose ici. Mais pour ce qui concerne Mr. Laurent BADO, c’est difficile pour moi de comprendre ce monsieur. Regardez ce qu’il fait de son parti ! Où sont ses députés ? Pourquoi est-il allé se compromettre dans cette affaire de 30 millions ? Enfin, depuis quelques temps, sa femme défraie la chronique sur sa gestion du FDE (Voyez le journal de Reporter depuis le début du mois d’août). C’est catastrophique !!! Vous me direz que c’est sa femme mais pas lui. Cela est vrai mais il semble qu’il a pris parti pour elle et il a appelé les journalistes du Reporter pour les menacer. Celui-là est un intellectuel mais il a décidé de se rallier à la soupe en se vendant. Vous rappelez-vous de ses déclarations à la suite de la mort de Norbert ZONGO ? Il a juré qu’il ne ferait plus de la politique. Et le voilà assis à l’Assemblée où il ne parle même plus !!! Seigneur !!!

    • Le 17 septembre 2009 à 19:28 En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

      Alceny, toutes mes felicitations. Je propose que tu traqnsformes cet article en livre. Il contient de la farine.
      Tu as cite les autres intellectuels mais tu as oublie toi meme. Tu as bien defini aussi l’ intellectuel. Ce n’est pas ce maitrisard qui ne maitrise pas son ventre ni ce docteur qui n’a pas encore dompte son ventre et son bas ventre. Diplomes du Burkina, relisez cet grand article, qui a lui seul vaut 2500F, et devenez des intellectuels organiques au sens Gramscien du terme, afin de faire bloc a la
      gouverne-mentalite foucauldienne..

  • Le 19 septembre 2009 à 10:55 En réponse à : Projecteur : Où sont passés nos intellectuels ?

    Impressionnant. Je reviens de loin. J’ ose seulement croire que tous les "intellectuels" qui supportent les mauvaises causes, genre un certain Bertrand Kabore et autres juristes opportunistes reptiliens vont faire leur cet brillant article. Mais je doute fort car l’appel a la soupe est plus irresistible que la voix des sirenes.

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