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Traité d’amitié et de coopération : Les noces d’un voisinage sans nuage

Publié le jeudi 17 septembre 2009 à 03h34min

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La première conférence au sommet du traité d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire tenue, le mardi 15 septembre 2009 à Yamoussoukro, a abouti à un programme conjoint de développement politique, économique, social et culturel dont la mise en œuvre va renforcer le processus d’intégration et promouvoir un bien-être solidaire pour les peuples des deux pays. Le communiqué final s’apparente à une boussole de gouvernance transfrontalière.

Sous la houlette de leur président respectif, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso envisage le développement ensemble. La première conférence au sommet du traité d’amitié et de coopération a jeté les jalons de cette dynamique d’un voisinage “main dans la main ”.

La capitale politique ivoirienne, Yamoussoukro, s’est parée, les 14 et 15 septembre 2009, des couleurs des deux pays pour célébrer ce mariage, biens communs : “ Vive l’amitié ivoiro-burkinabè ”, “ Côte d’Ivoire-Burkina Faso, deux pays, deux présidents, un même destin”. Après les fiançailles, le 29 juillet 2008 à Ouagadougou, date de signature du traité, le processus de mise en application de ce nouvel instrument a été consacré en terre ivoirienne sous une profession de foi digne d’une liaison de raison : “ Vaincre ou périr ensemble ”. Au son du "liwaga" et du "zouglou", les deux communautés semblent avoir accueilli dès l’aéroport, cette orientation légale et juridique des relations. Au cours du dîner offert par les deux chefs de gouvernement à l’hôtel "Président", l’artiste-musicien burkinabè Georges Ouédraogo a même fredonné son titre fétiche "Mariage ya nong taaba ; ka ni yembr yel ye" tandis qu’un orchestre ivoirien invite "les Burkinabè à être chez eux en Eburnie". Cette nouvelle ère s’appuie essentiellement sur deux points de l’article 2 du traité : “ le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chacun des Etats ; (…) ; le bon voisinage et l’entraide ”.

Dans une ambiance festive après moult réflexions des experts et des ministres sectoriels, cet élan “ pour le meilleur et pour le pire ” a permis aux deux parties de dégager des pistes communes de construction d’un avenir radieux pour leurs populations et d’un voisinage sans nuage. “ Le traité du 29 juillet 2008 est la consécration de notre volonté commune de tisser avec les Etats voisins et frères de véritables relations de coopération et de fraternité fondées sur le respect mutuel, en vue de promouvoir la paix et la sécurité, gages de stabilité de toute la sous-région ouest-africaine ”, a indiqué Guillaume Kigbafori Soro, Premier ministre ivoirien. La communauté des biens consignée dans le Communiqué final passe en revue toutes les possibilités d’un développement transfrontalier en commun dans les domaines suivants : politique et diplomaties, sécurité, coopération administrative et frontalière, fluidité du trafic, agriculture et sécurité alimentaire , infrastructures routières et ferroviaires, production animale et ressources halieutiques, énergie et mines, postes et communication, culture et tourisme, bien d’autres questions d’intérêt commun.

En plus de l’effectivité de l’interconnexion électriqueFerkéssédougou-Bobo-Dioulasso et bientôt Ouagadougou, des projets viennent témoigner de cette volonté d’évoluer ensemble. Ils se déclinent entre autres en des échanges d’information entre les forces de sécurité intérieure, la construction d’un poste juxtaposé sur la Léraba, l’alimentation électrique des zones frontalières, la matérialisation de la frontière commune, la réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya à l’horizon 2030, le renforcement des flux commerciaux, la collaboration dans le secteur agronomique, la construction d’un marché à bétail à la frontière, la signature d’un accord de coopération culturelle et touristique en 2010, l’organisation de foires et de journées de paysan en commun, etc. Des échéances et des démarches pour l’exécution des différents chantiers ont été expressément inscrites dans le Communiqué final.

Des alliances commerciales et agricoles d’un couple

Les deux parties ont réaffirmé leur engagement à écrire une nouvelle page de leur histoire. “ Nos pays ne peuvent s’offrir un avenir radieux solitaire. La présente rencontre vient donner une dimension nouvelle aux relations historiques privilégiées ivoiro-burkinabè. Fruits d’un parcours commun, ces liens exceptionnels, portés par des valeurs transmises de génération en génération, ont parfois connu des moments difficiles. Il appartient aujourd’hui de consolider l’axe Yamoussoukro-Ouagadougou afin qu’il assume sa mission historique, à savoir assurer l’avènement des temps de la prospérité partagée. Il est indispensable de fixer pour toujours les grandes ambitions d’un partenariat fructueux et global ivoiro-burkinabè qui rétablisse le rôle historique de force d’intégration ouest-africaine ”, a souligné le chef du gouvernement burkinabè, Tertius Zongo, à l’ouverture du conseil des ministres conjoint.

Le nouveau partenariat porte sur des concertations des deux parties dans les instances régionales et internationales en vue de parler d’une même voix. Elles ont même émis une suppléance dans les pays où l’un des Etats contractant le traité n’a pas de représentations diplomatiques. Les alliances du couple ivoiro-burkinabè sont visibles surtout dans les domaines commercial et agricole. Le président Laurent Gbagbo a approuvé l’entrée de son voisin sahélien au conseil d’administration du Port autonome d’Abidjan dont un accord de siège à Ouagadougou. Il en est de même pour le Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) dont une représentation est attendue sur les bords de la lagune Ebrié. Le port d’Abidjan a été admis comme le port de référence pour l’importation de l’engrais et l’exportation du coton du Burkina Faso.

Les deux pays ont également choisi de s’appuyer sur le poumon de leurs économies respectives, l’agriculture, pour donner un souffle nouveau à leurs échanges. D’où la ratification très prochaine de la Convention de l’Autorité du bassin de la Volta (ABV) pour une exploitation communautaire et judicieuse des ressources hydrauliques. Il s’agit notamment de partager les expériences en matière d’aménagement de retenues d’eau ainsi que de la valorisation des fruits et légumes, de promouvoir le commerce des produits et sous produits agricoles dans le sens de la complémentarité des deux économies. Le développement agropastoral en commun va s’enrichir d’une collaboration dans le domaine de la recherche agronomique dans les secteurs du coton, de la noix de cajou, de la banane, du karité et l’instauration d’un dialogue dans la gestion des Organismes génétiquement modifiés (OGM). Pour ce faire, les deux pays s’engagent à informer et à sensibiliser leurs communautés sur les questions relatives au foncier rural étant donné que “ le droit d’établissement et de séjour de leurs ressortissants dans l’un des deux Etats ” est inscrit en lettres d’or dans le traité d’amitié entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr) , Envoyé special à Yampussoukro
(RCI)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 septembre 2009 à 10:09, par Paris Rawa En réponse à : Traité d’amitié et de coopération : Les noces d’un voisinage sans nuage

    Sans vouloir jouer les rabat-joie, je me méfie de cette idylle un peu subite.

    Faut-il trop miser sur une amitié entre deux peuples dont le contenu du traité n’a été que l’affaire exclusive des hommes politiques qui, hier encore, se détestaient cordialement ? Le président Blaise Compaoré n’en fait-il pas un peu trop quand il se prononce sur les questions internes propres à la Cote d’Ivoire ? Est-il sûr que les populations ivoiriennes qui n’ont pas voix au chapitre acceptent cette intrusion qui semble ne pas gêner les hommes politiques ivoiriens ?

    Attention au retour de manivelle quand on traite d’un problème qui concerne des millions de personne. L’illusion d’être sur une bonne voie peut cacher des surprises effrayantes. A mon humble avis, même si on veut faire du bien à quelqu’un qu’on aime bien, il faut savoir rester dans la bonne mesure pour ne pas blesser sa fierté. est-on sûr d’être dans cette mesure-là ? Trop faire dans l’assistance, même politique, peut virer à un assistanat humiliant. Il me semble bien qu’il peut existe au sein des populations ivoiriennes un risque non négligeable de réaction d’orgueil qu’il ne faudra pas confondre à de l’ingratitude.

    L’amitié entre la Cote d’Ivoire et le Burkina peut-elle survivre à "l’amitié" entre Blaise et Gbagbo ? Les individus passent et les peuples restent : ainsi sont partis Houphouët-Boigny et Maurice Yaméogo. La construction des routes et autres projets envisagés sans consultation populaire seront-ils acceptés par les deux peuples comme un signe d’une amitié durable ? N’oublions pas trop vite que dans un passé récent il y a eu la RAN (Régie de chemin de fer Abijan Niger) qui a cédé la place à la "gestion séparée" et à la privatisation du chemin de fer ! Et cela s’est passé sans le "Niger" du rêve de la RAN.

    Pourquoi n’a-t-on pas encore envisager, depuis les indépendances à nos jours, d’organiser un référendum pour l’adoption par les peuples d’un traité d’amitié et d’intégration économique à ouvrir progressivement aux autres pays de l’Afrique de l’Ouest ?

    • Le 17 septembre 2009 à 15:07, par Passek widbo En réponse à : Traité d’amitié et de coopération : Mieux vaut tard que jamais

      Nos deux peuples ont d’enormes raisons de signés des traités d’amitié et de cooperation. Cela aurait du se faire au lendemain des indépendances au vue du caractère historique qui nous lie. La Haute volta aujourd’hui BF d’abord supprimée de la carte pour etre partagée comme une galette en au nord le Soudan Français pour la culture du conton et au Sud la Cote d’ivoire pour la culture du café-cacao n’a pu reintégrer ses frontières que quelques années avant les indépendances. C’était une formule gagnante pour les colons et si nos autorités avait pris conscience au lendemain des indépendances se serait un outil d’intégration et de coopération transfrontalière et un modelle pour le reste de la sous région. L’axe Abidjan - Ouaga devrait etre le tremplin pour nos procesus de developpement. Abidjan un moteur (la port autonome) et Ouaga la plaque tournante (pour se situation geografique). Nous aurions deux peuples unis pour en destin commun qui la course pour le developpement et le bien-etre collectif de nos deux nations. Helas, nos politiciens ont préféré s’atarder sur des unitilités qui ont créé des tensions réciproques et du meme cout leur ont fait perdre beaucoup de retombées économiques. Aujourd’hui l’axe Abidjan - Ouaga risque d’etre surplomber per l’axe Dakar - Bamako qui est encore plus concret et plus dévoué au travail. Mais comme le dit l’adage "mieux vaut tard que jamais" pourvu que ce soit ponctué de francise, de sincérité et que ça ne soit pas seulement du tapage médatique ou le "je t’aime moi non plus" entre Blaise et Gbagbo mais non entre les deux peuples.

  • Le 17 septembre 2009 à 11:28 En réponse à : Traité d’amitié et de coopération : Les noces d’un voisinage sans nuage

    joli coup.le tableau des relations ivoiro-burkinabé est peint en rose.pourvu que ça dure.
    entre les propos et la réalisations de celles-ci il y a un pas que tout le monde n’est pas prêt à franchir.bref !!!bon vent à la confiance mutuelle et à la necessaire collaboration retrouvées.

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