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Périphérie de Ouagadougou : Des villages peu assainis

Publié le mercredi 16 septembre 2009 à 04h03min

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Le dispensaire de Zagtouli

Les communes rurales du Centre et les villages rattachés à la ville de Ouagadougou ne bénéficient pas des mêmes avantages en matière d’assainissement et d’eau potable que ceux des grandes villes. Pire, ils servent de décharges à ciel ouvert aux déchets souvent dangereux de la capitale.

Le maire de Komsilga, l’un des maires des six communes rurales rattachées à la capitale, n’ est pas content de la dégradation prononcée de l’environnement dans sa zone. Cette situation est partiellement imputable, selon lui, aux feux de brousse. Mais le plus inquiétant à ses yeux, ce sont ces déchets de toutes natures qui arrivent de la capitale.

« Actuellement, des déchets solides de Ouagadougou sont déversés nuitamment dans nos champs. C’est avec la complicité des paysans qu’on vient déverser les déchets de la ville. Les paysans pensent que ça peut servir de fertilisants pour les terres, ignorant qu’ils peuvent être contaminés par des maladies en les manipulant comme du fumier », a fait remarquer Julien Nonguierma, maire de Komsilga.

Ces déchets, véritables nids favorables au développement des bactéries et des champignons, ne sont pas traités outre mesure avant d’être jetés dans la nature. Des sociétés structurées ou informelles se contentent de s’en débarrasser purement et simplement. Elles ne font aucune différence entre produits chimiques, déchets industriels, excréta des fosses septiques ou déchets ménagers. Certaines zones de la capitale ne sont pas épargnées. Les bas- fonds et autres crevasses sont comblés à l’aide de gravats et de détritus divers.

De façon générale, l’assainissement dans les communes et villages environnants de Ouagadougou n’ est pas reluisant. On note par exemple zéro réalisation de latrines dans les écoles, les centres de santé, les milieux publics et dans les familles au cours des six premiers mois de cette année.
Le rapport d’exécution du Programme national d’approvisionnement en eau potable et assainissement à l’horizon 2015 (PN-AEPA 2015) dans la région du Centre indique que « durant le premier semestre 2009, aucun ouvrage d’assainissement n’a été réalisé ».
Le rapport indique l’absence de moyens financiers, l’insuffisance de personnel et de moyens logistiques, entre autres.

Dans le domaine de l’ assainissement, le Centre s’est fixé pour objectif de faire passer le taux d’accès à l’assainissement de 10% à 54% en 2015. Cela suppose la construction de près de 10 mille ouvrages et la réhabilitation des ouvrages endommagés pour couvrir les besoins de 132 430 personnes. S’ajoute la réalisation de 8 ouvrages chaque année dans les écoles et les centres de santé.
Vu l’évolution du niveau d’exécution surtout en milieu rural, le maire de Komsilga affirme alors qu’« en assainissement, il reste beaucoup à faire ». « En dehors des différents écoles et CSPS dotés de latrines répondant aux règles, dans les familles, quand il y a des latrines, elles ne répondent pas aux normes », dit-il.
Au cours de la 5ème session du comité régional de pilotage du PN-AEPA 2015, la directrice régionale de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques du Centre, Jeanne Zongo a attiré l’attention des autorités régionales sur le faible niveau de financement des infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en milieu rural. Elle a également fait savoir que les bailleurs de fonds occultent généralement la partie rurale de la région du Centre.

Les villages s’occupent des citadins, en attendant leur réhabilitation

« Quand on parle du Centre, les gens voient seulement Ouagadougou et quand ils regardent Ouagadougou, ils se disent que ça va », se plaint-elle. Le Centre, avec un million sept cent trente mille habitants (1 730 000) , abrite 20% de sa population en milieu rural, selon le recensement de 2006. Cette portion rurale ne bénéficie pas des services d’assainissement de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), qui concentre ses activités sur la ville de Ouagadougou.

Les Ouagalais ont l’habitude de prendre les villages environnants juste comme des lieux de loisirs où l’on peut retrouver quelques habitudes rustiques, respirer le grand air et décompresser les week-ends avant de reprendre contact avec le stress de la capitale. La catastrophe pluviométrique qui s’est abattue sur la capitale le 1er septembre 2009 montre que ces villages ne servent pas qu’à cela et peuvent même sauver Ouagadougou.
L’arrondissement de Boumiougou a vu ses 4 secteurs frappés par le sinistre. Cependant, deux de ses 4 villages, à savoir Boassa et Zagtouli étaient plus ou moins épargnés et devenus tout d’un coup plus sûrs que les zones urbaines.

Alors que l’hôpital Yalgado était envahi de toutes parts par les eaux, le dispensaire de Zagtouli est resté dans le sec et s’est vu attribuer d’autres responsabilités : s’occuper de certains sinistrés de Ouagadougou, notamment ceux hébergés à l’école Sak-Wendé (Zongo).
Pour le major du dispensaire, Athanase Bassinga, « c’est un sacrifice supplémentaire qu’on fait avec joie pour satisfaire les besoins de la population, avec toutes les fatigues possibles des collègues ».
Ce dispensaire, qui n’abritait que la maternité jusqu’en 2004, est très sollicité par les villages voisins mais surtout, par les femmes venant de la ville, pour des raisons financières, entre autre.
Il reçoit actuellement 1 100 consultants de tous genres par mois et 70 consultantes dans les services de la maternité.

Le major demande naturellement qu’il soit équipé et renforcé en personnel. Le dispensaire de Zagtouli compte actuellement cinq infirmiers.
En terme d’assainissement, M. Bassinga révèle qu’en saison pluvieuse, le dispensaire est envahi par des herbes. « On a dû chercher des gens pour désherber certaines zones devenues très dangereuses à cause des reptiles », a-t-il dit, tout heureux devant quelque 50 villageois mobilisés par le 1er adjoint du mairie de Boulmiougou afin de poursuivre le désherbage.
« Ils sont venus aujourd’hui et ça nous réconforte », ajoute-t-il.
« L’insalubrité engendre la propagation des maladies surtout en période hivernale ; les herbes favorisent les moustiques, d’où notre action de ce matin », a expliqué pour sa part Joannhy Ouédraogo, 1er adjoint au maire de Boulmiougou.

Les villageois se sont donné rendez-vous une autre fois car le site du dispensaire est tellement envahi par les herbes et n’ont pas pu achever l’opération de nettoyage en une journée.
Ces oubliés de l’assainissement urbain, qui subissent les contrecoups du développement de Ouagadougou restent cependant des zones de secours en cas de catastrophes dans la capitale.
D’ailleurs, le Premier ministre note que sinistrés ou pas, personne ne pourra à nouveau construire dans les nids de marigots et qu’il faut trouver des zones sûres où bâtir les sites d’accueils, puisqu’il faudra libérer les écoles pour la rentrée. Les villages proches que certains opérateurs prennent pour des poubelles de la ville sont regardés avec d’autres yeux.

- Mouor Aimé KAMBIRE

Sidwaya

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