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Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

Publié le lundi 14 septembre 2009 à 04h42min

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Dans des circonstances comme celles des inondations du 1er septembre à Ouagadougou, ce qui manquait le plus c’était l’information. Il y avait des ponts cassés comme celui du Kadiogo, ou de Larlé à côté de l’immeuble Baoghin, les barrages n°2 et 3 étaient plein et avaient débordés recouvrant les ponts jusqu’au garde fous, la circulation était impossible, des quartiers comme Somgandé, Kossodo, Tanghin étaient coupés du centre ville, mais la population ne le savait pas. Les habitants de ces quartiers se retrouvaient face à l’obstacle des eaux déferlantes, et par prudence faisaient demi tour ou attendaient de voir leur accalmie.

Oui M. le Premier ministre, souffrez les critiques encore. Ce n’est pas votre personne qui est en cause, c’est pour que vous améliorez votre action, c’est de notre point de vue notre contribution pour aider les responsables à prendre les meilleures décisions pour le bien être du peuple burkinabè. Vous auriez pu mettre en place un « PC » de crise qui pouvait observer par voie aérienne ces dégâts et donner des conseils de circulation à la population.

L’observatoire aérien aurait permis de saisir très vite l’ampleur du désastre et de prendre de bonnes décisions. Vu que les mass médias comme la radio et la télévision du fait de la coupure de courant par prudence de la Sonabel étaient peu fiables, on aurait pu penser à des SMS pour informer le maximum de gens. D’autres conseils de prudence et d’hygiène auraient pu être prodigués par ce canal. Les trois opérateurs GSM pouvaient répercuter ces messages citoyens à leurs abonnés sans contre partie pour raison de service public. Ce déficit d’information a créé des attroupements qui ne se seraient pas produits. Les gens se seraient occupés utilement à la maison. Le temps c’est de l’argent. Si la journée de travail est perdue pour l’employeur, au moins qu’elle soit utile à l’employé au lieu qu’il reste des heures à attendre que l’eau passe. C’était une pluie exceptionnelle, 263mm d’eau, il faut remonter à 1919 pour retrouver une quantité d’eau avoisinante et encore à Bobo Dioulasso.

Depuis 90 ans, un tel phénomène ne s’est pas produit dans notre pays. Tout cela est vrai, mais ne nous empêche pas de penser que les inondations ont eu cette ampleur à cause de l’action humaine et particulièrement de l’action des responsables gouvernementaux et municipaux. Tout le monde a pu constater que les canaux de collecte des eaux de pluies sont sous dimensionnés et que par ailleurs ils sont bouchés soit par les ordures ménagères soit par les déchets divers que les eaux charrient. Notre administration a le défaut congénital de se comporter comme une administration coloniale. Elle ne sait que punir ou elle ne fait rien. Elle ne sait pas éduquer, sensibiliser, prévenir. La mairie de Ouagadougou a t- elle un service d’hygiène ? Ce service organise-t-il des campagnes de sensibilisation, de visites à domicile, de conseils aux habitants ? La population urbaine est en majorité analphabète. Ce sont des paysans qui ont perdu leurs champs où qui ont fait l’exode rural.

Tant qu’ils ne sont pas formés à l’utilisation du mobilier urbain comme les caniveaux, ceux-ci verront leur utilité et leur efficacité réduites à zéro. Et ce n’est pas la faute à Dame nature ou à Dieu, si on a des caniveaux bouchés. C’est notre faute à tous qui jettons des mouchoirs jetables, des sachets plastiques dans la rue ou dans les terrains vagues. La pluie se chargeant de nous les ramener dans les caniveaux et les barrages, créant les inondations. Il y a une solution à cela : l’éducation sanitaire, les conseils d’hygiène aux populations. Voilà un vaste programme que le maire Simon Compaoré ignore parce que cela est moins vendeur, moins racoleur pour les femmes prudes et bigotes des églises que la lutte contre les chambres closes. Pourtant, l’assainissement du cadre vie peut aller de pair avec l’assainissement des mœurs. Il est même prouvé que des conditions de vie dégradantes font le lit de l’avilissement des mœurs. On ne conseillera pas assez la lecture des romans de Zola à M. Simon Compaoré pour son édification.

La responsabilité des maires C’est la faute aux maires et à leurs conseils municipaux si nous avons cette inondation. Il y a des populations installées dans des zones inondables de leur propre chef, mais d’autres le sont du fait de l’administration municipale. Pourquoi dans un pays sahélien comme le nôtre, les abords des barrages de Ouagadougou qui devraient être des jardins maraîchers, botaniques, des forêts, sont affectés à des habitations. Nous qui n’avons pas assez d’eau, au lieu d’en faire un usage le plus efficient, on donne des terres fertiles à des gens pour bâtir. C’est d’une bêtise incommensurable. Les partisans d’un urbanisme moutonnier nous dirons que la ville n’est pas le lieu de l’agriculture. Mais c’est notre tendance à refuser de penser par nous même et à construire par nous même notre pays qui fait nos problèmes. Sous la révolution, les abords du Théâtre populaire, n’étaient pas bâtis, les habitations qui s’y trouvaient ont été rasées sur ordre du président Thomas Sankara.

C’était une zone à vocation d’espace vert. Mais la mairie a réaffecté la zone à la construction avec les conséquences que l’on a connues avec ces inondations. Il faut revenir au premier plan d’urbanisation de Ouagadougou, respecter les affectations des zones. Naturellement, cela fera des mécontents, mais c’est pour le bien public. Il faut punir aussi les responsables administratifs qui ont choisi de déclasser les zones pour les mettre à la disposition de la population pour leurs habitations. C’est comme cela que l’on évitera d’autres catastrophes. Sinon, on sera encore là pour pleurer encore à la prochaine pluie diluvienne et enterrer un nombre plus important de victimes. Le chiffre de 150 000 sinistrés sera peut-être dépassé. Faisons de cette inondation un moyen de nous amender et de nous prémunir contre les prochaines.

Sana Guy

L’Indépendant

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Vos commentaires

  • Le 14 septembre 2009 à 09:02, par Une lectrice En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    Intervention somme toute pertinente, mais pourquoi attendre une inondation pour prodiguer de tels conseils ?

    • Le 14 septembre 2009 à 11:47, par Ilias Lafricain En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

      C´est dans la douleur, mon frere, que les lecons sont comprises, triste realité de la nature humaine.

    • Le 14 septembre 2009 à 17:01, par Tony En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

      je suis d’accord avec toi on devrais attendre par exemple les 2hopitaux Yalgado et la Pediatri Charles De Gaule on dirais que se sont des sous terrain on pouvais élévé la terre plus que ça et aussi nos routes sont mal gourdrauné

    • Le 14 septembre 2009 à 18:29 En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

      Merci pour votre point de vue Mr Sana...
      Lisant la reaction de certains de vos lecteurs ;je me retrouve desarme...sans le seul mot:ils sont comme vous l’aviez peint ;PAYSANS et Analphabetes.
      comment des gens peuvent ainsi concevoir les choses ? Soient les ponts sont en bon etat ou pas ? mais pas a moitie...
      Du reste ces ponts remontent soit du colonisateur ou de la 1ere ere des independances ou de l’oeuvre de notre courte REVOLUTION...Nos dirigeant le savent et bon notre du peuple Burkinabe.
      Meme en detestant et executant la REVOLUTION ;nous demeront tous figie de voir ce triste constat :
      Les 4 ans de revolution ont plus apporte du POSITIF dans tous les secteurs de la vie des Burkinabes que les 23 ans de Blaise.
      Denigrer SANKARA en tant qu’etre humain est tout a fait normal ;beuh ces actions posees sur le terrain ;ces idees demeurent invaincibles...

      A sa derniere conference a Koudougougou Mr NORBERT Zongo disait :"il arrivera un temps ou dire qu’un BURKINABE souffre ;c’est tout a fait normale ;c’est comme si je dis je bois de l’eau..."
      15 ans apres que les compaore ne l’ait mange ;le triste constat se lit sur le visages des Burkinabes.
      Pendant que le peuple cherche la grain de subsistance nos leaders sont multi-milliardaire

  • Le 14 septembre 2009 à 14:15, par lecteur_x En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    Les remarques sont pertinentes mais ne confondez pas les ponts avec les acces aux ponts. Car jusque là le pont Kadiogo est encore la, les autres ponts aussi mais se sont les remblais d’accès qui ont été érodés par les eaux. donc les ponts ne pas cassés sont bel et bien là mais sont inaccesibles.

  • Le 14 septembre 2009 à 16:05, par lumière En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    Bonjour A tous,
    Il est important de considérer le caractère exceptionnel de cette pluie du 1er septembre et remarquer que de simples caniveaux n’auraient pas suffit. Fussent-ils curés ou pas.
    Cette catastrophe permettra de tirer plusieurs leçons et elle DOIT INTIMER aux différents élus locaux et autres décideurs la nécessité de la justesse des choix DANS UN PAYS SOUS DEVELOPPE comme le Burkina Faso. (Dons, Prêts, Assistance et Aides y sont cruciaux)
    L’extrême misère se retrouve à présent mise au grand jour face à une opulence à faire pâlir Wall-Street. (Tanguin VS Ouaga 2000).
    Cet état de faits est tellement récurrent que FORCE EST DE RECONNAITRE QUE LA POPULATION MEME S’Y COMPLAIT.

  • Le 14 septembre 2009 à 16:35, par Yam nèré En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    Vois-tu, mon cher X, je te recommande cet adage : "là où parler et se taire conduisent aux mêmes effets, la sagesse enseigne le silence". Si tu ne sais rien tirer de la reflexion de Guy, tais-toi, ça tu fera plus de bien.

  • Le 14 septembre 2009 à 20:13, par Noraogo En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    moi j’ai une seule question à nos responsables : A quand l’application du code de l’urbanisme et de la construction ?
    En rappel ce code interdit les lotissements or norme appélés lotissement à quatre bornes c’est à dire les lotissements non viabilisés ( sans ouverture des voies, sans un système d’évacuation des eaux, sans eau ni courant..) pour moi le vrai problème vient de là. tant que les nouveaux quartiers lotis ne seront pas equipés d’un minimum d’infrastructures ( routes et infrastructures) l’eau des pluies va faire d’eventuelles victimes.

    • Le 12 octobre 2009 à 12:53, par B. Jacqueline En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

      comment une telle catastrophe n’arriverai pas quand on sais que dans notre capitale Ouagadougou, les aménagements urbains sont pour des bésoins immédiats et non à longs termes. comment pouvons nous comprendre qu’on puisse construire des voies bitumées et faire des lotissements sans prévoir des réseaux de canalisation(carnivaux) des eaux de pluies et les eaux usées. Certaines zones ne serai pas touché s’il y avais des carnivaux pour drainer les eaux.
      C’est la resultante d’une urbanisation non maitraisée.

  • Le 15 septembre 2009 à 03:41 En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    Merci Noraogo pour ta clairvoyance ! tout le probleme est là en effet. pas de drain, pas e route, donc accumulation des eausx et catastrophe. On ne lotira pas pour lotir.

  • Le 13 octobre 2009 à 14:10, par Momo En réponse à : Inondations à Ouagadougou : A qui la faute ?

    merci pour la question.
    Il faut dire que ces inondations du 01/09 sont la résultant d’un échec politique.Imaginer un seul instant la position des trois barrages de la ville de ouaga et la position de bang-wéogo etc. Vous comprendrez que tous ceci n’est que le fruit d’un spontanéisme politique.

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