LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

MADAGASCAR : Rajoelina, seul maître à bord

Publié le jeudi 10 septembre 2009 à 03h46min

PARTAGER :                          

A Madagascar, Andry Rajoelina étrenne désormais son nouveau gouvernement. On notera bien sûr qu’il n’est né dans la douleur qu’après des heures d’attente. Mais ce n’est pas là sa caractéristique la plus extraordinaire. En effet, ce qui saute aux yeux, c’est que TGV s’est réservé l’immense part du lion. Il n’a presque rien laissé aux autres. Or, à tout le moins, ce n’est pas ce qui était convenu lors des négociations de Maputo. L’immense majorité des 31 "heureux élus" se compose essentiellement de loyalistes fidèles au président.

A ceux-ci s’ajoutent, triées sur le volet, des personnalités proches de l’ancien président Ratsiraka et d’autres issues des associations ou mouvements en lien avec la Haute Autorité de Transition. Un débauchage intelligent et prudent, qui participe sans doute d’une intention inavouée de diviser pour régner. Après tout ce qui s’est dit à Maputo ! On a de la peine à imaginer que TGV y était. Après avoir imposé Monja Roidendo, il s’accapare la presque totalité des postes ministériels. Il a voulu tout et le reste et il l’a eu. Et cela, nul doute, avec la "bénédiction" de l’armée qui est aujourd’hui son mentor, mais dont il peut être demain l’otage. Dans un tel contexte, on comprend fort bien l’indignation des trois autres mouvances qui se sentent flouées et frustrées, mais sans doute un peu tard. L’ancien président Ratsiraka, avant même la publication de la liste des membres de l’équipe gouvernementale, demandait, au cours d’une intervention à la radio, l’arrêt du processus.

A l’en croire, ce serait là une décision conduisant le pays à sa perte. L’ancien président Ravalomanana, lui aussi, conteste vigoureusement "ce gouvernement mis sur pied d’une manière unilatérale". Quant à la mouvance Zafy, elle s’indigne et se demande pourquoi "l’une des quatre mouvances prend son aise pour nommer un gouvernement sans se soucier de ce que peuvent penser les autres". On laisse entendre d’ailleurs qu’en guise de contre-attaque à l’initiative solitaire de TGV, des actions concertées des trois autres mouvances pourraient bientôt être décidées. Mais on se demande vraiment ce qui pourra arrêter Rajoelina. Tout comme on ne voit pas vraiment quels moyens de pression utiliser à son encontre. La SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) a bien rejeté ce nouveau gouvernement à peine éclos et a décidé du maintien de sa décision de suspendre Madagascar de l’Union. Mais on s’en doute, cela ne suffira pas pour dissuader Rajoelina.

Car, il faut le dire, TGV sait qu’il s’est mis tout le monde à dos. Cela ne le surprend guère, puisque de toute évidence, il a longtemps mijoté et préparé son "coup". Les semblants de concession et les belles promesses à Maputo n’avaient pas d’autres buts que d’endormir pour mieux asséner le coup fatal. A présent, il y est. Reste à savoir quelle sera la réaction des ténors des autres mouvances, les jours à venir. On les sent à la fois médusés et désemparés. Devra-t-on assister à une reprise des manifestations à Madagascar, à l’instar de celles qu’on a connues il n’y pas si longtemps et qui voyaient s’affronter opposants et loyalistes, avec les violences et les pertes en vies humaines qu’on sait ? Optera-t-on pour des solutions plus pacifiques, qui favorisent le dialogue et la concertation ? Nul ne saurait le dire à présent avec exactitude. Par contre, il est déjà clair aux yeux de plus d’un que les sommets de Maputo, au final, n’auront été qu’une vaste mascarade décidée et vécue par certains des acteurs politiques qui y ont participé.

Du coup, ces derniers auront été "roulé" dans la farine. Et cela n’est pas fait pour arranger une situation déjà fort complexe sur la Grande Ile dont on pensait que l’heure de la réconciliation de ses fils avait sonné. Ce n’est pas que les dirigeants de la Transition ne s’efforcent pas de convaincre l’opinion du bien-fondé de leurs choix : "Il s’agit d’un gouvernement d’ouverture. Cela ne s’est jamais produit dans l’histoire du pays", a déclaré TGV himself. Mais le peuple n’est pas dupe et tout le monde aura remarqué le non respect du quota en défaveur des trois autres mouvances. Alors, quelle sera l’atmosphère sur Madagascar, les jours prochains ? On attendra pour le savoir. Mais déjà, on peut présumer, au regard de ce qui s’y déroule, que cette mini "trahison" de TGV, en plus d’être mal acceptée par ses opposants, risque de provoquer quelque nouvelle tempête qui pourrait faire tanguer la Grande Ile. Il faut alors espérer que la classe politique Malgache aura suffisamment de clairvoyance et de raison pour éviter le rappel de certains vieux et vilains démons.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique