Très prisés des consommateurs bobolais, les savons SN-CITEC (N°1, 2 et 3) sont actuellement quasi-introuvables dans les boutiques de la ville de Sya. Tous les boutiquiers approchés répondent presqu’en chœur : “ Je n’ai pas de savons SN-CITEC”. Et cela fait plusieurs semaines que la pénurie dure. “ Voici 2 mois que je ne dispose plus de savons SN-CITEC ”, relève Madi Ouédraogo, boutiquier à Souroukoukin, un des quartiers populaires de Bobo-Dioulasso. Même son de cloche chez un autre boutiquier installé au quartier Bolomakoté, lequel a requis l’anonymat : “ Je n’ai pas de savons SN-CITEC depuis plus de deux mois ”. La situation n’est guère meilleure pour Ousséni Ouédraogo dit “ Officier ”, boutiquier très connu à Accart-ville. “ Il y a plus d’un mois que je ne vends plus de savons SN-CITEC. Je n’en trouve plus à revendre”, confie-t-il.

Les revendeurs ne voient que du noir

Si la plupart des boutiquiers trouvent la situation de pénurie de savons SN-CITEC “ déplorable ”, ils disent cependant ne pas savoir ce qui passe au niveau de la société. Les grossistes ne sont pas non plus dans le secret des dieux. “ Même mes fournisseurs ne sont pas en mesure de me renseigner sur les raisons de la pénurie ”, regrette le boutiquier dit “ Officier ”. Boureima Ouédraogo, demi-grossiste à Koko (secteur n°4 de Bobo-Dioulasso), est lui aussi sous-informé. “ Je ne sais pas ce qui se passe ”, rapporte-t-il. Et de verser dans les rumeurs : “ J’ai appris que la SN-CITEC a arrêté de fabriquer les savons, car elle dit ne pas tirer profit de cette activité ”. Toujours est-il que les savons manquent dans les rayons, mettant les boutiquiers dans l’embarras face aux multiples questions des consommateurs. “ Les clients ne cessent de demander les savons SN-CITEC et quand je leur dis qu’il n’y en a pas, ils veulent comprendre. Je rétorque que je n’en sais rien ”, fait remarquer le surnommé “ Officier ”. Ses collègues, a-t-on constaté, vivent les mêmes demandes et questionnements des clients. Face à la pénurie des produits SN-CITEC, les boutiquiers ont changé le fusil d’épaule.

“ Pour sauver les meubles et satisfaire un tant soit peu la clientèle, je vends d’autres savons tel Mous Plus”, soutient Madi Ouédraogo, de Souroukin qui n’est pas le seul à le faire. “ Déçus ” de ne pas avoir leurs savons “ préférés ” à portée de main, les clients (certains nous l’ont dit) se rabattent sur les autres savons, impuissants. S’il est indéniable que les savons SN-CITEC sont devenus rares dans la ville de Sya, des boutiquiers en ont encore quelques uns, issus de vieux stocks, selon certaines sources. C’est le cas de Daouda Kaboré, boutiquier à Cikasso-Cira, qui dispose encore d’une dizaine de savons SN-CITEC N°2, obtenus auprès d’un ami grossiste. Toutefois, la pénurie de savons SN-CITEC est tellement critique que même les points de vente de la société, installés à Bobo-Dioulasso, n’en disposent pas. “ Nous n’avons pas de savons SN-CITEC N°1, 2 et 3, si ce n’est les barres de savon revendue actuellement à 1000 FCFA l’unité ”, explique une responsable d’un point de vente, sous le couvert de l’anonymat.

Très confuse, cette dame dit néanmoins avoir appris que “ la SN-CITEC connait des difficultés d’approvisionnement en acide gras, matière première de fabrication du savon ”. Mais à entendre celle-ci faire sa lecture de la situation, “la Société est en train de mener une politique de liquidation des barres de savon au détriment des savons N°1, 2 et 3 ”. Et de poursuivre : “ je fonde ma conviction sur le fait que les prix des barres de savon ont été cassés. Revendu avant à 1200 FCFA, la barre coûte actuellement 1000 FCFA ”. Dans l’ensemble et eu égard à la pénurie, les revendeurs redoutent que les autres savons n’éclipsent ceux de la SN-CITEC. C’est pourquoi, ils appellent la Société à travailler à satisfaire la clientèle qui est habituée à ses produits pour leur “ qualité ”. Et les commentaires vont bon train, mais seuls les responsables de la SN-CITEC détiennent les vraies raisons de la pénurie de savons. Malheureusement, nous n’avons pas pu avoir d’information auprès de ceux-ci : la directrice générale de la Société étant en congé, aucun cadre n’a voulu prendre la responsabilité de nous éclairer. Affaire donc à suivre.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)

Sidwaya