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La leçon du 1er septembre

Publié le lundi 7 septembre 2009 à 03h22min

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Une pluie et tout est englouti : maisons d’habitation, boutiques de fortune, rues et ruelles, animaux domestiques et volailles, caniveaux, eau et électricité, vies humaines. Nous avons échappé aux vagues de chaleur des mois d’avril et mai pour que les torrents de cette pluie exceptionnelle nous mettent en péril. Voguer de Charybde à Scylla, c’est cela aussi être burkinabè. Mais pour la situation présente, le pays est débordé. Sinistré. (…) là, faisons une halte pour traduire toute notre compassion à tous les sinistrés, à tous, filles et fils du pays des Hommes intègres !

Ainsi, la ville de Ouagadougou, inondée et remplie de brouhahas, s’est retrouvée dans la situation inconfortable de laver ses pagnes sales dans la rivière devenue fleuve Kadiogo. De la rue aux médias, on entend « grogner » : les caniveaux sont étroits ou mal construits ; où sont-ils, les concepteurs de tels ouvrages ?

Il y a de grandes maisons qui s’écroulent : ont-elles été érigées dans les règles de l’art, ou ont-elles été construites « wassa-wassa, sap-sap » en passant par des raccourcis juteux ? Jadis, il était question d’une ceinture verte pour Ouagadougou, la pluie du mardi 1er septembre a montré que notre capitale n’a encore qu’une ceinture boueuse : avec des habitations devant lesquelles il est impensable de parler de « normes de sécurité. » Dans le plan de développement de la ville de Ouagadougou, il est prévu des espaces verts pour permettre à notre capitale de respirer de temps en temps, à pleins poumons. Aujourd’hui, certains de ces espaces sont habités, transformés en établissements scolaires ou en commerce, donc obstrués. Ce n’est pas la hardiesse de ceux qui font feu de tout bois qui nous étonne, mais plutôt le silence de ceux qui peuvent rectifier le tir. Un proverbe de chez nous dit : « si l’homme sans vergogne fait l’amour avec un cadavre, les femmes malades n’ont plus qu’à escalader les murs ». Malheureusement, certains malades de l’hôpital Yalgado ont dû interpréter ce proverbe à leurs dépens. Et quels propos n’entend-on pas… ?

Il y en a qui ont proposé, très sérieusement, que les 200 000 sinistrés aillent se réfugier « dans certaines zones jugées privilégiées »… Allons ! Pourquoi en Afrique traditionnelle, selon Amadou Hampaté Bâ, on ne devait pas parler en public avant d’avoir 41 ans ? Parce qu’il arrivait, et il arrive toujours, que la confusion des espèces et des genres du discours nous desserve en cachant ce qu’elle prétend révéler. Selon des enquêtes réalisées par un institut scientifique de la place, 500 habitants des 5 communes de Ouagadougou ont montré qu’ils ne savaient pas grand-chose des effets de la variabilité et des changements climatiques. Parmi les « causes » de ces perturbations climatiques, ils ont cité la pollution, l’opération Saaga, ô nos péchés et la volonté de Dieu. Pour se protéger contre les effets éventuellement extrêmes des changements climatiques, les populations proposent, entre autres, de lotir rapidement les zones en instance de l’être, de se réfugier dans les locaux publics ou de grimper sur des arbres en cas de désastre.

Il nous semble que toutes nos populations, à l’exemple de celles des communes de Ouagadougou, ont beaucoup à apprendre des changements climatiques. N’est-ce pas là une solution solide et solidaire à la portée de tous, qui que nous soyons et quelque fonction que nous exercions dans la maison commune ? Da ns la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (cf. Texte de 1995), l’Article 10 définit, en 4 points et en 11 alinéas, les grandes lignes des programmes nationaux de lutte contre les éléments perturbateurs du climat. La Convention insiste sur la définition des stratégies à long terme, l’application de mesures préventives, la promotion de politiques et cadres institutionnels pertinents, la création de systèmes d’alerte précoce et l’implication des populations dans la lutte contre les effets pervers des changements climatiques.
Et ne l’oublions pas : la solidarité s’affermit ou se disloque quand elle se mesure avec l’obstacle.

Dans son adresse aux populations du Burkina et particulièrement à celles sinistrées, le président du Faso fait appel à la solidarité des Burkinabè. Une vertu toute burkinabè qui n’est ni de gauche, ni de droite. Il appelle le gouvernement et les autorités municipales à tirer toutes les conséquences de ce désastre. Quand il dit autorités municipales, ce n’est pas uniquement celles de Ouagadougou, mais de toutes les communes, à prendre les mesures conservatoires. C’est bien de lotir, de distribuer des parcelles, mais il faut réunir les conditions minima d’ouverture de voies, de canalisation, de cahiers des charges pour tous ceux et toutes celles qui veulent bâtir. Sans tricher ! Après le 1er septembre 2009, la plupart des Burkinabè ont vécu ce que c’est qu’un changement climatique, dans l’autre sens. Le changement climatique, ce n’est plus seulement la sécheresse. Chaque Burkinabè devant contribuer à sa propre sécurité, il doit par conséquent anticiper. Administrations, opérateurs économiques, simples gens, chacun de près ou de loin en a eu pour son compte.

La leçon va-t-elle porter ?

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 septembre 2009 à 11:30, par Sidbee En réponse à : La leçon du 1er septembre

    - D’abord,cette inondation est certes un desastre naturel. Il n’est pas forcement la consequence d’un dereglement climatique. Les inondations peuvent exister en dehors de tout dereglement climatique en temoignent les nombreuses inondations qui ont eu lieu avant notre ere industrielle qui marque le debut des dereglements climatiques.
    - Le second element a souligner c’est que nous meconnaissons la relation entre accident, catastrophe et ALEAS. L’on peut vivre pendant logntemps dans un aleas sans en jamais faire les frais jusqu’a un de ces 1er Septembre.
    - Il n’ya pas que les inondations. Il y a beaucoup d’autres aleas dont nous nous accommodons chaque jour. Et vous courez le risque de vous faire EDENTER par les CITOYENS HONNETES si d’aventure vous chercher a l’y sensibiliser.
    - L’ homme ne tire suffisamment de lecons que lorsqu’il est MARQUE AU FER CHAUD des mesaventures.
    Il est possible de prevoir, de minimiser les degats vis-a-vis des choses, des evenements qui nous font notre environnement. Mais HELAS, IL YA LOIN DE LA COUPE AU LEVRES !

  • Le 7 septembre 2009 à 17:33, par ANITA En réponse à : La leçon du 1er septembre

    Inutile de jeter la pierre sur Adam ou Eve. Même les pays les plus puissants comme les USA ont connu leur part de catastrophe naturellement "NATURELLE". La nature veut nous prouver qu’il n’y a de plus puissant que Celui-là qui l’a créée. Leçons pour leçon il faut BIEN RECONSTRUIRE. C’est en cela que je suggère que le gouvernement et les acteurs concernés par la construction interviennent pour prendre des mesures en vue d’offrir une cession sociable des matériaux de construction pour encourager les sinistrés à reconstruire (pour ceux qui peuvent encore se l’offrir !).

  • Le 7 septembre 2009 à 21:19, par Abdoul Malick En réponse à : La leçon du 1er septembre

    Comme l’a mentionné le premier intervenant cette situation exceptionnelle n’est pas forcément dû aux changements climatiques. Demandez à ceux qui ont fait le génie civil par exemple, ils vous diront que ce genre de pluie arrivent de façon cyclique presque tous les 100 ans et je crois qu’ils en tiennent compte dans le calcul de leur structure (en principe). De façon donc scientifique, votre affirmation est toute gratuite, monsieur le journaliste.
    Et je voudrais aussi vous ajouter que quelque soit les prévisions, pronostics et anticipations qu’il peut élaborer l’homme doit rester humble face à l’inconnu, qui n’est connu que de Dieu seul. Ne dénigrer pas ceux qui y croient, monsieur le journaliste.

    Pour votre culture, monsieur le journaliste, lisez "la théorie du chaos".

    Bien à vous

    Salam !

  • Le 8 septembre 2009 à 21:03, par un citoyen En réponse à : La leçon du 1er septembre

    La polémique c’est bon. Mais seule la réalité est vraie.

    Questions :

    - Ce phénomène s’est-il déjà produit au moins une fois dans le monde ou pas ?

    - Les BURKINABE suivent-ils la télé ou pas ? Car à la télé BURKINABE, on présente presque chaque trois mois ou au moins chaque année des INNONDATIONS à travers le monde.

    - Y a t-il des gens au BURKINA qui ont étudié ou pas ? lors de leurs études, ont-ils appris ce que c’est que "PREVOUIR" ?, "COEFFICIENT DE SECURITE" ? ETC...?

    - Pour quoi construit-on des ouvrages sans respecter "LES REGLES DE L’ART" ???

    - Pour quoi laisse t-on les gens s’installer anarchiquement ???

    - Pour quoi laisse t-on les gens boucher les canivaux ???

    POLITICIENS, cessez de nous divertir. L’eau n’a pas submergé tout ouaga.

    L’eau a détruit certains côtés des ponts parce qu’elle était trop chargée d’ordures et le passage était TRES RESTREINT, c’est tout.

    • Le 17 septembre 2009 à 00:26 En réponse à : La leçon du 1er septembre

      Tu as tout dit. Je te tutoie sans te connaitre parce que je me sens si proche de toi. Je vis aux USA et je sais qu’ ici— du reste dans la ville ou je suis, premiere en matiere de recyclage aux USA—on utilsie tout avec parcimonie. Le gaspillage est tres dangereux parce que ce monde ne nous appartient pas. Il appartient a des milliers de generations qui vont venir apres notre ephemere passage ici- bas. On doit le gerer avec beaucoup de serieux et d’ humilite et surtout de discipline. Mais chaque fois que je viens a Ouaga, je constate que le desordre et l’ indiscipline ne font qu’ augmenter, aides en cela par le laxisme de nos autorites. Yes, il faut aussi le dire. On n’ a jamais construit un pays en laissant les gens faire ce qu’ ils veulent. mais encore faut- il qu’ on ait la force et la legitimite d’ imposer une direction commune de vie. Dans cette catastrophe qui nous frappe si violemment, la responsabilte morale du moins de nos autorites est clairement etablie. celles des citoyens aussi. Je crois moins a la theorie du chaos ou de la catastrophe naturelle qu’ a la responsabilite des hommes. Si on ne fait rien dans la duree, nous pourrions avoir des catstrophes plus graves. Soyons proactifs.

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