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Yamba Harouna Ouibiga, directeur général de l’ONEA : "L’eau de robinet est sans danger"

Publié le jeudi 3 septembre 2009 à 02h40min

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e directeur général, Yamba Harouna Ouibiga

Face à la montée des eaux dues à la pluie diluvienne du 1er septembre 2009, l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) a pris des mesures conservatoires consistant à l’arrêt des installations de la station de Paspanga. Du coup, des messages malveillants et anonymes circulent sur la qualité de l’eau du robinet. Le directeur général, Yamba Harouna Ouibiga établit ici leur fausseté et situe l’impact des inondations sur sa société. Il rassure la population de Ouagadougou que l’eau distribuée demeure potable et ne présente aucun danger pour la santé.

Sidwaya (S.) : Quel est l’impact de la pluie diluvienne du 1er septembre sur le réseau de l’ONEA à Ouagadougou ?

Yamba Harouna Ouibiga (Y.H.O.) : Suite à la pluie diluvienne qui a causé des inondations dans la ville de Ouagadougou, la production de l’eau a été quelque peu perturbé parce que la station de production d’eau de Paspanga a été mise hors service. C’est l’une des unités qui dessert le centre de la capitale, l’eau de Ziga alimentant la périphérie. Des dispositions sont prises pour réorganiser progressivement la distribution à partir de l’eau de Ziga et combler rapidement le manque à gagner dû a l’arrêt de la station de Paspanga.

S. : Qu’en est-il de la qualité de l’eau mise à la consommation à l’heure actuelle ?

Y.H.O. : L’ONEA est une société d’Etat investie d’une mission essentielle de service public. Elle est toujours consciente que ses actions et ses activités portent sur un pan très important de la vie des populations. Ne dit-on pas que l’eau, c’est la vie ? Guidé par un tel souci, l’ONEA ne peut en aucun mettre à la disposition des populations un produit douteux. La production et la distribution d’eau, une denrée si vitale, a toujours requis les précautions de tous ordres. Le communiqué rendu public dès le lendemain des inondations vise uniquement à prévenir les consommateurs concernés par le dessert de la station de Paspanga des désagréments que sa mise hors service pourrait entraîner. Il s’agit entre autres de la baisse de pression voire une rupture de la fourniture d’eau. C’est vraiment dommage et très regrettable que des esprits malsains se soient évertués à la désinformation de nature à créer la panique au sein de la population en appelant à ne plus boire l’eau du robinet.

L’ONEA tient à rassurer les consommateurs que le système de production est efficacement suivie. La qualité de l’eau distribuée n’est pas touchée par les inondations du 1er septembre 2009. Dès que la montée des eaux a été observée, la station de Paspanga a été mise hors service par mesure de prudence. La fourniture en électricité a été interrompue entraînant ainsi l’arrêt du pompage. Avec une telle situation, le réseau de distribution a pris un coup. Il n’est plus possible que l’eau circule convenablement pour approvisionner les usagers. C’est ce désagrément qui est à déplorer. Sinon le dispositif de sécurité lié à la pollution est tel que toute alerte amène à procéder à l’arrêt immédiat avant que ce risque ne survienne. La mise hors service de la station de Paspanga s’inscrit dans toutes les mesures consignées dans toutes les procédures d’exploitation face à tous les cas de figure pouvant se présenter pour mettre immédiatement hors de danger la population consommant l’eau de robinet et éviter toute contamination. Techniquement, il est quasiment impossible que les eaux des inondations parviennent au reseau d’eau potable car l’eau utilisée est celle de Loumbila et elle vient par un circuit en hauteur.

L’ONEA n’a fait que prendre une mesure naturelle pour garantir la qualité de l’eau. Dès que l’intensité de la pluie s’est révélée forte, la fourniture de l’électricité a été interrompue avant même que la montée des eaux ne soit effective. Cette précaution vise à préserver le réseau de toute contamination. Le ministère de la Santé est garant de la qualité de l’eau produite par l’ONEA. En plus des contrôles internes, le Laboratoire national de santé publique (LNSP) procède à des analyses quotidiennes strictes sur la qualité de l’eau. C’est l’exigence majeure de la mission assignée à cette société de service public.Sans savoir pour l’instant à qui profite les informations malveillantes circulant par le biais des portables, nous tenons à rassurer que l’eau de robinet est buvable et de qualité sûre. Les prélèvements intervenus juste après la pluie ont encore révélé le respect strict des normes de qualité internationales.

S. Quelles sont les conséquences de la mise hors service de la station de Paspanga sur le réseau de distribution ?

Y.H.O. : Effectivement, cette situation a entraîné des perturbations sur le réseau de distribution. La station de Paspanga pompait l’eau vers les réservoirs du centre-ville. Naturellement, avec sa mise hors service, les réservoirs vont se vider et les consommateurs vont constater une baisse de pression à Kamsonghin, à la cité AN III et dans bien d’autres quartiers. Immédiatement, des communiqués ont été diffusés pour prévenir les habitants des zones concernées de ces désagréments.
En attendant de pouvoir réorganiser la distribution à partir des châteaux périphériques recevant l’eau de Ziga, il s’agit de reprendre de façon diligente la fourniture des zones jadis desservies par la station de Paspanga.

S. : Quelles sont les dispositions immédiates prises par l’ONEA pour juguler cette situation et alléger plutôt le fardeau de ce désagrément ?

Y.H.O. : La cellule interne de crise a été immédiatement activée dès l’arrêt de la station de Paspanga pour permettre aux services de l’ONEA de s’atteler à la réorganisation de la distribution. L’unité mise hors service intervient pour 30% dans la fourniture de la ville de Ouagadougou en eau potable. Le déficit est comblé par Ziga. La production d’eau est actuellement assurée uniquement par la station de Ziga qui continue de fonctionner normalement. Le problème ne se pose pas en terme de production mais en terme de réorganisation. L’eau est disponible et en quantité suffisante. Il s’agit seulement de la réorienter pour que les réservoirs du centre-ville la reçoivent en lieu et place de l’alimentation précédemment assurée par Paspanga. Tous les travailleurs de l’ONEA sont à pied d’œuvre pour cette réorganisation. Cette adaptation va se poursuivre jusqu’à ce que le consommateur ne ressente plus aucun désagrément au robinet. Le diagnostic sera établi et un plan d’action élaboré en vue de rétablir la distribution de façon durable.

S. : Tantôt, il s’agit de la station de Paspanga qui dessert le centre-ville. Tantôt, c’est l’eau de Ziga qui alimente la périphérie. Or, on a ouï dire que l’ONEA n’utilise plus l’eau des trois barrages. D’où vient alors l’eau consommée par la capitale ?

Y.H.O. : Il n’y a aucun équivoque sur la provenance de l’eau consommée à Ouagadougou. Avec l’arrivée de l’eau de Ziga, l’ONEA utilise l’eau de Loumbila pour le fonctionnement de la station de Paspanga et alimenter le centre-ville à un coût de production plus intéressant du point de vue énergétique. Les habitants de la capitale doivent admettre une fois pour toute qu’avant l’arrivée de l’eau de Ziga, l’ONEA n’utilise pas l’eau des barrages de la ville dès les premières pluies et même pendant cette saison.
Indépendamment de ce phénomène d’inondation, l’eau des barrages n’intervient pas dans la production d’eau potable.

S. : Disposez-vous d’une évaluation des dégâts causés par ces inondations sur vos installations ?

Y.H.O. : C’est vraiment prématuré d’avancer à l’heure actuelle un chiffre parce que les équipements touchés sont purement électriques ou électromécaniques. Quand ils seront hors de l’eau, il y a toute une procédure pour les remettre en état de marche.
C’est à cette étape qu’une évaluation sera possible. Car il peut arriver que certaines machines nécessitent une rechange de pièces avant leur usage.
Toutefois, l’impact sur les installations ne semble pas a priori significatif et c’est notre souhait.

S. : A quand peut-on s’attendre à la remise en service de la station de Paspanga ?

Y.H.O. : C’est une fois la mise hors de l’eau effective et le diagnostic des différentes machines (réparation ou changement des pièces) établis que l’on peut envisager la remise en service de la station de Paspanga. Tout cela relève d’une question de délai.
Pour l’instant, toute date serait précipitée. L’ONEA ne manquera pas d’informer à temps ses consommateurs lorsque tout rentrera dans l’ordre. A l’heure actuelle, il s’agit d’assurer la continuité de la fourniture d’eau aux populations.
Afin que très sereinement, la station de Paspanga reprenne du service.

S. : Quel message lancez-vous à l’endroit des populations de Ouagadougou et particulièrement des usagers de l’ONEA ?

Y.H.O. : D’abord le témoignage de ma compassion et celle de toute la société à la population de la capitale. Le sinistre auquel elle fait aujourd’hui face est énorme. De mémoire d’hydraulicien que je suis, on ne se souvient pas avoir reçu en un temps record de 12 h environ 300 mm d’eau de pluie.
De même que cette pluviométrie exceptionnelle a considérablement causé des dommages à la vie dans tous ses aspects, elle a aussi perturbé nos activités. L’ONEA s’excuse des désagréments que les mesures prises face à ces inondations ont pu causer à sa clientèle. Tout en formulant des excuses, il convient de rappeler que celles-ci s’inscrivent dans le souci de garantir la qualité du service et partant, celle de l’eau potable. La primauté de la santé des consommateurs est le point majeur de la boussole qui guide l’ONEA dans l’accomplissement de sa mission. Les services techniques sont à pied-d’œuvre pour rétablir l’effectivité de la distribution sur l’ensemble des réseaux. La situation se normalisera dans les tout prochains jours.

Que les populations restent sereines ; l’eau à elles servie au robinet reste d’une qualité irréprochable à tout moment et à tout point. Elle demeure potable et ne présente aucun danger pour la santé. Le reste n’est que de l’intox de personnes animées de mauvaise foi. La population doit continuer à nous faire confiance. Nous sommes à leur écoute pour résoudre des préoccupations communes. L’ONEA en tant que société d’Etat investi de services publics ne peut s’amuser à offrir de l’eau impropre. D’ailleurs, c’est cette même eau que l’ensemble des travailleurs consomment. Au-delà de tout, c’est donc une question de conscience pour tous.
C’est une question de responsabilité de santé publique et personne n’a intérêt à s’y dérober.
Nous ignorons à quel dessein ces messages malveillants ont été propagés. Mais il est inadmissible que la qualité de l’eau de l’ONEA soit mise en doute.
C’est une atteinte très grave et intolérable au service public. Si c’est une façon de faire la publicité de l’eau minérale, ces individus ont manqué d’imagination. Ils sont combien de Burkinabè à s’offrir ce privilège.
L’ONEA a toujours œuvré à donner l’eau potable à tout le monde.

Interview réalisée par Jolivet Emmaüs (joliv-et@yahoo.fr)

Sidwaya

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