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SITES D’ORPAILLAGE DANS LES CASCADES : La mesure de fermeture non respectée

Publié le jeudi 3 septembre 2009 à 02h38min

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Suite à de nombreux cas d’éboulements ayant causé la mort d’orpailleurs dans les sites aurifères, trois ministères du Burkina ont pris un arrêté conjoint interdisant les chercheurs d’or de descendre dans les galeries entre la période du 30 juin au 31 octobre 2009. Le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, Kader Cissé, a même effectué une sortie de contrôle sur quelques sites de la région des Cascades. Partout où il s’est rendu, il a été rassuré du respect de l’arrêté. Cependant, il faut le reconnaître, l’activité a repris de fort belle manière dans certains sites.

Le 10 août 2009, le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, Kader Cissé, accompagné par les corps constitués de la région des Cascades, s’était rendu sur certains sites d’extraction traditionnelle de l’or pour s’assurer de la fermeture effective des galeries aurifères. Dans les sites "inspectés", le ministre a été rassuré. Les orpailleurs, par ces temps d’hivernage, disent s’être reconvertis en cultivateurs en attendant la reprise de leur activité première. A peine le ministre a-t-il tourné le dos, que sur certains sites, l’orpaillage a repris. Le week-end du 28 au 30 août 2009, une équipe de policiers et de gendarmes a quitté Banfora pour le village de Zégnédougou dans la Léraba où les orpailleurs ont, semble-t-il, refusé de déposer pioches, haches et poêles. Selon nos sources, certains policiers et gendarmes seraient restés sur place afin d’empêcher les chercheurs intrépides d’or de descendre dans les galeries. Sachant que l’activité est interdite, les orpailleurs ne prennent pas le risque de laver le minerai sur les sites. Ils le transportent en véhicules et vont dans des endroits où ils pourraient le faire en toute quiétude.

Un site d’orpaillage en pleine forêt classée

Le cas qui choque le plus est celui de Bounouna, une localité située à environ 8 km à l’est de Banfora. Non seulement les orpailleurs continuent de creuser malgré l’interdiction, mais ils le font au beau milieu de la forêt classée. Le dimanche 30 août 2009, nous avons appris que les agents de la direction provinciale de l’Environnement et du Cadre de vie y ont fait une descente musclée. Ils ont déguerpi les orpailleurs et saisi leurs instruments de travail. Le lendemain lundi, nous décidons d’y faire un tour pour faire un état des lieux. A notre arrivée, rien ne laissait voir que des forestiers sont passés la veille. Le site, un véritable désert artificiel vaste d’environ 8 à 10 hectares dans une forêt classée de plus de 5.000 hectares, était en pleine effervescence. Les orpailleurs étaient encore là, les uns dans les galeries, les autres en train de piler le minerai. Ils passent même la nuit sur place. Toutefois, ils avaient, face à notre présence, l’air méfiant car ayant reçu une visite musclée la veille. Pour avoir leur confiance et faire quelques prises de vues, nous nous présentons comme un agent sensibilisateur sur le VIH/Sida. Inutile d’insister, les orpailleurs ne collaborent pas. Alors, nous décidons de rebrousser chemin et d’aller voir du côté de la direction provinciale de l’Environnement.

La directrice, une inspectrice des Eaux et Forêts, tombe des nues lorsque nous lui apprenons que les orpailleurs ont de nouveau investi le lieu. Sur place, elle constitue une équipe qui s’enfonce dans la forêt classée. Nous décidons de suivre aussi. En pleine forêt, un cycliste qui s’était approvisionné en bois de chauffe est arrêté. Les forestiers lui retirent son vélo et le fagot de bois. Plus loin, les forestiers interpellent un motocycliste. Très vite, ils ont constaté qu’il revenait du site. Il est dépossédé de sa monture. Puis l’équipe poursuit la route en direction du site. Les orpailleurs ont été surpris par l’arrivée des forestiers. Sans demander leurs restes, ils disparaissent dans la forêt. Quelques uns, des mauvais coureurs, sont néanmoins rattrapés. La directrice provinciale ordonne le ramassage de tout le matériel présent sur le site. Pendant ce temps, les orpailleurs, retranchés au sommet des collines, regardent les forestiers détruire tout ce qui était sur le site. Les huttes, faites de bois de liane et recouvertes de plastique comme toiture et qui servent d’habitat et de lieu de vente de l’or, ont été mises à feu.

Plus d’énergie dans les actions

Selon la directrice provinciale, ses agents ont repéré, quelques jours avant, un autre groupe d’orpailleurs du côté nord de la forêt classée, mais cette fois hors des limites en allant vers Tiéfora. Interrogés, ils disent qu’ils sont originaires de la partie nord de notre pays. Au regard de la grande distance qu’ils doivent parcourir, ils ont décidé de ne pas rentrer chez eux et de camper en ces lieux en attendant le 31 octobre prochain pour commencer à creuser. Face à cela, les forestiers ont décidé de monter la garde et de patrouiller dans la forêt classée à partir du mardi 31 août 2009. A ce niveau, c’est la sauvegarde de la forêt qui commande cette action. Qu’en est-il des autres sites ? Une chose est sûre, la région des Cascades compte beaucoup de sites. Et à ce qu’on dit, le minerai est riche et ne cesse de tenter les orpailleurs pour qui la profondeur des galeries et l’humidité actuelle du sol ne constituent aucun danger. Il est temps que des actions plus énergiques soient posées avant que des éboulements ne viennent une fois de plus endeuiller des familles.

Mamoudou TRAORE

Le Pays

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