Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
- Professeur Félix Damette
Tout mal diagnostiqué, dit-on, est à moitié soigné ! J’ai lu dernièrement un diagnostic dont la sévérité est sans précédent sur la santé socio-économique du Burkina. De l’« absence de plan national de développement », à une « sous-alimentation scandaleuse et insupportable » en passant par « une démographie impossible à gérer », « un système éducatif en trompe-l’œil » sans oublier les incohérences des bailleurs de fonds, tout est dit pour décrire un Burkina pauvre qui s’appauvrit.
Ne rions pas de l’expert off shore et de ses certitudes à la René Dumont : « L’Afrique noire est mal partie ». L’afro- pessimisme, quand il se conjugue au singulier des Etats et au diapason des a priori propre à chaque spécialiste, il faut s’attendre à des notes de désespérance, d’infélicité à la Damette. Et pourtant elle tourne ! Pas seulement la terre. L’Afrique aussi et le Burkina avec. Non sans difficultés ni défis de développement à relever mais certainement pas dans la dérive de la régression catastrophiste décrite par notre expert off shore. Car le Burkina, c’est en moyenne une croissance de 5% l’an pendant 12ans (1995 - 2007).
La science humaine n’est pas une science exacte. La géographie y compris dans sa spécialité, aménagement du territoire, reste une science humaine avec ses variables statistiques, sociologiques et climatiques aléatoires. C’est pourquoi notre expert aurait pu nuancer son diagnostic, sinon à cause de la nécessaire relativité en toute chose, tout au moins, à cause des marges d’erreurs toujours possible dans ce genre d’étude. En outre, il a manqué outrageusement de pédagogie pour inviter les autorités à plus de vision prospective sur le développement du pays, les bailleurs de fonds à moins de rigidité dans les conditionnalités de l’aide et les populations à plus de responsabilité dans la gestion de leur famille. En effet, une chose est de faire un bon diagnostic, une autre est de savoir le dire au malade. C’est connu, le médecin qui ne sait pas mettre de gangs ni s’armer de psychologie pour parler au patient surtout quand la situation est critique n’est pas un bon médecin. Que dame ! Ce Damette voudrait scier le moral des Burkinabè qu’il ne parlerait pas autrement À moins que son message ne soit plus subtil qu’il n’y parait. La subtilité de créer un électrochoc par le grotesque de la caricature. Evitons alors les lectures hâtives de ses déclarations et surtout de ruer dans les brancards oppositionnels. Et pour cause ! Son réquisitoire stigmatise une irresponsabilité collective.
Celle des gouvernants est certes mise en avant, mais celle des partenaires au développement et des populations aussi. A chacun de battre sa coulpe avant de crier haro sur le baudet du régime. Blaise Compaoré à lui seul ne développera pas le Burkina. Le parti majoritaire et ses alliés auront beau joindre leurs intelligences, cela ne suffira pas. A l’heure de la mondialisation et des crises à répétions, la citoyenneté est une valeur de refuge, très sûre. Tous les Etats responsables mettent beaucoup de circonspection à appliquer les dogmes du genre « la majorité gouverne, l’opposition s’oppose ». Cela va jusqu’aux Etats-Unis ou le président Obama compte sur le bon sens de tous pour faire passer sa réforme sur le système de santé. Quid de la France où des socialistes bon teint ont fait le voyage à l’UMP avec armes et bagages. A la vérité, dans les déclarations de cet expert off shore, il y a des excès, des erreurs d’appréciation et surtout une crudité de langage qui tétanisent l’orgueil national des Burkinabè et insultent l’intelligence de nos gouvernants.
Que M. Damette cherche à justifier son salaire et la facture de son employeur, est compréhensible - on ne paie pas un expert en audit pour qu’il vienne dire que tout baigne dans le meilleur des mondes - mais il devrait au moins avoir l’élégance de reconnaître la sagesse et la prévoyance des autorités burkinabè de vouloir mieux faire. Raison pour laquelle on lui a fait appel, lui et son bureau d’étude pour aider à concevoir le projet national d’aménagement du territoire. En outre, ce monsieur, malgré les exceptions sur la santé et sur l’enseignement, a une conception très comptable et monétaire du développement. N’en déplaise au disciple de Malthus qu’il est, selon le célèbre historien français, Jules Michelet, « dans le développement humain la part essentielle est à la force vive qu’on appelle l’homme. L’homme est son propre Prométhée » c’est-à-dire le premier acteur du progrès et non un handicap pour le développement. Sans être un nataliste, le Burkina « terre des hommes » est riche de sa population, un capital humain à valoriser et non à indexer au nom d’une conception très occidentaliste du développement.
L’Hebdo du Burkina
Vos commentaires
1. Le 1er septembre 2009 à 06:56, par Pour un Burkina meilleur En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Pas que je suis pas realiste...mais je n’ai pas reellement aime le faite de dire que la declaration de ce Monsieur quand il a dit que le Burkina ne fait que s’appauvrir. On se retrouvera dans quelques annees et verra ce qui va arrivera du Burkina et il sera etonne. Ce n’est pas de l’utopie mais le temps nous montrera que nous avons changer pour le meilleur. On est realiste mais on se bat pour un meilleru lendemain ! Just wait and see ! Beaucoup de gens seront etonnes mais le Burkina changera en meilleur !
God bless Burkina Faso
2. Le 1er septembre 2009 à 09:53 En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
La demographie galopante est un phenomene a controler. Elle exerce une pression sur les ressources naturelles. Si le Burkina a choisi de minimiser cela, au moins il lui est imperatif de prendre des mesures pour assurer le bien etre de cette population et c’est ce que le pays ne fait pas. Il faudra un programme qui est au diapason de cette crossance.
3. Le 1er septembre 2009 à 11:37, par Moi En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Sir Damette n’a fait que dire ce que nous savons tous et ne voulons pas entendre. Pourquoi alors le condamner de ses propos ? Le Burkina a assez été caressé dans le sens du poil !!
Mais ouvrons les yeux bon sens !!!
4. Le 1er septembre 2009 à 14:20, par Fasodé En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Je n’ai pas lu les propos de M. Damette et donc difficile pour moi de l’apprécier. Mais ce que je retiens cet article c’est qu’il a remué le couteau dans la plaie de notre cher Faso et comme tel cela ne peut que faire mal surtout aux inconditionnels du régime en place. La vérité a toujours rougi les yeux, mais ce n’est pas une raison de verser dans la complaisance, se caresser dans le sens du poil. Il faut avoir le courage d’accepter la vérité et voir la réalité en face. Cela permettra un temps soit peu d’entreprendre des actions salvatrices au niveau des plus hautes autorités si toutefois la volonté existe. J’imagine que l’audit a été commandité par les autorités elles mêmes et le choix des auditeurs n’a pas été imposé cette fois ci comme on semble faire comprendre maintenant(le BF traite d’égal à égal avec ses partenaires, rien n’est imposé de l’exterieur). Pour la restitution, M. Damette a deux choix possible : soit il dit les choses comme il les a constatées, vues et entendues sans état d’âme soit il peint un tableau tout en blanc badigeonné de quelques noir comme le conçoit l’auteur de cet article. Cette dernière option est de mon point de vue la pire insulte qu’on puisse faire à l’intelligeance des burkinabè, celle de nier l’évidence au vue et au su de tous. On ne saurait par conséquent gober un tel persiflage. Merci
5. Le 1er septembre 2009 à 16:59, par SIDA En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Le Burkina !!! Il faut au moins accepter des critiques et feedbacks sur la situation dans notre pays, qui n´etonne personne.
Mr Damette dit la verité. Et la verité fait toujours mal.
Il faudrait essayer de donner d´autres solutions pour avancer si vous n´êtes pas de cet avis que ce qu´il dit est vrai.
SIDA
6. Le 1er septembre 2009 à 18:49, par Bello En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
J’ai l’impression que ceux qui ne veulent pas entendre les propos de Mr Damette ne connaissent pas le Burkina faso ni les conditions dans lesquelles vivent les Burkinabés. L’optimisme passif n’est qu’utopie.Autrement dit, il ne suffit pas de dire que ça va aller. Qu’est ce que nous faisons pour que ça aille ? Acceptons que nous sommes dans l’impasse avec des dirigeants "aveugles". Trouvons des solutions avant qu’il ne soit trop tard.
7. Le 2 septembre 2009 à 02:08, par koutou à Montréal En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Quand j’avais lu le diagnostic de M. Damette j’avais dit dans le forum qui a suivi qu’il faut s’attendre à ce que les griots de service entrent en action dans les jours qui suivent. Et bien voilà. On est servi. C’est lamentable ce que L’Hebdo a écrit. On ne peut pas défendre l’indéfendable. A-t-on besoin de sciences exactes pour mesurer la misère rampante des Burkinabé ? Avait-on même besoin d’un expert pour nous le dire du moment que les experts nationaux l’avaient clairement mentionné ? Les statistiques nationales produites par l’Institut National de la Statistique et de la Démographie sont implacables. L’INSD a déjà montré que la pauvreté s’accroît : la proportion de la population en-dessous du seuil de pauvreté est passée de 43% en 2000 à 47% aujourd’hui. Inutile de se voiler la face avec des formules du genre "le développement n’est pas seulement comptable et monétaire". Et d’ailleurs, L’Hebdo se contredit puisque d’entrée de jeu il affirme que "le Burkina, c’est en moyenne une croissance de 5% l’an pendant 12ans (1995 - 2007)". Si on vous prend aux mots, la question in fine est de savoir où sont donc les fruits de cette douzaine d’années de croissance pour que la moitié de la population soit en-dessous du seuil de pauvreté ? Je ne suis même pas sûr que L’Hebdo rende ainsi service à ses maîtres. Mais bon. Ainsi va le Burkina.
Le 2 septembre 2009 à 12:51, par Mandela En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
alors a nous tous, experts ou pas experts, après le diagnostic on fait quoi ! moi je dis que chacun n’a qu’à travailler et aimer son pays. il n’y a point de gloire à indexer son pays comme le dernier de la classe. si ton pays est dernier tu es aussi dernier, gouvernant ou pas. alors femme burkinabè et homme burkinabè lève toi et bats toi, contribue au développemnt de ta nation par ta contribution.vous avez lu dans l’obs ce matin que mr Diallo a créé une entreprise de taxis moto à Fada, c’estr celka travailler ! alors soyons dans une attiude positive même quand la critique de base est négative ou en défaveur. merci à mr Damette mais gare à un quelconque subjectivisme donc d’un ameuteurisme.
Le 2 septembre 2009 à 17:47, par TOUANFOH En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
SALUT respect à toutes les opinions contraires.Concernant cet article je trouve que ce professeur a fait ce qu’il a à faire.C’est un intellectuel de haut niveau qui ne marchande pas ses idées ce n’est ni un griot encore moins un DJ.Il n’a aucun intéret à s’attaquer au BF si ce n’est de lui rappeller ce que bocou d’autres ont dit avant lui.L’étude prospective BF 2025 contenait deja une partie de ses critiques de mème que le rapport du MAEP sur le Burkina ET LA la plupart des burkinabè s’y reconnait Arrètons ces bla bla.Je préfère un correcteur sévère que celui qui donne des notes auxquelles on a pas droit.J’ai personnellement lu son rapport cè un chef d’eouvre donc attaquons nous à notre seul problème le sous developpement Cè notre seul ennemi n’inventons pas d’autres halte au sale patriotisme tous les intellectuels ne s’achètent pas heureusement d’ailleurs
8. Le 2 septembre 2009 à 14:27, par Bypac de Marrakech En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Je me demande bien si l’auteur de cet article vit dans le Burkina et c’est lamentable qu’il affirme de façon laconique que le "géo n’est pas une sciences exacte". D’ailleurs j’ai lu cet article parce que je trouvais le titre non avenu !
Le contenu n’est pas du tout à la hauteur d’un journal de la place. C’est ignoble d’affirmer que le Faso est riche de sa population ! Mais on en est où ? Combien sont-ils ceux là qui arrivent à manger à leur faim ? Nous avons un chiffre sans cesse croissant de la pauvreté dans notre pays ! Alors quand un pays avance, comme vous le dites dans votre article on doit le ressentir dans le panier de la ménagère, ce qui n’est pas le cas chez nous. Et le diagnostic qui a été posé par Sir Damette ne fait que nous rappeler ce que nous savons déjà : nous marchons à reculons !
Alors "faites pardon" et évitez ce genre d’article qui veulent juste de sauver la face ; Nous on veut juste aller de l’avant. Cela passe par la nécessité de poser les bons diagnostics pour des prise en charge adéquate... De toute façon on n’est pas dupe !
Merci
9. Le 5 septembre 2009 à 17:27, par kado En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Arrêter de tromper le public avec vos titres qui ne reflètent pas leur texte !
A lire votre titre on ne penserait pas qu’il s’agit d’une critique ou d’une analyse de l’article du Pr Félix, mais de l’article même en question !
Alors soyez honnête et responsable dans vos titres, pour qu’on ne vienne pas perdre notre temps si on ne veut pas connaitre votre point de vue !
nous avons tous nos points de vue après un discours, ayez le courage de dire que c’est le votre ds votre titre !
Merci !
10. Le 6 septembre 2009 à 13:47 En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
rien que le titre de l’article sous les pretentions intellectualiste ne fait que montrer l’ignorance crasse de l’auteur t le disqualifie meme de se poser en poseur de lecons Il aurait mieux de se taire ; mais la nature est ainsi faite : l’idiot fait tout pour etaler sa nature d’idiot
mais au moins il nous edifife nous autres
somé
11. Le 10 septembre 2009 à 20:22, par Aross En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Je n’ai pas pu prendre personellement connaissance du contenu des déclarations de Damette.Mais à lire entre les lignes et sans être marabout ni devin, j’ai l’impression qu’il a eu l’audace, le courage et la conviction nécessaire d’abordereen des termes réalistes, claires et justes de justesse manifeste les problèmes qui minent notre société et sous le faix desquels nous ployons à longueur de journée.Alors, que ceux qui lui en veulent nous rapportent la preuve contraire de ce qu’il a allégué.Le BURKINA est pauvre.Voilà qui est vrai(Combien vivent avec moins d’un dollar par jour ?), le Burkina n’avance pas sur la voie du déveoppement(Nous occupons notre rang de quasi dernier depuis bien longtemps dans le classement des pays), le BURKINA va en s’appauvrissant(Bientôt nous serons dernier pays au monde puisque le Niger est en voie d’émergence). Bref, tant que l’intelligentsia, les instruits et tous les hommes conscients de l’avenir et du devenir de ce pays monneyeront leur dignité contre quelques strapontins politiques contre quelques espèces frissonnantes, le développement sera remis à jamais.Ce n’est pas que je ne suis pas patriote !Bien au contraire !Je le suis !C’est pourquoi je dis que la misère, l’indigence et le dénuement côtoient de’ jour en jour notre quotidien !De grâce !Qu’a-til dit de mal, de mauvais ou de faux ce M. Damette pour mériter un tel acharnement ?Je défis quiconque de rapporter lapreuve contraire de ce qu’il a allégué
12. Le 13 septembre 2009 à 20:44 En réponse à : Professeur Félix Damette : La géographie n’est pas une science exacte
Au lieu de discuter les propos de l’auteur de l’article, il serait peut être preferable de se pencher sur ce qui constitue pour moi le principal object des échanges : IL Y A-T-IL PROBLEME OU PAS AU BURKINA, ET COMMENT LE SOLUTIONNER ?
Nous cotoyons tous et tout les jours les multiples difficultés qui existent dans notre pays, comment chacun et chacune en tant que citoyen de ce pays pouvons apporter notre pière à sa construction, ou à son amelioration ?
Laissons de côté les classements fait par les organismes des Nation Unies, car personnelement je pense qu’on ne peut comaparer tous les pays du monde sur la base du nombre de dollars avec lesquel un individu vit par jour ; ce qu’un dollar permet d’acheter au USA ou en Asie, n’est pas la même que ce que ce même dollar peu permettre d’acheter à Dakar ou au Burkina.
Il est temps que nous pensons et agissons comme des citoyens du pays des hommes intègres.
Tous ensemble pour un Burkina meilleur.