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Bientôt l’heure de vérité pour le Gabon

Publié le vendredi 28 août 2009 à 01h21min

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Le Gabon s’apprête à vivre une étape cruciale de son histoire. Le 30 août 2009, en effet, environ 800 000 électeurs gabonais se rendront aux urnes pour désigner, parmi 23 candidats, celui ou celle qui présidera aux destinées du pays pour les sept années à venir. Si ce n’est pas la première fois que les Gabonais accomplissent ce devoir civique, jamais, dans l’histoire de ce pays pétrolier de 267 667 km², élection présidentielle n’aura libéré autant de passions, d’expressions et d’ambitions…

On n’avait encore jamais vu ça ! Vingt-trois candidats dans les starting-blocks de la course au fauteuil présidentiel, dans un Gabon où les plébiscites électoraux en faveur de Feu Omar Bongo Ondimba étaient la règle, c’est une vraie prouesse ! Mais aussi et surtout la conséquence d’un véritable déchaînement des passions politiques, d’une libéralisation plus grande de la parole, longtemps étouffée et auto-étouffée, d’une soif évidente de changement et de renouveau. Et l’on peut aisément comprendre que le scrutin qui se joue dimanche prochain au Gabon se trouve, depuis plusieurs semaines, au cœur de grands enjeux et génère une charge passionnelle sans précédent.

Après les grandes manœuvres politiques et les basses œuvres politiciennes, voici donc venue l’heure de vérité. L’heure à laquelle, d’un seul mouvement, les citoyens de ce pays décideront de leur sort, bulletins dans l’urne. Et si l’on s’accorde sur les vents plutôt favorables qui portent Ali Ben Bongo, fils de son père, vers le fauteuil tant convoité, il n’est pas moins avéré que « les oppositions » au courant du Parti démocratique gabonais (PDG, ancien parti unique), et à son candidat décrété « naturel », ont déjà réussi à montrer, à l’opinion nationale et internationale, que plus rien ne sera comme avant au Gabon. Les voix discordantes qui se sont élevées de toutes parts, au sein même du parti présidentiel, pour s’éclater en mille et une voies de gestion de l’après-Bongo, témoignent bien que le temps de « l’unité de pensée et d’action » dans un seul creuset, a fini de vivre avec la mort, en juin dernier, le son géniteur. Et l’on peut s’attendre à ce que les prochaines joutes électorales soient autrement plus disputées.

En attendant, et tout le monde l’atteste, la division de l’opposition gabonaise fait l’affaire de Ali Bongo qui, s’il est élu dimanche prochain, ajoutera son nom à la liste déjà longue des fils de présidents qui succèdent à leurs pères. Cependant, et c’est important à souligner, ce sera la première fois, à notre connaissance, dans cette Afrique des turpitudes politiques de la période post-conférences nationales, que le fils, pressenti ou imposé, patiente le temps des réglages constitutionnels, pour se soumettre aux suffrages des électeurs. Joseph Kabila et Faure Gnassingbé ne se sont pas embarrassés, dans l’immédiat, d’une investiture préalable de leurs partis, avant de s’emparer des fauteuils vacants de leurs présidents de pères ! Un bon point, peut-être, pour Ali Bongo, qui doit cependant se faire un prénom, pour ne pas tomber dans cette forme de « monarchisation élective » que dénoncent, à juste titre, certains partisans de l’opposition.

Pour l’heure, les dés sont jetés et l’on attend qu’ils retombent sur le tapis pour en déceler la face. Et j’espère, avant tout, qu’au-delà des traditionnelles récriminations des lendemains d’élection, le Gabon saura sortir grandi de cette phase déterminante de son histoire. Le moins que je puisse en dire pour le moment, c’est que le pays a réussi sa transition vers l’après-Bongo, en s’appuyant sagement et de façon responsable sur la Constitution qu’il s’est donnée, au moment où les inquiétudes grandissaient sur le chaos potentiel qui le guettait, dès lors que le « patriarche » a tiré sa révérence. Pourvu que ça dure, c’est tout le mal que je souhaite au Gabon !

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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