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SOCIETES MINIERES : Le revers de la médaille

Publié le mercredi 26 août 2009 à 00h59min

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"Que se passe-t-il dans les mines d’or inaugurées et lancées à grandes pompes à travers le pays". Cette question, Amadou Maïga se la pose, tout en y apportant sa réponse : il ne se passe pas toujours de belles choses, derrière les lumières dorées.

L’exploitation industrielle de l’or bat son plein depuis quelques années dans notre très cher pays. Un peu partout à travers le pays, de grosses sociétés ont acquis des permis et adieu l’exploitation anarchique. Seulement, des questions se posent. Que font réellement toutes ces sociétés pour les populations ? Toutes ces sociétés ont-elles des cahiers de charges ? A observer les activités de toutes ces sociétés, on se résume à affirmer sans risque de se tromper que les grandes pompes observées lors de l’inauguration sont à des années lumières de la réalité.

En général, avec la décentralisation qui se trouve à un stade assez avancé dans notre pays, les communautés locales accordent une grande importance à tout ce qui est susceptible de leur apporter une plus-value dans leur quotidien. Par conséquent, elles s’attendaient à ce que ces grands investisseurs étrangers se sentent concernés par leur quête quotidienne du développement.

Malheureusement, elles font un amer constat d’un désastre : toutes les actions des sociétés minières sont étroitement liées à la facilitation de l’exploitation sur place.

Leur première action qu’elles brandissent avec une fierté exacerbée est à n’en pas douter l’indemnisation des populations riveraines. Mais quoi de plus normal ? Quel que soit le coût faramineux de cette activité, elle n’a aucune valeur dans le processus de développement car elle consiste à éloigner les indésirables pour mieux s’enrichir.

Il est plus qu’évident que s’ils avaient leur avis à donner, les résidents ne seraient jamais partis d’un endroit qui les a vu naître, où ils ont connu des instants de joie et de peines, pour quelque montant que ce soit. Qu’on arrête alors de nous rabattre les oreilles avec cet investissement. La seconde action est la construction des barrages qui, parfois, s’ils ne sont pas les plus grands du pays, sont deuxième ou troisième. Ils oublient que nous savons aussi qu’on ne peut aucunement exploiter de l’or, sans barrages. Il faut forcément de l’eau. Les premiers bénéficiaires, ce sont encore eux. Même sur les propositions d’emplois, il y a des efforts à faire car certaines choses n’y sont pas évidentes ; accorde-t-on sincèrement la priorité aux jeunes des localités jusqu’à concurrence de compétence ? Ce que nous demandons à ces capitalistes (au sens premier du terme), c’est de se rappeler qu’ils sont dans un pays en voie de développement, où la moindre action est appréciée à sa juste valeur. Qu’ils accompagnent nos communautés locales dans la mise en oeuvre de leur Projet de développement local. On a écouté des discours. Au Soum par exemple, ils affirment qu’ils prendront en charge la rédaction et l’exécution à une certaine hauteur des plans de développement des communes que la mine couvre. Mais rien. C’est le PNGT II qui a financé la rédaction des plans de développement des communes.

Nous allons donc demander à toutes ces sociétés de cesser de nous prendre pour de grands enfants. Le discours du genre "on verra bien ce qu’on peut faire" ou encore "la direction de la mine accorde un intérêt particulier à ce secteur d’activité" sans action concrète devient vraiment blessant, voire insultant.

Au Burkina, la place des organisations à base communautaire n’est plus à démontrer. Mais nous n’avons pas encore vu un appui conséquent de ces sociétés minières sur un projet d’une quelconque structure. Il y a des moments où on est tenté de se demander si l’exploitation anarchique, malgré les risques, n’est pas plus bénéfique pour les populations à la base. Là au moins, les retombées seraient visibles. Mais s’il y a vraiment une chose qui choque, c’est que les engins de la mine dégradent à une vitesse vertigineuse nos voies acquises au prix d’un grand sacrifice. Des gros porteurs aux grosses voitures tout- terrains, tout le monde roule phares allumés et à grande allure. L’axe Djibo-Dori (le tronçon Djibo-déviation INATA) est devenu totalement impraticable. C’est quand même frustrant de voir que celui qui devait apporter le sourire apporte la désolation.

Pour couronner ce calvaire, l’insécurité sévit sur toutes ces voies. Sur les mines, toutes sortes de maladies. Pas de problème pour les dirigeants car au campement, il y a des gardes et les autres doivent simplement se débrouiller. Il est grand temps que l’Etat, après les signatures des protocoles, les versements des droits d’exploitation, pense à suivre ces sociétés sur le terrain. Sinon, on serait tenté de penser que c’est juste une manière de brader le patrimoine national que plusieurs générations de Voltaïques et de Burkinabè nous ont légué. Les sorties de sensibilisation, c’est bien, mais c’est comme résoudre un problème avec une donnée qui n’est pas dans l’énoncé.

Amadou MAIGA 70 19 42 32

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 août 2009 à 13:28, par Super Jos En réponse à : SOCIETES MINIERES : Le revers de la médaille

    Et la destruction de l’environnement. Le pire est que ces exploitants utilisent le cyanure pour extraire l’or et ensuite ils déversent ce produit hautement toxique dans la nature. En conséquences les hommes ;boeufs ; moutons ; poissons ; arbres meurent. Il faut faire quelque chose !!!!

  • Le 26 août 2009 à 19:48, par YAMBA En réponse à : SOCIETES MINIERES : Le revers de la médaille

    En plus des gros dégâts pour l’environnement dont vous parlez, s’ajoute la souffrance, la discrimination, le racisme et l’exploitation que subissent nos frères dans ces mines. Les retombées pour la localité et le Burkina insignifiantes au regard de ce que ces gens gagnent. Y a til pas les moyens techniques et financiers au Burkina pour exploiter cet or et le leur revendre à notre tarif ?? A quand l’Afrique ??

  • Le 26 août 2009 à 23:03, par Agassi En réponse à : SOCIETES MINIERES : Le revers de la médaille

    Pour repondre ä Mr YAMBA, le BF pour l’instant ne dispose pas totalement ni des moyens techniques, ni le savoir- faire pour extraire les mines.
    Par contre, je suis d’accord avec toi en ce qui concerne les discriminations de toutes sortes car moi même j’en ai fait l’expérience.
    En effet,de retour au pays après avoir fait une des meilleures écoles dans un pays Européen( je suis binational-BF+pays européen),j’ai repondu à une annonce d’une société minière dans le nord du BF. Je suis allé alors pour un entretien sur place oû j’ai pu m’entretenir avec le 1er Responsable( occidental) du camp qui est sympa mais nous ne sommes pas allés loin...Quand j’ai pris conscience du salaire et de sois disants certains "avantages" pour quelqu’un qui vit un mois reclu et qui rentre une semaine en ville, je ne me suis pas senti respecté,vis à vis des ouvriers occidentaux ( juste la peau blanche) qu’on paie à coup de millions pour venir juste faire le travail d’un mois et bénéficier d’un mois de repos( dans leur pays)en alternanace et tout ça aux frais de la société. Moi qui suis noir et en plus natif du BF, formé en occident, on m’a proposé des "misères" pour former des gens qui touchaient le même salaire que moi.Je ne suis même pas entré en matière et je suis reparti.Mais combien sont mes frères du Burkina hyper qualifiés qui travaillent dans des conditions misérables( séparation de la famille, l’éducation des enfants qui en patit, isolement, dévalorisation....?)En Europe jamais cela ne se fera, même dans certains pays africains....Moi depuis lors, je suis rentré en Europe et mon retour patriotique en Afrique a tourné court.

    Je pense qu’on a une chance inouie en Europe et qu’il faut reflechir longuement avant de tenter un retour au Burkina. Ce n’est pas aussi simple qu’on le pense.Mieux vaut faire des projets sociaux pour la bas et rester tranquille ici.

    • Le 31 août 2009 à 22:04, par Mandela En réponse à : SOCIETES MINIERES : Le revers de la médaille

      je pense que me^me si vous avez été décu de votre tentative de retour au pays, ce n’est pas juste que vous invitez nos compatriotes burkinabé ou africains à aller vivre en europe ! vous êtes dans une logique de dire que tout va mal en afrique et tout va bien en europe. et vous savez que ce n’est pas vrai.la solution est plutôt de travailler et d’être lucide sur le sort de l’afrique.ne faites pas le jeu des partisans de la fuite des cerveaux de l’afrique.moi je connais des africains et burkinabè qui travaillent dans ces mines et qui se portent bien, et des gens bien diplomes.alors soyons juste et veillons au respect des engagement pris par les société minières.moi je félicite l’auteur de l’article qui permet de voir ce qui se passe dans ces riches sociétés. peut être que notre journal le pays fera un reportage dans ces mines.

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