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SIDI M. CISSE (DIRECTEUR DE LA PROPRETE) : Ouagadougou génère 800 tonnes d’ordures par jour

Publié le mardi 25 août 2009 à 01h28min

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Suite à un article sur le dépotoir du secteur 16 de Ouagadougou, paru dans notre édition du jeudi 13 août 2009, les réactions des lecteurs furent nombreuses, interpellant le maire Simon Compaoré et tout le Conseil municipal. Les habitants de cette zone avaient manifesté tout leur mécontentement face à l’inaction des services de ramassage d’ordures de la capitale. Afin de mieux situer les responsabilités et connaître la petite histoire de ce dépotoir qui, fort heureusement, n’est plus qu’un vieux souvenir puisque les ordures ont été ramassées, nous avons rencontré le 20 août 2009, Sidi Mahamadou Cissé, directeur de la propreté de la commune de Ouagadougou

"Le Pays" : Quelles sont les missions assignées à votre direction ?

Sidi M. Cissé : Notre direction assure cinq principales missions à savoir le nettoyage et la collecte des déchets par les 1700 femmes de la brigade verte, le transport de toutes ces ordures ainsi que leur traitement dans le centre construit à cet effet. A ces missions, il faut ajouter la prévention des pollutions, les nuisances dues aux déchets que produisent les usines dans la capitale, ou le trafic routier et le curage des caniveaux dont la campagne a été lancée le 4 juillet 2009 par le maire Simon Compaoré.

Disposez-vous de moyens suffisants pour remplir toutes ces missions ?

Je vous réponds par l’affirmative au regard des moyens logistiques et humains dont nous disposons pour mener à bien les tâches que le conseil municipal de la ville de Ouagadougou nous a confiées. Nous avons douze bennes pour la collecte des déchets, six camions conteneurs qui nous permettent d’enlever les bacs au niveau des centres de collecte par lesquels transitent les déchets collectés. Nous avons dans notre parc un balayeur mécanique qui travaille dans la nuit les lundis et les jeudis à partir de 22 heures afin de laver les principales artères c’est-à-dire les avenues Kwamé N’Krumah, de la nation et de l’indépendance. Deux autres camions vidangeurs de fosses septiques à des coûts sociaux, deux pelles chargeuses nous permettent d’enlever les dépotoirs tels celui du secteur 16 dont votre journal a fait cas. S’ajoutent à la liste de notre matériel les brouettes, les râteaux et autres pelles à la disposition des femmes de la brigade verte et des cantonniers qui nettoient quotidiennement nos artères. Notre direction compte 46 agents dont moi-même ingénieur d’Etat du génie de l’environnement et trois techniciens supérieurs.

Pouvez-vous nous faire l’historique du fameux dépotoir du secteur 16 ?

Je voudrais rappeler que la ville de Ouagadougou dispose d’un schéma directeur de gestion des déchets solides qui finissent leur parcours au centre de traitement fonctionnel depuis 2005. Toute la ville a été subdivisée en douze zones de collecte confiées à des groupements d’intérêt économique (GIE), à l’issue d’appel d’offres. Ces GIE et autres petites et moyennes entreprises assurent la collecte des déchets des ménages. Pour le transport, notre capitale dispose de trois lots comme on les appelle, confiés eux aussi aux GIE qui sont payés par les ménages selon le principe dénommé pollueur-payeur du code de l’environnement. Chaque habitant de Ouagadougou produit par jour 0,54 kg de déchets, et a l’obligation selon les textes de contribuer financièrement à l’enlèvement des ordures. Ce principe est valable également pour les unités industrielles sur l’ensemble du territoire national.

C’est dire que tout le monde doit contribuer à la collecte des déchets. Le 15 avril 2005, la direction de la propreté a procédé à l’élimination d’une centaine de dépotoirs sauvages afin d’éviter que les ménages refusent de s’abonner aux GIE. Il y a trois années de cela, la commune a déboursé environ 38 millions de F CFA pour enlever un autre dépotoir qui se trouvait sur le même site du secteur 16. Les riverains qui pointent aujourd’hui un doigt accusateur sur la commune se trompent de cible parce que ce sont les mêmes habitants qui ont été à l’origine de la reconstitution de cet autre dépotoir que nous qualifions de sauvage. Les habitants d’autres zones ont su garder les réserves administratives très propres grâce à la prise de dispositions idoines auprès des GIE. Je lance un appel aux habitants du secteur 16 de prendre contact avec le GIE de leur zone afin qu’il enlève désormais les déchets de leurs ménages et les transporter vers les centres de collecte existant de part et d’autre munis de bacs à ordures.

Pourquoi avez-vous attendu toutes ces années avant d’agir ?

Si nous avions agi promptement face à ce genre de comportements, ces mêmes populations riveraines auraient certainement perpétué leurs pratiques non écocitoyennes. Ainsi, d’autres habitants de certaines zones auraient pu emboîter le pas en se comportant elles aussi de cette façon c’est-à-dire jeter les ordures comme elles l’entendent. Je tiens aussi à ajouter qu’il faut allouer un budget conséquent pour éliminer ce genre de dépotoir alors que la commune de Ouagadougou n’a pas forcement les moyens. Le budget de la commune s’élève à 13 milliards de F CFA seulement et on ne peut pas passer tout le temps à enlever les déchets des populations qui sont elles-mêmes à l’origine de leur production. Elles doivent s’organiser plutôt que d’attendre tout de la commune. Au Burkina on dit souvent que les gens connaissent leurs droits mais ignorent leurs devoirs vis-à-vis de l’Etat et de leurs communes. Les gens doivent contribuer à l’amélioration de leur cadre de vie.

Pourquoi aviez-vous fait enlever le bac à ordures qui était sur ce site ?

Il était tout à fait normal que nous enlevions ce bac à ordures puisque la ville de Ouagadougou a été subdivisée en zones de collecte. Avant le 15 avril 2005, des bacs étaient déposés de part et d’autre mais la construction du centre de traitement des déchets a vu l’enlèvement de ces bacs afin d’obliger les populations à formaliser des contrats avec les GIE. Autrement, si les bacs demeuraient sur les mêmes sites, ce serait faire une concurrence déloyale aux GIE en ce qui nous concerne. Ces groupements ont besoin de payer leurs agents.

Quelles dispositions avez-vous prises pour éviter la reconstitution d’un autre dépotoir sur ce site ?

Nous avons rencontré les riverains et nous leur avons demandé une contribution afin que tout rentre dans l’ordre définitivement. Des jeunes montent la garde pour surveiller le site et éviter que des gens continuent d’y jeter leurs ordures. Le GIE adjudicataire de la zone a été impliqué dans le processus.

Vous avez certainement un appel à l’endroit des habitants de notre capitale ...

Je voudrais rappeler aux populations l’existence de notre schéma directeur pour la gestion des déchets et auquel tout le monde doit se conformer. Le code de l’environnement du Burkina confère des compétences aux collectivités locales à travers le principe de subsidiarité. La gestion des déchets solides ou liquides, c’est-à-dire tout ce que génèrent les ménages, les services, les unités industrielles, exige une implication de tous. La commune de Ouagadougou génère 800 tonnes d’ordures par jour, ce qui appelle à une conjugaison des efforts, toute chose pouvant nous éviter bien de maux ou maladies diverses comme le choléra, le paludisme du fait de la stagnation des eaux usées. Le maire Simon Compaoré a lancé la campagne de curage des caniveaux. Il se trouve malheureusement des personnes qui continuent de déverser leurs eaux usées dans ces caniveaux. Malgré la modicité de ses moyens, la ville de Ouagadougou est considérée comme étant l’une des capitales les plus propres d’Afrique, en témoignent toutes les distinctions que le Conseil municipal a reçues. Ouagadougou a été lauréate de plusieurs prix au Cameroun en 2003, à Dubai en 2006, avec en compétition plus de 700 villes candidates. Le 4 novembre 2008, le maire de Ouagadougou est rentré de la Chine avec un autre prix international récompensant les efforts d’amélioration de notre cadre de vie. La brigade verte a elle aussi été décorée par le gouvernement burkinabè avec agrafe action sociale. Tout cela montre le travail important abattu pour une gestion durable de notre environnement.

Entretien réalisé par Philippe BAMA

Le Pays

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