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Zone commerciale de Bobo-Dioulasso : Un contrat de bail à problèmes

Publié le lundi 24 août 2009 à 00h04min

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En 2007, Hamado Derra, commerçant de son état, a signé un contrat de bail d’une durée de 5 ans avec la Société nationale d’assurance et de réassurance (SONAR). Par cet acte, l’intéressé prenait en location une portion de parcelle appartenant à la-dite structure et située dans la zone commerciale de Bobo-Dioulasso. Si tout semblait aller au départ entre les deux signataires, ce n’est plus le cas aujourd’hui…

A défaut de s’entendre pour rompre le contrat de bail qui les liait depuis 2007, Hamado Derra et son bailleur, la SONAR, ont fini par se trimbaler en justice. C’est ainsi que quelques mois après l’accord, le locataire a été condamné par les juges pour non respect des clauses du contrat de bail. En fait, le bailleur, avocat à l’appui, reprochait à M. Derra de n’avoir pas tenu à certains engagements, définis dans le contrat. Il y a d’une part, le non-paiement de la caution de 800 000 F CFA et la contraction d’arriérés de loyers et d’autre part, la construction de 16 magasins sur le site sans l’avis du propriétaire. Se référant alors à la condamnation, le justice a fermement demandé à Hamado Derra de libérer la portion de parcelle louée, avec une injonction de payer la somme de 10 ... F CFA à titre de dommages et intérêts au bailleur. En réalité, a-t-on appris, la SONAR, voulait céder le même terrain à une banque de la place qui l’avait acquise auprès d’elle.

C’est ce qui expliquerait le fait que la société, eu égard aux engagements non tenus, a voulu rompre le contrat de bail avec le locataire. Seulement, a avancé M. Derra, “ je n’ai pas voulu rompre le contrat, à cause des investissements de 13 millions F CFA que j’ai fait sur le terrain. C’est ce qui a amené la société à me traduire en justice car elle tenait à céder le terrain à la banque en question”. Saisie, la justice a donc tranché mais sans que le locataire ne soit d’accord avec la décision prononcée. Indigné, ce dernier a refusé d’obtempérer, prétextant avoir construit les 16 magasins en contractant un crédit. “ Je ne peux pas accepter une telle décision sinon je perdrais l’argent que j’ai investi sur le site. Alors que j’ai pris un prêt pour cela. Que vais-je faire pour rembourser le crédit ? ”, tempête M. Derra. Très remonté, il poursuit : “ Quand je construisais les magasins, les responsables de l’agence de la SONAR de Bobo-Dioulasso n’ont pas pipé mot.

Ce n’est pas après réalisation qu’ils vont me reprocher quoique ce soit ”. Quant au non-paiement de la caution et des arriérés de loyers, M. Derra est peu bavard. Décidé à ne pas se laisser faire, il dit avoir interjeté appel pour désapprouver la décision de justice. “ Le dossier se trouve actuellement à la Cour de cassation ”, a-t-il fait savoir. Dans ce dessein, Hamado Derra n’a pas voulu abandonner le terrain malgré le verdict de la justice. C’est ainsi qu’il dissuadait, de temps en temps, les commerçants à qui il avait loué les magasins, à raison de 30 000 F CFA /mois, de ne pas débarrasser le plancher. Par une telle attitude, le locataire combattait les appels incessants au départ de la SONAR, laquelle avait prévenu les commerçants concernés qu’ils devaient quitter les lieux.

Plusieurs commerçants plongent dans des difficultés

Après tout, l’entêtement de M. Derra n’a pas pu empêcher la mise à exécution de la décision de justice. Ainsi, le bailleur a commis, début août 2009, un huissier de justice, accompagnés d’éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), pour aller déguerpir les occupants des magasins suite à un dernier avertissement. Toute chose qui a été faite sans la moindre résistance de la part des commerçants qui, impuissants, ont ramassé leurs marchandises. Même s’il n’est pas d’accord avec la décision de justice, le locataire ne s’est pas non plus opposé au déguerpissement. “ Je fonde surtout mes espoirs sur la suite que la Cour de cassation va donner à l’affaire”, a-t-il affirmé. Contacté à propos du dossier, l’actuel chef d’agence de la SONAR de Bobo-Dioulasso, Jean-Marie Vianney Béyi, s’est montré très réservé. Néanmoins, il a soutenu que : “ la justice a fait son travail. Je n’ai pas de commentaires à faire”.

De tout ce qui précède, le constat est que les désormais ex-occupants des magasins (ils sont estimés à une trentaine) du site, broient du noir. La plupart d’entre eux se retrouvent sans abris, éprouvant ainsi des difficultés pour poursuivre leurs activités commerciales. Dépassés par les événements, ceux-ci ne savent pas à quel saint se vouer. L’un d’entre eux, Amadé Sawadogo, vendeur de pièces détachées, dit regretter ce qui leur est arrivé. Réinstallé urgemment à deux pas du site, dans un local restreint lui appartenant, celui-ci est déçu : “ Vu l’hivernage, nous avons tout fait pour rester, mais rien n’y fit. On n’a même approché nos syndicats afin qu’ils négocient avec le directeur général de la SONAR, mais sans succès ”, a-t-il confié. Et de poursuivre : “ A cause de cette situation, j’étais obligé d’évacuer une partie de mes marchandises à la maison, puisque le local que j’ai réintégré ne peut pas tout contenir.

Pour remédier à cela, je suis en train de chercher un magasin à louer. Hormis cela, je regrette surtout la perte de clients ”. La situation n’est guère meilleure chez Amadou Ouédraogo, vendeur de cyclomoteurs, qui, s’est aussi réinstallé à quelques mètres du site, en bordure de voie. “ Je n’ai exposé que quelques motos, juste pour pouvoir poursuivre mes activités. La grande partie de mes engins se trouvent dans les magasins d’amis commerçants qui ont accepté les entreposer en attendant que je me trouve un point de chute ”, a-t-il soutenu, avec regrets. Et de conclure : “ Ce déguerpissement nous a empêtré dans d’énormes difficultés. Notre clientèle va diminuer de façon importante, ce qui va entrainer de mauvaises recettes ”. Dans l’ensemble, ces deux commerçants disent n’en vouloir ni à la SONAR, ni à Hamado Derra. Mieux, ils souhaitent que les deux protagonistes s’entendent.

Sidgomdé

Sidwaya

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