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Ouagadougou sous la pluie : Le constat amer d’un manque d’assainissement

Publié le lundi 24 août 2009 à 00h24min

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L’état de certaines voies à Ouagadougou laissent à désirer pendant la saison hivernale. C’est le cas de la route qui longe les rails au quartier Hamdalaye et de celle située au côté Sud du cimetière de Gounghin.

Mardi 18 août 2009, nous longeons les rails à Hamdalaye, derrière le stade du 4-Août. Cette route n’a plus les attributs d’une voie normale : grandes crevasses inondées d’eau de pluie, tas d’ordures éparpillées pêle-mêle, stationnement de véhicules hors d’usage, exhalaison d’odeurs insupportables, véritable repaire de moustiques et de crapauds ; c’est le visage qu’a cette voie dépourvue de caniveaux pour l’écoulement des eaux.

Les riverains, impuissants, s’accommodent tant bien que mal de cette insalubrité inouïe. "Nous souffrons des moustiques et des mauvaises odeurs. Il y a des moments où l’eau envahit nos cours. On n’en peut plus. Si vraiment les autorités communales peuvent faire quelques chose, rapidement", nous confie Mme Nebié toute désemparée.
Les multiples nids-de-poule contraignent certains passants à circuler devant les portes des habitations et cela soulève l’indignation de Pascaline Bado. "L’état de la route contraint la plupart des passants à forcer le passage devant nos portes.

Cela met notre vie en danger et surtout, celle de nos enfants. Tu es obligé de faire attention quand tu franchis le seuil de ta porte. Personne ne peut vivre dans de telles conditions. Tout ce que nous voulons est que la voie soit arrangée. Nous avons un conseiller municipal qui habite non loin d’ici, il doit faire quelque chose", déclare-t-elle.
Une restauratrice interrogée sur les conditions d’hygiène laisse entendre qu’elle n’a pas le choix, qu’elle est obligée de faire avec.

Lazare Baziémo, un habitant est lui aussi du même avis : "On n’a pas le choix. Il y a très longtemps que la voie est dans cet état. Nous attendons que la mairie vienne constater la réalité de la route. Nous n’avons pas approché les responsables communaux, mais ils savent que la voie n’est pas bonne. Il y a des agents de la mairie qui viennent nettoyer les alentours des rails. Ils peuvent faire la même chose sur la voie. On ne se sent pas à l’aise dans cette situation". Tous les riverains sont unanimes que la dégradation de la voie affecte leurs conditions de vie. "On n’arrive pas à vivre. Tout est pollué. Il y a des moustiques partout et les crapauds coassent durant toutes les nuits. Les passants circulent devant nos portes. Lorsque nous essayons de barrer les devantures de nos concessions, ce sont des injures qui pleuvent. On nous dit que c’est une voie publique. Franchement, nous souffrons, c’est de la merde", affirme madame Odette, une riveraine. Elle confirme également la présence du conseiller municipal dans les parages et l’invite à prendre ses responsabilités.

Une grande voie sans caniveaux

C’est l’absence de caniveaux et le stationnement des véhicules hors d’usage qui semblent être à l’origine du mauvais état de la voie. Les eaux de pluie stagnent parce qu’il n’y a pas de canalisation pour les drainer.
Alassane Nikièma, vendeur de pièces détachées, lui, explique le mauvais état de la voie à sa façon : "Les gens pensent que c’est le stationnement des véhicules qui est à l’origine de la stagnation des eaux. C’est plutôt l’élevation de la route vers la partie Est qui entrave l’écoulement des eaux. C’est cela la cause de tous les ennuis". Il invite par ailleurs les conseillers municipaux à se pencher sur leur cas. "Si une niveleuse pouvait venir ajuster la partie élevée, ça nous éviterait beaucoup de désagréments", préconise-t-il.

Daouda Dao, mécanicien, reconnaît que le stationnement prolongé des véhicules en réparation y est pour quelque chose, mais il dit ne pas disposer de moyens pour empêcher cela. Si les riverains semblent impuissants face à la dégradation de la voie, ils ne manquent pas pour autant d’initiatives. M. Baziémo déclare qu’ils avaient entrepris le drainage des eaux à une époque : "Je me rappelle qu’une fois, les riverains avaient creusé un canal pour évacuer l’eau, mais avec le temps, la boue l’a obstrué".

Certains riverains affirment également avoir acheté de la terre pour remblayer les crevasses qui se trouvaient devant leurs portes. "Moi, j’ai acheté de la terre pour verser devant mon atelier. Vous voyez qu’il a un aspect acceptable. Mais il faut reconnaître que tout le monde n’a pas les moyens pour entreprendre une telle chose", souligne M. Dao.
Pour sa part, madame Odette déclare avoir acheté une charretée de terre à 500 F CFA pour boucher les trous devant sa porte. Par contre, elle reconnaît non sans humour que c’est un luxe qu’on ne peut pas s’offrir à tout moment.

Quelques jeunes du quartier jouent les passeurs à certains endroits de la voie. L’un d’entre eux avoue avec regret qu’ils sont mal vus avec ce qu’ils font. "Avec ce que nous faisons, on nous prend pour des voleurs alors que nous aidons simplement les gens à passer. Je me rappelle qu’une fois, la police est venue nous arrêter et nous accuser du vol d’une moto. Je pense plutôt qu’on doit nous encourager au lieu de nous prendre pour des bandits", explique Théophile Bazié, l’air désespéré.

Idem du côté Sud du cimetière de Gounghin

La voie qui longe le côté Sud du cimetière de Gounghin est dans un état désastreux. Une bonne partie de la chaussée est complètement désagrégée et envahie par des crevasses. Aux dires des riverains et de quelques passants, la voie a été mal construite mais c’est l’absence de caniveaux qui a le plus mis la voie dans cet état. Maurice Yaméogo, soudeur au bord de la voie, s’explique : "Il n’y a pas de canalisation pour que l’eau passe. Et lorsqu’il pleut, l’eau envahit le bitume. C’est ce qui fait que la voie est complètement désagrégée à ce niveau, il y a des nids-de-poule profonds. Cette situation fait que nous assistons souvent à des bagarres entre passants. C’est le manque de canalisation qui est à l’origine de la défection du goudron".

Abdoulaye Zongo, menuisier, évoque avec peine les difficultés que rencontrent les passants à ce niveau et invite les autorités communales à venir constater l’état de la route.
"On a de sérieux problèmes avec la voie. Quand il pleut, il y a des accidents. J’ai pris l’initiative de déposer des briques au niveau des trous profonds pour éviter des accidents aux passants. J’invite les autorités communales à venir constater l’état de la voie afin qu’une solution soit trouvée. Il faut nécessairement un caniveau pour évacuer l’eau", déclare-t-il. Le constat sur place relève qu’une bonne partie de cette eau inonde les tombes. Quant aux passants, ils sont hors d’eux-mêmes quand nous les abordons. Harouna Maïga, chauffeur à la SOTRACO ne dissimule pas sa colère : "Vraiment, cette partie de la voie est devenue très dangereuse.

Quand l’eau occupe la chaussée, on n’arrive plus à distinguer les trous béants. Et c’est grave. La pluie m’a surpris ici la fois dernière, je vous assure que l’eau montait dans le bus". Adama Nikièma, un autre passant, déplore la mauvaise construction de la voie et le manque de caniveaux pour l’évacuation des eaux. "C’est bien que la presse vienne faire écho de la situation de la voie. Vous voyez qu’il n’y a pas de canaux aux abords de la voie, l’eau ne s’écoule pas. Le goudron est plus au moins mal fait, ce qui fait qu’il y a de gros trous sur la chaussée. L’état de la voie laisse à désirer. L’initiative de bitumer la voie est à saluer, mais il faut plus de rigueur dans le contrôle des travaux publics", a-t-il laissé entendre.
Les usagers de la route éprouvent d’énormes difficultés pour traverser cette partie défectueuse de la voie. C’est encore plus un véritable calvaire pour les longs véhicules et les gros camions de transports.
Avec l’abondance des pluies, il serait urgent que les autorités communales remédient à cette situation déplorable. Les situations décrites ici sont légions, dans beaucoup d’endroits à travers la ville.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA et Karim BADOLO


Le malheur des uns...

A la faveur des difficultés éprouvées par les passants pour franchir le passage à niveau sur les rails à Hamdalaye, nous avons rencontré quelques jeunes du quartier qui viennent volontiers en aide à des passants. Ils n’imposent pas un prix pour le passage. Leur service est laissé à l’appréciation du bénéficiaire. Pour ces jeunes, c’est une façon pour eux de meubler le désœuvrement dans lequel ils se trouvent. Mais ils reconnaissent que leur "métier" n’est pas du tout apprécié positivement par certaines personnes. Les gens les prennent pour des bandits, des voleurs qui jouent les passeurs pour détourner la vigilance de la police. Mais ces passeurs voient d’un œil différent ce qu’ils font. Ils affirment tous qu’ils cherchent leur pitance en venant au secours des gens en attendant d’avoir quelque chose de mieux à faire.

Karim BADOLO

Sidwaya

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