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Salif Diallo : “Un héros cornélien”

Publié le vendredi 21 août 2009 à 01h50min

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L’auteur de l’écrit ci-dessous, à la lecture de l’interview de Salif Diallo, se voit conforté dans ses convictions propres, défendues dans un précédent article paru dans les colonnes de l’Observateur paalga du 25 mars 2009, et qui suggéraient la dissolution de l’Assemblée nationale. L’ambassadeur du Burkina Faso en Autriche a proposé une remise à plat des institutions républicaines, et pour le signataire des lignes qui suivent, il faut lui reconnaître “le mérite d’un héros cornélien qui fait passer le devoir avant toute chose”.

“Dans mon écrit paru dans l’Observateur paalga du 25 mars 2009, je faisais ressortir les raisons pour lesquelles il était nécessaire de dissoudre l’Assemblée nationale pour coupler les élections législatives aux municipales. Ces raisons étaient plutôt économiques. A la lecture de l’interview de Salif Diallo, j’avoue que je ne croyais pas si bien dire lorsque je suggérais la dissolution de l’Assemblée nationale.

Les raisons invoquées par Salif Diallo sont certes plus profondes (pour éviter une patrimonialisation de l’Etat, chose dont le peuple a horreur dans sa quête d’une démocratie véritable), mais il n’en demeure pas moins qu’il est plus qu’urgent de dissoudre l’Assemblée nationale pour repartir sur de nouvelles bases. Cela trouve sa justification dans la recherche de solutions aux problèmes de gestion du pouvoir dans notre pays.

Pourquoi les déclarations de Salif Diallo ont-elles rendu si fébriles certains pontes du CDP ? La pertinence de ses propos est cependant reconnue par tous si l’on considère les réactions des Burkinabè, toutes tendances confondues, parues dans la presse. Ma suggestion à l’époque n’avait préoccupé personne tant qu’elle émanait d’un citoyen lambda et qu’il ne s’agissait que d’épargner quelque sept (07) milliards qu’on pourrait injecter dans certains secteurs vitaux tels la santé, l’éducation, les infrastructures...

Mais lorsqu’on avance des propos touchant à une quelconque modification du régime, il y a problème. Monsieur Diallo a mis le doigt sur la plaie et il ne le fallait pas : si on suit les conseils d’un tel homme, ce serait un chamboulement qui emporterait certains députés déconnectés de leurs bases il y a belle lurette ou sans bases réelles et qui ne sont que l’ombre d’eux-mêmes.

Ceux-ci doivent leurs postes au régime : revoir le système actuel des choses signifie leur mort. Suivant la logique de Salif Diallo, si l’on dissout l’Assemblée nationale, la confection des listes de candidatures dans les provinces écarterait déjà certains qui sont à l’hémicycle ; le classement des candidats sur la liste nationale poserait problème et même si tous ces problèmes étaient résolus, il resterait l’élection elle-même : quand on sait que dans nos campagnes, on est plus enclin à voter un individu plutôt qu’un parti, il va de soi que les candidats qui ont pu être imposés seront rejetés par les urnes, car les populations n’ont plus l’instinct grégaire qu’on leur prêtait volontiers, il y a 10 ans.

Il faut accepter cette proposition de remise à plat des institutions républicaines quitte à perdre ses avantages pour la consolidation d’une véritable démocratie dans notre pays. Salif a eu le courage de le dire et tout bon démocrate devrait le faire ; en cela, reconnaissons-lui le mérite d’un héros cornélien qui fait passer le devoir avant toute chose.

Le gouvernant doit toujours être à l’écoute du peuple, et Salif n’est ni aveugle ni sourd face à la situation nationale : cri du cœur des syndicats au sujet de tout ce qui touche la vie des Burkinabè (cherté de la vie, coût de plus en plus excessif de l’école et de la santé, gel des salaires au public et au privé) ; il n’est surtout pas indifférent au besoin d’alternance qu’une grande frange de la population appelle de tous ses vœux, car porteuse d’espoir de changement de conditions de vie.

La Constitution telle le pantalon de Moriba

Comme on peut le constater, c’est pour préserver des intérêts personnels que l’on s’évertue à abattre Salif Diallo, et, ces intérêts passent avant le renforcement du caractère républicain de l’Etat, la réalisation des grands projets tels que le bitumage de l’axe Koudougou-Dédougou-Djibo-frontière du Mali, Koudougou-Tougan, la construction du barrage de Samendeni, etc.

La quatrième République a montré ses limites avec les fissures qui se multiplient au sein du mégaparti qui la dirige. Le malaise qui la mine est tel que les dirigeants du parti envisagent de proposer de revisiter la Constitution afin d’y couper ou y rallonger quelque chose comme le pantalon de Moriba. Aussi j’invite les responsables du CDP à reconsidérer leur position vis-à-vis de Salif Diallo qui ne recherche que le bien de la nation tout en sauvant ce qui peut l’être au niveau du CDP.

Que chacun abandonne une partie de ses ambitions et de sa fierté pour aboutir à un consensus afin d’atténuer les effets du séisme qui secoue le parti. La dissolution de l’Assemblée nationale comme l’a préconisé Salif Diallo est le seul préalable à l’approfondissement de la démocratie par des réformes politiques et institutionnelles comme son président l’a affirmé dans le communiqué de presse relatif à “l’affaire Salif Diallo”.

Je lance enfin un appel à toutes les formations politiques et à la société civile pour qu’elles encouragent la proposition de Salif Diallo qui n’a parlé qu’en sa qualité de citoyen mû par le devoir d’apporter sa contribution à l’approfondissement de la démocratie et désirant la paix sociale dans son pays.

Je ne souhaite pas qu’elles soient de simples observatrices qui se disent que c’est entre gens du même parti et qu’elles ne s’y sont pas mêlées, mais qu’elles pèsent de tout leur poids pour attirer l’attention du Président de la République sur le bien-fondé de la proposition de Salif Diallo ; pour éviter le pire, il importe qu’elles se mobilisent, car tout ce qui touche au mode de gestion du pouvoir dans notre pays n’est plus l’affaire du seul CDP, mais l’affaire de tous : ne dit-on pas que l’on ne doit pas se désintéresser de la maladie du voisin, car s’il arrivait à mourir, on viendra certainement demander vos chaises pour recevoir les gens venus pour les funérailles ? Mais nous n’en sommes pas encore là, Dieu merci, mais l’éventualité de l’aggravation du malaise au sein du supraparti qui pourrait affecter la nation entière n’est pas à écarter.

Pendant que sur le banc des observateurs chacun y va de sa verve, qui pour soutenir Salif, qui pour appuyer le BEN du CDP, le Président du Faso, tel un sphinx, observe, écoute et consulte probablement. C’est lui qui en décidera. Vivement que sa décision soit la bonne, celle qu’attendent tous les démocrates du pays : la création d’une cinquième république qui nécessitera une nouvelle Assemblée nationale.

Karfa Sora (Skarfabasile@yahoo.fr)

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 août 2009 à 12:22, par balave En réponse à : Salif Diallo : “Un héros cornélien”

    Monsieur votre analyse me parait trop plate.Ce n’est pas parce que Salif DIALLO a des problemes avec le regime ke lui meme a mis en place ke rien ne va encore au pays.Dites moi franchema en koi les institutions republicaines sont en crise ? Jadmire bocou Salif pour son courage,mais cette fois ci il a passé a coté.

  • Le 21 août 2009 à 17:24, par Paris Rawa En réponse à : Salif Diallo : “Un héros cornélien”

    L’auteur de cet article "lance enfin un appel à toutes les formations politiques et à la société civile pour qu’elles encouragent la proposition de Salif Diallo..."

    Je ne reconnais pas à Salif D cet héroïsme que l’auteur lui prête. Qu’il ait eu plus de courage que certains de ses anciens complices de CDP, c’est vrai. Mais de là à prétendre qu’il fait passer l’intérêt général avant ses propres intérêts, il y a un pas que je ne franchirais pas. S’il était si héroïque que cela, il n’aurait pas pactisé pendant plus de 20 ans avec le régime qu’il trouve bancal depuis qu’il n’est plus aux premières commandes. Ce n’est pas avec des hommes en fin de parcours qu’il faut engager des réformes pour l’avenir !!

    Bien au contraire, la vérité est que notre régime politique présidentiel n’est pas pire que celui du Ghana, du Mali et du Bénin, même s’il n’est pas parfait. Le vrai problème vient de l’égocentrisme, de l’incivilité et même de l’immoralité politique de beaucoup de ceux qui ont aminé les institutions du pouvoir étatique burkinabè depuis le début de la 4eme République. Alors c’est plutôt eux qu’il faut remplacer et laisser les institutions fonctionner avec d’autres hommes nouveaux et on verra vraiment mieux d’où vient le problème. Ablassé Ouédraogo a dit vrai en déclarant que "dans le contexte, il est clair que le Burkina Faso a besoin d’une nouvelle dynamique, d’un nouveau dynamisme, donc des hommes nouveaux. On ne devrait donc pas faire du cas de Salif Diallo une affaire extraordinaire."

    est-il opportun de changer les instituons du Burkina parce que le CDP est en train de mourir ? Le Burkina, ce n’est pas le CDP : alors que le CDP se réforme ou qu’il meure, mais que ses dirigeants laissent les lois régissant la vie de la nation tranquille.

  • Le 21 août 2009 à 18:34, par koudka En réponse à : Salif Diallo : “Un héros cornélien”

    M. KArfa vous êtes un manipulateur, un anti-démocrate car vos propositions vont dans le sens de ce que les analystes craignaient : changer de république pour ré échelonner le mandat de Blaise COMPAORE. Non Monsieur ! ça ne marche pas !on en a marre ! vous insulter l’intelligence des Burkinabé. permettez aux autres fils du pays de proposer leur modèle de développement. cela fait 22 ans que nous vivons le modèle du capitaine COMPAORE il est temps maintenant que ça change.
    faites vous une conscience héroïque en reconsidérant votre écrit.

  • Le 22 août 2009 à 16:42, par Alleso En réponse à : Salif Diallo : “Un héros cornélien”

    L’objectif visé par cette proposition de Salif Diallo, c’est le maintien de BLAISE COMPAORE au pouvoir, au delà de ces deux mandats. Salif Diallo ne pense qu’à pérenniser le pouvoir de Blaise ; de là à le traiter de Héros de la démocratie, je crois que c’est du ridicule. Salif Diallo n’a aucun problème, c’est le CDP qui a des problèmes.

  • Le 27 août 2009 à 20:12 En réponse à : Salif Diallo : “Un héros cornélien”

    Je suis triste de voir que bcp de burkinabe ont mordu au jeu de Salif et de Balise pour mieux nous arnaquer. les deux hommes ont tellement de casseroles communes, qu’ ils ne vont jamais s’ opposer. Le Yadega, arrete ton jeu. On sait que tu ne veux point de la presidence. Tu sais que tu es un grand faiseur de rois, un grand organisateur mais pas forcement un rassembleur. Mais tu veux creer cette "dissidence" pour aider Balise a qui tu dois tellement. Tu sais quen t’ opposer reellement a Blaise ne va t’ emmener que des glas- glas. Je commence a comoprendre machiavel qui disait que le peuple a tres peu de memoire.

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