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AVION DE FASO AIRWAYS : Silence, on cannibalise

Publié le jeudi 20 août 2009 à 02h24min

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S’il y a bien quelque chose qui suscite la curiosité des Ouagalais, c’est cet avion stationné depuis des années à l’aéroport (côté Archevêché de Ouaga) et qui est en train d’être "dépecé" progressivement. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le délégué aux activités aéronautiques nationales, Moumouni Barro. Il nous parle de cet avion qui a été l’objet de litige et qui a été vendu aux enchères.

"Le Pays" : Pouvez-vous nous faire la genèse de l’affaire ?

Moumouni Barro : L’histoire de cet avion date de 2004 dans le cadre de l’organisation du pèlerinage à la Mecque. Dans ce genre de situations, il y a des arrangements entre les affréteurs d’avion, les organisateurs et les propriétaires pour que les aéronefs puissent transporter les pèlerins. A l’époque, c’était Faso Airways qui organisait le pèlerinage à la Mecque. Il y a eu des hiatus liés aux redevances aéroportuaires aussi bien au Burkina qu’à Djeddah. A l’issue de cela, un conflit est né entre le propriétaire de l’avion et Faso Airways, ce qui a abouti à l’immobilisation de l’avion sur la plate-forme de Ouaga.

A qui appartient l’avion aujourd’hui ?

Une plainte a été déposée par Faso Airways et c’est ainsi que l’avion a été séquestré. Il y a eu une décision de justice à l’issue de la procédure et il a été mis aux enchères. C’est cela qui a abouti au changement de propriétaire. A notre niveau, nous sommes plus intéressés par la place qu’occupe l’avion. Nous n’en avons pas beaucoup au niveau des aires de stationnement. L’avion est un Lockeed 1011 qu’on appelle Tristar et qui a le même gabarit que le DC 10. Il est donc assez gros et quand il est immobilisé, cela réduit notre capacité d’accueil des avions commerciaux.

Qui est derrière le démantèlement de l’avion ?

Faso Airways n’existe plus. C’est certainement Adama Zougnoma (qui dirigeait cette structure) qui s’occupe du démantèlement de l’avion.

A quoi pourrait servir la matière première de cet avion ?

J’avoue que les pièces nobles ne doivent plus être disponibles. La partie intelligente a certainement été enlevée et même si ce n’est pas le cas, cela ne peut plus servir à grand-chose. Vous savez, l’avion a été immobilisé en 2004 et le temps de vider la procédure judiciaire a été suffisamment long. A l’issue de ce délai, pour remettre l’avion en vol, il faut pratiquement une expertise pour revoir sa capacité à naviguer ; ce qui était très difficile parce que nous n’avons pas d’atelier pour remettre ce qu’on appelle l’autorisation de remise en service. L’argent que les propriétaires allaient injecter pour le remettre en service était énorme. Maintenant qu’est-ce qu’il peut valoir aujourd’hui ? Il y a beaucoup d’aluminium et du fer. La carlingue principalement peut servir à beaucoup de choses. Il est vrai qu’à un moment donné, il y a eu des idées comme le transformer en musée. Pour nous qui gérons l’aéroport, cela comportait des contraintes parce que quand le public est autorisé à entrer dans une zone censée être réservée, cela complique sa gestion.

Est-ce la première opération du genre au Burkina ?

Il y a des épaves qui existent au Burkina. A l’époque de la première rue marchande, une épave a été exposée. A la fin de sa vie, un avion devient une épave qu’on peut conserver pour en faire une pièce de musée. Quand vous voulez tourner des films d’époque, par exemple de la première guerre mondiale, il faut trouver des avions de ce temps. Il faut ensuite les remettre en état de pouvoir voler. On peut trouver ces avions chez des collectionneurs. On ne détruit pas forcément un avion. Maintenant, quand c’est un gros avion et que l’opérateur pense qu’il peut en tirer profit, c’est lui qui apprécie. C’est une question de calcul économique. Démanteler un avion comme nous le voyons, cela peut arriver mais c’est parce qu’il ne sert plus à grand-chose.


Des marmites avec la matière première du Tristar ?

A qui appartient l’épave qui est en train d’être démantelée ? Cette question, nous l’avons posée à l’ancien responsable de Faso Airways, Adama Zougnoma que nous avons joint au téléphone et qui n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire. Mais, vraisemblement, l’avion aurait été cédé à un ferblantier pour l’usage qui pourrait être fait de la matière première. En effet, l’aluminium et le fer peuvent servir à la fabrication d’ustensiles de cuisine.

Propos recueillis par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 août 2009 à 10:36 En réponse à : AVION DE FASO AIRWAYS : Silence, on cannibalise

    bonjour, au constat du démantellement de l’épave de l’avion dès les premières heures, j’ai pensé que l’on était en train de vouloir la remettre en valeur autrement.
    si c’est pour utiliser la matière première à des fins de fabrication d’ustenciles de cuisine, l’opinion publique est en droit de réclamer justice : il n’est pas question de réserver ce triste sort à ce trésor touristique et récréatif ; les pouvoirs publics doivent le convisquer et le transférer à Faso Parc ou ailleurs pour permettre au public très nombreux de pouvoir le visiter. ce serait une source de recettes pour le trésor public

  • Le 20 août 2009 à 20:51, par Donmozoun En réponse à : AVION DE FASO AIRWAYS : Silence, on cannibalise

    Pourqoui demanteler cet avion qui aurait pu servir à créer de la sensention a de nombreux burkinabè qui finiront leur vie sans mettre leur pieds sur une passerelle d’avion , n’en parlons d’y entrer. je pense que les pouvoirs publics auraient chercher à le deplacer dans les environs et permettre à des gens de voir au moins à quoi ressemble une cabine d’avion. C’est vraiment dommage et triste le soort qui est reservé à cet avion. Bon, chacun fait de toutes façons ce qu’il veut de son argent. Si le nouveau propriétaire a decidé de faire des marmites et des seaux avec la carlingue, c’est son problème mais il aurait pu l’utiliser autrement et faire rêver bons nombre de ses compatriotes.

  • Le 21 août 2009 à 02:38, par nemo En réponse à : AVION DE FASO AIRWAYS : Silence, on cannibalise

    Je suis de l’aviation et je suis sidéré d’apprendre qu’on est en train de démanteler ce joyau. Nous les africains serons toujours en retard ; incapable de fabriquer une aiguille mais prêt à détruire la navette spatiale si toute fois elle venait à atterir au Faso. Pourquoi ne pas garder cet avion et le faire visiter par mes parents de Ouahigouya qui ne verront jamais l’intérieur d’un avion de leur vivant.Et qui sait, si dans 10 ou 20 ans le fabricant va chercher à retrouver ce modèle partout dans le monde et ce sera à prix d’or. Vraiment je pense que les gens veulent l’argent rapidement et sans esprit de recherche.
    Si l’état peut sauver encore qque chose avant qu’on ne le transforme en viande hachée ; ce serait une bonne chose.

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