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Différend entre Bissa et Yadcé à Ouahigouya : Le bosquet de la paix

Publié le mercredi 19 août 2009 à 01h59min

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Les autorités coutumières du Yatenga, de concert avec la communauté bissa résidant au Yatenga, ont organisé dans la matinée du samedi 15 août 2009 un reboisement à Rikou, village de la commune de Ouahigouya. Dénommé “Bosquet de la fraternité”, ces plants, au dire des organisateurs, symbolisent le retour de la paix entre les communautés bissa et mossé du Yatenga, dont les relations étaient relativement tendues ces derniers mois.

Un malaise est survenu, en effet, entre ces deux communautés sur le site d’or de Namissiguima en juin dernier, suite à une altercation entre deux personnes, l’un bissa et l’autre moaga.
- En lieu et place d’arbres, nous aurions dû semer des arachides pour les bissa.
- Et pourquoi, puisque les alentours de vos concessions sont bardés de champs d’arachide. Est-ce pour nous que vous les avez semés ?
- Tais toi et viens m’aider à planter ce néré. Ta femme aura au moins du soumbala ! Cette conversation empreinte d’humour entre un moaga et un bissa n’est rien d’autre que l’expression d’une parenté à plaisanterie. Cette culture qui lie les mossé et les bissa constitue un ciment fort pour ces deux ethnies. Ces deux peuples entretiennent de véritables relations de famille, puisque l’ancêtre des mossé, Ouédraogo, a eu pour père, Rialé, un chasseur bissa, selon l’histoire du Burkina Faso.

Depuis des lustres, du fait des déplacements de l’homme, des bissa se sont retrouvés chez les mossé et inversement. Au Yatenga, ils se côtoyaient et vivaient en parfaite harmonie jusqu’au jour où, sur le fameux site aurifère de Namissiguima deux individus, l’un yadéga et l’autre bissa, en sont arrivés à s’affronter physiquement, dans la nuit du lundi 22 juin 2009. Le yadéga ayant reçu un coup de couteau a été pris pour mort dès les premiers instants. Une fatwa a vite été décrétée contre les bissa.

De fil en aiguille, les proches de la victime se sont rassemblés pour s’attaquer à ces derniers. Saccageant et ravageant tout sur leur passage, les yadcé ont causé de sérieux dommages matériels à leurs “parents bissa”, les contraignant, du même coup, à la fuite. Propriétaires de moulins sur le site d’or, les bissa se sont vus, en quelque temps, dépouillés et chassés comme des pestiférés. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour calmer les ardeurs des uns et protéger les autres. Transporté au CHR de Ouahigouya, le blessé a eu la vie sauve. « C’est intolérable de vivre une telle situation dans son propre pays », a déclaré, en son temps, Bougda Boukary, un bissa, l’amertume pleine la voix.

Cette discorde passée, il faut œuvrer à ce que pareille situation ne se produise plus jamais. Les autorités coutumières du Yatenga, de concert avec la communauté bissa résidant au Yatenga, ont donc réaliser ce “bosquet de la fraternité” pour entretenir, à l’image des plants, la paix et la fraternité entre les communautés bissa et yadéga. Mesurant l’importance de l’acte et les enjeux qui l’entourent, les orpailleurs, aussi bien que les populations des alentours de Namissiguima, se sont joints aux planteurs venus de Ouahigouya pour la mise en terre des plants.

Ce fut une occasion pour les représentants des deux communautés de resserrer les liens séculaires qui les unissent. Promesse a été faite par les parties d’enterrer à jamais la hache de guerre. « Nous remercions nos esclaves les yadcé qui nous ont permis de matérialiser la paix par la réalisation de ce projet de plantation d’arbres. Nonobstant cette bisbille, nous pensons que, dorénavant, Yadcé et bissa continueront de former une même famille vivant dans la paix et la fraternité », a confié le professeur de français, Daouda Soigné, représentant de la communauté bissa. C’est dans une ambiance relaxe que les “esclaves”, et leurs maîtres se sont quittés, chacun la tête haute, fier d’avoir enterrer la hache de guerre

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 19 août 2009 à 11:30, par lilboudo En réponse à : Différend entre Bissa et Yadcé à Ouahigouya : Le bosquet de la paix

    Cet acte de pardon et de paix est à saluer à son plus haut titre. Cependant, une question demeure : jusqu’à quand nous braves populations continueront-elles à se venger personnellement au lieu de confier l’affaire à des institutions désignées (police, gendarmerie, justice) ? C’est un constat général, que les conflits entre deux individus d’ethnies différentes se transforment en conflits entre ethnies, comme si l’on était sur un terrain de recréation à l’école primaire ! (Mossis-bissas, mossi-peuls, et que sais je encore ?). Pareil pour les voleurs dans les grandes villes, ou les populations les lapident, avant même de s’assurer réellement que le suspect voleur est comptable des faits qu’on lui reproche ! Il est temps que cela change, et les institutions jouent leur partition maintenant.

  • Le 19 août 2009 à 15:40, par frank de du benin En réponse à : Différend entre Bissa et Yadcé à Ouahigouya : Le bosquet de la paix

    bonjour .nous saluons cette idée. ces formidable .mais ce journaliste représentant l’observateur est très dangereux .je lu le journal le pays du 18 aout2009 .comparez et vous verrez vous memes.la céremonie ete pratroné par le roi du yatenga qui s"est deplacez sur les lieux tout organisé par la société civile du nord et les bissa.
    vivement que la carte de presse arrive .conseil supérieur de la communication lisez les deux reportages pays du 18 et l"observateur du 19 meme sujet.les memes journalistes étaint sur les lieux.
    les faits sont sacrés et le commentaire est libre.
    votre confrere journaliste

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