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Blocage de l’Avenue 56 : Le ras-le-bol des riverains

Publié le mercredi 19 août 2009 à 02h01min

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Depuis la soirée du lundi 17 août 2009, plus de passage sur l’avenue 56 ; non pas véritablement à cause du mauvais état de la voie, mais parce que les riverains l’ont obstruée, interdisant ainsi le passage. Ils réclament sa réfection parce que, disent-ils, les autorités ne répondent pas à leurs attentes, ni ne sont ouvertes au dialogue. Hier mardi, après la pluie matinale sur la capitale, les réactions se font toujours attendre et leur position n’a pas changé, ce qui leur fait dire que ce sont elles qui incitent les jeunes à la violence dans les rues.

L’avenue 56 est l’une des plus anciennes rues bitumées de la ville de Ouagadougou. Mais depuis elle est devenue célèbre, non pas pour son ancienneté, mais pour son état de dégradation, ce qui y rend la circulation pratiquement impossible. La portion qui lie la maternité Pogbi à la station Total, à la jonction avec l’avenue du Larlé-Naaba- Abga, est particulièrement délabrée. Il est donc hors de question de l’emprunter quand on sait que pendant cette saison des pluies il n’est pas aisé de circuler à Ouagadougou. L’eau de pluie et les ornières compliquent davantage le passage aux usagers et aux riverains. Dans la soirée du lundi 17 août 2009, ils ont barré le passage. Des branches d’arbres, des ordures, des briques, du bois, bref des objets de tout genre, leur ont servi pour arriver à leurs fins. Furieux, mais toujours déterminés, quelques- uns se sont confiés à notre équipe à son arrivée sur les lieux dans la matinée du mardi sous une fine pluie. Un des riverains, Lucien Kaboré, justifie la mobilisation :

« C’est pratiquement hier qu’on a commencé. On voulait le faire depuis le dimanche, on a essayé de mobiliser les jeunes du quartier. Ils n’étaient pas tellement convaincus de ce que nous cherchions. Mais au fur et à mesure qu’on discutait avec eux, ils ont compris qu’on luttait pour la même cause et ils ont accepté. C’est vrai qu’on ne travaille pas sur la voie, mais on constate que ça freine le commerce ». Pour lui et pour bien d’autres, il est inconcevable que depuis 5 ans les autorités soient interpellées mais qu’elles ne réagissent pas pour trouver une solution définitive au problème.

« Chaque année ils viennent, ils font des réparations et, c’est l’argent du contribuable, que nous sommes, qu’on est en train de jeter par la fenêtre », a-t-il ajouté. Pour exprimer leur mécontentement et attendre les réactions, ils ont décidé de se faire entendre en bloquant le passage par un mouvement préparé depuis longtemps qui a été spontané, à les entendre. Hermann Yaméogo, riverain, affirme : « J’ai travaillé sur un chantier de bitumage de voie, et tout le monde sait que la durée de résistance d’une voie est de 15 à 20 ans.

Cette voie, c’est depuis 1984 qu’elle a été faite. Les autorités savent donc qu’elle devait être refaite. Il ne faut pas attendre que les gens tombent et meurent avant de réagir ». Même s’il est vrai que l’important trafic sur la voie est parfois synonyme de celui de la clientèle, les commerçants évoquent un autre problème qui retient leur attention du fait de l’impraticabilité de l’avenue 56. Pour Alizèta Tiemtoré, vendeuse de riz au bord de la voie, « l’affluence des clients ne nous préoccupe même plus. Si les gens n’empruntent pas la voie, notre marché ne donne plus. Mais ce qui nous préoccupe, c’est nos enfants. Parce que quand il pleut, les gens ne veulent plus emprunter la voie. Ils passent devant les concessions et avec les enfants on a trop peur. Avec les femmes enceintes et les malades que l’on amène à l’hôpital (Pogbi), l’ambulance ne peut plus pratiquer cette voie-là. En plus, les personnes âgées tombent et se blessent ».
Le manque de communication

Si on en est arrivé à cette situation, les riverains pointent du doigt les responsables communaux et certaines autorités politiques résidant dans le quartier qui ne communiquent pas avec la jeunesse ou, du moins, ne l’écoutent pas. Ils leur reprochent, en effet, d’être muets sur la question depuis des années. « Ce n’est pas seulement aujourd’hui qu’on évoque le problème. On a discuté avec les conseillers du quartier, mais on voit qu’il n’y a toujours pas de solution.

La presse en a parlé et personne n’a bronché. On a juste barré la voie pour empêcher le passage. Ils pouvaient communiquer avec nous. Ce n’est pas hier nuit qu’ils vont venir emmerder les gens qu’il y a des financements. Alors qu’ils viennent le faire. C’est eux-mêmes qui incitent les gens au vandalisme », martèle Hermann Yaméogo. Toujours selon lui, la police municipale est venue le lundi soir au début de la manifestation pour leur demander de dégager la voie, « mais on leur a fait comprendre qu’on n’a ni grillé un feu tricolore ni brûlé des pneus.

Ils ont parlé de latérite, on leur a dit qu’on n’en voulait pas ». Alors que veulent-ils concrètement ? Pour ce commerçant riverain, qui a voulu garder l’anonymat, ils veulent uniquement que la voie soit réfectionnée. « Nous savons qu’il faut un certain financement pour qu’on refasse la voie, a-t-il reconnu, mais ils pouvaient trouver du sable ou de la terre pour boucher les trous pour que les usagers puissent circuler. C’est la moindre des choses ! » La balle est donc dans le camp des autorités, à qui les manifestants demandent de se rendre sur les lieux pour discuter avec eux, au risque de maintenir le mouvement jusqu’à avoir gain de cause, car, comme ils le disent : « S’ils ne réagissent pas, la voie restera comme ça ».

Jean-Marie Toé (Collaborateur)

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 19 août 2009 à 11:33, par sidzabda En réponse à : Blocage de l’Avenue 56 : Le ras-le-bol des riverains

    Les gens ont raison de manifester.Mais je voudrais qu’ils sachent une chose, c’est une situation qui va beaucoup profiter à nos autorités : elles vont évoquer des mesures d’urgence pour ponctionner encore l’argent du pauvre contribuable et réaliser des travaux qui ne dureront que le temps de l’hivernage ! Il est temps de se méfier de tout dans ce pays.

  • Le 20 août 2009 à 01:37, par PAZABRE En réponse à : Blocage de l’Avenue 56 : Le ras-le-bol des riverains

    A qui revient la réalisation de ces genres de travaux à l`intérieur de la ville de Ouaga ? Je suis profane mais je pense que Tout semble être la propriété du maire ! Alors, au lieu de vouloir étendre la ville à coups de lotissements tordus comme un huit, entretenez ce que vous avez réalisé ou ce qui vous a été légué.N`est ce pas monsieur le Maire CENTRAL ? Quand il s`agit de louer les abords de la voie publique, d`en déguerpir les indésirables commer. ou simplement de renflouer les coffres communaux à travers la répressions au niveau des feux tricolores et autres panneuax,là on voit Simon ou ses .Répares-nous nos routes et tu pourras en ce moment en tirer les fruits socio-économico-politiques que tu adores tant. Où sont ceux qui sont chargés de la voirie dans ton conseil municipal et que font-t-ils ?

  • Le 20 août 2009 à 18:03 En réponse à : Blocage de l’Avenue 56 : Le ras-le-bol des riverains

    Mes amis, savez-vous que vous êtes des privilégiés au Faso ? Tenez ; chez moi, il n’existe pas de bitume, même pas en lambeau. Pourtant, je suis Simonvillois intra muros, Dagnoyen... Plus grave, dès que la pluie tombe, gamins et adultes se ruent sur les voies et raclent le peu de sable qui comble les nids de poule, au nom du système D...conséquence, la pauvreté a de beaux jours devant elle, et la lutte qui porte son nom est ad aeternam.

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