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Développement local : Seulement 10% de l’eau retenue dans la Gnagna exploitée !

Publié le mardi 18 août 2009 à 02h59min

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Ils sont gourmands... tchés. Ils sont balafrés. Leur passe-temps favori, "taper le sable" ou pratiquer la danse de force et d’acrobatie. Ils sont alors très occupés, mais lorsqu’il s’agit de reverdir leur province, la Gnagna "profonde et métallique", ils sont tout de même au rendez-vous. C’était, samedi 15 août 2009 à Pièla et à Bilanga, à l’appel d’un de leur fils, Vincent Dabilgou, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme et de la section provinciale du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de la Gnagna 4 500 plants ont été mis en terre dans une ambiance de retrouvailles entre musique, chants et danses du terroir et même du sport.

Bilamperga ou Bilankpéliga, Bilanga Yaanga, Bilanga et même Bilanga Peulh... le choix de cette localité pour abriter la deuxième édition de la campagne de reforestation "Reverdir la Gnagna" n’est sans doute pas le fait du hasard. En effet, comment peut-on se "disputer" autant le nom d’un village ? Cela ne cache-t-il pas des dissensions, des querelles quelconques ? Réponse d’un esclave des Yadsé, Moussa Tindano, agent comptable aux éditions Sidwaya, Bilanga veut dire village de l’enfant étranger. Lequel enfant serait parti de Pièla pour aller fonder un nouveau royaume à l’emplacement de Bilamperga (Bilanga ancien).

Une partie du village se serait ensuite déplacée à l’actuel site de Bilanga pour se rapprocher de l’eau. La Gnagna, rivière qui a donné son nom à la province, passe à quelques kilomètres de là, avec de l’eau en abondance, du poisson et des berges fertiles... Cette version reste à confirmer car provenant d’une source intéressée.
Ce fils "étranger" a-t-il eu besoin d’aller régner loin de chez lui ? En général, les princes s’en vont quand ils n’ont plus de chance d’accéder au trône de leur père. Là, n’est pas notre propos. Toujours est-il que les fils de Pièla et de Bilanga qui ont la même origine après tout, savent se retrouver dans l’intérêt de leur région.

Ils l’ont encore prouvé en sortant massivement pour la campagne de reboisement "Reverdir la Gnagna". Pour le maire de la commune de Bilanga qui a abrité la cérémonie de lancement officiel de la campagne, ses populations ont pris conscience de la nécessité de planter pour arrêter l’avancée du désert.
"Au Burkina Faso, nous perdons chaque année 100 000 hectares du fait de la désertification", indique Salif Sawadogo, ministre de l’Environnement et du Cadre de vie. Il note que la Gnagna est une province qui possède encore un bon potentiel en ressources naturelles qu’il convient de protéger. Aussi salue-t-il cette prise de conscience des populations et surtout leur engagement à reverdir leur province qu’il renouvelle cette année pour la seconde fois et ce, avec plus de plants mis en terre, 4 500 contre 3 000 l’an dernier.

11 milliards pour le développement

Le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Laurent Sédogo pense que ces efforts pour reverdir la Gnagna favorisera une meilleure rétention de l’eau dans les nombreux barrages de la province. Il se réjouit donc de l’accroissement de la ressource en eau mais s’inquiète du peu d’utilisation que les populations font de l’eau dans cette partie du Burkina. Une honte ! Seulement 10% de l’eau retenue à la Gnagna est exploitée, selon M. Sédogo.

Quand on sait que la province fait partie des 2 ou 3 plus nantis en retenues d’eau du Burkina, on comprend l’amertume du ministre de l’Agriculture. Si toute cette eau pouvait être transportée au Yatenga, on inonderait le Gulmu de produits frais en toute saison... Aussi, le ministre les a-t-il mis en garde fermement, les invitant à exploiter cette eau avant que ceux qui sont capables de le faire ne viennent le faire à leur place. "Tout à l’heure, j’ai vu les jeunes exécuter une danse de force et d’acrobatie. C’est bien beau mais il faudrait qu’ils se mobilisent pour la production maraîchère", a dit Laurent Sédogo. Il espère que d’ici l’année prochaine, les jeunes de la Gnagna pourront s’acheter avec l’aide du PADER-GK, un projet de développement lancé par le gouvernement l’année dernière, au moins 500 motopompes pour la culture maraîchère.

D’un coût de 11 milliards de F CFA, le PADER-GK a une ligne de crédits pour la jeunesse. Il permettra en outre le désenclavement de la région par la construction de pistes, la construction et la réhabilitation de 7 barrages. L’aménagement de bas-fonds, le développement de l’élevage et de l’agriculture font aussi partie des activités du PADER-GK.
Yoabili, chef de Bilanga prend l’engagement de mettre les siens au travail et remercie le gouvernement pour l’intérêt accordé à leur localité. Cela a alors amené le ministre Sédogo à prendre lui aussi un engagement, celui de veiller à l’achèvement du barrage de Liptougou qui est en construction depuis deux ou trois ans.

Le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Justin Koutaba fera lui aussi un geste pour permettre aux jeunes de travailler car en définitive, on compte sur eux pour la valorisation des potentialités de la Gnagna. Il leur a remis une enveloppe de un million de F CFA. "Nous sommes à vos côtés car une nation ne peut se développer sans sa frange jeune. Cet engagement est renouvelable", a affirmé Justin Koutaba qui a par la suite esquissé des pas de danse fort applaudis.
Le ministre Dabilgou soutient, pour sa part, que "le développement commence d’abord dans l’esprit".

Il voit en l’union des fils et filles de la Gnagna un signe pour un décollage de leur région. Une région que les uns et les autres qualifient de profonde en raison de son enclavement mais que les ministres Sédogo, Sawadogo et Koutaba ont vu plutôt profonde par sa ferveur, sa chaleur, son engagement et sa fidélité au président Blaise Compaoré. La section CDP de la Gnagna aura donc réussi son pari, celui de réunir l’ensemble des fils autour d’un combat, celui du développement de leur province. Notons que des vélos ont été remis aux conseillères municipales CDP des communes de Pièla et de Bilanga.

Victorien A. SAWADOGO

Sidwaya

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