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Campagne agricole 2009-2010 dans l’Ouest : “Bonne” physionomie dans l’ensemble

Publié le lundi 17 août 2009 à 00h46min

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Dans le cadre du suivi de la campagne agricole 2009-2010, le ministre délégué chargé de l’Agriculture, Abdoulaye Combari a visité les 11, 12 et 13 août 2009, des exploitations agricoles de trois régions de l’Ouest (Sud-Ouest, Cascades et Hauts-Bassins). Ce périple a permis de constater que, malgré le démarrage difficile de la campagne, les cultures présentent une “bonne” physionomie dans cette partie du pays.

C’est un secret de polichinelle : la campagne agricole 2009-2010 a connu un début difficile à cause de l’irrégularité des pluies, annoncée par les services météorologiques.
Cette situation a provoqué un retard dans l’exécution des travaux de labour et de semis par les producteurs, lesquels n’ont pas baissé les bras pour autant. Sorti pour prendre la température de la campagne agricole dans l’Ouest, le ministre Abdoulaye Combari, assisté de ses collaborateurs, a pu voir des exploitants à la tâche avec à la clé des stades végétatifs de cultures “encourageants”. Si bien qu’il a confié : “Malgré le démarrage difficile de la campagne, ce qu’on a vu sur le terrain est réconfortant. Il y a de l’espoir et pour peu que les pluies se prolongent jusqu’en octobre, le retard, constaté dans le respect du calendrier cultural, sera comblé dans l’Ouest”.

Mais avant de faire cette appréciation, le ministre délégué à l’Agriculture, en provenance de la région du Sud-ouest, a dû aussi parcourir quelques exploitations agricoles dans les Cascades et les Hauts-Bassins. Dans les Cascades où il s’est rendu le mercredi 12 août 2009, à la tête d’une forte délégation, le ministre Abdoulaye Combari a visité le bas-fond rizicole de Sidéradougou 2 et deux exploitations agricoles modernes appartenant à des privés. Aménagé en 1994 avec un potentiel de 90 hectares (ha), le bas-fond rizicole de Sidéradougou 2, situé à 65 kilomètres de Banfora, est exploité sur une superficie de 37 hectares.

Au total, 148 exploitants (hommes et femmes) y produisent du riz pluvial pendant l’hivernage et des cultures maraichères (tomates, oignons, etc.) en saison sèche. Contrairement à la campagne écoulée durant laquelle 240 tonnes (T) de riz paddy ont été produites, les producteurs de cette plaine comptent en faire cette année 148 T pour un rendement de 4 T/ha. Cette baisse de production, ont-ils expliqué, est due aux conséquences des caprices pluviométriques.

D’ailleurs, c’est un bas-fond pas très humide que le ministre Abdoulaye Combari et sa suite ont arpenté, découvrant des semis au stade de levée ou de tallage. Pour ce qui est des deux exploitations modernes visitées dans les Cascades, il s’agit de celles de Tassié Sory et d’Hubert Soulama, respectivement bâties dans les villages de Dêguê-Dêguê et de Soubakaniédougou. Le premier producteur cité pratique l’agriculture depuis 30 ans et cultive plusieurs spéculations (mais, coton, arachide…) sur un périmètre emblavé de 20 ha. Avec par exemple un rendement de 3,5T/ha pour le maïs, il espère produire, pour la présente campagne, plus de 42 tonnes, toutes spéculations confondues.

Le deuxième producteur moderne, Hubert Soulama, cultive aussi du maïs, du coton et de l’arachide avec en plus du riz, du soja et du sésame. Exerçant sur une superficie emblavée de 34 ha, celui-ci entend faire 3,5T/ha pour le mais.
A terme, cet exploitant, nanti de 15 ans d’expérience dans l’agriculture, compte produire 83,6 T, toutes spéculations cultivées. Dans l’ensemble, ces deux producteurs disposent chacun d’équipements agricoles (charrues, butteurs, pulvériseurs) et d’un cheptel numériquement important. Aussi, ils utilisent de la fumure organique à faible quantité et emploient individuellement plus de 20 personnes. Hormis les potentialités découvertes dans les deux surfaces agricoles, la délégation a pu constater, de part et d’autre, des semis en divers stades (levée, tallage, montaison, floraison et maturation par endroits).

Les herbes menacent le bas-fond rizicole de Tiara

De la région des Cascades, le ministre Abdoulaye Combari, toujours entouré de collaborateurs et d’autorités locales, s’est retrouvé, le lendemain 13 août, dans les Hauts-bassins. Il y a visité le bas-fond rizicole de Tiara (province du Houet) et la ferme agricole moderne de Salif Zallé, un natif de Yako qui, s’est installé depuis 8 ans à Banflagouè (province du Kénédougou) pour pratiquer l’agriculture.

Aménagé au pied d’une colline par le Projet riz pluvial (PRP) en mai 2009, le bas-fond de Tiara s’étend sur une superficie aménagée de 40 ha. 148 autochtones (hommes et femmes) travaillent sur le site où ils cultivent pour la première fois du riz pluvial, notamment la variété TS2, pour la campagne 2009-2010. Excepté les autres spéculations (mais, coton, mil..), les exploitants du bas-fond de Tiara projettent produire 160 tonnes de riz paddy à raison de 4T/ha. C’est un bas-fond, bien humide avec des allées boueuses et des semis au stade de tallage que le ministre Abdoulaye Combari a découvert avec “plaisir” tant il a trouvé les exploitants “très engagés” dans l’activité.

Seulement, celui-ci a remarqué avec regret que l’envahissement par les herbes y pose problème et que la fumure organique n’est pas utilisée pour le riz, mais pour les autres spéculations. A propos de l’envahissement du bas-fond par les herbes, lesquelles sont coupées progressivement par les exploitants, les visiteurs ont recommandé l’usage de pesticides. Se déportant ensuite dans l’exploitation moderne de Salif Zallé à Banflagouè, la délégation a pu contempler une superficie emblavée de 30 ha. Le propriétaire y cultive quatre spéculations (maïs, sorgho, coton et niébé), lesquelles présentent des stades végétatifs différents (tallage, montaison et floraison).
Pour le maïs (3,5%T/ha) et le Sorgho, M. Zallé ambitionne produire 44 T à la faveur de la campagne 2009-2010. En plus de l’agriculture, ce producteur, qui emploie une dizaine de personnes, pratique l’élevage avec un troupeau de plus 50 têtes de bovins et 40 petits ruminants.

Les regards tournés vers le ciel

Dans les Hauts-bassins, le ministre Abdoulaye Combari, s’est également rendu à la station de recherches agricoles de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) de Farako-Bâ et au Centre agricole polyvalent (CAP) de Matourkou. Dans ces deux structures, situées à quelques encablures de Bobo-Dioulasso, il a encouragé les efforts consentis par les uns et les autres pour le développement agricole au Burkina Faso.
De toutes les exploitations visitées dans les deux régions, le ministre Abdoulaye Combari, a aussi bien écouté les préoccupations des propriétaires que celles des autres producteurs et tirer des enseignements.

S’agissant des problèmes, la hantise de voir une mauvaise pluviométrie gâcher la campagne agricole 2009-2010 a été fortement ressentie chez la quasi-totalité des producteurs. A ce sujet, ces derniers espèrent un ciel clément pour faire de “bonnes” récoltes. En dehors du facteur pluie et autres difficultés spécifiques, la problématique de l’encadrement technique, du manque d’équipements agricoles et de l’insuffisance de fosses fumières pour la production de fumure organique ont été notées à maintes reprises.
En ce qui concerne les deux premières préoccupations, le ministre Abdoulaye Combari a promis aux producteurs que le gouvernement va poursuivre sa politique d’encadrement technique et d’équipement agricole en leur faveur.
La question de l’insuffisance de l’utilisation de fumure organique a surtout retenu l’attention du ministre.

Là-dessus et partout où il est passé, il a rappelé l’engagement pris par les producteurs, à la récente Journée nationale du paysan (JNP), de construire des fosses fumières. Et de revenir plusieurs fois sur les avantages de la fumure organique : “la fumure organique permet d’améliorer les rendements et enrichit le sol. Mieux, elle permet d’éviter de dépenser cher pour acquérir des engrais chimiques, importés d’occident”. Conscient de la difficulté de stabilisation des fosses fumières, le ministre Combari a promis aux producteurs qu’avec l’aide de projets tel le Projet d’appui au développement local Comoé-Léraba-Kénédougou (PADL/CLK), ils en disposeront. En termes d’enseignements, le ministre Abdoulaye Combari a dit constater que les intrants agricoles (semences et engrais) subventionnés par le gouvernement au profit des producteurs sont utilisés à bon escient dans l’Ouest. Par contre, il a regretté le fait que la plupart des producteurs n’établissent pas de comptes d’exploitation alors qu’“un champ est de nos jours une entreprise”.

Il a alors invité les intéressés à évoluer vers “l’entreprenariat agricole”, en diversifiant leurs cultures et en faisant plus en termes de rendement (6T/ha souhaité pour certaines spéculations).
Au-delà des différents aspects, le ministre Abdoulaye Combari a encouragé les producteurs à qui il a demandé de tenir bon. Déterminé à atteindre l’autosuffisance alimentaire, le gouvernement prévoit, dans le cadre de la campagne agricole 2009-2010, une production de plus de 5 millions de céréales au plan national.

Kader Patrick KARANTAO (stkaderonline@yahoo.fr)


Evaluation à mi-parcours de la campagne

Dans les régions visitées, le ministre Abdoulaye Combari a rencontré les acteurs du domaine de l’agriculture pour une évaluation à mi-parcours de la campagne agricole 2009-2010.
L’état d’avancement des activités culturales et les problèmes rencontrés çà et là ont fait l’objet d’échanges. A cette occasion, les Directeurs régionaux (DR) de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques ont fait le point de la situation de la campagne dans leur ressort territorial. Au titre des Cascades où 223 453 tonnes de céréales sont attendues, le DR Hamidou Sawadogo, a soutenu que : “Malgré l’installation tardive de la campagne, tout se déroule bien avec des semis à divers stades végétatifs”.

Et d’évoquer “un boom de production” dû à l’augmentation des objectifs de tonnage dans les différentes spéculations. Cependant, dans les Cascades, des difficultés sont rencontrées dans la conduite de la campagne : enclavement de certaines zones de grande production, insuffisance du personnel d’encadrement des producteurs, etc. Tout comme celui des Cascades, le DR en charge de l’agriculture des Hauts-Bassins, Dofihouyan Yé, a fait part d’un “bon” déroulement de la campagne dans sa région où 717 820 tonnes de céréales dont 36 260 pour le riz seront produites. “La campagne agricole, bien qu’ayant connu une installation tardive difficile se déroule assez bien. Les exploitations quoique connaissant une disparité dans leur stade de développement, présentent pour la majeure partie une bonne physionomie”, a-t-il relevé.

Toutefois, des problèmes existent dans cette région. Ce sont, entre autres, la faiblesse des emblavures due à l’installation tardive de la campagne, l’arrivée tardive des intrants et leur insuffisance et la difficulté de mobilité des agents d’encadrement. Les faibles emblavures, a affirmé M. Yé, vont entrainer des récoltes moins importantes que celles de 2008. Hormis cela, les DR ont également fait le point de la situation alimentaire à la date du 31 juillet 2009 dans leurs régions.

Il ressort que les denrées sont disponibles sur les marchés aussi bien dans les Cascades que les Hauts-Bassins. Par exemple, le sac de mais de 100 Kg, a-t-on appris, se négocie à 18 000 F CFA, voire moins (15 000 F CFA) sur certains marchés. Toujours est-il que les DR sont optimistes quant à l’issue de la campagne, mais à condition que les pluies soient régulières.
Mis au courant des difficultés rencontrées de part et d’autre, le ministre Abdoulaye Combari en a pris bonne note, promettant ainsi de travailler à les minimiser. Mieux, il a prodigué des conseils et encouragé les acteurs des régions à persévérer dans leurs efforts de promotion de l’agriculture au Burkina Faso.

K.K.P

Sidwaya

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