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Assassinats d’albinos : De lourdes peines pour les meurtriers

Publié le jeudi 13 août 2009 à 18h26min

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Après les lourdes peines de prison infligées fin juillet aux personnes reconnues coupables d’assassinats d’albinos au Burundi, ces derniers espèrent qu’ils pourront mener une vie normale et sans risques. Pour les protéger, la Communauté d’Afrique de l’Est va aussi voter prochainement une loi.

C’est avec soulagement que les sentences ont été accueillies le 23 juillet au Tribunal de grande instance de Ruyigi, à l’est du Burundi, dans le procès des 11 hommes poursuivis pour assassinat d’albinos Après 55 jours de mise en délibéré, les jugements ont été rendus contre ces paysans la plupart analphabètes, sonnant ainsi la fin de l’impunité. Les peines vont de un à 15 ans de prison pour trois d’entre eux et l’un a même écopé de la perpétuité Toutes les peines prononcées ont été déclarées incompressibles Au terme d’un autre procès, la peine capitale a été prononcée contre deux autres personnes, mais celle-ci ne figurant plus dans le nouveau Code pénal, les condamnés ont fait appel.

"Un drame absolu"

Le président de l’Association Albinos sans frontières, Kazungu Kassim, un des rares albinos à avoir étudié, insiste "Il faut que les peines qui viennent d’être prononcées soient vraiment appliquées telles quelles. Autrement, on risque de retourner en arrière." Pour lui, il est important de rester vigilant, car, en Tanzanie voisine, d’où sont parties les rumeurs qui ont conduit à l’assassinat d’une dizaine d’albinos au Burundi en l’espace de quelques mois, une nouvelle victime a été dénombrée après plusieurs mois d’accalmie, selon la BBC. Dans ce pays où les albinos sont recherchés pour des pratiques liées à la sorcellerie, des peines de mort exécutées publiquement avaient pourtant mis fin à cette chasse à l’homme.

Au Burundi, la situation des albinos, devenue très préoccupante, a touché l’opinion nationale, régionale et même internationale "Les albinos sont des citoyens burundais comme les autres Et ce qui leur arrive aujourd’hui est un drame absolu, a ainsi estimé Rama Yade, alors secrétaire d’État français aux Droits de l’homme, lors de sa visite au Burundi en février dernier. Comment ne pas être touché par ces femmes, ces enfants, ces hommes marginalisés de facto hors de la population parce que ces personnes craignent pour leur sécurité" En effet, pour les protéger, une cinquantaine d’albinos de la région de Ruyigi ont quitté leurs collines d’origine et ont été regroupés au centre-ville. Mais, comme a pu alors le constater Rama Yade qui a débloqué en urgence 20000 € pour les aider, leur hébergement -trois chambres sans eau ni électricité -est sommaire et l’assistance alimentaire irrégulière Dix soldats assurent leur garde

Un problème transfrontalier

Le problème est transfrontalier. Il touche non seulement le Burundi et la Tanzanie, mais aussi la RDC où un bébé albinos a récemment été volé pour être emmené en Ouganda Des parlementaires de l’Assemblée législative de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC, sigle en anglais) ont rencontré à Bujumbura en mai dernier, des représentants des albinos. Pour mener une lutte commune contre cette forme de criminalité, ils ont recommandé la mise en place d’une loi spéciale qui protège les albinos dans les cinq pays de l’EAC.

Au Burundi, le dernier assassinat remonte au mois de mars dernier dans la province de Karuzi. Les arrestations des suspects, suivies des jugements, ont freiné depuis lors ces meurtres motivés par l’appât du gain. Les membres de ces personnes se vendraient très cher en Tanzanie où ils sont utilisés dans des pratiques de sorcellerie Durant cette période de grandes vacances, les écoliers et élèves albinos, qui avaient dû changer d’établissements scolaires, ont pu se rapprocher de leurs familles et aller habiter aux chefs-lieux des communes d’origine.

Et pour Kazungu Kasim, l’étape ultime sera le retour dans leurs foyers respectifs. Mais pour l’instant, ils restent prudents. "Au-delà de ces jugements prononcés par la Justice, ce qui nous importe le plus est que ceux parmi nous qui sont déplacés pour des raisons de sécurité puissent dans un proche avenir, retourner chez eux et vivre sans craindre pour leur vie", martèle-il.
Après le transfert des chefs-lieux de province vers les communes, le retour sur les collines est envisagé pour le mois d’août, si leur sécurité est assurée. Sur le plan légal, tout au moins, ce sera chose faite avec la mise en place de la loi protégeant les albinos dans le cadre de l’EAC. Le projet est prêt et sera étudié début août lors de la plénière de l’assemblée législative de la communauté, à Dar Es-Salaam.

Béatrice NDAYIZIGAMIYE : Syfia International

Sidwaya

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