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Banditisme à la périphérie de Ouagadougou : Vols et agressions à répétition au secteur n°21

Publié le jeudi 13 août 2009 à 18h33min

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La population de la zone 9 du secteur n°21 (Tampouy) de Ouagadougou a, depuis un bout de temps, le sommeil troublé. La faute à des bandits qui écument, la nuit tombée, les artères de ce quartier non loti. Actes de vandalisme, vols à main armé, agressions avec à la clé, de blessés graves... Des incidents qui obligent les habitants à se terrer chez eux la nuit venue.

La zone 9 du secteur n°21 de Ouagadougou paraît calme pour tout usager qui la traverserait à un certain moment de la journée. Le jour, les habitants vaquent à leurs occupations en toute quiétude, mais ce n’est qu’apparence trompeuse car la nuit tombée, c’est la psychose. En effet, selon les riverains, un grand banditisme s’est développé depuis peu dans la zone. Agressions, vols à main armée ou par effraction... sont le lot de malheurs des populations. En plus, à partir d’une certaine heure, seuls les usagers téméraires osent traverser la ceinture verte séparant la zone lotie de celle non lotie de la zone 9. Salif Kanazoé, employé dans une poissonnerie à la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA) l’a appris à ses dépens le 31 juillet dernier.

Jusqu’à nos jours, il ne s’est pas encore remis de ses blessures et a toujours de la peine à marcher. Selon ses explications, il se rendait à son lieu de travail vers 4h du matin, lorsque deux individus l’ont arrêtés. Une lutte âpre s’en est suivie et Salif Kanazoé a été poignardé au flanc droit et à la cuisse. “Ils m’ont ensuite immobilisé au sol et m’ont demandé mon portable et de l’argent. Ils ont fouillé toutes mes poches et n’ont rien trouvé”, a-t-il confié, toujours visiblement marqué par cette agression. En fait, c’est la seconde fois que cela lui arrive. Loin d’être un cas isolé, ces genres d’attaques sont légion dans la zone 9.

Awa Ouédraogo et son mari vivent dans le quartier. Ce dernier, un agent de sécurité a été agressé alors qu’il partait composer aux épreuves orales du Baccalauréat 2009, le mois dernier. En l’absence de celui-ci, elle explique ce qui est arrivé à son époux : “il passait à côté du fossé vers 5h du matin pour aller composer au Bac. Les bandits l’ont arrêté. Ils l’ont haché au visage alors qu’il était sur sa moto. Il n’y avait qu’un lambeau de chaire qui retenait son nez. Ils ont aussi coupé sa main droite jusqu’à l’os”. Les malfrats auraient emporté sa moto, un peu de monnaie, son portable, ses documents bancaires et toutes ses pièces contenues dans un petit sac.

“Il a réussi à se traîner jusque chez des voisins qui ont eu au départ du mal à le reconnaître tant il était défiguré. Ce sont eux qui l’ont conduit à l’hôpital”, a ajouté Awa Ouédraogo.
Ernest Guiré, chauffeur et habitant du quartier renchérit : “même les femmes qui se lèvent tôt le matin pour aller vendre les légumes ne sont pas épargnées. Ils ont poursuivi l’une d’entre elles jusque dans sa maison. Elle a refusé de leur céder sa moto P50 fermée à clef. Ils l’ont poignardé et la dame a été hospitalisée”.

Une situation préoccupante

Ce témoignage d’Ernest Guiré a été entre temps, coupé par des cris d’une foule en colère. Un jeune homme d’une vingtaine d’années, vélo au coup était escorté par un groupe de jeunes armés de bâtons et de gourdins. “Voilà, c’est sûr que c’est un voleur qu’ils viennent de prendre. Et en plein jour en plus”, s’est exclamé Ernest Guiré, à l’approche de la bande furieuse.

Renseignements pris, le jeune homme ferait parti d’une bande de quatre voleurs. “Ils ont volé douze ânes. Nous avons attrapé un ce matin qui a dit où se trouvaient les autres. Nous l’avons corrigé. Les sapeurs-pompiers sont venus le chercher”, a révélé un du groupe. Celui qu’ils tenaient en lesse serait selon eux, l’un des complices. Il devrait à son tour montrer où se cachaient les autres voleurs d’ânes. Les autorités coutumières sont conscients et confirment la fréquence d’actes de banditisme à Tampouy. Le chef de ce quartier, également délégué, le Noogo Naaba trouve que la situation est très préoccupante. Il reconnaît que traverser la ceinture verte après 21 heures est très risqué. Pour cela, il s’est vu obliger de convoquer une réunion de sensibilisation. “J’ai demandé à ceux qui sont en ville de faire attention en rentrant aux heures tardives. Pour les malades qui veulent aller à l’hôpital, je leur ai demandé de se faire accompagner par un voisin”, a insisté le Noogo Naaba. Selon ses explications, en 2004, il a été lui-même victime de braquage et aurait perdu 143 000 F CFA en plus de sa moto.

Qu’est-ce qui explique la recrudescence du banditisme dans ce quartier populaire de Ouagadougou ? Selon les riverains, cette situation est due à la pauvreté et au chômage. Pour eux, les jeunes veulent réussir en passant par la courte échelle. “Sinon, je ne comprends pas pourquoi agresser quelqu’un pour le dépouiller de ses biens”, s’indigne Ernest Guiré. Pour d’autres, la ceinture verte qui sépare la zone lotie de ce quartier favorise aussi ces actes. D’autres encore pointent du doigt, ceux qui ont transformé la réserve en champ de mil et de maïs, principal refuge des malfaiteurs. Selon le Noogo Naaba, malgré ses multiples appels, des gens qui se sont entêtés et ont encore semé cette année.

Situer les responsabilités

Le Manegr Naaba, second du chef de quartier, lui, accuse “le laxisme” de la police. “Il y a à peu près trois mois, des gens qui ont attrapé des voleurs, sont venus me réveiller à minuit. J’ai alors appelé la gendarmerie mais elle n’est pas venue. Et lorsque nous emmenions les voleurs au commissariat, des gens nous ont arrêtés prétextant être des policiers. En réalité c’était des braqueurs”, a-t-il affirmé. Une deuxième fois, a-t-il ajouté, il a perdu un mouton et une vendeuse ambulante l’a reconnu dans une des concessions du quartier. Après vérification, le voleur et sa femme se sont enfuis de leur maison par le mur. Comme la cour était vide, l’a appelé le n°17 pour leur expliquer le problème. “Si nous partions alors que la cour était vide, on pouvait nous accuser de vol”, a-t-il souligné. Après cet appel, le Manegr Naaba affirme s’être indigné de la réponse de l’interlocuteur qui a décroché le combiné :”Quand le mouton a été volé, est-ce que vous nous avez appelé ?” “Lorsque vous avez commencé à le chercher, est-ce que vous nous l’avez dit ?”

Ce sont là des questions qu’il lui a posées sans chercher à comprendre, s’est-il insurgé. Il aurait, depuis ce jour là, jurer de ne plus appeler à ce numéro.
En somme, les habitants de la zone 9 du secteur n°21 de Ouagadougou arrivent à dissimuler mal leur colère. Ils déplorent le fait que la police et la gendarmerie répondent rarement lorsqu’on les appelle. Et d’après eux, lorsqu’ils le font, ils s’entendent dire qu’il n’y a pas assez de personnel pour effectuer le déplacement sur les lieux. Ce qui, de leur avis, rend difficile la lutte contre ce fléau. Le délégué du quartier propose que la police s’installe dans le quartier, parce que l’arrondissement est très grand et le banditisme dans leur zone devient vraiment inquiétant.

Sié Simplice HIEN et Boukari OUEDRAOGO (Stagiaire)

Sidwaya

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