LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

SOCIETE CIVILE BURKINABE : Pour une transparence des sources de financement

Publié le mercredi 12 août 2009 à 01h20min

PARTAGER :                          

Le député Mahama Sawadogo

Le député Mahama Sawadogo, à travers cet écrit, pose le problème de l’indépendance de certains organisations de la société civile financées par des sources extérieures.

La société civile dans son acception moderne est apparue en réaction à la crise du phénomène bureaucratique dans les pays socialistes et à celle de l’Etat providence dans les pays d’Europe occidentale. Elle s’est particulièrement développée à partir des années 80. Les organisations relevant de la société civile ne se définissent de manière positive que par opposition à l’Etat.

Au regard de la problématique de son apparition, la société civile est appelée à jouer "une triple fonction sociale de veille permanente, d’alerte et de contre-pouvoir". Logiquement, les conditions d’une bonne exécution de ces missions passent par une réelle indépendance des Organisations de la Société civile (OSC) par rapport à l’Etat, aux partis politiques et aux pouvoirs économiques.

C’est dire donc que ces organisations doivent être en mesure de faire preuve en toute circonstance, d’autonomie intellectuelle, d’esprit critique et de modération dans leur jugement.

Ces balises à observer par les OSC sont indispensables pour les sécuriser contre d’éventuelles tentatives d’instrumentalisation et de corruption de la part de l’Etat, des partis politiques et des pouvoirs économiques. Malheureusement le constat sur le terrain et particulièrement au pays des hommes intègres laisse fortement penser que l’éthique et le principe de responsabilité ne sont pas suffisamment intégrés dans la pratique de certaines organisations de la société civile. En effet, un arrêt sur les activités de ces organisations, aussi bien au plan qualitatif que quantitatif, autorise à penser qu’elles sont entretenues financièrement par des bailleurs de fonds surtout étrangers. Et dans quel but ? Très probablement pour intervenir indirectement dans la vie politique des Etats.

Si ces interventions peuvent être analysées, comprises et acceptées en considération de la dimension internationale de la démocratie, elles deviennent en revanche très problématiques, quand du fait de ces interventions, certains responsables de ces organisations deviennent très arrogants et manquent de modération dans leurs actes et propos. De telles situations laissent naturellement penser à tort ou à raison que les organisations incriminées, si elle ne sont pas de simples courroies de transmission déguisées d’hommes ou de partis politiques au plan interne, ce sont des créations suscitées par l’Etranger poursuivant ses propres fins. Cette perception qui à l’air d’un procès à l’endroit de certaines organisations serait déconstruite par la transparence qui devrait être observée sur les sources de financement des principales organisations de la société civile et de leur utilisation. Cette transparence qui est du reste une exigence de la société civile vis-à-vis de l’Etat, leur est également opposable. Pour terminer ce propos que d’aucuns vont vite qualifier de provocateur, il importe d’interpeller les différents bailleurs de fonds des organisations qu’ils reconnaissent à travers l’analyse, à faire faire courageusement leur examen de conscience afin de contribuer à combattre les dérives mises en exergue.

Mahama SAWADOGO Député

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 12 août 2009 à 02:49, par lance de fer En réponse à : SOCIETE CIVILE BURKINABE : Pour une transparence des sources de financement

    cher député,
    votre si belle éloquence contraste avec la platitude de votre argumentaire.Pour mémoire,au cas ou vous l’ignorez,les financements occultes semblent en tout temps bénéficier plus à des organisations dont la légitimité reste douteuse,ce qui n’est pas le cas de notre société civile. Vous rendrez plus service à cette nation en vous investissant dans l’adoption de lois sur le délit d’apparence,car les milliardaires poussent de plus en plus au Faso comme des champignons....

  • Le 12 août 2009 à 12:11 En réponse à : SOCIETE CIVILE BURKINABE : Pour une transparence des sources de financement

    Monsieur le député soulève un problème pertinent : la question du financement de la société civile burkinabè. Mais on sent derrière ses propos une tentative de règlement de comptes envers une OSC qu’il n’a pas le courage de nommer. De quelle OSC parle-t-il ? De la FEDAP/BC ? du MBDHP ? du Gerdess...? Il faut qu’il ait le courage de le dire.
    De nombreuses analyses ont montré que sans ressources financières, les OSC ne peuvent efficacement remplir leurs rôles et missions. L’expérience le montre d’ailleurs : dès que les sources de financement tarissent, les OSC végètent ! Mais où M. Mahama Sawadogo veut que les OSC aillent chercher l’argent pour le financement de leurs activités ? Chez l’Etat, déjà trop pauvre pour lutter contre la pauvreté des populations ? Les OSC ne risquent-elles pas de perdre leur indépendance politique si elles sont financées par le genre d’Etat patrimonial que nous avons dans ce pays ? Auprès de Kanazoé ? Alizèta et autres grands opérateurs économiques grands militants du CDP ? Notre secteur privé embryonnaire et dominé par l’informel est-il intéressé à financer les OSC de promotion des droits de l’homme et de la démocratie ? On peut en douter. Qu’en est-il des cotisations des militants des OSC ? Les OSC ont-elles la chance d’avoir des militants aussi fortunés que ceux du CDP qui, à eux seuls auraient financé le dernier congrès du parti à plus de 70 millions de FCFA ? Le député Mahama peut-il donner les adresses des mécènes burkinabè auxquels les OSC peuvent s’adresser ? Tout le monde n’a pas la chance de s’appeler FEDAP/BC pour avoir accès aux opérateurs économiques burkinabè. Nous reconnaissons cependant que la dépendance envers les bailleurs de fonds étrangers pose un vrai problème, mais pas celui auquel le député pense : La société civile financée par les bailleurs de fonds aura tendance à ne rendre compte qu’à ses bailleurs de fonds plutôt qu’à ses membres. Si ce sont les bailleurs de fonds qui financent, c’est normal qu’ils exigent la transparence et la bonne gouvernance. Cela leur permet une plus grande influence dans la promotion de la bonne gouvernance. Mais à qui la faute ? Pourquoi, Mahama veut que les OSC rendent des comptes aux députés et à l’Etat alors qu’ils ne financent pas la société civile ? Enfin ce que le député Mahama dit de la dépendance des OSC envers les bailleurs de fonds vaut aussi pour l’Etat. Un Etat dont le programme d’investissement est financé à 80% par les bailleurs est-il indépendant ? Last but not least, je suis vraiment désolé que Mahama et les gens du pouvoir soient aussi aigris et jaloux de la liberté des OSC qu’ils ne financent pas. Quand vous ne contrôlez pas les gens, quand les OSC ne sont pas "modérées" comme vus dîtes ou ne font pas votre atalakou, vous les trouvez arrogantes et dénuées de tout sens de responsabilité !

  • Le 12 août 2009 à 12:56, par Somda En réponse à : SOCIETE CIVILE BURKINABE : Pour une transparence des sources de financement

    Un bon exemple serait la FEDAP/BC. N’est ce pas ?
    Combien d’organisations bidons le pouvoir en place a t.il lui-même créées et financées à des fins non avouables au Burkina ?
    Malgré la faiblesse de conviction de votre dialectique, j’admets tout de même que vous faites du bon boulot. Car
    Monsieur le député, bien amicalement.

  • Le 12 août 2009 à 23:23, par Thanos En réponse à : SOCIETE CIVILE BURKINABE : Pour une transparence des sources de financement

    L’article de Monsieur le deputé aurait été plus intéressant s’il renfermait des informations plus ou moins objectives.Je suis de ceux qui aiment les exemples concrets.

  • Le 18 août 2009 à 18:18, par Na togs b zanga, En réponse à : SOCIETE CIVILE BURKINABE : Pour une transparence des sources de financement

    Allons Monsieur le Député... soyez plus courageux. Je suis persuadé que si vous traitez de "responsables arrogants" et manquant de "modération dans leurs propos et actes", c’est que vous visez de toute évidence au moins une OSC en particulier. Vous nous invitez, nous les lecteurs, à lire entre les lignes pour reconnaître "le mouton noire" que vous avez dans votre collimateur.

    Eh bien, vos vœux sont exhaussés. Je m’en vais de ce pas "révéler" à tous vos lecteurs qui est cette OSC que vous semblez cibler en particulier : le CGD (Centre pour la Gouvernance Démocratique) OU IGD du Pr Loada. On se souviendra que dans sa dernière sortie sur "l’affaire Salif Diallo" et ses développements, le Pr Loada a tenu, comme d’ailleurs à l’accoutumé, des propos directs, crus et sans détour, sur ce qu’il pensait du régime actuel en terme d’alternance, de respect de la démocratie etc...

    Ce qui est intéressant, c’est que le Pr Loada ne s’est pas drapé de la langue de bois (ce qui serait "politiquement" correct et surtout "modéré"), pour dire le fonds de sa pensée en citant nommément le CDP et tous ceux qui gravitent autour. A la grande différence, le Député Mahama, au prix de grandes circonvolutions, tente, par des voies détournées, de nous faire comprendre que si les OSC sont financées par des bailleurs de fonds surtout étrangers, c’est dans l’unique but d’"intervenir indirectement dans la vie politique des États".

    Et vous alors !!!, vous qui êtes du « pouvoir », vous voilà pris en flagrant délit de « vouloir vous ingérer directement dans le financement et les activités des OSC »…

    Comme l’a relevé un des lecteurs précédents "Quand vous ne contrôlez pas les gens, quand les OSC ne sont pas "modérées" comme vous dîtes ou ne font pas votre atalakou, vous les trouvez arrogantes et dénuées de tout sens de responsabilité !"

    Cette façon très partisane de voir les choses, Monsieur le Député, rend votre discours à tendance généraliste très peu crédible et pour finir déconcertant et pitoyable.

    Si vous avez envie d’écrire sur tous les sujets "à votre portée", écrivez, mais ayez le courage d’appeler un chat, "un chat". Allez droit au but, ça aura au moins la vertu de ne pas irriter la grande masse des lecteurs avisés !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?