Précisons d’entrée de jeu que c’est grâce à l’appui financier de l’Université de Ouagadougou que le théâtre de la Fraternité a pu disposer des moyens de sa préparation et de sa participation à ce grand évènement continental qu’est le PANAF. Mesurant à sa juste valeur la confiance ainsi placée en elle, la troupe s’est minutieusement préparée avant de s’envoler le 03 juillet pour Alger.
En l’absence du Pr Jean-Pierre Guingané, retenu par une mission de l’UNESCO à Paris, c’est son assistante, Estelle P. Songré qui a conduit la délégation, forte de 14 membres, à Alger.

Elle était assistée dans sa tâche, de Luca G. M. Fusi, metteur en scène et Saïdou Alceny Barry, animateur de la rubrique « Projecteurs » de L’Observateur Paalga.
A Alger, Le théâtre de la Fraternité a été logé à l’hôtel El Marsa où il a pu disposer d’un espace de répétition qui lui a permis de poursuivre son travail de mise en condition jusqu’à sa prestation du jeudi 09 juillet 2009 à 20h30 au Théâtre national algérien (TNA). C’est dans une salle du TNA archicomble que le théâtre de la Fraternité du Burkina Faso s’est produit ce soir-là. Tout au long de la représentation, le public est resté accroché aux lèvres et aux gestes des comédiens burkinabé qui ont su faire étalage de leur savoir- faire artistique. La fin du spectacle a été accueillie par une salve d’applaudissements, un « standing ovation » d’une salle visiblement convaincue par la qualité du spectacle produit.

A partir de ce 09 juillet, les comédiens burkinabè du théâtre de la Fraternité allaient passer de l’anonymat (due à la discrétion observée depuis leur arrivée à Alger) à la célébrité. Les sollicitations étaient nombreuses et permanentes. Partout, on les interpellait, on les saluait, on les congratulait. Preuve que la vraie notoriété, au théâtre, c’est la scène qui la confère. Quand, à l’occasion de rencontres continentales de cette envergure, une troupe de théâtre burkinabè porte aussi haut les couleurs nationales, cela mérite d’être salué à sa juste valeur. La deuxième manifestation qui a directement impliqué un membre de la délégation du théâtre de la Fraternité à Alger, a été le colloque sur le théâtre africain.

Colloque au cours duquel Saïdou Alcény Barry a présenté une communication intitulée « Théâtre au Burkina Faso : un théâtre à la recherche d’un ancrage culturel ». Le conférencier a montré, en partant de l’exemple burkinabè, comment les créateurs, en théâtre, puisaient leur inspiration, à la fois, des sources traditionnelles et modernes.
La troisième manifestation qui a concerné le théâtre burkinabè a été le grand hommage rendu au TNA, le 06 juillet 2009, à l’ouverture du volet théâtre du PANAF, à un certain nombre de personnalités théâtrales africaines dont l’action a marqué, de manière positive, le théâtre africain depuis le PANAF 1969. Outre les artistes magrébins, cette liste comportait les personnalités suivantes :

 Sotigui Kouyaté (Burkina Faso),
 Jean Pierre Daogo Guingané (Burkina Faso),
 Ali Mehdi (Soudan),
 Koulsy Lamko (Tchad),
 Bernard B. Dadié (Côte- d’Ivoire),
 Sidiki Bakaba (Côte- d’Ivoire),
 Ousmane Diakhaté (Sénégal),
 Wolé Soyinka ( Nigéria),

Le Pr Guingané qui, pour des raisons de calendrier, ne pouvait pas être à Alger durant tout le festival, a dû venir de Paris, sur demande expresse des autorités algériennes, pour recevoir l’hommage qui lui a été rendu avant de repartir poursuivre sa mission à l’UNESCO.
Une fois encore, deux grands noms du théâtre burkinabè, figurent parmi les plus grands du continent africain. Cela mérite également, à notre avis, d’être salué et porté à la connaissance de tous ceux qui se soucient de l’image de notre pays à l’extérieur car ce n’est pas très souvent que les nôtres sont l’objet d’une telle reconnaissance.

Sotigui Kouyaté, assisté de Assane Kouyaté, était à Alger, sur invitation spéciale des plus hautes autorités algériennes. Sa troupe a donné, le 17 juillet 2009, un spectacle qui est venu conforter la position honorable du théâtre burkinabè dans le concert du théâtre africain. La présence de Sotigui Kouyaté, le doyen du théâtre burkinabè, suffisait, à elle seule, àrendre celle de notre pays forte. Le doyen a été heureux de constater que la relève est bien préparée. L’Algérie a réussi l’exploit de réunir, à nouveau, presque toute l’Afrique culturelle et artistique. Nous devons en être reconnaissant à ce pays qui a encore relevé un défi hors pair : celui d’investir dans la culture au moment où, ailleurs, sous le prétexte de la crise économique et financière, on enlève les moyens de travail aux gens de la culture.

La délégation du théâtre de la Fraternité tient à exprimer sa reconnaissance à Mamadou Sérémé, ambassadeur du Burkina Faso en Algérie pour sa présence effective à ses côtés, aussi bien à la cérémonie d’hommage à Sotigui Kouyaté et Jean Pierre D. Guingané qu’au cours des spectacles donnés par leurs troupes. Elle tient aussi à remercier les autorités de l’Université de Ouagadougou dont le soutien lui a permis d’être effectivement présente à Alger et d’y avoir porté haut le flambeau du 4e art burkinabè.

Estelle P. SONGRE, Chef de mission (E-mail : songre_estelle@yahoo.fr)

Sidwaya