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Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Rood Woko : Vie presque ordinaire d’un marché africain

Publié le mardi 11 août 2009 à 01h55min

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Se pourrait-il qu’ils aient raison, ceux qui soutiennent que, pour que le marché central de Ouagadougou retrouve son lustre et sa prospérité d’antan, il faut qu’il y règne une certaine dose de désordre ? La situation qui est en train de se réinstaller à Rood Woko, quelques mois après sa réouverture, n’est pas pour leur donner tort. En effet, les consignes de sécurité édictées le 16 avril dernier, jour de la reprise officielle des activités marchandes, sont battues en brèche progressivement. La preuve ? La zone pavée, qui entoure l’édifice, et qui, normalement, était interdite à la circulation routière, est au fur et à mesure, allègrement violée quotidiennement. De même, la cuvette centrale est désormais envahie par les marchands ambulants, contrairement au cahier des charges. Immersion dans cette ambiance bon marché.

« …Le marché !..., le vent soufflant la puanteur. …dans tous ses grouillements, vacarmes et mille éclats. Comme dans un tam-tam de fête, tout frétillait et tournoyait, le braillement des voitures qui viraient, les appels et les cris de marchands qui s’égosillaient et gesticulaient comme des frondeurs. Les acheteuses, les ménagères, ces sollicitées partaient, revenaient, se courbaient, sourdes aux appels, placides. Les toits des hangars accrochés les uns aux autres multipliaient, modelaient et gonflaient tout ce vacarme d’essaim d’abeilles, d’où cette impression d’être couvert comme un poussin sous une calebasse qu’on battrait ». C’est en ces termes qu’Ahmadou Kourouma décrivait, dans un style coloré, l’ambiance d’un marché africain dans son célèbre roman « Les Soleils des indépendances ».

Comme transporté par une brise de la mousson africaine, cette description nous est revenue en mémoire alors que nous nous plongions dans la cuvette de Rood Woko en ce week-end marquant le début du mois d’août de l’année en cours.

Un début de bordel

En effet, quoique relooké, reconstruit nouvellement, et rouvert récemment, l’ambiance qui règne dans les artères du marché central de Ouagadougou n’a rien à envier à celle dépeinte par le défunt auteur ivoirien. Le bourdonnement et le foisonnement sont les premières impressions qui vous happent à l’entrée principale. Marchands ambulants, clients, commerçants et mendiants vont et viennent dans une certaine cohue.

Devant les boutiques regorgeant de marchandises, leurs propriétaires devisent, assis, qui sur des chaises, qui sur des tabourets ou des bancs, voire à même le sol. Parmi eux, Kassoum Konaté, vendeur d’objets d’art qui, à défaut de clients, a la visite d’un petit groupe de garibous. Le plus courageux d’entre eux s’approche du commerçant et lui tend la boîte de tomate concentrée vide qui lui sert de sébile, en quête d’un geste de générosité.

Mais le marchand se contenta de lui répondre en dioula : « Que Dieu donne à ceux qui vont te donner ! » On ne peut être plus explicite ! D’ailleurs, le gamin rejoint sa bande et ils continuent leur route sans demander leur reste. « Ça ne marche pas vraiment pour l’instant, nous confie Kassoum, pour se justifier. Et du matin au soir, on voit défiler des dizaines de mendiants de tout âge. Alors, on ne peut pas se permettre d’être généreux avec eux tous, au risque de prendre leur place à la longue. »

De par le bruit de ses ciseaux, qu’il claque entre ses doigts, Ousséini Kanazoé est repérable de loin par les potentiels clients qui veulent bien se faire rogner les ongles. Il a deux compagnons de fortune, Ali, le plus grand, qui tient à l’épaule son mini-commerce en bois où sont disposés chewing-gums, cigarettes et cartes de recharge téléphoniques et Seydou, le plus jeune, tenant une balance ; ils forment un trio assez atypique de marchands ambulants.

Savent-ils qu’en principe l’accès du marché leur est interdit ? « Oui, mais comme personne ne nous a arrêtés à la porte, on en profite pour gagner quelques sous », répondent les trois adolescents, qui s’installent ensuite à l’angle d’une allée pour reprendre des forces. Là, comme s’ils s’étaient donné rendez-vous, plusieurs vendeurs et autres gueux se retrouvent, éreintés par leur périple à l’intérieur du marché.

A quelques mètres d’eux, une femme du service d’entretien, munie d’un balai à manche et d’une pelle, rassemble quelques ordures qu’elle entasse dans un récipient en plastique. Elle se déplace pour répéter la même action un peu plus loin.

Sous le couvert de l’anonymat, elle nous confie que son travail est des plus harassants, car les commerçants, peu soucieux de la propreté des lieux, jettent le plus souvent n’importe comment leurs déchets : « Alors, on balaie, on balaie et on rébalaie à longueur de journée ! », conclut-elle, préconisant, avant de s’en aller, l’installation de poubelles dans chaque allée.

Ironie du sort, la blouse rouge, qu’elle arbore, porte l’inscription « Le Balai automatique ». Pour le couple Ernest et Delhia Sanogo, visitant pour la première fois, bras dessus bras dessous, le marché, depuis sa réouverture, Rood Woko recommence à sentir comme avant.

Mme Sanogo, infirmière, estime que l’on y fait de meilleures affaires, certains commerçants ne marchandant plus très longtemps avant de céder. M. et Mme Sanogo sont interceptés par un jeune homme qui leur barre la route du bras droit en lâchant : « Tonton, Tantie, ne cherchez plus ! J’ai tout ce qu’il vous faut et moins cher ! » Insensibles à ces paroles de marketing, M. et Mme Sanogo poursuivent leur visite. « Je suis un businessman ! », nous explique leur vis-à-vis du nom d’Oumarou Dao.

En fait, sans boutique, il se charge de racoler les clients afin de les diriger vers les boutiques de commerçants partenaires, contre un pourcentage sur chaque article vendu grâce à son entregent. Généralement, les commerciaux d’un autre genre, comme lui, qui pullulent dans les marchés, sont surnommés « kocksers » [NDLR : déformation du terme anglais coach] et sont assimilés à de petits escrocs.

Mais n’allez surtout pas le dire à Oumarou, car il hausse le ton dès qu’on en parle et répète obstinément : « Je ne suis pas un kockser, je suis un businessman. Un point, mille traits ! ». Un journaliste pouvant cacher un client, notre « homme d’affaires » se calme rapidement pour faire de nous sa cible. « C’est pas grave que vous soyez en plein travail, moi aussi je le suis. Vieux père, venez juste jeter un coup d’œil ! », répond-il, convaincant face à notre refus, dans le français approximatif qu’est le sien.

Et nous voilà embarqué dans un slalom entre les marchandises étalées devant les boutiques, précédé par notre guide, qui ne manque pas de vérifier, à chaque fois, si nous sommes bien toujours sur ses pas. Notre randonnée s’arrête devant un commerce d’habits.

« Y a de jolies chemises qui vont à merveille avec votre teint », nous déclare, tout de go, le propriétaire, en décrochant une chemise marron qu’il nous présente : « Allez-y, touchez voir ! C’est en pur coton et je peux vous la laisser moins cher ». Contrairement à ce qu’il affirme, le froissement du tissu sous nos doigts nous fait douter de sa véritable teneur en « or blanc ».

Nous prenons donc gentiment congé d’eux. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Oumarou Dao nous lance en guise d’au revoir : « Au moins, vous connaissez le coin et on vous fera un bon prix quand vous allez revenir. Bonne journée ! ». Il ne manque pas de demander aussi à son « vieux père » de quoi fumer une cigarette.

Quelques mètres à peine, nous tombons sur une dizaine de personnes tout de vert vêtues. Ils font la promotion d’une certaine marque de dentifrice. S’agirait-il des policiers infiltrés dont parlait le commandant de la police municipale (NDLR : lire l’interview du Commandant Clément Ouango) ?

Peut-être bien, quand on sait que le camouflage est la première règle de réussite d’une telle opération d’infiltration. Au niveau supérieur, un mouvement insolite attire notre attention. Tandis que dans l’allée, toutes les autres boutiques sont soit fermées, soit complètement vides, celle d’El Hadj Issa Belem est pleine à craquer.

Le vendeur prend part, lui-même, au chargement de deux charrettes stationnées devant son étal. Un carton de savons entre les mains, il nous confirme, sourire aux lèvres, que les affaires marchent bien depuis que l’accès à la rue piétonne est libre aux engins : « Avant, le transport de mes marchandises était difficile et, de ce fait, les clients prenaient seulement de petites quantités.

Imaginez combien de personnes il me fallait engager pour transporter mes articles jusqu’aux camions de livraison qui stationnaient vers la LONAB. Maintenant, les chauffeurs peuvent garer leurs véhicules à côté de la porte principale, et c’est plus facile de charger. Honnêtement, les affaires reprennent de plus belle. » Même son de cloche chez Oumou Diallo, vendeuse de textile, venue acheter de la viande dans les étals des bouchers. Pour elle, la facilité d’accès au marché aidera à booster leurs ventes.

La reprise des affaires au grand marché, Séverin Poda, lui, la trouve assez timide. Professeur dans un lycée de la place, il est venu faire ses emplettes en prévision d’un prochain départ sur Bobo-Dioulasso : « Comme ce sont les vacances, j’en profite pour aller rendre visite à la famille. Les achats que j’ai faits sont quelques cadeaux pour faire plaisir aux enfants là-bas. A mon avis, c’est peut-être dû aux troubles de ces derniers temps, mais le marché est morose. 4 mois après sa réouverture, on est encore bien loin de la grande affluence d’avant ».

Si elle est bien du même avis sur la morosité de l’ambiance de Rood Woko, Mariam Ilboudo du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), elle, reste optimiste quant au fait que cela changera positivement au fil des jours.

Y venant pour la deuxième fois, elle se pose néanmoins des questions sur la sécurité des lieux au regard de l’apparente exiguïté des allées : « Il m’a tout l’air que les espaces entre les boutiques dans les allées secondaires sont plus réduits qu’avant. Ce qui fait qu’on y est à l’étroit contrairement aux artères principales. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette situation me fait froid dans le dos quant au futur du marché ».

Incivisme rime avec affluence et bonnes affaires

Dans les guérites des policiers aux quatre coins de l’édifice, des maçons sont à pied d’œuvre pour effacer les traces laissées par les échauffourées du 9 juillet 2009. Les forces de l’ordre sont visiblement moins nombreuses qu’auparavant. En témoigne leur quasi-absence au niveau des plusieurs entrées du marché central. Les effectifs sont plus importants devant la maisonnette portant l’écriteau Police, où certains bavardent pendant que d’autres s’affrontent dans des jeux de société.

La circulation sur la rue pavée d’où les barrières de sécurité ont été vandalisées est laissée à elle-même. Au grand bonheur des usagers qui déambulent, le plus naturellement du monde, avec les engins à 2 ou à 4 roues. Certains semblent même y prendre un plaisir. C’est le cas de François Nignan, tout fringant au guidon de la mobylette communément appelée « C’est le moment ».

Il est visiblement tout heureux de la possibilité à lui offerte de prendre un raccourci en coupant par la rue pavée : « Regardez un peu les détours que je faisais avant pour aller de la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) à la Bourse du travail. Maintenant je n’ai plus qu’à prendre tout droit à partir du commissariat central [NDLR : drôle de provenance et de point de repère pour quelqu’un qui fait fi des règles de sécurité routière]. C’est tellement simple ! », nous explique-t-il en traçant dans les airs son nouvel itinéraire.

A l’en croire, il gagnerait ainsi beaucoup plus de temps tout en économisant son argent destiné au carburant. Dans le vrombissement de son engin, il accélère et poursuit sa route à vive allure. Toutefois, si l’on suit jusqu’au bout la logique de François, on en viendrait à supprimer les feux tricolores, les stops et autres panneaux de signalisation afin de laisser les ouagavillois vaquer tranquillement et rapidement à leurs occupations.

Hypothèse ubuesque, fort heureusement. Cette densité de la circulation autour du marché n’est pas pour déplaire aux agents du Parking de l’amitié, situé à gauche du monument qui trône à l’entrée principale de la cuvette commerciale de la capitale. En effet, pour le gérant du parking, Nasser Trazogodo, tout va mieux avec l’absence des barrières qui permet à ses clients de pouvoir accéder avec leurs engins à son aire de stationnement.

Mais en bon commerçant nébuleux sur ses affaires, il se refuse à nous communiquer tout chiffre sur le nombre de motos qu’il parque quotidiennement. A 11h tapantes, en tout cas, son parking comptait déjà une bonne soixantaine de motos et une vingtaine de vélos. Ceux qui possèdent des établissements tout autour tirent également satisfaction de la reprise des affaires.

A l’image de Mahamadi Koanda qui tient une mercerie du côté de la pharmacie Diawara. « Il y a effectivement un peu plus de clients depuis la réouverture, raconte-t-il. Il faut savoir que la période actuelle, comme c’est le cas chaque année, ne se prête pas à de bonnes affaires. Avec l’ouverture de la rue pavée, nos clients ne se plaignent plus de la difficulté d’accès à la boutique. Leur affluence nous laisse augurer de bonnes ventes à venir ».

La libre circulation des engins est également saluée par son voisin Salif Baguian. Grossiste en produits divers, ce dernier témoigne de la faible clientèle qu’entraînaient les barrières de sécurité : « On ne réalise pas de grands chiffres d’affaires pour l’instant, car les clients hésitaient à venir à cause de mesures restrictives de sécurité. En attendant qu’ils reviennent avec la levée, on passe le temps à lire L’Observateur Paalga », dit-il en exhibant un exemplaire du journal.

Dans la rangée de boutiques destinées aux entreprises, sise en face de l’auberge Eau vive, seul un kiosque de la nationale des jeux de hasard est ouvert. « Je ne savais pas qu’il y avait une maison de chevaux ici ! », s’exclame en mooré un inconditionnel du PMU’B avant de s’engouffrer dans le vestibule.

Au dire des gérants, Abdoulaye Tarnagda et Aïchatou Ouédraogo, ils sont une centaine à venir, par jour, tenter leur chance. Leur solitude dans l’allée s’explique, selon eux, par le manque d’électricité dans les échoppes, qui tarde à venir. Ils sont interrompus par un parieur, qui leur tend un bout de papier sur lequel sont marquées ses combinaisons, tout en leur précisant de ne pas oublier le couplé.

« Excusez, faut jouer vite parce que… », presse-t-il les deux agents, en leur indiquant sa montre. Sans doute, ce marchand turfiste, souhaite-t-il rejoindre, sans délai, ses activités commerciales afin de renflouer éventuellement sa caisse. Les Anglais ne disent-ils pas, justement, que : « Time is money ! », c’est-à-dire le temps c’est de l’argent ? Le temps !

C’est vraisemblablement ce qui reste à Rood Woko pour revivre de plus belle, tels ses congénères africains. Quoique le spectre d’un certain mardi noir (1) plane toujours sur lui, si la mentalité « Raag biga », caractérisée par le laisser-aller empreint d’insécurité, devait reprendre le dessus.

(1) Le mardi 27 mai 2003 survenait l’incendie du marché

Hyacinthe Sanou & Bénédicte Toé (stagiaires)


Ex-installés anarchiques du marché :

« Songez à nous lors des prochaines réattributions ! »

Ils sont surnommés « Les oubliés de la réattribution ». Eux, ce sont les ex-installés anarchiques du marché central d’avant son incendie, dont certains se sont regroupés au sein de l’Association Sougr Noome Wendé. N’ayant pas été attributaires de boutiques à la réouverture de Rood Woko, ils demandent qu’on tienne compte d’eux lors des prochaines réattributions. C’est en tout cas, ce qui ressort de l’entretien que nous a accordé le président de l’Association, Rasmané Sawadogo, que nous avons reçu, accompagné de son secrétaire général, Seyni Sankara, le vendredi 31 juillet 2009, à notre rédaction.

Combien de membres compte votre association et comment a-t-elle vu le jour ?

Sougr Noome Wendé a été créée, il y a environ 4 mois et compte près de 2700 membres. Nous sommes tous des commerçants installés au sein du marché central avant son incendie. Nous représentons pourtant environ les 2/3 des occupants de l’ancien Rood Woko, installés anarchiquement. Après la catastrophe de mai 2003, nous nous sommes dispersés et la majorité d’entre nous, se sont installés au Marché du secteur 10. Depuis la réouverture, aucun membre n’a pu bénéficier d’une place lors des réattributions. Nous sommes donc obligés, actuellement, de louer les boutiques que nous occupons à l’intérieur du Grand marché.

Qu’avez-vous eu à entreprendre comme démarches ?

Dans un premier temps, nous avons entrepris de rencontrer des autorités pour leur expliquer notre cas. C’est dans ce cadre que nous avons demandé une audience auprès du maire Simon Compaoré. Son adjoint nous a effectivement reçus et a écouté nos doléances. Nous avons aussi rencontré d’autres associations de commerçants pour leur expliquer le but que nous poursuivons.

Vous avez eu à rencontrer le Moogho Naaba. Quelle suite a été donnée à votre visite ?

Il a beaucoup apprécié le fait que nous nous soyons réunis au sein d’une association et qu’on ait choisi le dialogue comme cheval de bataille. Il a promis de faire de son mieux pour que notre situation soit prise en compte par les autorités et la mairie.

A présent, quelles sont vos attentes ?

Ce ne sont pas des attentes, parlons plutôt d’espérance. Avant tout, il faut préciser que nous ne voulons pas la bagarre. Nous voulons tout simplement demander que chacun de nos membres puisse être attributaire d’une boutique afin de contribuer à la reprise des activités économiques au sein du marché. Nous prions Dieu pour qu’il donne la force à nos autorités afin qu’ils songent à nous lors des prochaines réattributions.

Propos recueillis par H.S. et B.T.


Même son de cloche à la direction du marché

A la suite du Commandant Ouango, s’il y a une autre personne qui soutient que la solution sécuritaire est actuellement l’objet de concertations entre les autorités municipales et différentes parties prenantes, c’est bien le directeur du marché central, Amadou Saoud Sondé.

Ce dernier confirme également que cette solution sera globale et ne concernera pas seulement le Grand marché, mais aussi ces zones riveraines. Pour ce qui concerne l’opération de réattributions, Amadou Saoud Sondé se veut rassurant, car ils auraient franchi le cap de 96% de contrats signés. Ce qui donne l’impression que le marché est morose, selon lui, c’est sa relative faible occupation. A ce propos, il ajoute qu’ils seraient à 86,5% de boutiques occupées.

Qu’en est-il du sort des ex-installés anarchiques de Rood Woko avant son incendie ? Réponse du directeur : « Il faut savoir que la réfection du marché a prévu 406 places en plus qui ont été attribués aux associations de commerçants à sa réouverture. Maintenant, à cause de leur nombre élevé, plus de 2000, il est logique que certains ex-installés anarchiques n’aient pas pu bénéficier d’échoppes. Cependant, la Régie autonome de gestion des équipements marchands (RAGEM) a prévu leur réinstallation au niveau des autres marchés où plus d’un millier d’étals leur ont été réservés. »

Au dire de M. Sondé, la question de l’électricité à l’intérieur du marché est également en cours de règlement : « Le fait est que lors de la fermeture de l’édifice, des arriérés de factures et des redevances se sont accumulés au niveau de la SONABEL, et n’ont pas encore été réglés par les commerçants. Fort heureusement, nous avons trouvé un consensus avec la SONABEL et ce n’est plus qu’une question de jours avant que le marché retrouve l’électricité, le temps que cela se concrétise techniquement sur le terrain. »

H.S. et B.T.


Clément Ouango, Commandant de la Police municipale

« Une solution globale est en voie pour résoudre la question sécuritaire »

Au sujet du laisser-aller qui prévaut actuellement à Rood Woko, le Commandant de la Police municipale, Clément Ouango, assure qu’entre les différentes parties prenantes et la mairie de Ouagadougou, des concertations sont en cours pour ramener la sécurité au Grand marché. La solution, qui est en voie, selon lui, sera globale.

Combien d’agents comptez-vous actuellement au sein du marché ?

Notre effectif de 50 personnes n’a pas changé. Ces agents occupent toujours leur poste au marché. Sauf que nous avons ajouté maintenant une dizaine de policiers en civil à l’intérieur pour rechercher des informations.

Pourquoi ce laisser-aller malgré tout avec des marchands ambulants qui ont accès au marché et la circulation sur la rue pavée ?

Il n’y a pas de marchands ambulants à l’intérieur du marché, c’est aux alentours que les gens forcent pour chercher à vendre. D’ici là, je l’ai dit, une solution sera trouvée. Cette solution, qui est en voie, devra être globale, car le problème ne se pose pas seulement au niveau du marché. Il y a tout un ensemble de marchands ambulants qui sont dans les environs ou carrément du côté de « Ouaga pas cher », de la poissonnerie ou de la station Total.

Il nous faut donc traiter le problème de façon générale, sinon les alentours continueront de causer des soucis. Il va sans dire qu’il faut trouver en sus des solutions alternatives pour tout ce beau monde qu’il y a dans ces endroits difficiles et que nous souhaitons déloger. Il faut que l’Etat s’assume de toute façon, car à l’impossible nul n’est tenu. Le maire est présentement en concertation avec les associations de commerçants, les syndicats, etc., pour trouver une issue consensuelle, et dans une ou deux semaines les résultats seront connus.

Dans l’immédiat, quelles mesures sont prises ?

Vous voyez que nous avons changé les installations sécuritaires à Rood Woko. C’est-à-dire qu’entre autres, à la place des barrières sécuritaires sur la rue pavée, nous avons mis des plots en béton dont on est sûr qu’on ne pourra pas les ôter. C’est là une des solutions drastiques qui sont prises pour décourager les éventuels fauteurs de troubles, le temps qu’on puisse mettre la main sur ceux qui sont à l’origine des dégâts.

En ce qui concerne les parkings, nous avons augmenté leur capacité du côté nord. Tout cela vise à aider les commerçants sans cautionner un laisser-aller. Bien d’autres mesures vont suivre pour pérenniser le climat apaisé au niveau du marché. Il faut aussi noter qu’un policier ne décide pas des mesures de sécurité, il ne fait qu’appliquer les ordres qui lui sont donnés.

Y a-t-il déjà eu des cas de vols ou d’autres exactions ?

Pas à ma connaissance. Il faut savoir que la police municipale est là pour assurer la sécurité le jour. Lorsque le marché ferme la nuit, ce sont les agents de la société de gardiennage qui prennent le relais. Ils ferment les portes et en gardent les clés. Les vigiles assurent la sécurité à ce moment-là. Comme il y a un poste de police au sein du marché, une permanence y est, bien sûr, assurée par une équipe de nuit. En cas de situation problématique, les policiers appuient les vigiles si le besoin se fait sentir.

Vous avez évoqué les dégâts engendrés par la journée mouvementée du 9 juillet 2009. Les responsabilités, à ce jour, ont-elles pu être situées ?

La procédure est en cours avec le concours de la mairie de Ouagadougou. Personnellement, je n’ai pas encore d’informations là-dessus, d’autant plus que cela ne relève plus de la compétence de la police municipale, mais de celle des services judiciaires. Nous attendons donc les conclusions, qui ne sauraient tardées.

Propos recueillis par H.S. et B.T.

L’Observateur Paalga

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