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PRESIDENTIELLE EN COTE D’IVOIRE : La CEI donne des signes d’inquiétudes

Publié le vendredi 7 août 2009 à 01h06min

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La date du premier tour du scrutin présidentiel ivoirien est depuis un certain temps bien connue, reconnue, officielle. Mais en ce moment, se présente un couac, un nouveau et un de plus, qui pourrait tout chambouler et remettre en cause ce que de nombreuses personnes, par leur implication ardue ainsi que leur incessante abnégation, auront contribué à construire, dans le but de tirer la Côte d’Ivoire d’une crise qui la paralyse depuis de longues années déjà. La pomme de discorde semble bien être le traitement des données informatiques. A ce sujet, la CEI et la CNSI (...) affichent de profonds désaccords.

Et cela, à trois semaines de la publication de la liste provisoire, et à quatre mois du premier tour du scrutin présidentiel. Cette divergence de points de vue a, décidément, de quoi inquiéter légitimement.

La différence de langage est patente. Alors que pour la CEI, tout baigne dans l’huile et que les deux opérateurs chargés de réaliser techniquement et de manière conjointe la liste électorale, se sont engagés à livrer ladite liste électorale au plus tard le 24 août 2009, ce n’est pas du tout le même optimisme du côté de la Commission nationale de supervision de l’identification (CNSI). Car, ici, on déplore "qu’à ce jour, pour des raisons purement techniques, plus de la moitié des centres de coordination, pourtant destinés au traitement des données, restent encore non fonctionnels". On y évoque de même des questions d’indemnités non payées aux personnels recrutés pour l’opération d’enrôlement, et qui constituent une source de menaces pour l’achèvement du travail à accomplir. Elle conclut son constat par un sombre présage : "Les retards constatés risquent d’éloigner davantage les Ivoiriens du respect de la date du 29 novembre, fixée pour le premier tour de l’élection présidentielle". Alors, élections ou pas élections à la date prévue ? On attendra bien de voir. Mais à n’en point douter, cette divergence de vues affichée par la CEI et la CNSI s’apparente à une cacophonie qui n’est pas pour rassurer les uns et les autres quant à la tenue effective de ces élections que l’on aura maintes et maintes fois déjà reportées.

Et ce, à tel point que l’on se demande si, après tout, il n’y avait pas du vrai dans les récents propos du président français qui ont eu le don de susciter l’ire de plus d’un du côté de la lagune Ebrié. Car, on ne peut empêcher certains de penser que ce énième couac était de toute façon prévisible, peut-être même planifié, et qu’il a pour visée finale de retarder une fois de plus des élections maintes fois annoncées mais régulièrement et sans cesse reculées, au grand désarroi de certains Ivoiriens, sans doute, mais pour la plus grande satisfaction d’autres Ivoiriens. Qui, sommes toutes, ont toutes les bonnes raisons de se délecter du fait de la non-tenue d’un scrutin, après tout, bien encombrant pour eux. Car, au final, on est en droit de se demander si les difficultés rencontrées à ce jour par la CNSI n’étaient pas prévisibles. Et si oui, qu’a-t-on fait pour y remédier. Que des centres restent non fonctionnels pour des raisons techniques, ou que l’on manque de finances pour honorer

les salaires du personnel, tout cela peut paraître insignifiant s’il concernait un quelconque événement d’une importance mineure. Mais s’agissant d’une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, c’est tout simplement renversant. Car, après tout, les Ivoiriens dans leur immense majorité conviennent d’un point, en dépit de divergences politiques ou idéologiques : le scrutin présidentiel est d’une absolue nécessité. Alors ? Comment peut-on se payer le luxe de laisser paraître de si malheureux grains de sable capables d’enrayer la marche d’une machine dont le bon fonctionnement devrait arracher la Côte d’Ivoire de la longue nuit de violence et de déchirement ? Doit-on y voir un manque réel de volonté du pouvoir en place d’aller aux élections ? Car, après tout et mine de rien, Gbagbo, depuis qu’il est installé à la tête du pays en 2002, aura bénéficié de larges bonus, et cela sans qu’on puisse l’accuser d’avoir tordu le cou à la Constitution. De plus, un récent sondage lui donne archi-favori de la présidentielle à venir. Qui plus, est, du côté du pouvoir, on a toujours dit et répété à l’envi qu’on n’avait aucune envie, aucun intérêt à bloquer ou à voir traîner les choses. Et pourtant, elles traînent. Ce tout dernier couac vient malheureusement le confirmer.

Reste à savoir ce qu’en penseront les uns et les autres. En tout premier lieu, peut-être, le Facilitateur qui se sera investi corps et âme dans une entreprise en laquelle il avait de toute évidence foi. Qu’en penseront Bédié et Alassane Ouattara, eux dont on sait qu’ils ont régulièrement soupçonné que tout n’était pas vraiment mis en oeuvre par le cercle du pouvoir, pour la tenue de cette présidentielle pour laquelle ils sont en lice ? Quelle sera enfin l’attitude de la population ivoirienne dans son ensemble ? Un fois de plus, il faudra attendre pour le savoir. Mais une chose est sûre. Dans cette sortie de crise, la sagesse conseille sans doute d’éviter de jouer de bien inutiles prolongations. Car la politique du Tango, qui fait un pas en avant pour deux autres en arrière ne fera pas éternellement illusion. Elle peut même finir par irriter. Pour le moment, les Ivoiriens attendent et espèrent une date : celle du 29 novembre 2009.

"Le Pays"

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