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5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

Publié le mardi 4 août 2009 à 21h53min

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5 août 1960, la Haute-Volta accédait à la souveraineté internationale, sous la présidence du président Maurice Yaméogo. Une indépendance certes arrachée de hautes luttes par des personnalités comme Louis Ouezzin Coulibaly qui, hélas, est parti sans avoir à vivre cet événement exceptionnel. Mais une indépendance que d’aucuns qualifient de paquet-cadeau offert par la métropole-mère, puisqu’à y regarder de près, c’est entre le 1er et le 7 août que les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest, à l’exception de la Guinée Conakry, ont accédé à cette indépendance. Comme si la France avait fait le tour pour distribuer ces autodéterminations !

Qu’ont apporté les indépendances ? On peut revisiter l’œuvre littéraire d’Ahmadou Kourouma Le soleil des indépendances, ou adopter une autre lecture de cette autonomie, sans jamais en épuiser tous les ressorts. Du reste, depuis des décennies certains tentent de redonner une seconde indépendance, « la vraie, économique et politique » à leurs pays. Sont de ceux-là les révolutionnaires burkinabè du 4 août 1983.

Ce jour-là, des militaires, trentenaires pour la plupart, avec à leur tête le capitaine Thomas Sankara, s’étaient emparés du pouvoir et avaient instauré la Révolution démocratique et populaire (RDP). Une révolution qui aura duré 4 petites années et qui, comme toute révolution, a croqué à belles dents ses enfants. 23 années de distance séparent ces deux dates qui ont marqué la vie politique de notre pays.

Depuis quelques années, avec la retenue du 5 août comme férié et chômé au détriment du 4, la polémique n’en finit pas d’alimenter les conversations chaque fois en ce mois de pleine saison des pluies. La raison, les analyses comparatives aboutissent toujours à des résultats divergents selon qu’on a été révolutionnaire reconverti en démocrate ou qu’on a souffert le martyr durant le passage du Conseil national de la Révolution (CNR). Alexis de Tocqueville, un des auteurs emblématiques du comparatisme, a essayé de mettre à nu la tyrannie de la majorité en démocratie(1).

Tenter de faire un parallèle entre les deux dates ci-dessus mentionnées, c’est s’essayer à pareil exercice, qui n’est pas à l’abri de critiques, tant le sujet divise toujours “le Pays des hommes intègres”. Le 5 août, avec la Haute-Volta, renvoie à un peuple besogneux, mais rien de plus. A la limite, si on prononçait le nom de Haute-Volta, cela sonnait comme un Dom-Tom français ou le nom d’un produit.

Autant dire que le nom était, à la limite, d’une banalité déconcertante. Par contre, le 4 août avait la tonalité d’une personnalité bien typée, en bien comme en mal, à la personne de Sankara, mais également celle d’un pays qui émerge de cette banalité. Le 4 août renvoie aussi à la mise en exergue de la jeunesse et à la prise de décisions originales.

On pouvait ne pas être d’accord avec ce qui s’y passait, mais le caractère valorisant du pays a été incontestable sur le plan international et géopolitique à partir de cette date. Une telle date ne méritait-elle pas d’être commémorée comme il se doit ? Si, pendant quelques années, les autorités actuelles ont voulu contenté les partisans du 4 et du 5 août, elles ont fini par retenir la seconde date, qui semblait plus consensuelle. Car si la Révolution a été d’un apport certain au Burkina, elle divise toujours les Burkinabè.

Et c’est sans doute cette raison qui a prévalu. Mais le fait même que ceux qui sont aujourd’hui ont voulu rectifier cette révolution qui a été dévoyée, ils ne pouvaient pas, en toute logique, continuer à la célébrer. Il faudra peut-être un jour trouver la formule juste pour marquer ces deux dates qui font partie de l’Histoire du Burkina, une histoire dont les pages ne sont jamais blanches, comme le disait Hegel voyant l’ennemi envahir sa Prusse natale. (1) In De la démocratie en Amérique d’Alexis de Tocqueville

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2009 à 08:49 En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    Daniel Ouezzin Coulibaly plutot et non Louis Ouezzin Coulibaly !

  • Le 4 août 2009 à 11:19, par douroudimi En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    salut
    COMMENT UN JOURNALISTE DE LA TRAME DE ZOUNGRANA DIEUDONNE PEUT-IL SE TROMPER SUR LE NOM D’UNE DES PERSONNAGE EMBLEMATIQUE DE LA HAUTE-VOLTA / BURKINA FASO ? SACHEZ QU’IL Y A DES ERREUR IMPARDONNABLE QUAND VOUS ECRIVEZ. SOYEZ PLUS RIGOUREUX DANS VOTRE METIER ET ON VOUS RESPECTERA. FRATERNELLEMENT

  • Le 4 août 2009 à 11:21, par S. Daouda En réponse à : La révolution était la rectification de la dépendance voilée

    De toutes les façon le journaliste essait tant bien que mal de le dire : les deux dates ne sont pas comparables.
    C’est juste la coïncidence (4 et 5) qui fait que le rapporchement est fait.

    A la révolution, Thomas SANKARA à montrer à l’Afrique qu’elle n’a aucune raison de sombrer dans le fatalisme. « 
    C’était ça la rectification de l’indépendance, cette dépendance voilée »

    Il a dit à l’Afrique et au Burkina : oui nous pouvons, car rien n’est perdu.

    Il y a une idée latente dans l’esprit de beaucoup d’Africains qui consiste à croire que nous sommes pauvres. Personne n’est pauvre à part celui qui le croit.

    Aujourd’hui avec la mort de Thomas et la venue de Blaise COMPAORE, nous sommes retombés das la même bétise : à savoir qu’au BURKINA, on est tellement pauvre, qu’il est interdit d’être ambitieux. Et les discours récents de certains ministres le confirme.

    C’est bien sûr par une prise de conscience, mais surtout par des actions résultantes que nous atteindrons l’équilibre.

    Cordialement

  • Le 4 août 2009 à 12:00, par Paris Rawa En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    La nature de cette polémique du 4/5 août a quelque chose en commun avec celles du 15 octobre (assassinat de Sankara/présidence de Blaise) et du 13 décembre (assassinat de Norbert Zongo). Ces 3 polémiques persistent à gaspiller les énergies du Burkina, simplement parce que le régime actuel ne peut pas contribuer à faire, au niveau national, un bilan-inventaire suffisamment objectif de la Révolution du 4 août. Tout le monde sait que les hommes qui sont à la tête de ce régime, ayant été à la fois, les premiers acteurs et les héritiers de la Révolution (RDP), sont naturellement disqualifiés pour la réalisation heureuse d’un tel bilan ? Ces polémiques sont trop coûteuses en paix sociale, en démocratie apaisée, en énergie intellectuelle, en temps et en argent. Elles ne prendront fin qu’avec une véritable alternance qui permettrait au Burkina de tourner définitivement la page politique de la Révolution pour pouvoir en tirer froidement les leçons en termes de stratégie de d’autonomie, de développement, d’intégration panafricaine et d’influence internationale. C’est exactement ce que le Ghana (ses hommes politiques) a fait de sa Révolution jumelle de la nôtre.

  • Le 4 août 2009 à 12:43, par D. Omar Abdel Kader TANI En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    Merci pour l’article. Je suis un jeune Burkinabè vivant et travaillant en Côte d’Ivoire. Au temps de la Révolution, j’étais au primaire et à la mort de Tom Sank, j’étais au collègue. Personnellement, j’opte pour la célébration du 4 août qui marque notre renaissance vis-à-vis des nations soeurs indépendantes. Mais j’ai une remarque à vous faire : je crois que Ouezzin Coulibaly est prénommé aussi Daniel et non Louis. Ou bien, je me trompe ? Merci. TANI

  • Le 4 août 2009 à 13:55 En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    Jusque là les gens tergiversent beaucoup sur le sujet .Mais pour nous jeunes certes ceux d’avant le quatre août ont leur raison .Mais quant on a vu comment des jeunes militaires commes civils qui se sont battus pour l’avenement d’une ère nouvelle c’est à dire la vraie independance du 4août on devrait certes accorder à cette journée toute son importance.quite à la déclarer ferié comme le 5août.il ne faudrais pas que la les gens cherchent à deshabiller le burkina de ses vertus rassembleurs.Posez vous la question à savoir pourquoi bcp chantent l’hymne de la victoire en terminanat par la patrie ou la mort nous vaincrons ? Nous avons tjrs notre leader Blaise à notre tête et pour rien au monde nous n,oublierons son oeuvre salvateur.

  • Le 4 août 2009 à 15:25, par François En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    Le titre de l’oeuvre d’Ahmadou KOUROUMA est "Les soleils des indépendances".

  • Le 4 août 2009 à 21:26 En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    Reponse a Dieudonne Zoungrana :

    La Haute Volta etait d’ une banalite ? Je crois qu’ il ne faut pas affirmer certaines choses avec cette banalite legere- la. La Huate- Volta etait la Terre des Hommes (DeGaulle). La HV a ete la premiere a mettre en ballotage un president de la republique en 1978. Mieux, en Haute Volta, des freres ne se sont jamais tires dessus pour des idees politiques, sauf que ca commencer a tuier dans ce pays des qu’ on sentait venir le Burkina Faso. Dieudonne, un peu de memoire historique. J’aime le Burkina Faso pour son histoire que nous devons aussi assumer, mais croire qu’ il a suffi d’ un 4 Aout pour entrer dans l’ histoire, vous voulez estampiller cette meme histoire. la. Du reset, ce ne sont pas des martiens qui ont fait l ;a revolution. Ils vivaint dans la meme HV- la et etaient aussi des acteurs meme s’ ils n’avaient pas le pouvoir.

  • Le 4 août 2009 à 22:39, par Tapsoba en hollande En réponse à : 5 août 60 et 4 août 83 : Deux dates et une polémique

    Mon precedent message n est pas passe mais je reviens quand meme.je voudrais qu on m eclaire la lanterne.A savoir, la difference entre le 5 aout et le 11decembre.Car ces deux dates me portent trop a confusion ou bien j ai mal assimile mes lecons d histoire.Merci d avance !

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