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GOUVERNANCE POLITIQUE AU BURKINA : "Un dîner de gala sans le peuple"

Publié le lundi 3 août 2009 à 02h25min

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Le Cercle d’éveil donne, ici, sa lecture du débat né de la proposition de changement de régime constitutionnelle faite par salif Diallo.

Le régime présidentiel en vigueur au Burkina Faso est un régime politique fort autoritaire où tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’un seul homme, dont la seule responsabilité, est de parvenir à chaque élection, à monopoliser le suffrage des électeurs (dont plus de la moitié sont des militants du Congrès pour la démocratie et le progrès, parti au pouvoir). Ce régime a été à l’origine concocté sur le modèle français par un aréopage d’éminents juristes et d’hommes politiques burkinabè de service, et modifié de besoin, par le président et le parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), dans le seul but de préserver le pouvoir et tous ses rouages entre les mains du même clan.

Malgré toutes les démonstrations et les agitations de relation publique auxquelles sont conviées toutes les instances internationales banques mondiales, Organisation des Nations unies et ses démembrements en tête, ce régime n’a jamais eu d’autres fins que de préserver la place de chacun de ses barons autour de la mangeoire où le président distribue les places au gré de ses intérêts et de ses envies.

Aujourd’hui, ce pouvoir fort autoritaire est tout simplement en train de s’étrangler parce que les ambitions et les intérêts politiques (mais surtout socio-économiques) des différents barons s’exacerbent au risque de faire exploser tout le système comme toute organisation de ce type. Un régime politique ne peut survivre au désordre qu’il génère lui-même car la condition de sa survie est d’aboutir à un nouvel ordre, autrement dit, à un nouvel équilibre des passions et des ambitions du clan au pouvoir. Dans cet exercice de diversion constitutionnel, le peuple n’a évidement pas sa place, ni le développement du pays, parce que le problème essentiel ce n’est pas que :
- nos enfants puissent manger à leur faim ;
- aient accès à des soins de santé décents ;
- aillent à l’école ;
- que notre économie prospère, que nos étudiants trouvent du travail et un avenir radieux.

La préoccupation première des barons du régime, est de continuer à prélever sur la misère assistée des populations, la dîme dont ils ont besoin pour continuer à s’enrichir eux, à enrichir leurs amis et leurs familles. C’est dans ce contexte qu’intervient la proposition de l’un des barons de ce régime, Monsieur Salif Diallo dont les appétits ont été contrariés entre autres, par d’autres barons du régime actuellement plus en odeur de sainteté que lui et qui cherchent par tous les moyens à préserver sa place autour de la mangeoire. Comme il ne veut pas le faire à n’importe quel prix en restant en position de faiblesse, il s’est fendu d’une proposition qui, pour l’essentiel, cherche à lui redonner une position politique qu’il n’a plus et accessoirement à redorer son blason auprès du président.

En effet, instaurer un régime parlementaire au Burkina Faso reviendrait à répartir le pouvoir entre ces différents barons sur la base de leurs implantations régionales ce qui leur permettrait, grâce à un jeu d’alliances, de faire et de défaire l’exécutif d’un Premier ministre pantin. On l’aura compris, il ne s’agit pas de renforcer la démocratie mais de réformer une nouvelle fois les institutions au profit de ceux qui ont porté à bout de bras ce régime pendant plus de vingt (20) ans.

De la part de Monsieur Diallo, on peut aussi supposer que c’est une tape amicale empreinte de gratitude qu’il adresse au président du Faso en ce sens que celui-ci préserve sa fonction, son rôle, son poids, son influence pour gérer le microcosme politique ad vitam aeternam tout en restant parfaitement irresponsable devant les acteurs du monde politique et le peuple. D’une façon très élégante, monsieur Diallo dit au président du Faso que tout doit changer sauf lui, ce qui à terme devrait bien lui être payé par un retour en grâce avec en prime sans doute, une meilleure place autour de la mangeoire. Dans tout ce micmac politico- constitutionnel, ne cherchez pas la place du peuple, notre intérêt à tous, ce qui se passe aujourd’hui, ne nous concerne pas, ne changera rien à notre vie quotidienne. Depuis plus de deux décennies, notre gouvernance politique ressemble à un dîner de galla auquel le peuple n’a jamais été convié et qui butte aujourd’hui sur cette question fondamentale de savoir s’il faut manger le poulet avec une fourchette ou un couteau.

Ce qui est sûr, c’est que le poulet sera mangé par les mêmes gens du même clan que notre régime soit présidentiel, semi présidentiel, ou semi parlementaire ou tout autre trouvaille politico-juridico- constitutionnelle de façade, pour faire croire au peuple qu’il s’agit d’un approfondissement de la démocratie. Machiavel dont Monsieur Diallo passe pour être l’un des meilleurs disciples ne dit-il pas que « gouverner c’est faire croire » ?

Pour le Comité Exécutif du Cercle d’Eveil

Le Président Evariste Faustin KONSIMBO

Le Pays

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