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Immeubles wèrè-wèrè à Simonville

Publié le vendredi 31 juillet 2009 à 01h57min

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Quand la brique se fâche, les fondations se remuent, les murs se lézardent et les immeubles s’écroulent... Surtout lorsque le sable, en quantité inquantifiable dans le business de fabrication, « deale » avec le ciment, finalement pas si fort que ça ! Les pauvres victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer, pendant que Simonville voit ses buildings en chantier tomber, un à un, comme des châteaux de cartes...

Un immeuble en construction qui tombe, là-bas, au loin, dans le quartier simonvillageois de Kourittenga, et on crie à la fatalité. « C’est l’homme qui a peur, sinon y a rien », disaient-ils, lorsqu’ils élevaient les murs à la hâte, pendant que le ciment ne cimente plus rien. Et, après le drame, on se confond en « yel kayé », en se remettant au Dieu, seul responsable de tous les maux. Et de toutes les grâces. Mais voilà qu’un deuxième immeuble, en construction lui aussi, s’écroule sur la belle avenue de Simonville sans crier gare, la même nuit. Catastrophe !

Parlera-t-on encore longtemps de ces drames ou les rangera-t-on bientôt, ainsi qu’on en a souvent l’habitude, dans la catégorie des « affaires classées », pour vaillamment se remettre à construire, brique effritée après brique remplie de sable, des R+Infini sans solide fondation ? Il y a du travail à faire pour rendre hommage aux victimes de cette situation intolérable, qui rappelle, une fois encore, les autorités compétentes à leurs grandes responsabilités. On éviterait ainsi que d’innocentes personnes meurent bêtement, et/ou se blessent gravement et gratuitement, parce que quelqu’un s’est permis de jouer à l’apprenti-constructeur pour se rapprocher davantage du ciel.

Par-delà la question du contrôle des matériaux de construction utilisés pour élever les murs dans la cité, qui doivent répondre à des normes strictes en fonction du type de bâtiment que l’on rêve d’ériger, tous les acteurs de la chaîne de construction doivent se sentir concernés par cette affaire. D’abord, en effet, la fabrication du ciment et du fer, ainsi que de tout matériau - sable, gravillon, etc. - mais aussi la nature et la configuration du sol et du sous-sol, et même du ciel, ne doivent souffrir d’aucune négligence. Ensuite, propriétaires, architectes, chefs de chantiers, entrepreneurs, contremaîtres, etc. ont l’obligation de rechercher la qualité et la sécurité, sous l’œil sévère du Laboratoire national du bâtiment, chargé de tout « laboratiser » avant que pelles et truelles ne brassent tout ça...

Seulement, voilà ! Ici, on aime tellement les raccourcis que, bien souvent, les matériaux de construction sont « dealés » nuitamment, et les quantités de ci et de ça, conséquemment réduites ici et là, servent à ériger un nouveau château brinquebalant ailleurs. Et comme personne ne tape du poing sur la table, le « yel kayé » et l’impunité règnent en maîtres, au grand dam de pauvres hères qui se retrouvent six pieds sous terre alors qu’ils ne demandaient qu’à élever des briques en paix pour gagner leur pitance.

Grands dieux ! Il ne fait pas bon circuler aux abords des bâtiments en construction de Simonville, dè ! La prochaine fois que quelqu’un me fait un topo de construction d’une case, je fais peser chacun des sacs de ciment qu’il utilise et je jauge, vite fait, la quantité de sable qu’il noie dans mon béton. Et même pour le fer... Et même pour le banco... Même dans la vie... Et alors !

Le Journal du Jeudi

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