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Affaire Salif Diallo : “Tsunami politique au CDP”

Publié le vendredi 31 juillet 2009 à 01h58min

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L’interview de Salif Diallo, ancien vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et ambassadeur du Burkina à Vienne, n’en finit pas de susciter des commentaires. Pour l’auteur de l’écrit qui suit, cette sortie médiatique de “cette bête politique” a le mérite d’avoir soulagé les Burkinabè “qui désespéraiet de voir notre pays glisser progressivement vers la monarchisation du pouvoir sans que personne n’ose lever le petit doigt au sein du parti majoritaire”.

On lira par ailleurs des déclarations de l’Union nationale pour l’indépendance et la solidarité (UNIS) et du Cercle d’éveil, association de culture civique et de défense des droits humains et sociaux (CE.E.EU.), sur le même sujet.

“Curieux destin pour cet homme politique qui s’est sacrifié et a donné toute sa vie à son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) : nous voulons parler bien sûr de Salif Diallo. Artisans de toutes les victoires de son parti, mais aussi homme de toutes les mauvaises situations et des coups tordus, assurément, Salif Diallo était le remède de toutes les difficultés que rencontrait la IVe République. Il est indéniable qu’il aura marqué de son empreinte la scène politique nationale burkinabè.

Ce monsieur a représenté, jusqu’ici, le prototype même de ce qu’on appelle une bête politique, entièrement dévouée au mégaparti au pouvoir. C’est cet homme hors du commun qui affronte aujourd’hui un processus de descente aux enfers, suite à la courageuse interview qu’il a accordée au quotidien l’Observateur paalga.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que date le processus de patrimonialisation du pouvoir d’Etat. Depuis le début de la crise consécutive à l’assassinat de Norbert Zongo, nous observons que le CDP ne trouve que des “solutions” de fuites en avant, qui montrent aujourd’hui leurs limites.

On se souviendra que déjà en 2000, le Parti national des patriotes (PNP), à travers son président, Zon Tahirou Ibrahim, avait proposé un programme de sortie de crise. Ce programme, que nous avions entièrement conçu, a été pris en compte et mis en œuvre par le chef de l’Etat et le CDP. Mais, en son temps, cet acte patriotique que nous avons posé ne nous a valu aucune reconnaissance ni félicitations, encore moins une décoration.

Par des tours de passe-passe, le CDP s’est octroyé la paternité de ce programme de sortie de crise : “Collège de sages”, “la Commission ad hoc” puis “la Journée nationale de pardon”, etc. Et pourtant, le CDP regorge de cadres et d’intellectuels, qui étaient comme tétanisés par la crise et n’osaient rien proposer comme solution.

Aujourd’hui, la case du CDP semble avoir pris feu, mais les intellectuels de ce parti continuent de faire du surplace et laissent pourrir la situation. Ils ne proposent rien, bien que tout le monde soit conscient que tout va mal. L’interview de Salif Diallo est venue soulager les Burkinabè, qui désespéraient de voir notre pays glisser progressivement vers la monarchisation et la patrimonialisation du pouvoir, sans que personne n’ose lever le petit doigt au sein du parti majoritaire.

Toutefois, Salif Diallo n’a innové en rien. Bien avant les propositions de réformes formulées aujourd’hui par Salif Diallo, l’on se souviendra encore qu’il y a quelques années déjà, monsieur Koné T. Christian et monsieur Zon Tahirou Ibrahim, respectivement présidents du PNR/JV et du FPC Yélémani, dans un “Mémorandum sur la situation politique nationale”, avaient formulé des propositions pour qu’un modus vivendi soit trouvé entre le pouvoir et l’opposition et que l’on convienne, tous ensemble, d’aménager une sortie honorable à Blaise Compaoré.

Nous soutenions, comme le reconnaît aujourd’hui Salif Diallo, que “la question de l’alternance n’est pas une question taboue qu’il faut contourner”. Quelqu’un a dit que dans nos cimetières reposent de nombreuses personnes que l’on considérait comme “indispensables” voire “irremplaçables”. Nous savons bien qu’après leur inhumation, la vie continue.

Il y a une évidence

Notre proposition était fondée sur une évidence : Blaise Compaoré n’accepterait jamais l’alternance et encore moins de quitter le pouvoir, si on ne lui garantissait pas une retraite paisible et qu’il ne serait pas inquiété ni poursuivi en justice pour les raisons que nous savons. En son temps, ce document avait été largement distribué à toutes les formations politiques, aux chancelleries à Ouagadougou et même à quelques personnalités étrangères. Il est heureux de constater que ces idées ont fait du progrès, y compris au sein même du CDP.

Salif Diallo n’a fait que reprendre ces idées. Mais il est obligé aujourd’hui d’aller encore plus loin, car le contexte actuel de la vie politique nationale n’autorise plus que l’on se limite à des demi-mesures, mais que l’on procède à des réformes en profondeur pour mettre notre démocratie à l’abri de toute régression vers la personnalisation et la patrimonialisation du pouvoir et de la chose publique.

S’il est vérifié que Salif Diallo a effectivement discuté plusieurs fois de ces propositions avec le chef de l’Etat et aussi avec le président du parti, il est curieux que ses idées ne soient pas sérieusement examinées par des instances du parti, mais que de surcroît on ne songe qu’à le sanctionner.

Il représente l’excellence en politique

Le CDP regorge de cadres et d’intellectuels valables capables de trouver des idées pour sauver notre pays des affres d’une guerre civile, de cadres capables de comprendre ce que dit Salif Diallo, à savoir que “ce n’est pas parce qu’une idée est émise par l’opposition qu’elle est forcément mauvaise et à écarter”. L’ère d’une opposition politique qu’il faut diaboliser et écraser à tout prix est aujourd’hui révolue. Le Burkina Faso appartient à tous ses fils.

Si aujourd’hui, l’un des hommes que l’ont peut considérer comme le plus politique du CDP en arrive à proposer un programme politique qui peut sauver le pays, qu’y a-t-il de mauvais en cela et où le bât blesse-t-il ? Nous disons qu’il n’y a rien de mal en cela. Bien au contraire. Faut-il s’accrocher au devoir de réserve et attendre que le pays tout entier prenne feu ? Le CDP est conscient que son système est aujourd’hui dépassé.

Tous les Burkinabè ont vu récemment notre voisin le Ghana recevoir des félicitations de grands hommes de la planète pour sa bonne pratique de la démocratie. Nous devons oser copier ce qu’il y a de mieux pour notre pays, c’est-à-dire la vraie démocratie, au lieu de tendre vers la monarchie.

Nos dirigeants nous poussent à l’excellence dans nos administrations, dans nos entreprises, dans tous les domaines. Mais à quand l’excellence dans le domaine politique ? A quand la vraie démocratie ? En effet, le problème de fond qui est posé est bien celui de l’avenir de notre processus démocratique au regard des pratiques actuelles.

Le CDP devrait se féliciter de compter en son sein un homme politique de la trempe de Salif Diallo, qui accepte de se remettre en cause, qui admet que l’on puisse renoncer à ses propres privilèges égoïstes, qui ose réfléchir et souhaiter ce qu’il y a de mieux pour le Burikina Faso. S’il prône aujourd’hui la tolérance, le respect des adversaires en politique et le sens du pardon, que désirer de plus ?

Il représente à nos yeux l’excellence en politique en comparaison avec ceux qui s’accrochent à des idées surannées et à leurs seuls privilèges. Nous sommes sûr que ce monsieur compte de très nombreux partisans au sein de son parti. Le traitement qui lui est fait aujourd’hui au sein de son parti est un véritable tsunami, un très mauvais présage pour le CDP. Assurément, ce parti va vers sa chute.

On se rend bien compte que la tolérance que le pouvoir prône sur tous les tons n’est pas appliquée par lui-même et son parti au pouvoir. Il y a lieu de craindre pour notre avenir : la paix et la stabilité du Burkina Faso se jouent aujourd’hui. L’histoire retiendra et nous donnera raison.

Zon Tahirou Ibrahim, Président du FPC Yélémani

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 1er août 2009 à 00:11 En réponse à : Affaire Salif Diallo : “Tsunami politique au CDP”

    Je partage parfaitement l’opinion de cet auteur. Je pense que le passé de notre pays ne doit pas être un frein au bien être des générations futures. Il est évident que Blaise va s’accrocher au pouvoir jusqu’à son dernier souffle tant qu’il n’est pas rassuré d’une sortie honorable. Sachons faire des compromis pour l’intérêt suprême des générations futures. L’Afrique du Sud a su le faire. Même si les propos de Salif sont motivés par des rivalités internes, il reste quand même qu’ils interpellent à la réflexion sur la situation de la nation. Nous savons tous l’état lamentable dans lequel se trouve notre démocratie. Le professeur Loada l’a même souligné. Le chemin sur le quel nous sommes est celui initialement suivi par Moboutou. Prenons garde que nos intérêts politiques et nos rancoeurs ne mettent le pays dans un cul de sac. L’HOMME

  • Le 1er août 2009 à 17:33, par USA En réponse à : Affaire Salif Diallo : “Tsunami politique au CDP”

    cet article est une tempete dans un verre d’eau. Titré comme un boulet de cannon mais d’une generalisation decevante.

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