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Résolution de la crise togolaise : Blaise Compaoré rapproche à nouveau les protagonistes

Publié le jeudi 30 juillet 2009 à 03h04min

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Opposées les unes aux autres par des divergences ouvertement exprimées, les forces politiques togolaises ont unanimement exprimé, entre autres, leur vœu de poursuivre et de renforcer le dialogue en vue de réaliser le consensus sur l’essentiel pour une normalisation de la vie sociopolitique au Togo, grâce à la médiation du président Blaise Compaoré qui s’est rendu, mardi 28 juillet 2009 à Lomé.

Aussitôt à l’aéroport même, le président Blaise Compaoré a eu un tête-à-tête avec son hôte du jour, le président Faure Gnassingbé, avant de le revoir longuement dans le nouveau palais de la présidence togolaise. Le président semble avoir tout prévu pour réussir sa mission d’une journée.
Accueilli peu après 9 heures à l’aéroport international de Lomé par son homologue togolais en présence des populations (burkinabè et togolaises) sorties nombreuses pour la circonstance, le président Compaoré a reçu les honneurs dus à son rang. Les honneurs militaires et le bain de foule qui ont essentiellement marqué cet accueil à grande pompe, n’ont pas fait oublier le motif de la mission.

Dès qu’il a pris pied dans l’une des maisons des hôtes à la cité de l’OUA, le facilitateur a entamé la série des audiences en rencontrant successivement, la délégation des partenaires au développement composée des membres de l’Union européenne, des ambassades accréditées au Togo, du PNUD et de la CEDEAO, les partis politiques, toutes tendances confondues (opposition radicale, modérée, mouvance présidentielle), la société civile et les membres du Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC).

La délégation des partenaires au développement qui a ouvert le bal des audiences, n’a pas tari d’éloges à l’endroit du facilitateur. Elle a souhaité que l’élection présidentielle prévue pour se tenir entre février et mars 2010, se déroule dans des conditions de transparence, de régularité et qu’elle permette effectivement, à l’ensemble des Togolais d’exprimer leur choix en toute quiétude et en toute régularité. “Nous avons échangé avec lui sur ses regroupements qui ont trait à la préparation de cette élection présidentielle, aux conditions qui seraient à réunir pour assurer la pleine préparation et un déroulement assez optimal de cette élection”, a souligné le chef de la délégation des partenaires au développement, l’ambassadeur de France au Togo, Dominique Renaux.

Du reste, le porte-parole de la délégation qui croit aux efforts de médiation du président Compaoré, est persuadé qu’avec l’ensemble des partenaires au développement et des forces associées à l’Accord politique global (APG), une solution sera trouvée aux différents points d’achoppement. Les partenaires au développement plaident pour une consolidation de la bonne gouvernance et de la démocratie afin de sortir le pays de l’impasse. Avec une croissance économique qui tourne autour de 2,6% par an, ce pays de 56 785 km2 de superficie et 5 millions d’habitants, a un produit intérieur brut par habitant chiffré à 300 dollars par an. Selon les statistiques de la Banque mondiale, en 2005, son PIB était de 1,9 milliard de dollars US. Les partenaires préconisent un pacte social et politique afin de permettre une relance économique. L’économie du pays repose essentiellement sur le commerce de transit, le secteur agricole et l’exploitation du phosphate.

Réaliser le consensus sur l’essentiel

Les protagonistes de la crise togolaise trouvent que le processus de sortie de crise est grippé et ils appellent à la reprise du dialogue et au consensus pour une élection présidentielle apaisée. Le porte-parole de la délégation des partenaires au développement, Dominique Renaux, reconnaît qu’il y a une série de points pour l’instant, qui n’ont pas encore été complètement convenus et sur lesquels il y a certains points de vue différents. “Je pense que c’est un débat qui est tout à fait normal et je crois qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter”.

Les principaux partis d’opposition, à savoir l’Union des forces du changement (UFC), de Gilchrist Olympio et le Comité d’action pour le renouveau (CAR), de Yawovi Agboyibo, ont laissé entendre que les échanges avec le facilitateur ont permis d’identifier le problème-clé qui constitue le blocage, à savoir la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). “Les partis de l’opposition dite parlementaires ne veulent pas être en minorité dans cette CENI, parce que la CENI joue un rôle crucial non seulement dans l’organisation et la supervision des élections, mais aussi dans l’annonce des résultats des élections”, a relevé Gilchrist Olympio, précisant que la CENI doit être équilibrée à tous les points de vue sur les plans arithmétique et politique.

En rappel, l’UFC et le CAR ont quitté, il y a quelques mois, le Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPDC) dont ils étaient membres. Ils justifient leur retrait par le fait qu’en juin 2009, un décret présidentiel, de façon “unilatérale”, a élargi ses membres en y incluant désormais des membres de partis politiques de l’opposition extra parlementaire et de la société civile.
Rappelant que cette élection présidentielle de 2010 est cruciale, Dodzi Apevon a souhaité qu’elle ne se termine pas dans le sang. C’est pourquoi, il milite pour que les conditions d’organisation de ces élections soient faites de telle manière que tout le monde s’y retrouve.

L’UFC et le CAR protestent contre le fait que seuls les 44 députés du Rassemblement du peuple togolais (RPT-pouvoir) à l’Assemblée nationale ont adopté la loi portant modification du code électoral. L’une des dispositions importantes modifiées porte sur la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Elle est désormais composée de 17 membres contre 19 dans le précédent code : 5 pour la mouvance présidentielle, 5 pour l’opposition parlementaire, 3 pour l’opposition extra parlementaire, 3 pour la société civile et 1 pour l’administration. Ces partis d’opposition trouvent que les discussions ont commencé et vont se poursuivre jusqu’à ce qu’on trouve une solution acceptable pour tout le monde avant de reprendre leur place au sein de la CENI. Le président du Parti démocratique pour le renouveau (PDR-opposition modérée), Zarifou Ayeva fustige, quant à lui, la mauvaise foi des acteurs politiques qui veulent tantôt ceci, tantôt son contraire. Il les invite plutôt à s’organiser pour que leurs idées “convergent” afin d’avoir le même entendement, la même compréhension des textes qu’ils ont pris ensemble. Pour le PDR, l’essentiel est de permettre aux populations des villes et des campagnes de mieux vivre. Il a invité par conséquent, les acteurs politiques à un examen de conscience, un sursaut d’amour propre, au regard de l’état de délabrement avancé du pays, pour que le pays avance.

Confiance renouvelée au président Compaoré

Les partis politiques, toutes tendances confondues, ainsi que la société civile et les partenaires au développement, ont renouvelé leur confiance au président du Faso pour sa facilitation au Togo depuis plus d’une quinzaine d’années. Saluant les efforts fournis par le président Compaoré pour résoudre la crise togolaise, le porte-parole de la délégation des partenaires a insisté sur le fait que la communauté internationale, en particulier l’Union européenne, soutient “fermement” le facilitateur dans sa mission de facilitation qu’il exerce sous la couverture du mandat qui lui a été renouvelé récemment par la CEDEAO. Pour le représentant du CAR, Dodzi Apevon, le facilitateur a joué un rôle important dans le passé et c’est pour cela que les Togolais continuent de croire que dans la phase actuelle de leur processus, il est important que le président Blaise Compaoré soit là.

“Quand nous l’avons rencontré, nous avons senti que c’est un président déterminé à faire en sorte qu’on n’aille plus à des élections à problèmes demain au Togo”, a dit M. Apevon. Abondant dans le même sens, le président de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), le Pr Léopold Gnininvi a reconnu que le président Compaoré est au chevet du Togo depuis plus de 15 ans et que chaque fois qu’il a été sollicité, il s’est investi pour trouver une solution au problème qu’on a pu lui présenter. “Je crois qu’il est dans le même état d’esprit et peut être très bientôt, il reprendra du travail. Le secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT), Solitoki Esso a, pour sa part, remercié le président du Faso pour tout ce qu’il a fait pour contribuer à apaiser le peuple togolais et à aider à la résolution de la crise togolaise.

Issa SOMA, Envoyé spécial à Lomé

Sidwaya

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