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Nouvelle constitution nigérienne : Sacre de Tandja 1er, tsar du Ténéré

Publié le jeudi 30 juillet 2009 à 03h03min

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Le 4 août 2009, les Nigériens iront aux urnes. Par la seule volonté du président actuel, Mamadou Tandja. Pour se prononcer, c’est là un bien gros mot, sur une nouvelle constitution qui consacrera l’avènement de la VIe République. Cette révision constitutionnelle, on le sait, procède de la lubie d’un chef d’Etat de voir son mandat prolongé au-delà de l’échéance, pourtant impérative, que lui impose l’actuelle loi fondamentale.

« Puisque la présente loi ne nous le permet, alors, nous la changerons par une autre, comme nous l’autorisent les prérogatives présidentielles », se sont, opportunément et cyniquement, prévalus les Tazartchés, les enragés de la cause de la prolongation. Ainsi donc, naquit un nouveau corpus constitutionnel, fruit de l’esprit machiavélique des nègres de service de l’homme fort de Niamey. Quelle forme d’organisation du pouvoir politique consacre cette nouvelle constitution ? De jure, un régime présidentiel, mais de facto, un système présidentialiste, si ce n’est l’absolutisme tsariste. En un mot comme en mille, un recul démocratique. Jugez-en vous-même. Dans sa version finale, le projet de constitution stipule que le président de la République est à la fois chef du gouvernement, chef de l’Administration, chef suprême des armées et chef du Conseil supérieur de la Magistrature. Alors que la loi fondamentale actuelle, bientôt caduque, confère au président la fonction de chef de l’Etat, et au Premier ministre celle de chef du gouvernement. Une sorte d’exécutif bicéphale souci de diversification des canaux du pouvoir.

La clause limitative du nombre de mandats présidentiels (2 fois non renouvelable) est désormais une disposition digne d’un musée, estiment les concepteurs du nouveau texte de loi.

Comble d’iniquité, le projet de constitution prévoit, noir sur blanc, la prolongation de trois ans du mandat de Mamadou Tandja. En son article 154, il précise : « Le président de la République en exercice reste en fonction jusqu’à l’élection présidentielle qui aura lieu en décembre 2O12. Cet article ne peut faire l’objet d’une révision (sic) ».

On se croirait à l’époque de la Russie tsariste. Comme on peut le constater, la VIe République, réclamée à cor et à cri par cette meute de Tazartchés chauffés à blanc par des marchands d’illusions, oui, cette République-là, n’est rien d’autre qu’une mise sous coupe réglée d’une démocratie qui avait pourtant valeur d’exemple dans une Afrique peu permissive aux valeurs républicaines.

Elle marque le retour du pays du Ténéré à la conception nabale, cette africânerie qui veut que sous nos cieux, le pouvoir ne supporte point le partage. Un état de fait entretenu par des roitelets avec la complicité d’une horde d’intellectuels dévots. C’est la réalité politique qui prévaut au Togo, au Cameroun, au Gabon, dans les deux Congo, … au Burkina Faso, où la seule évocation du mot « alternance » vaut subversion et entraîne tout ce que cela vaut comme conséquences.

Que Mamadou Tandja et ses Raspoutines du Sahel arrêtent de nous traumatiser le tympan avec les incantations du genre : « trois ans de prolongation pour achever des chantiers ». Achever des chantiers dans un pays, qui plus est le Niger, pays pauvre parmi les plus pauvres de la planète, est une chimère qui ne trompe personne.

De même, qu’ils arrêtent de raconter des fables comme « c’est le peuple qui décidera ». Lorsque, pour une ambition personnelle, on en vient à renvoyer sans ménagement des députés, représentant justement le peuple, à dissoudre un Conseil constitutionnel, symbole à haute valeur républicaine, à prendre des décrets scélérats qui menacent la liberté de la presse …, bref, quand on atteint ce degré d’autoritarisme, c’est que le peuple, on s’en soucie comme d’une guigne. Le tsar Tandja 1er arrive ; prière, s’incliner sur son passage !

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 juillet 2009 à 08:27 En réponse à : Nouvelle constitution nigérienne : Sacre de Tandja 1er, tsar du Ténéré

    Bravo,

    Article de belle facture ; certains pseudo journaleux devraient s’en inspirer car il n’ y a aucune honte d’en apprendre des autres.

    Toute caution à la forfaiture de Tandja par quelque instance (UEMOA, CEDEAO, UA, UE, BM, FMI,...)dirigeant que ce soit devra être sanctionné en ce sens que le Niger devra être suspendu de toutes les institutions et chaque pays devra procéder au rappel de ces diplomates . Si la situation perdure, gel des avoirs de cet obscurantiste et de ses ouailles à l’extérieur...
    Si ce coup de force n’est pas maté et condamné à la hauteur de l’ursupation alors je pense qu’il faudra que l’on cesse de parler de bonne gouvernance, de démocratie,... car ces mots sont universels et celle servie à la sauce nigérienne n’est plus ni moins que du BRIGANDAGE.

  • Le 30 juillet 2009 à 13:08, par Tresor Cache En réponse à : Nouvelle constitution nigérienne : Sacre de Tandja 1er, tsar du Ténéré

    Bon article, sauf qu’il y a confusion de genre : En effet la conception nabale du pouvoir est totalement différente de ce que vous avez écrit. Si on se fit au sens étymologique de ce mot, donc au sens premier, on ne comparerait aucunement la dictature ignoble qui a court au Niger, au Togo,...au Burkina,... a une conception nabale si on sait que la conception nabale se résume dans le Mogho par cette assertion : “Le Naba est comme une poubelle qui reçoit les bons (citoyens), les moins bons et les mauvais - entendez par là les pro, les anti et les neutres-autrement dit les opposants (au sens moderne) et les partisans ; c’est donc un rassembleur. Souvenez vous que j’avais écrit un article-réponse à la même comparaison faite par EO Nakibeogo en 1993 dans le même Observateur Paalga.
    Ce n’est pas non plus une africanerie, car cette manière de faire n’est pas propre à l’Afrique. Je ne vous ferai pas l’injure de citer des cas typiques et même pires dans les autres continents. Evitons donc ces stéréotypes qui influencent négativement le subconscient de notre jeunesse et perpétuent notre aliénation mentale. Tout en m’excusant de cette « réponse frontale », j’espère avoir été bien compris. Courage à vous St Roberspierre pour vos bons reportages, par ailleurs.

  • Le 30 juillet 2009 à 13:31, par nongyele En réponse à : Nouvelle constitution nigérienne : Sacre de Tandja 1er, tsar du Ténéré

    je crois a mon humble avis que ce creuseur de tombe de la democratie nigerienne , celui qui avec ses tares ne poura jamais conduire ce pays qui est aux antipodes du developpement à un lendemain meilleur, sera jugé meilleur que son peuple si jamais il venait à pouvoir mettre son regime retrogradationniste en place au lendemain du 4 août. jeunesse nigerienne, à tes gardes ! vos enfants vous jugerons demain.

  • Le 30 juillet 2009 à 14:31, par SAM En réponse à : Nouvelle constitution nigérienne : Sacre de Tandja 1er, tsar du Ténéré

    L’actualité politique au Niger est la honte de tout un continent.Nous avons assisté à beaucoup de scénariots de nos "rois" pour des règnes à vie,mais ce qui se trame au niger est "NO COMMENT".En même temps que c’est honteux,cela doit aussi nous donner à réflechir car aucun pays n’est à l’abri d’une telle manoeuvre.Nous ne savons pas le scenariot du Burkina àprés 2015.Nous pouvons rétenir que la democratie à fait l’effet contraire dans la plupart des pays en Afrique en maitenant à vie des personnes par des jeux de phrase.Honte à tous ces présidents qui s’acrifient l’avenir des jeunes et de tout un continent pour des richessses qu’ils ne peuvent emporter à leur mort.Notre seul salut doit venir des pays dévelopés qui doivent réagir afin de mettre hors d’état de nuire cette "espèce dévastatrice ".MR les présidents qui veulent des prolongations,sachez que vos fonctions sont une continuité et qu’il ya plein de ressources humaines(et meilleures) pour vous remplacer.

  • Le 30 juillet 2009 à 14:37, par EL En réponse à : Nouvelle constitution nigérienne : Sacre de Tandja 1er, tsar du Ténéré

    Un peu trop facile de raconter des histoires sur ce que l’on ne connait pas.

    Un peu de courage, parlez-nous plutot de la situation Burkinabe qui dure depuis des ... décennies.

    Eh oui ! Là vous êtes aux abonnés absents !

    Arretez donc de supputer sur la situation du Niger qui vous est manifestement inconnue.

    Vous n’êtes à l’évidence pas un ami du Niger, encore moins un amoureux de l’Afrique dans son ensemble d’après vos écrits.

    Mais bon, il faut bien vendre son torchon pour vivre non ?

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