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Santé : Le petit Robert est mort

Publié le mardi 28 juillet 2009 à 00h58min

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Dans l’Observateur paalga du jeudi 25 juin 2009, nous lancions un SOS pour recueillir 350 000 FCFA afin de sauver le petit Robert, qui souffrait d’une hydrocéphalie tétraventriculaire. Une chaîne de solidarité a permis de collecter plus de 1 300 000 F CFA, qui a été remis aux parents de la victime le jeudi 2 juillet dernier à L’Observateur paalga. Tous ces efforts n’ont pas servi à grand-chose, puisque le nourrisson est décédé hier. Le mal qui rongeait son cerveau et qui nécessitait une opération chirurgicale a finalement eu raison de lui. Auparavant, nous avions rencontré son médecin traitant, le Pr Abel Kabré, chef du service de neurochirurgie à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, pour qu’il nous parle de cette horrible maladie.

Le 12 avril 2009, Noëlle Tapsoba, épouse Bouda, donnait naissance à un garçonnet nommé Robert. La venue au monde d’un enfant est un heureux événement. Mais pour le couple Bouda, la joie n’était pas au rendez-vous, puisque le nourrisson présentait les signes d’une maladie qui faisait grossir sa tête. En juin, il est admis à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo de Ouagadougou, où le scanner du cerveau a révélé que le bébé souffrait d’une hydrocéphalie tétraventriculaire ; une pathologie qui nécessite une intervention chirurgicale.

Mais le coût de cette opération n’est pas à la portée des parents de la victime, qui décident de faire appel à la solidarité humaine en lançant un SOS à travers les colonnes de l’Observateur paalga du 25 juin 2009 en vue de réunir la somme de 350 000 FCFA, nécessaire pour ce type d’intervention. De façon prompte, des personnes de bonne volonté ont fait parler leur cœur en ouvrant leur tirelire pour donner des billets ou des pièces d’argent. En l’espace d’une semaine, plus d’un million (1 300 000) de nos francs ont été récoltés et remis à la famille du petit Robert.

Jeudi dernier, nous avons rencontré son médecin traitant, le Pr Abel Kabré, neurochirurgien, dans le but de faire un article sur cette maladie. Voici ce qu’il nous avait dit ce jour-là : “Le cas de Robert pose un certain nombre de problèmes. Il s’agit d’une hydrocéphalie tétraventriculaire liée à une hémorragie du cerveau.

Son liquide céphalo-rachidien est très riche en sang, de telle sorte que, si on met une valve actuellement, elle va très rapidement se boucher et il faudra la rechanger. Si on était dans un pays développé, on ferait une dérivation externe en attendant, que le liquide s’éclaircisse puis on remet la valve. Si elle ne fonctionne pas, on remet une autre. Il y a des gens qui ont 4 ou 5 valves dans la tête. Mais cela coûte cher, car la valve fait 200 000 F CFA.

Face donc à cette difficulté, nous avons opté pour un traitement palliatif, en faisant progressivement des ponctions en attendant car si on lui avait mis la valve tout de suite, elle allait se boucher rapidement et on serait obligé de la changer. Si tout va bien, nous allons procéder à l’intervention chirurgicale la semaine prochaine (NDLR : l’entretien a eu lieu le jeudi 23 juillet 2009)”.

C’est donc en principe à partir d’hier que le Pr Kabré devait envisager d’opérer le cerveau du petit Robert pour tenter de le sauver. Il ne pourra malheureusement plus le faire, puisque le bébé de Sylvain Bouda et de Noëlle Tapsoba a rendu l’âme le lundi 27 juillet. L’Observateur paalga s’associe au deuil de la famille éplorée et lui présente ses condoléances. Il n’oublie pas de réitérer ses remerciements à tous ceux et toutes celles qi ont répondu favorablement au SOS.

Le petit Robert est donc mort de sa maladie, c’est-à-dire de l’hydrocéphalie tétraventriculaire. De quoi s’agit-il au juste ? Un nom rébarbatif, “difficile à exprimer en des termes simples”, avoue le Pr Kabré. Mais retenez que c’est une accumulation de liquide céphalo-rachidien dans les ventricules du cerveau.

“Chez l’enfant, explique le neurochirurgien, le cerveau étant encore malléable, l’hydrocéphalie entraîne une augmentation de son volume. Au niveau de l’adulte, la pathologie est plus dangereuse, puisque le cerveau ne peut plus se développer. Le patient peut en mourir rapidement”. Le Pr Kabré a cité le cas d’une jeune dame sauvée in extremis par une opération chirurgicale qui lui a permis de recouvrer la vue. Elle est en ce moment hospitalisée à Yalgado.

Selon le spécialiste, l’hydrocéphalie est la première cause d’hospitalisation en neurochirurgie pédiatrique. Une étude en cours montre que 105 à 110 cas ont été enregistrés en 5 ans, en interne. Par semaine, indique le Pr Kabré, on dénombre 2 ou 3 victimes de cette pathologie, dont les causes sont à rechercher à plusieurs niveaux.

Mais la principale est d’ordre congénital, liée à certaines malformations du système nerveux central. La maladie peut aussi être due à la méningite et aux conditions d’accouchement de l’enfant où il y a souvent beaucoup d’hémorragies cérébro-méningées qui vont se compliquer en hydrocéphalie tétraventriculaire.

Ces malformations sont détectables avant la naissance du bébé. En Europe, face à un tel diagnostic, on procède à une intervention thérapeutique de la grossesse. “Malheureusement, déplore le professeur, la législation burkinabè ne permet pas cette pratique. Le seul cas où on peut le faire, c’est lorsque la vie de la mère est en danger. Or ici, ce n’est pas la cas”.

La conséquence, c’est qu’on met au monde un bébé malformé dont la prise en charge est un casse-tête chinois pour les parents en raison du coût du traitement et des résultats, parfois mitigés, auxquels on parvient. Autre effet collatéral de cette pathologie : les explications irrationnelles de la maladie, qui peuvent briser le couple ou pousser les parents à laisser l’enfant souffrir jusqu’à la mort.

Il y a lieu de saluer le mérite de Sylvain Bouda qui a sans doute affronté cette épreuve. En plus du cerveau, les complications se localisent au niveau des membres inférieurs, de l’anus et de la vessie. “Il faut souvent opérer le patient au minimum 5 fois avant l’âge de 5 ans”, fait remarquer le neurochirurgien.

Techniquement, tout est possible sur place ici à l’hôpital Yalgado au service de neurochirurgie du Pr Abel Kabré, qui invite les parents à amener rapidement les nouveau-nés à l’hôpital si on leur applique un traitement anti-paludique qui résiste, car leur mal peut cacher des malformations congénitales. Il en est de même pour les agents de santé des zones périphériques, qui doivent envoyer au plus vite les nourrissons au centre hospitalier lorsqu’un cas de maladie les dépasse. Cela permettra de faire un diagnostic précoce du mal.

Ouédraogo Adama Damiss


ENCADRE

La neurochirurgie est la discipline chirurgicale qui est spécialisée dans le système nerveux central et le système nerveux périphérique. Les chirurgiens qui la pratiquent sont appelés des neurochirurgiens. Au Burkina Faso, on compte un seul neurochirurgien en la personne du Pr Abel Kabré. “Considérée comme une spécialité trop spéciale et compte tenu de notre niveau de développement, la neurochirurgie n’était pas une priorité”, a déclaré le spécialiste. “Mais, poursuit-il, on se rend compte que le besoin se fait sentir et on songe à la formation”. Deux étudiants, apprend-on, poursuivent des études dans le domaine pour renforcer l’équipe existante.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 28 juillet 2009 à 09:29, par Un de tes amis d`enfance depuis les USA En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Desole d`apprendre cette triste nouvelle Sylvain..Toutes mes condoleances a toi et a ta femme...

  • Le 28 juillet 2009 à 10:18, par nindja En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Vraiment dramatique !
    Et pourtant tout a été réuni pour contourner les difficultés pour l’opérer (l’argent). Ce qui frappe aux yeux, c’est le temps qui s’est écoulé : un mois à attendre avant l’intervention. Pourtant, le caractère urgent de ce cas a mobilisé les efforts dans des temps repartis. Comment comprendre que le Pr Kabré ait attendu plus d’un mois pour s’exécuter. Même s’il s’averait qu’il a fallu des observations cliniques du nourrisson pour suivre l’évolution de son état, il est indéniable que le spécialiste Kabré ne peut qu’attirer les remords les plus profonds dans cette situation. Dans l’article, il est précisé que ce cas n’est pas isolé. Autrement dit, plus d’une centaine de cas aurait existé par le passé. Dans ces conditions, à quoi peut servir les Retex (retours d’expérience) si l’on est pas en mesure d’anticiper sur les décisions à prendre pour ne pas en arriver à l’irréparable ?
    Même si ma réaction doit être versée dans le domaine de l’émotion, l’on ne peut que regréter parfois la toute puissance de nos spécialistes dans cette attitude de fatalisme. C’est parce que sous nos tropiques, la responsabilité est un vain mot. Sinon comment comprendre que cette affaire, comme parmis tant d’autres, irait alimenter le lot des multiples faits divers du Faso. Il n’aura rien de plus. Et notre tout puissant spécialiste dormira tranquillement et boira sa bière comme d’habitude.
    Au-delà de sa responsabilité, c’est celle même de nos dirigeants qui se trouve interrogée également. Que vaut l’argent face à la vie d’un nourrisson ? Peut-on s’en orgueuillir de l’édification d’une nation prospère et être incapable de parer au plus urgent ? Pourtant, ce sont les petites choses qui montrent la grandeur de l’oeuvre humaine. Il est nul besoin de construire des châteaux et autres édifices pour la postérité si le minimum, la vie de ceux-là même qui sont sensés en bénéficier plus tard est foulée au pied. Ce cas vient démonter, une fois de plus que la politique de santé publique mérite plus qu’on s’y attarde. Je finis mon propos en me rappelant que la fille d’un ancien ministre, évacuée en France dans les années 2000 avait alimentée la chronique au Faso. Le petit Robert lui a des parents pauvres.
    Paix à son l’âme, courage à ses parents.

  • Le 28 juillet 2009 à 10:36, par Sali En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Bonjour. SOS de 350 000 FCFA lancé le 25 juin 2009, 1 300 000 FCFA remis aux parents le 2 juillet 2009, jusqu’à la date de l’entretien le 23 juillet 2009 rien n’était encore fait pour le pauvre,jusqu’à si qu’il rende l’âme le 27 juillet 2009, il y a quand même eu une négligence ou du moins une lenteur notoire qui ne dit pas son nom dans cette opération. L’enfant aurait du être sauvé si les choses étaient allées plus rapidement surtout que ce n’était plus une question de moyens financiers vu l’importance des fonds récoltés grâce à de bonnes volontés.Le SOS n’a pas atteint ses objectifs.De grâce, ne décourageons pas ces bons coeurs qui nous viennent au secours chaque fois que le besoin s’impose. Tous les acteurs( parents,docteurs,agents de santé)doivent être interpellés à justifier ce retard dans les soins du victime. A mon avis l’amour de l’argent a dépassé l’amour d’un être humain dans cette opération. Nous ne voulons plus lire pareille dans l’avenir.

  • Le 28 juillet 2009 à 11:04, par Paré En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Mes sincères condoleances à la famille BOUDA.

  • Le 28 juillet 2009 à 12:26, par elojoie En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Suis vraiment touché.
    Mes condoléances à la famille et surtout du courage.

  • Le 28 juillet 2009 à 12:34 En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Paix à son âme.

  • Le 28 juillet 2009 à 14:21, par Manu En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    petit Robert, Repose en paix.
    le reporter est il sur de ce qu’il avance dans l’encadré ? un seul spécialiste dans ce domaine ? Personnellement j’ai suivi un autre plusieurs fois à santé mag de la RTB, le Pr. Jean Kaboré.....ne serait ce pas lui le spécialiste des nerfs à Yalgado ? je me trompe peut être....

  • Le 28 juillet 2009 à 18:44 En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Toutes mes condoléances et mes encouragements aux parents. Paix à son âme.

  • Le 28 juillet 2009 à 20:32, par Souley En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Mes condoléances les plus sincères aux parents du petit Robert et paix à son âme. Je profite de ce forum pour remercier monsieur ODZALI, homme d’affaire congolais pour sa générosité qui s’est exprimée à travers sa détermination à sauver Robert. En effet,monsieur ODZALI ayant vu, à l’occasion d’un vol dans air Burkina, le journal paalga du 24 juin 2009 ; a aussitôt donné la somme de 350 000 FCA a un stewart afin de sauver le petit.Hélas son destin en a voulu autrement.Encore courage au parent et puisse son âme reposer en paix.
    Souley Ouédraogo, consul honoraire du burkina au congo.

  • Le 28 juillet 2009 à 20:45 En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Tout d’abord, paix à l’âme de ce chérubin ! Puisse le bon Dieu l’accueillir dans son paradis.

    Que c’est difficile d’être pauvre. Ne pas pouvoir soigner son enfant à temps par manque de moyen.

    Braves parents du petit Robert. Pleurez ! Lamentez vous ! C’est votre droit. Sachez que le Bon Dieu saura reconnaître votre combat et votre abnégation !

    Quelle honte pour notre pays !

    Merci à tous ceux qui ont fait parler leur cœur pour le petit Robert.

  • Le 29 juillet 2009 à 08:37 En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    Condoléances à la famille éplorée. C’est une terrible épreuve. Que Dieu Tout-Puissant les assiste et les console de cette perte.

  • Le 29 juillet 2009 à 18:29, par une mère En réponse à : Santé : Le petit Robert est mort

    j’ai les larmes aux yeux en lisant cet article. je ne sais koi dire ; sinon tout remettre à Dieu. j’ai perdu moi aussi mon bébé à yalgado. je compartie à la douleur des parents. paix à son âme et que l’à haut il prie pr ses parents.

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