LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Droits humains : Un continent laisse-guidon

Publié le lundi 27 juillet 2009 à 01h34min

PARTAGER :                          

Le dernier sommet de l’Union africaine (UA) du 1er au 3 juillet à Syrte en Libye, a dû donner un coup de massue aux défenseurs des droits humains sur le continent. A l’instigation de son tonitruant président en exercice, le Guide Mouammar Khaddafi, les pays participants ont menacé d’arrêter toute collaboration avec la Cour pénale internationale (CPI) créée, le 17 juillet 1998, suite à la signature du Traité de Rome pour juger les génocides, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité dans le monde.

L’existence légale de cette juridiction internationale en 2002 a permis de mettre le grapin sur des Africains s’étant illustrés dans des atrocités et des exactions de tous genres dans leurs pays respectifs et au-delà. De ces treize mandats d’arrêts lancés contre des seigneurs de guerre en Ouganda, en République Démocratique du Congo (RDC), en Centrafrique et au Soudan, quatre (Thomas Lubanga, Mathieu Ngudjolo, Germain Katanga, Jean-Pierre Bemba) sont arrêtés et écroués à La Haye au Pays-Bas. Mais c’est le transfert de l’ancien président libérien, Charles Ghankay Taylor à la CPI et le mandat d’arrêt décerné contre le président soudanais, Omar El Béchir qui vont susciter un tollé sur le continent africain. Ses dirigeants se sont rendus compte que l’étau de la justice internationale peut à tout moment, se reserrer autour d’anciens et actuels chefs d’Etat.

Cette frayeur s’est vite traduite par un soutien tacite au leader soudanais et des alibis fallacieux selon lesquels sa poursuite pourrait compromettre les efforts de paix au Darfour. "La justice internationale ne semble appliquer ses règles contre l’impunité qu’en Afrique comme si rien ne se passait ailleurs en Irak, à Gaza, en Colombie ou dans le Caucase", regrette Jean Ping, président de la Commission de l’UA. Les dirigeants africains accusent en grande partie, le procureur de la Cour, l’Argentin Luis Moreno Ocampo, de jeter son dévolu sur leur continent oubliant que son adjointe en charge des poursuites, Fatou Bensouda, est de nationalité gambienne, donc une des leurs. Comme toutes les juridictions du monde, la CPI obéit aussi aux principes dont celui de l’impartialité. Même si les Etats-Unis, la Russie, la Chine et Israël refusent de ratifier le Traité de Rome, 110 Etats dont 30 en Afrique ont accepté l’autorité de la Cour qui a dejà exercé ses compétences dans la guerre des Balkans en arrêtant et en condamnant le président serbe Milan Milutinovic, ainsi que d’autres chefs militaires bosniaques.

Même si la CPI n’est pas parvenue jusque-là à s’imposer sur l’ensemble des pays membres des Nations unies, l’échappatoire selon laquelle elle s’acharne sur l’Afrique est difficilement convaincante. Hormis des considérations propres aux relations internationales axées essentiellement sur des rapports de force à travers lesquels les grandes puissances arrivent à se soustraire habilement de la justice internationale, l’Afrique en quête aujourd’hui d’une voie collective et unanime de développement a intérêt à s’expliquer devant la CPI pour se réconcilier avec ses habitants. L’attitude de Syrte est d’autant pus inquiétante qu’elle peut être lue comme une onction à l’impunité. C’est un piège pour la démocratie à laquelle de nombreux Etats ont adhéré. Le Botswana l’a si bien compris et a exprimé ses réserves vis-à -vis d’une telle décision de l’UA. Elle ouvre la voie à d’autres dérives.

En dehors des deux guerres mondiales, cette partie du monde a quelque part peint la partie la plus sombre de l’histoire récente de l’humanité avec le génocide rwandais, les guerres civiles au Burundi, au Libéria, en Sierra- Leone, en RDC, au Darfour où l’œuvre des milices entretenues par Karthoum a provoqué plus de 200 000 morts ... En l’absence de juridictions nationales, sous-régionales ou continentales fortes en Afrique pour demander des comptes à leurs auteurs, ceux-ci doivent répondre de leurs actes devant la communauté internationale. Après avoir défait l’ancien président tchadien Hissein Habré des filets de la justice belge, l’Etat sénégalais et l’UA éprouvent d’énormes difficultés à organiser son procès en Afrique afin de rendre justice à ses nombreuses victimes. Les dirigeants au Sommet de Syrte devraient commencer par là pour rassurer leurs concitoyens de la possibilité de cette instance continentale de châtier tout Africain qui se serait rendu coupable des crimes punis par la CPI. A contrario, la fugue observée en Libye est loin d’une preuve de solidarité et s’apparente à un reniement collectif et unanime des valeurs humaines universelles.

Si les pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) ont eu la vision de leur temps pour se débarrasser du joug de la colonisation, les dirigeants actuels doivent avoir le courage d’inscrire le respect des droits humains dans les principes sacro-saints de leur gouvernance et se donner les moyens de rappeler à l’ordre tout contrevenant. La seule existence de la CPI aide à éviter certaines exactions sur le continent. Que les dirigeants africains perçoivent en ces actions, une sorte d’épée de Damoclès sur leurs têtes est une certaine assurance contre la prééminence d’une culture de l’impunité dont ils sont complices ou acteurs au sein de populations déjà en proie à la pauvreté, à la famine, aux maladies ...

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2009 à 13:29, par franck dit aspirant Barde En réponse à : Droits humains : Un continent laisse-guidon

    La CPI est un truc a jeté dans les oubliettes, de l’histoire tout les malheurs de l’Afrique dérive de ces homme dit développer ,ils pille le pétrole, l’or , les dia mon, le fer ,l’uranium, le coton et quand quelqu’un veut parler ils vont trouve vite vite un autre pour lui faire la peau alors on les obéit ou on trépasse tout les pays a grand ressource minière sont en guerre juste pour servir les occidentaux ou les américain on s’entretue en Afrique toujours par un doigt accusateur venu d’ailleurs qu’ils nous foutent la paix voir ,qu’ils nous achètent ce que ne produisons a sa juste valeur voir qu’ils gardent tout leurs armes pour eux, qu’ils ferment toute les banques qui reçoivent l’agent voler au peuples ,avec ce peu la même mon Afrique se porteras mieux

  • Le 27 juillet 2009 à 15:04, par Ilias Lafricain En réponse à : Droits humains : Un continent laisse-guidon

    Pauvres de nous africains ; encore une preuve de plus que les dirigeants du continent ne sont pas élus democratiquement par leurs masses populaires, pour ne pas etre revolutionnaire, par leurs populations. Cette culture de la violence et de la barbarie est contraire aux aspirations de paix et de bonheurs de bon nombre d´Africains.
    Où sont passées nos civilisations ancestrales, je ne fais pas à celles des conquetes guerrieres, mais plutot a celles qui se sont epanouies dans la paix entre elles ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?