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Me SANKARA Bénéwendé,député de l’UNIR/PS : "Salif DIALLO nous a ravi la vedette"

Publié le mercredi 22 juillet 2009 à 18h55min

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Me Bénéwendé SANKARA

Monsieur le président, actualité oblige, l’ambassadeur Salif DIALLO propose pour le Burkina une Ve République avec un régime parlementaire. Que pensez-vous de ces propositions dans le contexte actuel ?

Bénéwendé SANKARA (B.S) : En tant qu’acteur politique de l’opposition, je suis un peu jaloux que l’ambassadeur Salif DIALLO nous ravisse la vedette. Si c’était l’UNIR/PS qui était à la Une par rapport à un tel débat, j’en serais beaucoup plus content. Mais je vous remercie pour cette opportunité que vous me donnez.

Je dirais tout d’abord que sa proposition d’aboutir à une Ve République n’est pas mauvaise en soi. Je crois que c’est un débat d’idées et bien avant lui beaucoup de citoyens burkinabè particulièrement de l’opposition ont estimé qu’il fallait une refondation. C’était le mot en vogue. Que ce soit dans la majorité ou de l’opposition il y a eu des refondateurs pour réclamer plus de débat démocratique interne. A l’opposition, c’est une réfondation tendant à dire qu’il faut une mise à plat des institutions pour tendre vers de nouvelles propositions. Donc, en réalité, l’ambassadeur Salif DIALLO n’a véritablement pas innové en dehors de la proposition du régime parlementaire. Il a donné un exemple en disant qu’on pouvait faire de Blaise COMPAORE, à l’image du régime anglais, une sorte de Reine d’Angleterre.

Là, c’est le premier péché. Mais, il a été très courageux en appréciant le régime. En disant que cela éviterait la patrimonialisation du pouvoir. C’est d’ailleurs à ce niveau qu’il s’est attiré les foudres. Il faut reconnaître que le pouvoir de la 4e République est aujourd’hui un pouvoir familial et qu’il y a faillite. Je pense que ce qui est évident on n’a pas besoin de charlatanisme pour le reconnaître. Qu’on sanctionne l’ambassadeur pour avoir dit la vérité, c’est la caricature qui colle au pouvoir de la 4e République. Mais je regrette que son parti arrive à cette décision pour quelqu’un qui a voulu user de sa liberté d’opinion, même si je ne connais pas les motivations réelles des uns et des autres. Nous prenons acte.

Le régime parlementaire est-il possible dans le contexte actuel du Burkina ?

B.S : Votre question est très pertinente. Je dis que le Burkina a mal à sa démocratie et à son régime hyperprésidentialiste. Et le problème de notre démocratie, c’est le chef de l’Etat. Il s’agit moins de dissoudre l’Assemblée que d’empêcher la monarchisation du pouvoir à travers un homme.
Du régime parlementaire, je dirais qu’il faut d’abord un certain nombre de préalables. Il faut un jeu équilibré. Il n’y a pas de régime parlementaire sans une opposition forte. Si vous prenez l’Assemblée nationale aujourd’hui, vous avez 1/10 qui est de l’opposition contre le reste qui est de la majorité.

Pour un régime parlementaire, il faut d’abord une opposition forte. Voyez déjà les bruits et les problèmes autour de la question du chef de file de l’opposition. Voyez les vagues que cela soulève et à ce jour, cette loi votée n’est même pas encore appliquée. En plus, le Burkina n’a même pas été capable d’adopter la carte d’électeur biométrique…

Il y a donc pas mal de problèmes à résoudre d’abord. Il en est de même du vote des Burkinabè à l’étranger, on sait comment ça va se passer… C’est pour vous dire qu’on ne peut pas se lever un bon matin pour quitter d’un régime présidentiel à un régime parlementaire si on ne tient pas compte du niveau réel de notre démocratie. Il nous faut des réformes. Ça peut être une réfondation… Mais l’essentiel pour moi, c’est le consensus national. Ce consensus ne peut se faire que dans la tolérance et le dialogue politique.

Me, depuis près de 10 ans on ne fait que des réformes avec les propositions du Collège de sages et récemment l’Assemblée nationale a voté des lois portant réformes politiques et institutionnelles. Ne pensez-vous pas qu’il est temps d’arrêter et de faire avec ce qu’on a déjà ?

B.S : C’est ce que je vous dis. Il ne s’agit pas de faire des "réformettes". L’affaire Norbert ZONGO nous avait amené dans une crise profonde. Et la solution du Collège de sages était de faire une espèce de catharsis de notre démocratie par des réformes profondes. Ces propositions ont été acceptées par tout le monde. Mais vous avez vu que l’application de ces propositions a été biaisée. Nous avons une tare congénitale qui nous suit depuis 1987. En 1991, on a abouti à une constitution où le peuple était divisé entre CFD et ARDC et par la suite les opposants les plus farouches se sont dissouts pour créer le CDP. Et le temps s’écoulant, les contradictions qui étaient anodines au sein de CDP et du pouvoir sont mises aujourd’hui au grand jour. Il ne s’agit donc pas de faire des réformes tout en sachant qu’on va les biaiser à l’application. Que l’on soit de la majorité ou de l’opposition, il faut d’abord accepter que le Burkina a mal à sa démocratie. Et il ne faut pas réformer pour réformer. Nous avons besoin d’aller en profondeur dans notre démocratie.o

Idrisa BIRBA

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 23 juillet 2009 à 00:57, par ubingo (new york) En réponse à : Me SANKARA Bénéwendé,député de l’UNIR/PS : "Salif DIALLO nous a ravi la vedette"

    Nous admettons que depuis les dernieres annees l’heure du declin du CDP a sonne avec ces multiples guegueures de leadership.Et cette declaration du GEANT de Yatenga n’est vraiment pas etonnante.j’invite l’opposition a profite des moments difficiles du lion pour l’abattre. Au lieu de se frotter les mains l’opposition a interet a se lever et si possible se coaliser pour qu’enfin on est un changement au pays.

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