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Election de Mohamed Abdel Aziz en Mauritanie : Opposants, soyez de bons perdants !

Publié le mardi 21 juillet 2009 à 02h04min

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La surprise est réelle, car ni les Mauritaniens ni la communauté internationale ne s’attendaient à cette victoire au premier tour du tombeur d’Ould Taya. Oui, à l’issue de la présidentielle du 18 juillet 2009, Moahamed Abdel Aziz a été élu à 50,58% des suffrages. Visiblement groggy et tétanisée, l’opposition, dans son ensemble, crie au hold-up électoral.

Au regard en effet du contexte, nombreux sont ceux qui s’attendaient à un second round dans cette bataille majeure pour le fauteuil présidentiel. Le renversement d’Oul Abdellahi le 6 août 2008 avait créé une césure au sein des Mauritaniens : entre prosputschistes et antiputschistes.

On a alors assisté, ces derniers mois, à des marches et contremarches ainsi qu’à des démarches diplomatiques, qui ont finalement accouché d’un modus vivendi, avec la renonciation au pouvoir par le président déchu, qui démissionna pour conquérir de nouveau son pouvoir par les urnes.

Beaucoup ont cru alors que, vu la bronca de la rue contre le putschiste-candidat, l’hypothèse « d’un premier tour K.-O. » était à exclure. Ils ont tous faux. A commencer par l’opposant historique dans ce pays, Oul Dada, qui pensait peut-être que, par le jeu des alliances, il pouvait parvenir à réaliser son rêve, n fois renvoyé sine die :

se faire élire ou, à défaut, être faiseur de président, ce qui lui conférerait une position de choix dans l’Exécutif. Il y a également Ould Boulkheir, l’ex- président de l’Assemblée nationale et représentant des Haratines, ces ex-esclaves, qui, assez représentatif, a cru qu’il pouvait étrenner la présidence.

Mais il y a surtout Ely Ould Vall, l’artisan de la transition réussie, celui-là même qui permit aux Mauritaniens de renouer avec l’Etat de droit en mars 2007.

Parce qu’il est un cousin d’Abdel Aziz et militaire comme lui, il y avait un duel dans le duel en ce qui concerne cette présidentielle mauritanienne. "Des deux cousins qui perdra la face ?" titrons-nous notre éditorial du 17 juillet dernier ; et nous y écrivions que :

"A partir du moment où Ould Vall a dit : je me présente, le jeu est devenu plus ouvert et plus intéressant... Sauf tremblement de terre donc, deux candidats iront au second tour : Ould Vall et Abdel Aziz. Qui l’emportera ? Ould Vall joue ici son image... si le "ATT" mauritanien échouait, son aura s’en trouverait irrémédiablement écornée ...c’est un pari risqué qu’il vient donc de faire..".

Pari perdu pour Ould Vall, qui aurait dû rester à Dublin pour continuer à parfaire son anglais. L’auteur du coup d’Etat d’aout 2008 vient donc d’avoir l’onction de ses compatriotes par les urnes. C’est bien fait pour l’opposition, qui a pêché par excès de certitude.

C’est malheureux qu’Abdel Aziz y soit parvenu, car ce scénario commence à prévaloir en Afrique, où les prétoriens, après des révolutions de palais ou des rébellions armées, s’emparent du pouvoir suprême et se font légitimer par la suite.

Malheureusement, ces galonnés affirment, dès le départ, qu’ils ne sont nullement intéressés par le pouvoir, qu’ils ne sont que de passage, question de mettre de l’ordre et de retourner dans les casernes. La suite est connue : on trouve souvent des prétextes pour rester, et après des pantalonnades constitutionnelles, c’est parti pour le règne ad vitam aeternam.

Mais à vrai dire, Abdel Aziz n’a pas volé sa victoire :
- l’homme a battu campagne dans toute la Mauritanie et a donc pu convaincre davantage que ne le croient ses adversaires ;

- après son coup d’Etat, il a pris des mesures qu’on peut taxer de populistes, mais c’est de bonne guerre, telles la diminution des prix des denrées de première nécessité. En ces temps de vie chère, cela est politiquement payant ;
- il s’est fait un trésor de guerre et, pour un président-candidat, c’est une arme qui compte ;

- enfin, vrai ou faux, il semble qu’il est le candidat des Marocains, qui l’ont soutenu discrètement. La raison en est qu’en tant qu’ancien pensionnaire de l’Ecole militaire de Mecknès, il a gardé de bonnes relations avec des compagnons du royaume chérifien, dont certains gravitent autour de M6, le roi ;

- enfin, les observateurs reconnaissent, dans leur ensemble, que le scrutin a été transparent et crédible.

Toutes choses qui font que les fraudes et les irrégularités, qui ont sans doute existé, n’ont pas l’ampleur des chiffres concoctés en laboratoires que brandissent les adversaires du nouvel élu. Tout semble indiquer qu’il a gagné à la régulière. Aux malheureux perdants on ne peut que dire « soyez de bons perdants »

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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