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Marchés publics : Il y a un abus du gré à gré !

Publié le lundi 20 juillet 2009 à 00h26min

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Depuis l’année dernière, avec les reformes sur les marchés publics, on avait espéré que la bonne gouvernance allait revenir dans les procédures de passation des marchés publics. Au regard de la multiplication des grés à grés qui passent en Conseil des ministres, il y a tout lieu de s’inquiéter. Surtout quand ces grés à grés portent sur des sommes impressionnantes. Il s’agit des marchés de plusieurs centaines de millions de francs et toujours dans des domaines où la concurrence peut bien jouer. Prenons deux cas. Les derniers grés à grés et un autre donné en octobre 2008 à l’entreprise EBOMAF pour la construction d’un pont à Komin Yanga et ses accès au PK 48.

D’abord les tous récents grés à grés pour la fourniture des cantines scolaires. Dans ces délibérations, le gouvernement autorise deux grés à grés pour " l’acquisition de produits alimentaires au profit des cantines scolaires du ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique". Ces marchés totalisent un montant d’environ 500 millions de francs cfa. On peut penser que les deux heureux élus, CORAM et KS SERVICE sont les seuls qui ont les capacités financières et matérielles à faire face à de telles quantités. Mais c’est mal poser le problème. Au lieu de trop centraliser les achats, n’aurait-on pas gagné à les décentraliser et à les faire exécuter par la procédure des crédits délégués. Cela aurait eu l’avantage d’injecter de l’argent dans les économies locales et de faire naître au niveau décentralisé des capacités de management. Bien entendu, il faut à ce niveau de crédits délégués imposer la procédure de large consultation pour éviter les abus que l’on constate actuellement au niveau des Hauts commissariats.

Deuxième gré à gré qui est vraiment discutable, c’est celui donné à l’OSEO pour " l’édition de manuels scolaires au bénéfice des écoles bilingues ". Le caractère spécifique de ces manuels ne saurait vraiment le justifier. On peut comprendre que la conception et la réalisation des manuelles reviennent à cette ONG. Mais pas l’édition. L’OSEO aurait-elle une imprimerie spéciale ? Dans tous les cas, une bonne concurrence ici aussi devrait permettre l’émergence des capacités et à l’Etat de faire des économies.
Dernier gré à gré, celui accordé à l’entreprise EBOMAF pour la construction du pont mal fait de Komin Yanga. Le gouvernement explique, pour justifier ce gré à gré, que suite à des contrôles techniques, " il a été constaté des insuffisances techniques dans la structure du pont. Pour l’implantation du pont, la bonne profondeur n’aurait pas été respectée".

Pour corriger cette défaillance technique, le gouvernement recourt au gré à gré et donne le marché à EBOMAF pour plus d’un demi milliard de francs cfa. Le Conseil promet des poursuites contre les responsables de ces " fautes professionnelles ". Pour l’instant et jusqu’à plus informé, on ne sait pas où on en est avec ces poursuites ? Mais quelle idée de réparer une faute par une autre ? Avec un tel montant, n’aurait-on pas trouvé dans la concurrence le bon moyen de résoudre le problème ?
Une autre remarque qui s’attache à cette procédure de passation de marché, c’est qu’elle est mise en œuvre toujours avec un financement du budget national. Il en va autrement quand ce sont les partenaires extérieurs qui financent le projet. On peut donc penser que c’est parce que c’est l’argent du pays qu’on peut le dépenser aussi facilement.

Si la tendance actuelle devait se généraliser pour les années à venir, les reformes menées tambours battant pour améliorer les conditions d’attribution des marchés publics n’auront servi à rien.
Il s’agit, comme on peut le comprendre, des reformes pour rassurer les partenaires techniques et financiers du Burkina Faso, notamment dans la tendance actuelle de la généralisation de la procédure des " appuis budgétaires ". Mais il reste quand même qu’on ne peut pas être rigoureux avec les biens des autres et se montrer laxiste quand il s’agit des sous péniblement réunis par son propre contribuable. C’est moralement indécent. Et puis dans une démocratie, cela fait franchement mauvais genre. Il faut quand même craindre le peuple. C’est le début de la bonne gouvernance et de la démocratie.

L’Evénement

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2009 à 02:08, par obou En réponse à : Marchés publics : Il y a un abus du gré à gré !

    très bon article

    merci

  • Le 20 juillet 2009 à 21:56 En réponse à : Marchés publics : Il y a un abus du gré à gré !

    No comment,
    bon article

  • Le 21 juillet 2009 à 18:58, par specialiste des marchés En réponse à : Marchés publics : Il y a un abus du gré à gré !

    Merci à l’auteur de l’article. Il faut dire qu’il ya des dispositions qui doivent etre respectées pour les marchés de gré à gré selon le DECRET PORTANT REGLEMENTATION GENERALE DES MARCHES PUBLICS ET DES DELEGATIONS DE SERVICE PUBLIC AU BURKINA FASO que chacun peut consulter ou telecharger gratuitement sur le site www.dcmp.bf. Malheureusement cela n’est pas toujours le cas. Quant aux exemples que vous avez cité, cela ne constitue que la partie visible de l’iceberg. Par raport aux santions qui ne tombent pas, je pense qu’il faut plutot chercher à savoir qui sont les vrais propriétaires des sociétés en question pour ne attendre eternellement. Nous devons veuiller à ce que l’argent du contribuable soit bien utilisé pour le developpement du pays au lieu d’enrichir quelques brebis galeux.

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