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SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

Publié le lundi 20 juillet 2009 à 00h30min

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Suite aux récents propos que Salif Diallo, vice-président du CDP, des hommes politiques de l’opposition ont émis leur opinion sur le changement du sytème politique burkinabè en régime parlementaire. Certains se sont prononcés également sur sa suspension des instances du CDP.

-  Alain ZOUBGA (PRS) : "La manière peut être critiquée, mais le fond reste"

Concernant le fond du problème, il faut d’abord reconnaître que Salif Diallo est quand même pétri d’expériences et il n’a certainement pas pris sur lui le soin de développer ce genre de propositions sans avoir beaucoup réfléchi. Ensuite, en ce qui me concerne, en tant que membre d’un parti ayant travaillé au cours du Manifeste pour la refondation nationale, quand Salif Diallo dit clairement de remettre les institutions à plat et de recommencer tout à zéro, nous applaudissons et sans détour. Quand il pose le problème du fichier électoral, c’est aussi juste. L’opposition l’avait réclamé. Par contre, quand il va jusqu’à proposer un régime parlementaire, on peut se poser des questions. Nous, au niveau de la refondation, nous avons dit clairement qu’il fallait effectivement remettre les Institutions à plat. Mais nous avons pris le soin d’éviter d’émettre des conclusions. A notre avis, il faut une sorte de forum et il revient à ce forum de faire des conclusions et non un individu. D’une manière générale, il a fait des propositions justes, mais venant d’un homme du sérail, on se pose des questions.

En ce qui concerne sa suspension, il est tout à fait normal que le parti ne soit pas d’accord avec lui. D’abord la manière : compte tenu des réalités dans nos Etats, on peut comprendre qu’on n’accepte pas qu’un responsable aborde cette question sans en avoir d’abord parlé avec la direction du parti. Mais le CDP doit analyser la réalité des choses car ce que Salif a dit est fondé et est très important. La manière peut être critiquée mais le fond reste. Et à notre avis, il n’est pas juste que le CDP s’asseye et se contente de sanctionner Salif, pour dire ensuite que tout va bien et que le pays va très bien aussi.

-  Emile Pargui PARE (MPS/PF) : "Oui pour un processus parlementaire, mais sans Blaise Compaoré !"

La proposition de Salif Diallo fait du bruit parce qu’elle vient de Salif Diallo, qui est connu comme un dur du pouvoir. Sinon depuis 2005, j’ai eu à faire une conférence de presse pour dire qu’après que Blaise Compaoré a gagné les élections avec plus de 80 %, la démocratie était confisquée et qu’il fallait repartir à la case départ. Et nous avons eu à faire des propositions. Entre autres, une assise nationale pour la refondation ou la réorientation du processus démocratique. Nous avons été suivis par les refondateurs nationaux. Me Herman Yaméogo et son groupe ont réclamé aussi des assises nationales pour un nouveau système politique et Soumane Touré a déjà appelé au passage à la Ve République. La proposition de Salif Diallo n’est donc pas nouvelle. La question essentielle, c’est qu’il y ait un débat national consensuel pour passer à la Ve République. Est-ce qu’il faut un système parlementaire, semi- parlementaire ou semi- présidentiel ? C’est là le débat au sein de l’opposition. Nous disons oui pour le passage à la Ve République, oui à un nouveau système, qu’il soit parlementaire ou semi- parlementaire. Mais il faut que la constituante dise que dans ce nouveau système, Blaise Compaoré ne peut plus être candidat. Donc, il faut que Salif Diallo aille au bout de sa proposition en disant, "oui je suis pour un processus parlementaire sans la candidature de Blaise compaoré". Si cette disposition n’est pas prise, ça peut vouloir dire que Blaise Compaoré recommencera avec deux mandats de cinq ans. Voilà le piège qu’il y a dans la proposition de Salif Diallo.

-  Philippe Ouédraogo (secrétaire général du PAI) : "Ce n’est pas le monde qui a changé"

C’est lorsque nous l’avons appelé au téléphone pour lui demander une interview sur l’affaire, dans la matinée du vendredi 17 juillet 2009, que le Secrétaire général du Parti africain de l’Indépendance, Philippe Ouédraogo, a été informé de la suspension de Salif Diallo du CDP. Décision intervenue la veille, lors d’une rencontre des dirigeants du CDP, le parti majoritaire. Plutôt que d’être étonné par la nouvelle, le Secrétaire général du PAI n’a manifesté aucune "excitation". Pour lui, la suspension de Salif Diallo du CDP, "ce n’est pas le monde qui a changé".

- Noël Yaméogo, (Conciliateur UNDD) : "L’opinion attend..."

"En tant que militant et membre d’un organe dirigeant de parti politique d’opposition, surtout de l’UNDD qui est attachée à la non-immixtion dans les affaires intérieures des partis politiques, je ne pense pas qu’il soit indiqué de faire une appréciation sur la sanction prise par le CDP à l’encontre d’un de ses militants et responsables. Par contre, s’agissant des propos tenus par l’ambassadeur Salif Diallo à "L’Observateur Paalga", je ne pense pas qu’ils puissent bénéficier de la même réserve et être brandis comme une affaire purement CDP/CDP interdisant à toute personne étrangère à la maison de s’y intéresser.

Il a parlé des problèmes du pays, mis en exergue certaines faiblesses du système politique ; il a fait des propositions touchant globalement la gouvernance nationale. Ce sont là des questions qui interpellent au-delà de sa formation politique, toutes les formations politiques et l’opinion d’une manière générale.

Nous nous sentons d’autant plus concernés à l’UNDD que dans l’ensemble (on nous en rendra justice), les idées de Salif Diallo empruntent celles déjà émises depuis fort longtemps par notre parti. Nous n’avons jamais fait mystère du fait que notre pays était entré en situation de crise avancée au plan institutionnel, aux plans politique, économique et social, même si le pouvoir n’a jamais voulu accepter ce constat. Nous avons sans cesse souligné que l’évaluation régulière d’un système de gouvernance était un gage de bonne gouvernance et qu’après 20 ans de pratique constitutionnelle, il serait normal que l’on se penche sur nos institutions, les principes de gestion de notre pays pour voir s’il n’y a pas des choses à changer, des boulons à resserrer. Le MAEP nous a confortés dans cette conviction. La situation de crise internationale aura en plus grandement validé la justesse de notre point de vue.

Ce sont toutes ces analyses, observations et demandes que nous partageons collectivement au sein des Refondateurs nationaux et dont nous avons saisi de façon générale l’opinion par un Manifeste et en personne le chef de l’Etat, par une lettre interpellative.

Que Salif Diallo aujourd’hui estime que notre modèle démocratique a besoin d’être retrempé dans une meilleure prise en compte de la transparence électorale, qu’il suggère une remise à plat pour nous orienter vers un système politique qui balance mieux la répartition des pouvoirs entre les organes de l’Etat, qu’il aille même jusqu’à parler de la dissolution de l’Assemblée nationale, d’une Constituante et de ne pas faire une fixation sur les élections de 2010 parce que le plus important, ce sont les réformes (disons la Refondation), il n’y a rien dans tout cela qui dépasse notre latin. Tout au contraire, puisque dans le fond, c’est ce que nous n’avons de cesse de demander dans une démarche consensuelle et républicaine.

Maintenant, s’agissant tout particulièrement du modèle démocratique, régime parlementaire ou présidentiel, la question reste ouverte au sein du parti, l’important pour nous étant que le système adopté en définitive nous fasse sortir du régime présidentiel hybride de surconcentration des pouvoirs, emprunté au présidentialisme de la 5e République française, et qui ne se révèle pas de nature à acclimater une démocratie sincère, et par ailleurs adaptée à notre tempérament national.

Salif Diallo est-il loyal ? N’est-il pas, comme ce fut souvent le cas, utilisé à des fins inavouées par le pouvoir et notamment par le chef de l’Etat lui-même ? Le désaccord actuel n’est-il pas une pure comédie ? Ces appréhensions ne sont pas à écarter du revers de la main mais nous sommes d’avis qu’il faut éviter de faire une fixation sur ces craintes. Le plus important, de notre point de vue, c’est ce qu’il dit ; c’est la dynamique d’ensemble qu’il est venu énergiser et qui se rapporte à notre conviction qu’il faut nous engager résolument dans un processus de réformation de nos institutions. Venant de la part d’un des chefs de chantier de l’Entreprise Compaoré, ce n’est pas peu banal, il faut le reconnaître.

Au bout du compte, si en toute indépendance et responsabilité, en dépit de ses dissensions internes, le parti majoritaire pouvait prendre en compte cette nécessité qui est loin d’être l’apanage de Salif Diallo et se mettre en disposition pour permettre de repenser notre gouvernance dans l’intérêt national, ce serait un acte courageux, une posture d’écoute populaire bénéfique pour toute la nation. D’ailleurs, je ne pense pas me tromper en disant que l’un des impacts créés par l’interview du sanctionné, c’est que l’opinion attend maintenant que le congrès aborde ces questions de fond qui semblent lui tenir à coeur."

Propos recueillis par Abdou ZOURE, Lassina Fabrice SANOU et Antoine BATTIONO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 juillet 2009 à 01:44, par latif g italie En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

    on s’en fou de tt sa la population souffre et trouver une solution a la pauvrete,debatre comment trouver les moyens pour resoudre les problemes de santé ,d’education,etc,lutter contre la corruption voilà des sujets qui ns interessent et non ces sujets entre les detourneurs du pays .ils ont bien mangé et chacun parle comme il veut.

    • Le 20 juillet 2009 à 13:59, par somyasya En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

      JE SUIS TROP D ACCORD AVEC TOI ILS SE FOUTENT DU MONDE LE CDP A FAIT PIRE EN SUSPENDANT BERNARD LEDIA QUI A BEAUCOUP FAIT POUR LE MONDE RURALE EN MATIERE DE DEVELOPPEMENT . QUE GORBA SE CHERCHE AVEC SES AMIS D HIER. CA S APPELLE POLITIQUE

    • Le 20 juillet 2009 à 19:37, par Paris Rawa En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

      Le Burkina n’appartient pas au CDP. Et si les gars du CDP se disputent dans leur parti, cela n’est pas non plus l’affaire de toute la nation, mais uniquement celle des amis du CDP. Alors, que personne, ni les "refondateurs", ni Salif Diallo, ni ceux du CDP qui les ont tous exclus de leur parti, que personne ne touche aux institutions de l’état Burkinabè sous prétexte de réforme. Mettez des gens pourris à la tête des meilleures institutions du monde, et ils vous bloqueront très vite tout le système. Par contre, trouver de vrais patriotes, des gens bien et ils rendront meilleures et très fortes les institutions fragilisées par leur prédécesseurs. Ce n’est pas le régime (présidentiel ou parlementaire) qu’il faut changer, mais les hommes qui sont au pouvoir depuis plus de 20 ans et qui tournent en rond depuis un bon moment. On ne peut pas conditionner le destin de tous les burkinabè aux états d’âme de quelques uns. Qu’ils laissent la place à d’autres pour gouverner sans querelles et règlements de comptes. Nous sommes FATIGUES d’entendre leurs historiettes.

      • Le 21 juillet 2009 à 13:40 En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

        malheureusement il n’y a pas de vrais opposants les quelues rares ont tellement peur d’etre eliminés... et tous les autres sont des vendus achetés quand ils n’ont pas été créés expres par le pouvoir ; c’est bien la la vraie de sankara

  • Le 20 juillet 2009 à 02:48, par Ranaa En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

    Vous êtes surs que ceux qui ont parlé sont des opposants ? Pas comme genre ADF-RDA, mais de vrais opposants ?

  • Le 20 juillet 2009 à 21:55, par Malick En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

    A ma connaissance, c’est un formum d’internautes, qu’ils soit opposants ou pas. Je trouve assez curieux certaines réactions, venant de personnes qui se reclame démocrate. Salif est un élément que l’on a cru important pour le système. Si l’absnce de Salif peut accélérer l’auto destruction de ce système, il n’y pas de quoi s’en plaindre. Si des conflits de ce genre pouvait se multiplier, peut être aurions nous plus de chance d’assister plus rapidement à l’alternance. S’il faut compter sur ces "opposants" qui n’attende que l’appel )à la soupoe, ou qui se font véhément alors qu’il reçoivent tous leurs enveloppes, demain ne sera pas la veille !

    Malick

    • Le 21 juillet 2009 à 13:45 En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

      on sait tous qui ce salif alors arretons de pleurer aujourd’hui sur lui c’est facile de tout detruire et puis de se reveiller un beau matin dire critiquer ca et ca et on pardonne et on repart comme si avant il n’y a jamais rien eu. Tout individu tout groupe humain tout pays avance en tirant des lecons du passé parfois je dirai meme toujours dans des revolutions qui ont donné un autre chemin a prendre A chacun aujourd’hui d’accepter s’engager pour que ca change reellement

  • Le 28 juillet 2009 à 14:34, par UNE FRANCAISE En réponse à : SUSPENSION DE SALIF DIALLO : Des opposants se prononcent

    n’importe quoi, on a faim et ya pas de pluie.regelons ça d’accord.vous nous prenEZ pour qui ? vous les politiciens ? ARRÊTEZ MA DÉMAGOGIE.

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