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Présidentielle mauritanienne : Des deux cousins, qui perdra la face ?

Publié le vendredi 17 juillet 2009 à 13h53min

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Dans le domaine du sport, notamment le tennis, il arrive que deux très proches parents s’affrontent. C’est le cas de deux sœurs, Venus et Serena Williams, qui oublient vite les liens de sang lorsqu’il s’agit de conquérir une coupe. Cet autre derby, électoral cette fois-ci, qui aura lieu demain samedi en Mauritanie, s’apparente à ce genre de challenge.

A la différence qu’il s’agit ici de deux cousins : Ely Mohamed Ould Vall et Mohamed Ould Abdel Aziz, avec cette autre ressemblance qui ne manque pas de piquant : ils sont tous sortis du moule des casernes. Le premier, après avoir renversé Maouya Ould Taya le 3 août 2005, a instauré une transition démocratique de dix-huit mois, qui a abouti à l’organisation d’une élection ayant consacré la victoire, le 25 mars 2007, de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Par cette attitude, qui n’est pas commune sur le continent noir, Ould Vall a créé la surprise en acceptant de quitter le pouvoir sans y avoir été contraint. S’il y a donc un homme adulé dans son pays, c’est bien lui. Le second, actuel homme fort de Mauritanie, est également parvenu à la magistrature suprême par la force des armes. Mais, avouons-le tout de suite, à son arrivée, les Mauresques n’ont pas poussé autant de youyous que pour Ould Vall.

Néanmoins, le nouvel homme fort du pays a pu engranger un capital de sympathie par la suite, notamment dans les campagnes, grâce aux réalisations qu’il a commanditées. On peut tout lui reprocher sauf de ne pas aimer Tel n’est pas le cas de beaucoup de ses prédécesseurs. Demain, seront en lice ces deux candidats, et d’autres, sans grande envergure.

Avant la décision du tombeur d’Ould Taya de se porter candidat, le chemin était tout tracé pour celui qui a actuellement entre les mains la destinée du peuple mauritanien. Ç’aurait été alors un scrutin sans suspense, à l’image de celui qui a eu lieu le 12 juillet dernier au Congo-Brazaville et qui a vu la victoire sans surprise aucune de Denis Sassou-Nguesso.

A partir du moment où Ould Vall a dit « je me présente », le jeu est devenu plus ouvert et plus intéressant, même si, pour beaucoup d’observateurs, le général Ould Aziz semble avoir une longueur d’avance sur son rival. Il ne sied pas de conclure, comme le défunt président gabonais, Omar Bongo, qu’il faut être cinglé pour organiser une élection et la perdre, mais qu’en Afrique, leur argument à eux est le plus souvent que, lorsqu’on est aux affaires, tous les moyens sont bons pour y demeurer.

Sauf tremblement de terre donc, deux candidats iront au second tour : Ould Vall et Abdel Aziz. Qui l’emportera ? Les urnes nous le diront bientôt. Mais, ce dont on est convaincu est que le vaincu ne le sera pas sans garder de séquelles. A commencer par le président de la transition mauritanienne d’août 2005 à avril 2007. En effet, Ould Vall joue ici son image. Si le « ATT » mauritanien échouait, son aura s’en trouverait irrémédiablement écornée.

C’est un pari risqué qu’il vient donc de faire. Si fait que beaucoup d’observateurs de la scène politique africaine se demandent pourquoi il n’a pas voulu attendre que la situation se clarifie pour entrer dans le marécage politique mauritanien sous peine de se noyer.

A 56 ans, il ne peut tout de même pas prétendre qu’il sera très bientôt handicapé par l’âge ! Son cousin et rival, le général Abdel Aziz, le tombeur du président démocratiquement élu Cheikh Abdallahi, risque également gros. S’il perd, c’est la honte de l’ONU, comme on dit familièrement chez nous.

Le célèbre moustachu de Nouakchott a usé de tous les stratagèmes pour rester au pouvoir et pour se porter candidat. Il est même arrivé à bout de l’entêtement de Cheikh Abdallahi, grâce surtout aux missions de bons offices du célèbre chauve de Dakar, Abdoulaye Wade, qui avait installé ses quartiers dans la capitale mauritanienne pour convaincre le président déchu de démissionner.

Les enjeux sont donc de taille, et pour cette présidentielle mauritanienne, ce sera à la guerre comme à la guerre. Le combat sera d’autant plus impitoyable qu’il oppose deux frères d’armes, qui ont des liens de parenté en plus. En Afrique, l’on connaît la sourde rivalité qui existe entre les membres d’une même tribu.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 18 juillet 2009 à 21:13, par Zaza En réponse à : Présidentielle mauritanienne : Des deux cousins, qui perdra la face ?

    L’auteur de l’article semble avoir eu une longue conversation avec les dispositifs de promotion des deux candidats cousins et officiers. Il semble écarter, bien à tort, la probabilité du second tour pour les candidats de l’opposition.

    Le vote vient de se terminer depuis moins d’une heure et le Colonel Ely Ould Mohamed Vall n’aira certainement pas au second tour. Cette information était disponible, sous forme d’hypothèse évidente, bien avant la publication de l’article.

    L’observateur nous avait habitués à une meilleure appréhension des enjeux électoraux en Afrique de l’Ouest.

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