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REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

Publié le mardi 14 juillet 2009 à 02h11min

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La campagne pour le référendum en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution qui devrait permettre au président nigérien de prolonger son dernier mandat à la tête de l’Etat, est ouverte. Dans un discours à la Nation, le chef d’Etat nigérien a invité ses concitoyens à sortir massivement pour que triomphe le "oui". En retour, il promet de couvrir le pays de toutes les merveilles que nul autre que lui, ne serait en mesure de réaliser.

Mamadou Tandja peut, à présent, commencer à savourer une victoire. Le référendum qu’il a tant souhaité est pratiquement à portée de main. Les pressions extérieures, les agitations intérieures tous azimuts n’y auront donc rien fait. Tandja est à deux doigts de réaliser son ambition de solliciter directement le suffrage des Nigériens. Mais à quel prix ? Institutions républicaines dissoutes, presse muselée… il faut croire que la démocratie au Niger traverse des moments très sombres. Evidemment, il faut être fou comme Tandja, fou comme ses fidèles lieutenants, pour être si assuré d’être sur le droit chemin. Quant à ceux qui ne partagent pas la vision du pouvoir, c’est à eux qu’il revient d’ouvrir enfin les yeux : ils ne comprennent rien à rien à la spécificité nigérienne ! France, Union européenne, Union africaine, CEDEAO, Etats-Unis… S’il est difficile pour un d’avoir raison sur la multitude, pour ce qui concerne Tandja, il devrait être une exception qui confirme la règle ! C’est à croire que le Niger vit sur une autre planète !

La campagne pour le référendum du 4 août prochain est donc lancée. Quelle sera à présent l’attitude des pourfendeurs du tazarché (continuité) ? N’ayant pas obtenu la non-tenue du référendum, s’abstiendront-ils de prendre part à cette consultation populaire ? Participeront-ils au référendum tout en appelant à un vote massif pour le "non" ? Leur nouvelle stratégie de lutte sera-t-elle la perturbation de la campagne ? En tout état de cause, l’opposition nigérienne, pour ce qui la concerne, est sans doute face à un dilemme. Si elle appelle à voter pour le "non", elle entérine de facto un référendum contre lequel elle se sera pourtant battue jusqu’au bout. Si elle prône le boycott systématique et décide de se mettre en marge de la consultation, elle prend le risque de tracer un grand boulevard pour Tandja. Toujours est-il que le président nigérien veut, à présent, solliciter directement l’avis des Nigériens. Même s’il laisse l’image d’un drôle de démocrate qui n’a pas hésité à essuyer ses pieds sur un arrêt de l’ancienne Cour constitutionnelle opposée à sa vision.

Pour avoir convoqué ce référendum, l’homme à la silhouette longiligne, il est vrai, ne se met pas totalement en marge de la démocratie, l’organisation d’un référendum étant une autre expression de la démocratie. Reste que les institutions qui se sont dressées contre le projet de Tandja en ont eu pour leurs frais. Quant aux syndicats et autres organisations de la société civile qui auront usé de toutes les voies légales possibles pour amener Tandja à faire machine arrière, ils n’auront guère été entendus. Cette fois-ci, ils sont appelés à faire entendre autrement leur voix.

Mais qu’adviendrait-il si, par extraordinaire, au sortir du référendum, le peuple se prononçait en majorité en faveur du "non" ? Mamadou Tandja qui, jusque-là, a montré qu’il ne souffre pas la moindre contradiction pour tout ce qui touche à son projet de pérennisation au pouvoir, peut-il se plier au verdict des urnes s’il lui était défavorable ? Le peuple, en cas de "non" massif, subira-t-il le même sort que l’Assemblée nationale et l’ancienne Cour constitutionnelle, c’est-à-dire, être à son tour "dissous" ?

Une chose est, en tout cas, certaine : déterminé qu’il est à donner corps au tazarché, Mamadou Tandja ne lésinera pas sur les moyens pour arriver à ses fins. Pour cela, il sait déjà compter, comme c’est souvent le cas sur le continent, sur le soutien d’une masse analphabète peu critique. Récemment encore, une vaste opération de charme a été menée par le pouvoir en direction du monde rural. Il faut ajouter à ce soutien attendu, le concours de la fraude, procédé redoutable par lequel bien des régimes africains doivent, pour une part, leur maintien au pouvoir.

En outre, le président nigérien devrait pouvoir s’assurer du soutien d’une CENI à présent plus docile ainsi que d’une nouvelle Cour constitutionnelle à sa solde. Bref, on a envie de dire que Tandja attend beaucoup de ce référendum. Une grande inconnue demeure cependant dans ce scrutin : le taux de participation. Que ferait Tandja si le taux d’abstention était élevé ? Un tel scénario aurait-il une incidence sur la validité du référendum ? Pourrait-il amener Tandja à tirer toutes les conséquences d’un possible désaveu ? Rien n’est moins sûr. Il a décidé de mettre de côté la Constitution de son pays pour la substituer à une autre. Une façon de s’agripper au pouvoir, qui pourrait donner des idées à bien de ses homologues africains tentés par le long règne ou le pouvoir à vie. Que bon nombre de Nigériens refusent que Tandja se paie ainsi leur tête, n’est guère surprenant !

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 14 juillet 2009 à 10:40, par Le Lutteur En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Tandja c est pas le camarade de quelqu un. Meme Sarkozy qui aime les vraies democraties et qui vient de rencontrer son homologue nigerien ne sais quoi dire, n en parlons pas des institutions peureuses comme la CEDEAO ou l U.A. L Histoire s en souviendra de tous les Tueurs de L Afrique...

  • Le 14 juillet 2009 à 13:08, par Fatotié En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Ainsi les dés sont-ils lancés ? Tandja aura son référendum le 04 Août prochain. Je ne sais pas qui lui a conseillé cette date mais elle ne sied pas du tout à la bâtardise qu’il est en train de concocter pour son pays. 04 Août est une référence pour les révolutionnaires en France avec les Robespierre et autre et aussi pour le BF avec qui on sait. bref !
    Hier en écoutant un des lieutenants de Tandja, déclamer de façon magistrale l’onction des parties de la mouvance présidentielles, j’avais l’impression que Tandja était un messie. Il y apparaît que sous son règne, le Niger a quitté définitivement la queue de peloton où il était confortablement installé pour rejoindre le cercle des nations qui avancent. Bien dit ! Pas de souci donc s’il a fait le bonheur des Nigériens, il peut encore le faire pendant des décennies.
    Mais il y a un hic : Tandja a plus de 70 ans. Aussi volontaire qu’il soit, il a plus vécu qu’il ne lui reste de lunes à vivre. Et si je veux être un oiseau de malheur, imaginons qu’il ne supporte pas les résultats (bons ou mauvais) des urnes de ce référendum au soir du 04 Août et qu’il nous fait une attaque, un infarctus. Mort !On fait quoi ?
    J’attends que les internautes proposent des scénarii possible et digne d’une tragédie grecque. Que deviendra le Niger ? Que feront tous ces griots intellectuels et juristes ? Que fera le peuple ? Que prévoit la constitution ? Que sera le Niger sans Tandja ?
    A bon entendeur...

  • Le 14 juillet 2009 à 14:08, par Parfait En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Observez bien ; Tandja est de caractère sournois, sommairement violent et qui a peu de respect pour ses engagements. Il serait donc un homme potenciellement dangereux.C’est dire que meme si les nigériens participent au REFERENDUM avec un "non massif", Tandja trouvera le moyen de tricher pour que le "non massif" devienne "oui massif" étant donné qu’il n y a meme plus d’institution pour controler l’organisation/ dépouillement des urnes.
    Que dieu protège les frères et soeurs nigériens

  • Le 14 juillet 2009 à 14:32, par nicowed@yahoo.fr En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Bonjour merci pour l’analyse, monsieur le journaliste. Pour ma part je pense qu’il n’y a pas de risque d’un cas de "NON" au futur referendum ; la raison c’est que le pouvoir du peuple est réduitsinon inexistant. S’il n’y a plus d’Assemblée Nationale pour représenter le peuple, s’il n’y a plus de conseil constitutionnel pour empêcher le gouvernement de faire des excès, et si les masses medias sont controlées par le gouvernement, le peuple n’a plus aucun pouvoir d’expression de sa volonté. En plus, on le sait, en témoignent les propos de feu Omar Bongo, personne n’organise des élections en Afrique pour les perdre. En somme, on peut être certain déjà que le OUI (volonté de celui qui a le pouvoir) a remporté sur le NON (souhait de celui qui n’a aucun pouvoir) au Niger.

  • Le 14 juillet 2009 à 14:40, par Bala Wenceslas SANOU En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Merci pour le titre de article qui pose une question vraiment profonde. A voir ce qui est déjà arrivé, logiquement le peuple devrait être dissous s’il osait répondre "non" ; car ce serait refuser le bonheur qu’on veut faire pour lui, et s’il le faut on fera son bonheur pour lui même sans lui.

    • Le 14 juillet 2009 à 16:22 En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

      Cher internaute, je crois qu’il faut nuancer. Le mal de l’Afrique ce n’est pas ses dirigeants, mais ses dirigeants "militaires". Jusque là ce sont les militaires qui confondent le pouvoir de l’arme et le pouvoir politique qui sont à l’origine de nos malheurs. Souhaiter qu’un militaire prenne ses responsabilités c’est tout simplement la route de l’enfer. Attendons de voir la Guinée !

  • Le 14 juillet 2009 à 14:48 En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    il faut un bon militaire pour prendre ses responsabilites. sinon rien ne l’arretera. le mal de l’Afrique, tout le monde le sait ce sont les dirrigeants. put-on faire quitter le pouvoir a un tel dirrigeant sans effucsion de sang ?

  • Le 14 juillet 2009 à 18:28, par ragnondo En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    celui qui veut que la France dise un mot sur le Niger ne la connait pas assez.Les intérets de la France sont bien poses au Niger pour etre exploités par la fameuse AREVA.Et alors qui est fou ?

  • Le 14 juillet 2009 à 19:10, par isma En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Tandja est homme arrogant, quelqu’un qui a juré sur le Coran pour respecter la Loi de Dieu et la constitution, et ensuite fait ce retour nement de veste seul contre les gens montre qu’il ne craint pas Dieu et n’aime ni dieu ni son peuple. ce sont ceux la que Dieu appelle le corronpu et reformateur egoiste.ce qui est sur est que le resultat est d’avance connu. gare au peuple si ce n’est le "oui", pauvre peuple.

  • Le 14 juillet 2009 à 19:21, par Zelaya En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    Salut,
    Je ne connais pas les réalités du Niger, mais je suis curieux de savoir l’attitude qu’adoptera les opposants au référendum après que Tandja aie lancé la campagne.
    Logiquement, dans une democratie vraie, l’opposition devrait inviter ses militants, qui sont normalement representés dans tous les recoins du Niger pour aller voter NON. Dans ce cas, TANDJA est fou mais je crois que là on aurait atteint la limite.
    A défaut, Tandja pourra toujours se prevaloir d’une caution populaire et je crois que dans ce cas, les nigeriens s’en iront majoritairement continuer à manger leur kilichi et attendre l’élection de Tandja en décembre. L’opposition pourras continuer à vociférer, rien n’y fera.
    Effet collatéral, Blaise Compaoré s’en inspirera en 2014 à 63 ans pour modifier la constitution burkinabé pour prolonger son bail. Si au Niger, malgré une assemblée non suiviste, malgré un conseil constitutionnel opposé, Tandja l’a fait, ce n’est pas avec nos députés CDP et notre conseil constitutionnel soumis que les choses seront plus compliquées pour Blaise.
    Reste la réaction du peuple et de ses organisations.
    Depuis l’affaire Norbert Zongo, j’ai appris à me mefier de nos leaders politiques et de la société civile. Ils ont une stratégie que je ne comprend pas, une stratégie qui fait même le lit du pouvoir de Blaise. Souvenez vous le 21 mai 1999, Blaise Compaoré face à la nation à la TNB.
    Regardez le aujourd’hui avec son tertius show, avec sa FEDAP/BC, avec les nombreuses entreprises familiales....
    Quant au fameux peuple burkinabé, j’ai l’impression qu’il se contente bien de la paix des cimétières, crie sa faim et ses problèmes dans ses maisons et cabarets et bars, mais se contente volontier des échangeurs de Ouagadougou, et du vent pompé par le premier ministre.
    2014 -2015 ce n’est finalement pas loin. Qui vivra verra !

  • Le 15 juillet 2009 à 17:17 En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

    L’alcool et l’abus d’ autres substances nocives vont tuer les peuples africians car la plupart de ses dirigeants sont des addicts. Regardez un po dadis et les autres. Ils sont malades.

    • Le 16 juillet 2009 à 11:16, par KAILO En réponse à : REFERENDUM AU NIGER : Le peuple sera-t-il "dissous", en cas de "non" ?

      TANDJA a été lamentablement poussé dans l’erreur par des courtisans sans base dans un cadre démocratique ; sans avenir politique aorès tandja. il ne peut plus reculé. Il va les yeux bandés dans le mur. Adieu les dégats ; les milliards dépensés pour le pseudo referendum , .. Quel gachi !!! c’est un détournement organisé à grande échelle ; les contrats miniers , les recettes divers ; et les dépenses du reférendum vont servir à se justifier. non ! tôt ou tard il faut un audit indépendent.

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