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Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

Publié le lundi 13 juillet 2009 à 03h37min

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Pour cette première visite du président américain en Afrique subsahélienne, pagnes, tee-shirts à son effigie, pancartes, banderoles et, last but not least, la chanson locale composée à l’honneur du candidat Obama étaient au rendez-vous, à l’occasion de la visite du président américain, arrivé vendredi passé dans l’ex-Côte de l’Or, où la démocratie a bonne cote ; comme quoi l’obamania n’est pas retombée. Seule fausse note : pour cause de pluie, l’hôte de marque des Ghanéens n’a pas eu droit à un tour à la place de l’Indépendance, où son prédécesseur Bill Clinton avait été salué par un million de compatriotes de l’illustre osagyefo.

Le temps fort de cette visite aura été son speech à l’Afrique devant le Ghanian Parliament comme son adresse de paix au monde musulman depuis le Caire il y a quelques mois. Il ne reste plus à Barack Hussein Obama qu’à s’adresser à la terre entière depuis la tribune des Nations unies, lui qui, à ce qu’on voit et entend dire de lui, est plébicité par les citoyens de toutes les nations.

Des liens solides existent entre les USA et votre pays, et je suis fier que ma première visite (en Afrique subsahélienne) s’y déroule : vous avez bâti la démocratie sur des bases solides, réalisé des alternances réussies et, avec la bonne gouvernance ainsi qu’une société civile dynamique, vous avez enregistré des avancées notables ; tout cela est redevable aussi bien à la majorité qu’à la minorité politiques, a dit Obama qui, expliquant le développement du Ghana et indiquant sans doute aux Africains la voie à suivre pour multiplier les Ghana à un moment où, sur le continent noir, la Chine de Mao, qui croit, c’est à son image, que c’est le développement qui précède la démocratie taille des croupières gigantesques aux Blancs dans la quasiment chasse gardée de l’Occident jusque-là, a soutenu que "le développement dépend de la bonne gouvernance ; c’est là le facteur qui peut débloquer le développement, nous soutiendrons les gouvernements démocratiques forts, qui gouvernent par consensus, l’Etat de droit doit primer sur l’arbitraire, il vous faut des institutions capables, fiables, transparentes, chaque nation détermine sa propre démocratie", et tutti quanti. Barack Obama a ressassé, tel George Bush et tous les présidents américains avant lui, les fondamentaux du libéralisme économique, qui a réussi à l’Occident. Rien de nouveau donc sous le soleil du Sahel ?

Apparemment pas si sûr, car, à entendre les réactions de l’homme de la rue à son discours, répercutées par les radios partenaires de la VOA(1), qui s’en est fait l’écho samedi 11, les Africains font leur son discours d’Accra, chacun y allant volontier et évidemment de son interprétation et de sa compréhension, y voyant même des allusions quand ce n’est pas carrément des références claires à son propre pays et un désaveu des autorités de sa patrie pour ne n’y être pas rendu : les mêmes choses, dites par quelqu’un que nous aimons, Barack Obama ici, donc que nous considérons au-dessus de tout soupçon sont-elles plus vraies que proférées par un que nous ne portons pas dans nos cœurs ? Le "trade, not aid de ses prédécesseurs" est-il différent du "partenariat et des investissements" d’Obama, seriné à Accra ? Assurément non, mais puisque la pilule du développement à avaler est proposée par le chéri mondial Barack Hussein Obama, aucune couleuvre ne paraissant trop grosse à l’amoureux pour être avalée, pourquoi pas au moins émotionnellement et en toute méconnaissance de cause ?

Autrement dit, si son discours d’Accra a été en rupture avec celui de Sarkozy à Dakar qui, plutôt que sur la démocratie, mettait l’accent sur la stabilité, et a été très écouté par les Noirs comme lui, descendants de rien comme lui et de déshérités voire même de damnés de la Terre encore comme lui, les nègres, Haïtiens en tête suivis des Libériens, colonie américaine des Noirs libres, l’ont-ils également entendu marteler que "l’avenir de l’Afrique appartient aux Africains" et non aux non-Africains, donc pas à l’Américain bien-aimé Barack Obama, et que la jeunesse du continent peut donner à l’Afrique les dirigeants démocrates dont elle rêve et trouver sur place chacun sa place au soleil ?

Même si, prenant à contre-pied l’Union européenne, qui se barricade sous la houlette de la France, il a prôné la liberté, le droit des Africains d’immigrer comme bon leur semble dans l’espace et le temps, la notion de frontière étant, historiquement dans la mentalité américaine, non pas une limite de séparation géographique figée, mais plutôt une ligne qui, comme l’horizon au fur et à mesure qu’on s’en approche, recule sans cesse dans le Nouveau-Monde pour intégrer les nouvelles vagues successives de peuplement du moment ? Nous le verrons au nombre, en diminution en augmentation, des jeunes candidats à l’émigration mourant sur les pirogues de fortune aux portes verrouillées de l’El dorado européen.

Voient-ils que, attachement charnel dû aux origines, plus scientifiquement aux coorigines raciales ou continentales important moins aux Américains que l’érection des principes de l’Etat de droit démocratique en mode de vie nationale ad vitam aeternam, et que, surtout, la défense stricte de leurs intérêts géostratégiques, Obama a honoré le pays de N’Krumah plutôt que celui de son père ? Nous doublerons l’aide à l’Afrique pour lui permettre d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), et accorderons 63 milliards de dollars au continent pour renforcer son système de santé, notamment dans la lutte contre le paludisme, le VIH/Sida et la poliomyélite, a promis Obama.

Parlant des confits qui déchirent l’Afrique, il s’est prononcé pour la promotion, la protection des droits de l’enfant et de la femme, citant le cas des viols massifs en RDC. Même que, concernant des dossiers comme le génocide des Noirs, en cours au Soudan, ou l’instabilité chronique de la Somalie, qui méritent à ses yeux l’aide de la communauté internationale, l’Afrique doit d’abord renforcer ses propres capacités à y faire face.

Car, a fait comprendre Barack Obama, président des Etats-Unis d’Amérique et non sauveur des Africans, "ce que nous voulons, ce n’est pas une présence forte des USA en Afrique, mais seulement aider à relever les défis qui menacent à la fois les USA, l’Afrique et le monde". Parlant spécifiquement de la motivation de l’aide de son pays au développement du continent noir, n’a-t-il pas expliqué que si les Africains deviennent plus riches, c’est-à-dire des consommateurs ayant un plus grand pouvoir d’achat, cela fera du bien aux exportations américaines ?

C’est donc à un partenariat du donner et du recevoir, en d’autres termes gagnant/gagnant entre Etats-Unis et Afrique que Barack Obama a, de nouveau, appelé les Africains, dont une des clauses est "l’avenir de l’Afrique dépend des Africains" ; et une autre et pas des moindre, également dite à Accra : "Notre soutien n’est pas éternel". Soyons et restons donc lucides et retroussons-nous les manches, chacun à son niveau, sur le front de la lutte pour la démocratie et le développement, pour mériter l’adjuvant, temporaire, du soutien, de l’appui de l’aide d’Oncle Sam, à ne pas confondre avec Tonton Sam.

La Rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 juillet 2009 à 11:50, par Bala Wenceslas SANOU En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

    Merci pour votre article

    Le monde sera ce que nous en ferons ; l’Afrique sera ce que les africains en feront. Pour moi, Barack et son équipe ont vu juste et bien de prendre comme critère simple, concret et pertinent d’espoir l’alternance politique. Ceux et celles qui voient plus loin que le bout de leur nez s’inscrivent dans la longue et difficile marche de la culture de l’alternance politique, comme les ghanians. Ceux et celles qui refusent de tirer leçon optent pour les apparences de stablité qui ne durent jamais au-delà d’une vie humaine. Puisse cette équipe américaine ne jamais cautionner les potentats qui s’accrochent au pouvoir par toute forme de mensonge et de coups d’état civil. Ne regardons pas seulement le Niger actuel, regardons aussi juste hier ceux qui ont trucidé la constitution de leur pays pour rester là où ils sont. L’histoire a tout retenu !

  • Le 13 juillet 2009 à 13:02, par Bekolessé En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

    Ne pensez jamais que c’est OBAMA qui viendra changer l’afrique.Tout d’abord l’afrique aux africains.Il faut que les africains sachent que Obama doit penser d’abord à son pays avant de penser à l’afrique.Ne vous trompez pas. Les journalistes disent que Obama est arrivé en Afrique subsaherienne.Cessez de faire cette différence entre les zones de l’afrique,Si Vous continuez à faire cette différence,il ne pourrais jamais arriver l "UNITE AFRICAINE".Les dictateurs ne soyez pas étonnés que Obama vous ait oublié,Changez et vous serez honorés.
    Par Bekolessé

    • Le 13 juillet 2009 à 14:56, par WAFO En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

      Je pense pas que les gens veulent dire que c’est OBAMA qui va changer l’Afrique, non ; ce qu’il y a, c’est que par cet homme, le monde aura une autre vision du noir et de l’Afrique noire. En plus, je pense que son avènement aura quand même un impact serieux sur la poltique africaine. Vous voyez, si les Kenyans sont conscients, ils auront déjà compris le message à travers d’abord l’élection de BARAK OBAMA mais aussi sa visite en Afrique et son indéférence face à ce pays qui est le sien.

  • Le 13 juillet 2009 à 13:14, par Bekolessé En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

    Je pense que le Ghana est un exemple de démocratie mais le seul en Afrique.
    On a plusieurs exemples de démocratie en Afrique : Le Benin, Le Mali,L’Afrique du Sud en sont des exemples vivants !
    Sans l’appui des perturbateurs occidentaux qui montent certains africains contre d’autres, plusieurs pays africains auraient franchis cette étape sans encombre, depuis bien longtemps. Ce sont les occidentaux, qui transforment certains africains en véritable diable en leur dotant d’armes pour se maintenir au pouvoir aussi longtemps que vous le souhaiteriez, au grand malheur du peuple !

  • Le 13 juillet 2009 à 13:26, par Francine En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

    Je tire mon chapeau à Obama, car par naïveté, beaucoup d’africains espéraient qu’ils ont trouvé toutes les solutions à leurs problèmes. Pas pour critiquer négativement son intervention, mais plutôt pour reconnaître la véracité car c’est ce que nous avons réellement besoin de comprendre, et même mieux, d’appliquer pour avancer. C’est très facile pour nous tous de critiquer les dirigeants de nos pays, mais que fesons nous au juste pour changer cela ? Comment est-il arrivé au pouvoir l’actuel dirigeant du Burkina ? Par peur et par lâcheté, personne n’ose se prononcer pour essayer de changer quoi que ce soit. Pour quelqu’un qui n’a jamais quitté le Burkina, c’est facile de lui faire croire que nous avancons, mais hélas ! la vérité en est tout autre. Qu’attendons nous pour être enfin solidaire et abandonner cette mentalité hypocrite qui nous hante ? Tant que le système actuel ne changera pas, nous n’aurons aucune liberté d’expression, aucune concertation réelle possible, aucune avancée, donc pas de développement en un seul mot. Allez donc savoir comment allons nous finir. Bonne journée à tous !

  • Le 13 juillet 2009 à 13:49 En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

    Bonne analyse de la situation mais ce qui est franchement dommage c’est la forme de l’article. Il faut faire des efforts (surtout dans la synthaxe des phrases) étant donné que vous en avez fait votre métier. De grâce !!!!

  • Le 14 juillet 2009 à 16:44, par jacq En réponse à : Visite d’Obama au Ghana : La reconnaissance d’un modèle démocratique

    Analyse pertinente.je retiens surtout cette phrase lors de son discours.« L’avenir des africains appartient aux africains. »Ce n’est donc pas l’UNION EUROPÉENNE, la France, les Etats Unis,la Banque Mondiale...qui penseront le developpement à notre place.

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