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Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

Publié le mercredi 8 juillet 2009 à 04h31min

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Du 7 au 10 juillet 2009 se tient à Ouagadougou, la conférence sur la monnaie unique de la CEDEAO pour les groupes régionaux du secteur privé et le rôle du secteur privé dans le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP).

La Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en 2007, avait reçu pour mission de réfléchir sur la question de la monnaie unique au sein de sa zone, afin de proposer une voie qui serait la plus rapide possible pour sa réalisation. L’ambition en effet, de la création de cette monnaie unique de l’espace CEDEAO remonte, selon Lambert N’Galadjo Bamba, commissaire chargé des politiques macro-économiques, à la création de la Communauté le 28 mai 1975. C’est même l’un des objectifs majeurs de la CEDEAO car, "les pairs fondateurs avaient alors perçu déjà, la nécessité d’une monnaie unique pour permettre le développement des affaires et pour renforcer l’intégration régionale", a-t-il poursuivi.

Des trois scénarios envisagés au départ, à savoir celui dit du "Big-bang" qui consistait en une décision politique et ceux du modèle UEMOA respectant un certain nombre de convergences, totale ou partielle, c’est le dernier schéma qui sera retenu. La CEDEAO suivra le modèle UEMOA, qui soit dit en passant, est plus lent mais repose d’abord sur une certaine crédibilité et confiance de la part des populations. Il s’agira de respecter un certain nombre de convergences au niveau des Etats, qui reposent sur une masse critique, avec un nombre suffisant de pays qui satisfont aux critères, sans attendre que tous les pays remplissent les conditions d’adhésion.

De la tenue de cette conférence, M. Bamba dira que "de telles rencontres sont faites pour partager avec les populations, les travaux des techniciens, afin qu’elles soient impliquées dans le processus et s’en approprient".
L’urgence d’accélérer le processus d’intégration régionale, née des récentes crises mondiales auxquelles les Etats de la communauté ont été confrontés, ne doit pas faire oublier que la mise en circulation d’une monnaie unique repose sur la confiance des utilisateurs, donc des populations.

Cette vision est "en phase avec le changement de paradigme intervenu au niveau de notre organisation et qui a dicté la nécessité du passage d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des peuples", explique Jean-Baptiste Natama, secrétaire permanent du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et ci-devant président de la cérémonie d’ouverture de la conférence. Il profite alors pour établir le lien qui existe entre monnaie unique et MAEP. Le diptyque qui caractérise en effet le thème de la conférence, selon lui, "répond au souci de mettre en adéquation opportunément deux problématiques qui, en réalité n’en font qu’une, en raison du lien si intime qui les unit (...) La monnaie, de par sa transversalité, revêt une multipolarité lui permettant d’embrasser plusieurs champs dans le domaine de la gouvernance", soutient-il.

Le MAEP, qui promeut la bonne gouvernance, est un canal garantissant la participation populaire, la stabilité politique, le progrès socioéconomique... toute chose dont naturellement découle la croissance économique susceptible de contribuer à la lutte contre la pauvreté. La monnaie unique s’impose ici comme l’un des facteurs essentiels pour la réalisation de l’objectif et surtout, comme moteur d’intégration économique dans l’espace CEDEAO.
Tous les intervenants à cette cérémonie d’ouverture de la conférence s’accordent à reconnaître l’absolue nécessité d’une monnaie unique pour ce grand espace sous régional de quinze pays, et vu qu’aucun Etat n’exprime de réserve à l’égard de cette unité monétaire, l’on peut espérer pour très bientôt sa réalisation.

D’ores et déjà, le Pr Lambert N’Galadjo Bamba dévoile une page de la feuille de route devant conduire à la future monnaie unique. "La 2e zone (hors UEMOA) devra créer sa monnaie d’ici à 2015. Puis, pendant 5 ans, elle va faire le mécanisme de surveillance multilatérale comme ça se fait dans l’espace CFA. Les 2 zones devraient ensuite converger pour qu’en 2020, on ait la monnaie unique."
Que faut-il pour créer une monnaie unique ? Quels sont les mécanismes mis en place pour y parvenir ? Ces problématiques seront traitées lors des communications en plénière, notamment par Damo Justin Barro, ancien vice-gouverneur de la BCEAO et conseiller spécial du président du Faso et par le Pr Bamba.

Thomas Dakin POUYA (pouyemtiim@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 8 juillet 2009 à 12:26, par Paris Rawa En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

    « Cette vision est "en phase avec le changement de paradigme intervenu au niveau de notre organisation et qui a dicté la nécessité du passage d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des peuples", explique Jean-Baptiste Natama ». Et pourtant on ne prévoit pas une consultation des peuples concernés par cette question de monnaie commune. Quels sont les rôles des parlements dans la conduite de ce projet ? Juste là pour enregistrer des choix politiques proposés et adoptés par des gens qui n’ont reçu aucun mandat populaire et qui décident pour tous parce qu’ils sont désignés par les chefs d’états ou les conseils de ministres ? Quelle efficacité pour une intégration régionale qui n’implique les peuples que dans les discours ? Il y a manifestement un déficit démocratique et même de légitimité des acteurs-décideurs.

  • Le 8 juillet 2009 à 12:31, par un fasoden de la diapora En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

    eNCORE UNE FAUTE GRAVE de connaissance de la langue de Molière ! "Musclez" , "soignez"vos papiers avant de les balancer au visage du monde entier ! On ne n’écrit pas "pairs-fondateurs" quand on veut parler des initiateurs et géniteurs de la CEDEAO mais de " pères-fondateurs" car quelque part la CEDEAO est bien leur "fille" C’est pourtant pas difficile de faire facile salut

  • Le 8 juillet 2009 à 14:52, par Pan sur le bec En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

    A Mr le fasoden de la diaspora
    Vous êtes l’hopital qui se moque de la charité ! Voyez le nombre de fautes que vous commettez : "diapora, on ne n’écrit pas...", plus le mélange des majuscules et des minuscules etc...
    Faites un effort Mr le censeur.
    Sans rancune

  • Le 8 juillet 2009 à 16:27, par Le Communautariste En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

    La création d’une monnaie unique dans l’espace CEDEAO : l’intention est bonne et louable mais le chemin emprunté est cependant loin d’être sûr. Le niveau d’intégration, je veux parler d’intégration économique, de la CEDEAO est loin du compte pour envisager la création d’une monnaie unique. Cet espace dit communautaire n’offre pour le moment que barrières tarifaires, tracaseries douanières et routières de tout genre sur les marchandises. Tant que les libertés communautaires (libre circulation des personnes, des biens des capitaux et liberté d’établissement) ne seront pas réalité, la monnaie unique peut et doit attendre. Une Communauté est une destinée commune matérialisée par une économie et au besoin une monnaie commune. Quelles sont par exemple les relations économique entre le Burkina Faso et le Cap Vert ? La CEDEAO, organisation communautaire sur le papier, je veux parler des textes, reste emminenment intergouvernementale. Quelle étude pertinente a précédée une telle décision en dehors de celle ménée par les services de la CEDEAO ? Pour un lendemain meilleur de l’intégration Ouest africaine en générale et celle de la CEDEAO en particulier, il est temps d’impliquer aussi bien les acteurs économiques que le monde universitaire pour une réflexion critique et constructive. Nos dirigeants politiques doivent comprendre que l’intégration est celle des peuples ou n’est pas.

    • Le 8 juillet 2009 à 23:27, par Hermes - USA En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

      Je ne s8 pas d’accord avec monsieur. A y regarder de pres, les problemes d’integration en Zone CEDEAO sont + dus aux politiques qu’aux peuples (meme analphabetes).
      Du fait de certains faits historiques (mise en place des institutions des les independances) et culturels (peuples de commerces, d’echanges et de migrations) les peuples en Afriq. de l’Ouest sont relativement beaucoup avances en matiere d’integration. Bien sur que ce n’est pas encore l’amour parfait entre ces pays, mais s’il faut attendre cela on ne fera jamais cette integration.
      Pendant des annees j’ai voyage entre la cote d’ivoire et le Burkina avec une simple carte d’identite. Et il y’a plein d’autres symboles de ce genres. Dans notre zone, tout le monde trouve ca normal. Faites 1 tour en Afrique Centrale pour voir qu’il sont tres tres loin de ca.
      En realite nous sommes meme dans de meilleures dispositions que les Europeens. La bas, ce sont justement les intellectuelles et autres politiques qui ont pousses a l’union. Les peuples y etaient +tot refractaires. Il n’y a pas si longtemps qu’ils ont fete en grande pompe le fait justement de pouvoir voyager au sein de l’union sans passport.
      Paradoxalement en Afrique de l’ouest, ce sont +tot les gouvernants qui bloquent cette integration. Ceci par manque de vision, chacun voulant proteger son petit pouvoir local ou croyant proteger son economie local. D’ou le fait qu’on applique pas les textes que nous avons nous meme adoptes depuis des decenies.

  • Le 8 juillet 2009 à 16:31, par Le pionnier En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

    Rawa, je comprends votre critique et je l’approuve ; cependant, ne pensez vous pas qu’avec une population a 90% analphabete, il est difficile de leur demander de se prononcer sur des choses dont ils ne comprennent meme pas la portee ? Certes on aurait pu faire une campagne de sensibilisation a la rigueur, mais un referendum aurait ete de trop a mon avis ; meme si je pense qu’on devrait au moins associer les peuples d’une facon ou d’une autre...

    • Le 9 juillet 2009 à 10:36, par Paris Rawa En réponse à : Espace CEDEAO : Une monnaie unique en 2020

      Être analphabète, ne signifie pas être imbécile, c’est-à-dire incapable de comprendre !! Consulter ses propres sujets, c’est s’obliger à leur expliquer le projet commun jusqu’à ce qu’ils comprennent, avant de passer à l’étape suivante : ce la est indispensable pour réussir. C’est ainsi que l’on sort les peuples entiers de l’ignorance (car ils sont capable de comprendre si on explique) pour qu’ils participent à la compétition mondialisée. C’est ce qui explique que les chinois et les indiens aussi analphabètes que nos paysans viennent occuper nos marchés. Si on fait la monnaie commune sans nos parents elle ne profitera qu’aux étrangers, tout comme l’exploitation des mines et autres richesses. On ne développera jamais un pays en écartant l’acteur principal qu’est la population : c’est elle qui produit, transforme, vend, achète, utilise la monnaie, voyage, demande des papiers, construit, détruit, devient pauvre ou s’enrichit... Comment donc réussir à se passer de son avis sans tomber dans l’illusion de la facilité ?

      Il y a plusieurs degrés et plusieurs manières d’impliquer les populations pour qui on veut fabriquer une monnaie commune et bâtir une économie intégrée : Par exemple en créant une vraie Assemblée de députés de l’espace CEDEAO qui seraient élus par les citoyens des pays concernés où qu’ils soient dans cet espace. Ne me dites pas que cela est impossible car déjà sous la colonisation, des africains étaient élus débutés pour siéger au Grand Conseil de l’AOF, à l’Assemblée de l’Union Française, ou même à la Chambre des députés (l’ancêtre de l’Assemblée Nationale en France). En plus, l’élection des ces africains ne se faisait pas sur la base d’un corps électoral qui se limitait à leur territoire d’origine ; ils étaient élus avec des voix d’électeurs qui étaient de territoires voisins. Ainsi, Félix Houphouët Boigny par exemple, pour les législatives de janvier 1956 devait venir et est venu jusqu’à Ouagadougou solliciter les voix des voltaïques en même temps que les candidats voltaïques tels que Nazi Boni, Joseph Conombo, Henri Guissou et autres. "L’intégration" que la France savait faire sans hésiter pour nous exploiter, nous ne voulons pas le faire, ou nous tardons à le faire pour défendre notre propre intérêt.

      Nous préférons souvent les solutions de facilité et la mendicité (dépendance) comme mode de partenariat économique. C’est la raison pour laquelle nous somme encore là à nous demander comment et quand on va faire ce qu’il y a à faire, au lieu d’agir comme il faut tout de suite. Pendant ce temps (c-à-d au moins jusqu’en 2020 si nous nous ne reculons pas les échéances...) le francs CFA (initialement Colonies Françaises d’Afrique) continue à fonctionner exactement comme une grosse pompe aspirante branchée sur les performances des économies et des finances de nos états pour renflouer le trésor public français (propriétaire du franc CFA). Si on se donnait 5 ans pour impliquer les populations, on ’n’aurait peut-être plus besoin d’attendre jusqu’en 2020 ! Mais, bon... à chacun sa priorité et à tous le retard. Les français (leurs dirigeants) sont très astucieux (ils ont raison), et nous (nos dirigeants), nous sommes très pinailleurs(en ont-ils conscience ?).

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