<I>Missive à mon oncle </I> : Gbagbo, sans foi, ni loi ?
Tu as raison de douter de la bonne foi de Gbagbo qui n’a foi
qu’en ce qu’il entend imposer aux autres. A maintes reprises en
effet, il s’est empressé d’avaler des engagements pris devant
témoins, et pas des moindres, faisant de ces derniers de gros
menteurs. Une fois, loin de la traque de ses pairs, Gbagbo
reprend toujours ses anciennes habitudes.
Cette intelligence
avec le diable lui a jusqu’ à présent tellement réussi qu’il vient
de récidiver après le sommet de l’UA au cours duquel il a été
sommé d’appliquer intégralement les Accords de Marcoussis.
Gbagbo persiste et signe en voulant imposer une application
sélective de ces accords.
Aussi, parmi tous les problèmes à
résoudre (réforme agraire et foncière, code de la nationalité,
conditions d’éligibilité à la magistrature suprême etc), Laurent
Gbagbo n’a-t-il retenu qu’un seul : la démobilisation, le
désarmement et la réinsertion (DDR). Sous-entendu, le
désarmement unilatéral de l’aile armée des Forces nouvelles.
Le président ivoirien ne veut pas entendre parler de
désarmement de ses nombreuses milices et de ses
insaisissables escadrons de la mort.
Ces milices, comme à
leurs habitudes, ont commencé à soumettre Gbagbo à des
séances de résistance en prévision du sommet d’Accra prévu le
29 juillet prochain. Mais le président Bongo, le nouveau
médiateur du conflit ivoirien, qui avait déjà engueulé Gbagbo
comme un enfant, a déclaré sans détour qu’on ne peut pas
prétendre résoudre une crise dans un Etat où des
manifestations s’organisent et attisent encore les adversités.
Gbagbo est donc prévenu, car la réunion d’Accra ne sera pas
une rencontre restreinte, réduite à quelques pays. Y seront
présents et impliqués non seulement l’Union africaine, la
CEDEAO, l’ONU, mais également les principaux pays
industrialisés : Etats-Unis, Japon, Allemagne, France,
Grande-Bretagne, Italie et Canada. De quoi en tout cas satisfaire
les Forces nouvelles qui ont toujours appelé de leurs voeux, la
présence de la communauté internationale à toutes les étapes
des négociations sur la crise ivoirienne. Pour Omar Bongo, "le
futur sommet d’Accra sera celui de la vérité".
Gbagbo pourra-t-il
encore, au sortir d’une telle rencontre, continuer d’en faire à sa
tête ? On espère que le président ivoirien, qui assiste
actuellement à Dakar, à une réunion de l’Internationale
socialiste , saura adopter une attitude digne du vrai socialisme
qui, même s’il a perdu son pouvoir d’attraction aujourd’hui, a
longtemps inspiré beaucoup de régimes africains.
Ton oncle
Le Pays