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LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

Publié le vendredi 5 juin 2009 à 02h04min

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Quel est le premier programme d’un maire qui vient d’être élu au Burkina ? La réponse ne souffre pas de débat. Elle tombe toute seule, au vu des expériences déjà vécues. C’est initier une opération de lotissement si cela est possible. Pour les maires des communes urbaines et rurales où les lotissements sont finis, parce que la commune a tout de même des limites, c’est la galère, voire la consternation. Ce sont des occasions de se constituer rapidement des fortunes. Pourtant, les personnes dans cette situation ne cessent pas de dire, à qui veut les entendre, que leur mairie est pauvre, qu’il n’y a que des histoires et des papiers.

Par contre, pour les maires des communes où les possibilités de lotir existent, et elles sont réelles, la demande étant forte, ils se frottent les mains. Prenez patience et observez-les à la fin de leur premier mandat. Ils sont luisants, ont le verbe haut, et sont arrogants à la limite. Ils se sont enrichis, trop même souvent, dans les opérations de lotissements. Souvent aussi, leurs premiers adjoints, du fait qu’ils se trouvent plus impliqués dans ces opérations, sont devenus des "mogo puissants" n’ayant peur que de Dieu. Pour masquer les choses, il y en a qui se sont donné une casquette d’opérateur économique pour justifier leur fortune amassée en un temps record. Pourquoi la terre est-elle devenue en l’espace de deux décennies la marchandise la plus prisée, celle qu’il faut posséder et celle dont il faut contrôler la distribution pour devenir riche ?

La première raison qui nous vient à l’esprit, c’est que les lotissements ne sont plus faits pour donner une parcelle à usage d’habitation aux résidents. Les lotissements sont initiés pour vendre les parcelles aux plus offrants, aux plus riches. Faut-il y voir la source principale des plaintes que l’on enregistre actuellement dans des arrondissements comme Boulmiougou, Bogodogo, ou des communes commes Saaba ? A la fin du lotissement, les résidents authentiques, ceux qui ont été recensés et dont certains ont été dépossédés de leurs champs, de leurs patrimoines ancestraux, sont invités à aller s’implanter plus loin. De véreux affairistes occupent leurs cours et leurs champs. C’est le fruit de la spéculation foncière. Les maires, leurs adjoints et tout le conseil municipal se jettent à corps perdu dans cette spéculation qui a pour conséquences des drames. Par exemple, une vieille veuve s’est retrouvée sans parcelle après le lotissement de la terre sur laquelle elle a vécu des décennies durant avec son défunt mari.

On ne parle pas de lotissement au Burkina aujourd’hui sans faire référence aux lotissements à grande échelle sous la révolution dont le postulat de base était d’offrir à chaque ménage un lot pour qu’il y établisse son foyer. De nos jours, les lotissements qui se font dans les communes urbaines et rurales ne tiennent pas du tout compte de ce postulat de base qui tire sa justification des considérations sociales. N’obtient pas une parcelle qui en a droit, mais a une parcelle le riche qui peut corrompre les membres de la commission d’attribution, le maire et ses adjoints. La question du lotissement est maintenant une affaire de voleurs, de truands, de faussaires, etc. Elle est aussi, il ne faut pas l’oublier, une question éminemment politique avec de gros enjeux financiers et électoraux. Le parti au pouvoir qui est actuellement le seul capable de promettre des parcelles aux populations en use abondamment à l’approche de chaque échéance électorale. Peut-on de nos jours faire un "lotissement sain" dans notre pays ? Mais qui gagne dans "un lotissement sain" ?

D’abord, par "lotissement sain", nous entendons un lotissement à l’issue duquel les vrais bénéficiaires sont les populations concernées, celles qui ont été officiellement et formellement identifiées comme résidents sur les lieux au moment du recensement. "Un lotissement sain" est un lotissement qui se préoccupe en priorité de loger les cas sociaux : vieux, vieilles et veuves sans enfants et sans ressources, personnes nécessiteuses, tous les citoyens qui sont des laissés- pour-compte. Ensuite, il faut tenir à l’écart des lotissements futurs, si toutefois on veut qu’ils soient "sains", toute femme et tout homme qui serait déjà compromis dans une ou des affaires de parcelles. Ils risquent de reproduire leurs expériences "virussées", leurs mauvaises façons de faire qui ont pour noms affairisme, spéculation. Enfin, dans un "lotissement sain", les hauts cadres de l’Administration publique et privée ne sont pas concernés.

Ils ne doivent pas être concernés. Il s’agit, la plupart du temps, de personnes qui possèdent déjà une ou deux, voire davantage de parcelles. Ces personnes résident à la Zone du bois, à Ouaga 2000 ou à la Cité de l’impunité à Somgandé. Mais les usages jusque-là montrent que ce sont les premiers servis. Pour finir, il faut assigner à chaque nouveau maire des missions précises qui ne se limitent pas seulement au lotissement. Il y a aussi des tâches d’assainissement, donner l’eau potable aux populations, lutter contre les épidémies, les problèmes d’éducation, etc. Certes, on répliquera que ce sont les lotissements qui permettent de faire rentrer de l’argent dans les caisses des mairies. Mais il se trouve aujourd’hui que les lotissements, au lieu de faire rentrer l’argent dans les caisses des mairies, enrichissent les maires, leur entourage et des affairistes sans vergogne.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 juin 2009 à 11:24, par Ziri En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

    Merci pour cet article qui retrace la triste réalité du Burkina et surtout à Ouagadougou. Cela ne concerne pas les maires et leur adjoint uniquement mais et surtout leurs accolytes et leurs collaborateurs. Ce sont des véritables bourreaux des chasseurs d’argent, des criminels. Ils n’ont aucun pitié pour le peuple ; seles leurs poches comptent. Et le gouvernement est là à regarder sans broncher. Personne ne dit mot et laisse les victimes à leur propre sort. Cela veut dire qu’ils sont également complices, qu’ils trouvent également leur comptes. C’est dommage ! Voyez ce qui se passe dans la commune de Boulmiougou. Ils sont ous devenus des multimillionnaires à cause des lotissements. Même les fraudeurs de hautes marques qui ont fait la prison à plusieurs reprises pour ces mêmes malversations. Ils sont toujours là. Ils sont inamovibles. Ils sont irremplaçables car ils font l’affaire des maires. Dans quel état de droit sommes nous ? Le burkina agonise !!! La morale n’y est plus. sauvez nous

  • Le 5 juin 2009 à 13:31, par Thews En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

    Cet article ne fait que dire haut ce que pense le bas peuple dans ce pays. Après le vote de la Loi sur la RAF,plusieurs maires se sont vite lancés dans des lotissements pour se remplir les pôches avant la fin de leurs mandats.Ces pratiques ont amené des propriétaires terriens à brader leurs champs (qui appartiennent à l’Etat selon la RAF). D’autres maires cherchent à étendre les limites communales pour avoir de nouvelles terres à lotir : cas de la mairie de Bobo-Dioulasso qui veut engloutir certains villages malgré eux, avec le nouveau redecoupage/extension proposé par le maire central et qui doit être soumis à l’Assemblée Nationale. Des familles sont divisés aujourd’hui à cause des lotissements mal gérés par les conseils municipaux : cas du lotissement de Sakaby où certains conseillers (et pas les moindres)de l’arrondissement de Dô (Bobo) seraient trempés dans des deals très lucratifs. Malgré le cri de coeur des populations qui sont dépouillées de cette richesse ancestrale sans contrepartie parfois lors des attributions de parcelles ,la mairie centrale ne fait aucune communication (comme l’a fait Simon à Ouagadougou) car les responsables dudit arrondissement n’osent pas s’hasarder à rencontrer les populations. Encore, alors que les loptissements cavalent, la viabilisation et même l’assainissement de ces zones loties traînent des pieds ! Cas du quartier Sarfalao à Bobo. Alors, Messieurs de l’ASCE, pourquoi jusqu’à présent vous ne mettez pas le nez dans ces affaires de lotissements ? On est en laisse guidon comme dirait les enfants ! Que Dieu nous sauve !

    • Le 6 juin 2009 à 18:52, par TOBO En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

      Voila un sujet "phare" sur lequel l’ASCE aurait pu nous entretenir dans ses fameux rapports vu que c’est une question qui soulève sans cesse la polémique au sein de la population.
      Mais bon ,il y a mieux à faire ?!!
      Attendons de voir...

      • Le 7 juin 2009 à 15:36, par wend waoga En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

        Le plus dramatique dans tout ca,c’est notre comportement à nous,les populations qui frise le crime contre nous-meme !Les média n’ont pas arreté d’en parler quand l’occasion se présente,des personne bien intentionées s’élèvent contre la criardise du problème,mais nous,qu’avons-nous fait ? Nous attendons que les choses s’arrangent d’elles-meme alors que nous devons avoir à l’esprit que lorsqu’on n’entendra plus parler de deals de parcelles,c’est quand il n’y aura plus de lotissements à faire !Et dans ce cas,comment espérons-nous avoir notre propre parcelle quand tout sera entre les mains des prédateurs économiques ? Qui peut dire avec certitude aujourd’hui,et surtout,vue la manière dont le pays est géré,qu’il préfère laisser faire car de toutes les facons,il y aura bien un moyen de s’acheter une parcelle un jour ? Et à quel prix ? Nous nous plaignons et nous regardons faire les bras croisés,tout en geignant !Qui interpelons-nous ? De toutes ces autorités,laquelles est bien placée pour donner des lecons à une autre ? Ces affairistes qui se sont retrouvés puissants d’un jour à l’autre ? Ces maires et leurs adjoints qui se frottent les mains grace à ces affairistes ? La Justice dont les cadres y tirent leurs dividendes afin que des dossiers puissent bien dormir dans des tiroirs ? Ou bien le gouvernement qui a intéret à ne pas éveiller le courroux de son électorat ? Unitile de parler de l’opinion internationale,elle qui trouve le moyen de nous balancer des diplomates qui viennent insulter notre intelligence en disant des vomissures du genre "VOTRE PAYS EST PLACÉ PARMI NOS PRIORITÉS EN MATIÈRE DE COOPÉRATION,DU FAIT DE SA BONNE GOUVERNANCE" !Restons dans nos petits coins à geindre et attendons que le Bon Dieu lui-meme vienne nous restituer ce qui nous revient de droit,peut-etre y’aura-t-il pas de risque que nos enfants se retrouvent sous le PONT KADIOGO,meme si après que nos bourreaux se soient tout accaparés en matière de biens fonciers,ils vont ensuite tellement monter le loyer qu’il ne sera pas possible pour n’importe qui de louer meme un "chambre-salon" !C’est là que nous devons nous rappeler:il y eut un temps où nous aussi,avions la possibilité d’avoir nos parcelles à nous,mais un groupuscule de personnes s’en est emparé,parceque nous,on attendait que Dieu vienne nous distribuer les terrains !NUL N’A JAMAIS OBTENU QUELQUE CHOSE EN DORMANT SUR SON LAURIER !MEME CEUX QUI ONT GAGNÉ FACILEMENT,TRAINENT LE PLUS SOUVENT QUELQUE CHOSE DE LOURD SUR LA CONSCIENCE !MAIS SACHONS AUSSI QUE NE RIEN FAIRE FACE À CERTAINES SITUATIONS,PEUT AVOIR DES CONSÉQUENCES LOURDES SUR LA CONSCIENCE,SURTOUT QUAND C’EST LE FUTUR QUI NOUS METTRA TOUJOURS DEVANT LES FAITS !

        • Le 8 juin 2009 à 14:05, par G.H. En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

          Wend Waoga,bjr !
          t’a fait un trés bon article, félicitation !tu traduit bien une amertume génerale, et tu en veux à nous,peuple à qui,selon Norbert Zongo, revient le vrai pouvoir.Tu reve sans doute de voir tous les gens se dresser comme un seul homme pour refuser cette pratique et revendiquer une justice sociale dans l’attribution des parcelles !c’est un reve partagé par beaucoups.Notre espoir, je crains qu’il ne vienne à se fondre quand on observe de prés la poussée génerale actuelle dans notre pays depuis un certains temps.Nos orientations politiques generales, stratégiques et operationnelles prennent t elles réellement en compte la dimension humaine et sociale ?je nvais pas être long. Une famille heureuse,est une famille qui a eu la chance d’avoir un chef de famille,capable de vendre sa vie pour le bien être de ses menbres .Mais quand ce dernier fait l’option de vendre un autre membre de la famille pour le bien être des autres dont lui même, croyez moi,il vendra jusqu’au dernier membre pour se garantir à lui seul le mieux être !C’est notre situation.je ne verse pas dans le fatalisme,mais la complexité du problème est telle que,je lève la tête vers le ciel et j’agite mes frêles bras !Et,je ne suis pas seule assurement !
          bonne reflexion

        • Le 8 juin 2009 à 14:41, par LE CITOYEN En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

          Merci pour cet article réalisé par le fou. J’applaudit franchement l’intervention du dernier internaute qui nous appelle à l’action. Je crois que les journalistes (certains en tous cas font leur travail conciensiemment. Le reste appartient au peuple. Il est temps de se lever. On dit que les peuples méritent les dirigeants qu’ils ont. Et c’est vrai. Je dirai même plus, les populations des communes méritent le maire qu’ils ont voté. Il y a une chose sur mlaquelle j’atire l’attention de mes chers concitoyens : L’ETAT LUI-MEME A CREE UNE TELLE SITUATION AVEC CETTE HISTOIRE DE COMMUNALISATION ET SONT CORTEGES DE MAIRES A QUI ON NE CONNAIT PAS UN SALAIRE NORMALEMENT PAYE. IL A AINSI ETABLIT DES "VOLEURS LEGAUX" A LA TETE DES COMMUNES. En effet, s’il n’ont pas de salire, ils trouveront bien l’astuce pour se faire payer. Aussi je suggere que l’on fasse faire à un nouveau maire sa déclaration de biens et sous serment. Toute chose qui sera vérifiée. Ainsi, à la fin de son mandat, on pourra comparer et rétablir les choses en respectant la loi. EN ATTENDANT, IL FAUT INTERDIRE A UNE PERSONNE DE POSSEDER PLUS D’UNE PARCELLE ; sES ENFANTS OU HERITIERS AURONT SOIN D4EUX MEMES QUAND VIENDRA LE TEMPS ;

  • Le 13 juin 2009 à 12:45 En réponse à : LOTISSEMENTS AU BURKINA : Un business qui rapporte gros

    Voila enfin un journaliste qui a touché du doigt le probleme de la population. Courage, c’est domage que la politique de nos maires soit toujours, après plusieurs mandats, de s’enrichir sur le dot des pauvres qui les ont voter avec espoir d’avoir un jour une habitation descente. On fête 20 ans de democratie et on n’est pas à mesure de régler ce probleme pour les pauvres gens. Etre Burkinabé c’est aussi être juste envers ses semblables.

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