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PROJET REFERENDAIRE DE TANDJA : Après les politiques, le front syndical monte au créneau

Publié le mardi 2 juin 2009 à 03h44min

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Le projet référendaire du président nigérien, qui doit lui frayer le chemin interdit vers un nouveau mandat des plus contestés, une coalition spontanée de syndicats nigériens en a fait son affaire. Ce front syndical a, en effet, décidé de barrer la route et de mener la vie dure à Mamadou Tandja dans sa folle ambition de faire avaler au peuple nigérien, son gros plat de couleuvres.

Le front entre ainsi dans la danse, après les vives protestations de la majorité des partis politiques nigériens, les condamnations de la société civile et l’avis défavorable du Conseil constitutionnel sur une révision de la Loi fondamentale. Ce tohu-bohu quasi général, qui grossit à mesure que Tandja poursuit sa marche acharnée, voire endiablée vers le passage en force, a été rompu par la soudaine sortie du roi Moammar Kadhafi, qui s’est senti le devoir de "mettre sa bouche" dans la querelle qui met aux prises partisans et détracteurs du "tazarché". Bien sûr, cet adepte connu du pouvoir à vie et de l’immobilisme politique se sera rangé du côté où l’on perçoit un mandat supplémentaire pour Tandja comme une grâce du Ciel, une grande chance pour le Niger et son peuple.

Evidemment qu’on n’attendait pas mieux de celui qui a toujours encouragé la suprématie de l’anti-alternance. Si le Guide libyen roule donc ouvertement pour le président Tandja, qu’en est-il de la France, ce partenaire commercial privilégié du Niger sur qui elle sait, aujourd’hui plus qu’hier, compter pour l’approvisionnement de ses installations nucléaires ? Quel intérêt la France gagnerait-elle à brouiller ses bonnes relations avec Tandja, à un moment où l’heure semble plutôt aux bonnes affaires entre Niamey et Paris ?

Que Mamadou Tandja veuille continuer à manœuvrer jusqu’à ce que les portes de la présidence lui soient, à nouveau, grandement ouvertes, ce n’est pas la France qui devrait l’en empêcher. Pourtant, toutes les énergies, d’où qu’elles viennent, devraient être mobilisées pour éviter à ce pays d’entrer dans une situation insurrectionnelle et de connaître le pire. Mais que fait l’Union africaine qui devrait se sentir interpellée au plus haut point, face à cet énième drame en préparation sur le continent noir ? Pour autant qu’on sache, l’institution panafricaine n’a pas pris ouvertement position sur l’inquiétante situation nigérienne. Comme si elle attendait que le fantôme qui est déjà dans la maison commette les pires dégâts avant de venir à la rescousse d’un peuple qui aura déjà été marqué.

Mamadou Tandja tient vaille que vaille à "son" référendum. Mais pourquoi une telle fixation ? Est-il certain d’en sortir vainqueur si les électeurs étaient convoqués aux urnes ? Que ferait-il si les urnes, après avoir rendu fidèlement leur verdict, lui indiquaient la porte de sortie ? Une chose est certaine : l’ancien colonel de l’armée ne serait pas si pressé d’aller au référendum si cette voie représentait, pour lui, un énorme risque. Bien au contraire, Mamadou Tandja semble avoir, bien longtemps, préparé le terrain. Comme on le sait, il a subitement trouvé des vertus en ses frères ennemis d’hier, c’est-à-dire les rebelles touarègues, pour ensuite se dépêcher de faire la paix avec ces individus qu’il traitait, il y a peu, avec le plus grand mépris.

Tandja a trouvé grâce aux yeux de la France, après la signature d’un important accord passé entre son pays et un fleuron de l’industrie française : AREVA. Avec cela, l’amalgame est vite fait : avec Tandja, le Niger avance et il avancera encore plus tant que Mamadou Tandja sera au pouvoir ; on ne change pas une équipe, ou du moins, un président qui gagne. Seulement, ce genre de propos ne peut pas passer dans ce contexte où les dérives "pouvoiristes" du président sont de plus en plus affichées. Tandja a-t-il fini par oublier que son pays compte l’une des sociétés civiles les plus alertes et les plus dynamiques de la sous-région ?

Mamadou Tandja devrait-il, pour autant, avoir trop de soucis à se faire, s’il franchissait l’étape de l’organisation du référendum ? Dans un continent où la fraude électorale est une banalité et où ceux qui portent les chefs d’Etats au pouvoir sont essentiellement les électeurs analphabètes qui peuplent les zones rurales, Tandja peut boire son petit lait. La tournée qu’il a effectuée récemment dans les provinces, participe d’une stratégie éprouvée de sa reconquête du pouvoir. Et c’est ainsi que va l’Afrique, prise en otage par une nouvelle génération de chefs d’Etat dont la plupart auront finalement fait pire que les pères des indépendances, en tentant de s’accrocher par tous les moyens au pouvoir.

" Le Pays"

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