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LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : Il faut frapper en haut et très fort

Publié le mardi 2 juin 2009 à 03h44min

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Ne nous voilons pas la face. Ayons au moins, une fois encore, le courage et l’honnêteté (ne nous appelle-t-on pas les hommes intègres ?) de nous regarder dans les yeux et sans sourciller lorsque nous parlons de la corruption. De la corruption parlons-en ! Nous en parlerons toujours. Parler de la corruption, c’est se demander si on la combat ; si on peut la combattre et avec quelles armes et enfin, si on veut vraiment la combattre ?

Certes, il y a une volonté de la part du gouvernement, particulièrement de son chef de lutter contre la corruption parce qu’elle fait que tous les citoyens burkinabè ne se présentent pas avec les mêmes chances à un concours de recrutement, à un examen, à la soumission pour un appel d’offres, quand ils se rendent à l’Agence nationale de l’emploi, etc. La corruption accentue les divisions sociales, sape les bases des économies des Nations, détruit le capital de confiance que des partenaires au développement et autres investisseurs ont placé ou peuvent placer dans un État. Là où sévit la corruption à l’état endémique, et comme corruption rime avec impunité : c’est l’État zéro.

Il y a une semaine, le président de l’Autorité supérieure de contrôle de l’État, autorité créée avec pour mission de lutter contre la corruption, a remis au Président du Faso son rapport annuel. Que pensez du sort qui sera reservé à ce rapport ? Le même accueil que celui qu’avaient reçu les nombreux rapports produits par l’Inspection générale d’État, ceux de la Haute autorité de lutte contre la corruption, ceux de la Commission d’éthique, etc. Pourquoi selon vous ? Parce que tout simplement, dans ces rapports, ce n’est pas un maire qu’on révoque sous l’accusation de mauvaise gestion, ce n’est pas le receveur d’une commune rurale ou l’économe d’un établissement secondaire qu’on chasse comme un pestiféré avec des poursuites judiciaires. Dans lesdits, il est question de femmes et d’hommes de la bonne société, de gens qui connaissent et qui se connaissent.

Il s’agit de personnes qui ont mis à genoux une ou deux sociétés d’État, des personnes qui ont soustrait des sommes faramineuses des caisses de l’État par divers procédés dont ils sont les seuls à en posséder le secret. Ceux dont il est question dans ces rapports sont des personnes qui ont construit des barrages entre les quatre murs de leur bureau, foré des puits, érigé des écoles et des collèges sur du papier. Ces personnes-là sont intouchables, tout comme le sont leur femme, leurs enfants, leurs parents, amis et connaissances (P.A.C). Ce sont des gens de "en haut de en haut" ! Ils se trouvent au sommet de la pyramide de l’État, ce sont eux qui ont le pouvoir et qui sont le pouvoir.

Ce sont principalement ces femmes et ces hommes du pouvoir qui pensent comment corrompre et qui corrompent. Les autres, tous les autres sont des outils de la corruption, des instruments de la corruption. Conclusion logique : on veut bien lutter contre la corruption, mais on ne le peut pas car cela reviendra à se faire hara kiri. Le poisson pourrit toujours par la tête. Pour lutter avec un petit espoir de la vaincre, il convient de la décapiter au sommet de l’État. Pour lutter et prétendre enrayer la corruption, il faut nécessairement tarir ses sources qui sont au sommet de l’État et qui irriguent tout le corps social sans exception aucune. Les solutions utilisées jusque-là au Burkina Faso pour lutter ou pour prévenir les crimes de corruption sont des demi-solutions.

Une opération anticorruption prend toujours dans ses filets, le menu fretin, laissant les gros silures, les grosses carpes si ce n’est les caïmans, les crocodiles, voire les piranhas enfouis au fond de la vase. Si l’on veut combattre le fléau de la corruption, on doit curer le fleuve, quitte à rejeter dans l’eau ses habitants qui sont inoffensifs. Voilà comment il faut procéder sans que personne ne puisse dire qu’on se livre à une chasse aux sorcières. Que chaque gestionnaire de projet, que chaque directeur de société d’Etat, quand il vient à l’assemblée générale des sociétés et des établissements publics se présente avec deux délégués de personnel, ceux-là qui sont intéressés par la survie de leur outil de travail. Des directeurs généraux qui ont déjà "terrassé" des sociétés, ne se sont-ils pas vus propulser à la tête d’autres plus importantes ?

Les délégués ne mentiront jamais, ils ne fausseront pas non plus les bilans pour les embellir. Ces temps n’étant pas faciles pour les délégués de personnel, ce sera l’occasion de montrer l’importance de leur rôle dans l’entreprise. Une formule à essayer, M. le Premier ministre : écouter les délégués de personnels pendant les assemblées générales des établissements publics ! Pour combattre la corruption et sa fille aînée l’impunité, il faut frapper haut, il faut frapper les milieux où est conçue et planifiée la corruption. Toute autre démarhe n’est que simple et spectaculaire gesticulation.

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 2 juin 2009 à 10:53, par le fauve En réponse à : LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : Il faut frapper en haut et très fort

    vous avez certainement raison de dire qu’il faut frapprer en haut mais de la à affirmer que les délégués ne mentirront jamais vous exagérez. vous avez trés bien comment ca se passe au burkina ! il suffit qu’il ait sa petite famille malade et qu’il soit mal payé pour qu’il tombe dans la corruption. mais une telle personne n’est pas à blammer car il n’a guère le choix.
    si vous voulez lutter contre la corruption il faut assainir certes le haut mais il faut également donner à la base( le peuple) un travail bien rémunéré, un enseignement gratuit sinon amélioré, un système de santé performant, une justice impartial et égaliataire, etc. tout ceux dont le gouvernement refuse de faire sa priorité et qui pourtant manque cruellement au faso.

  • Le 2 juin 2009 à 11:24 En réponse à : LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : Il faut frapper en haut et très fort

    A prendre au sérieux ce qui suit : "Les délégués ne mentiront jamais, ils ne fausseront pas non plus les bilans pour les embellir. Ces temps n’étant pas faciles pour les délégués de personnel, ce sera l’occasion de montrer l’importance de leur rôle dans l’entreprise. Une formule à essayer, M. le Premier ministre : écouter les délégués de personnels pendant les assemblées générales des établissements publics ! Pour combattre la corruption et sa fille aînée l’impunité, il faut frapper haut, il faut frapper les milieux où est conçue et planifiée la corruption".

  • Le 7 juin 2009 à 13:37 En réponse à : LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : Il faut frapper en haut et très fort

    La présence des délégués aux Assemblées Générales des Sociétés d’Etat, tout en demeurant un progrès, n’est pas la solution. Quelle preuve détient un délégué du personnel pour dénoncer un responsable de société sur des faits de corruption ? Ce n’est pas vrai de dire qu’il y a une volonté de la part du gouvernement de lutter contre la corruption. De qui est constituée la grande masse des corrupteurs et des corrompus ; si non que ceux qui détiennent une parcelle du pouvoir. En la matière, le Gouvernement fait semblant pour ne pas donner l’impression qu’il ne veut rien faire. La bonne volonté du Gouvernement en la matière devra commencer par la mise en place d’un dispositif juridique qui permettra d’exiger des riches et des responsables qu’ils justifient leurs biens acquis à partir de leurs revenus. Toute autre démarche n’est que subterfuge.

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