Les outils TIC offrent d’énormes potentialités pour accompagner la lutte contre la pandémie. Mais la prudence doit être de mise car ils peuvent produire l’effet contraire avec la cyber escroquerie. Il est aussi maintenant connu de tous que le VIH a un visage féminin. Les femmes sont les plus vulnérables à l’infection au virus de la pandémie du siècle. Elles sont les plus exposées sur quasiment tous le plans. Physiologiquement mais aussi socio culturellement. Dans nos sociétés, elles ne décident pas le plus souvent ni du moment ni de la manière d’accomplir l’acte sexuel. Elles n’ont pas non plus les informations utiles à temps. Et pourtant les technologies de l’information et de la communication pouvaient être un palliatif. Mais là également les femmes burkinabè (52% de la population) accusent un retard considérable dans l’appropriation de ces outils qui constituent de nos jours de puissants vecteurs d’information et d’acquisition de connaissances.

Les obstacles sont essentiellement liés à l’analphabétisme criard et au manque d’infrastructures. En plus, les projets TIC prennent rarement en compte l’aspect genre. Les nouvelles technologies sont un puissant outil de communication. Elles ont caractère ambivalent mais ne peuvent être qualifiées ni de bien ni de mauvais. Il appartient à leur utilisateur d’en faire bon usage. N’ayant pas les moyens de se les approprier, elles subissent naturellement le contrecoup. On peut néanmoins les utiliser en minimisant les conséquences fâcheuses. Ils sont utilisables en respectant les normes et valeurs de notre société.

Malheureusement, ils sont détournés à des desseins peu orthodoxes. La plupart des internautes, filles cela s’entend, vont « chater » avec pour objectif se trouver un mari occidental ou riche virtuel. De ce fait, elles s’exposent aux arnaques des escrocs de la toile. Certaines vont jusqu’à se photographier nue et mettre cette photographie sur des sites pour se trouver des clients. Ces pratiques ont amené Mme Nestorine Sangaré à se demander si « finalement les TIC sont une cause ou un remède de la féminisation du VIH ».

Qu’à cela ne tienne, elle reconnaît les avantages multiples des TIC. Les TIC servent notamment à former des médecins soignants à distance. Aussi la télémédecine et les possibilités de sensibilisations sont là pour démontrer que les TIC peuvent servir à réduire la féminisation du VIH-SIDA. Elles offrent d’énormes avantages pour la prévention et la prise en charge des malades du SIDA en général et des femmes en particulier. Mais pour que ces outils soient efficaces, il faudra faire une étude sur le genre et l’impact des TIC dans la propension ou la réduction de la séroprévalence. Il faudra également tirer les leçons des expériences réussies dans les autres pays. A titre d’exemple, il y a Azur Développement à Brazzaville au Congo qui a mis en œuvre un fonds de solidarité numérique pour le traitement à travers l’installation des lignes téléphoniques gratuites. On peut citer également Initiatives jeunes et société de l’information au Niger. Cette structure s’occupe de la mise en œuvre des sites d’information en ligne, des centres de formation sur l VIH combinant cybercafés, bibliothèque numérique, salles de formation informatique et dépistage volontaire. Ces expériences peuvent être adoptées et adaptées dans notre pays.

Pour que les effets escomptés soient au rendez-vous, il faudra pénaliser la production des images pornographiques au niveau national ou encore restreindre l’accès aux sites pornographiques. Les TIC sont un outil perturbateur des sociétés mais un outil formidable dans l’acquisition des connaissances. Ils sont donc à consommer avec le maximum de précautions. Ils peuvent servir à pervertir une société pour peu qu’il n’y ait pas de garde-fou. Elles peuvent servir à réduire la féminisation de la pandémie du siècle sans pour autant la masculiniser. Pour peu que l’accompagnement politique suive.

Moussa DIALLO
Lefaso.net